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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Marc-Adélard Tremblay, L’ethnographie de la Côte-Nord du Saint-Laurent.” Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 8, no 1, janvier-avril 1967, pp. 81-87. Note de recherche. Québec : Les Presses de l’Université Laval. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]

[81]

Marc-Adélard Tremblay (1922-2014)

Département d’anthropologie, Université Laval

L’ethnographie de la Côte-Nord
du Saint-Laurent
”. *

Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 8, no 1, janvier-avril 1967, pp. 81-87. Québec: Les Presses de l'Université Laval.

1. LA NÉCESSITÉ DES ETUDES ETHNOGRAPHIQUES [81]
2. L'ETHNOGRAPHIE DU CANADA FRANÇAIS [82]

a) Les objectifs théoriques de l'étude [82]
b) L'identification des régions culturelles du Canada français [83]
3. L'ETHNOGRAPHIE DE LA CÔTE-NORD [84]

a) Le choix de cette aire culturelle [84]
b) La stratégie de l'observation et les opérations de la recherche [85]

En conclusion [87]


1. LA NÉCESSITÉ
DES ÉTUDES ETHNOGRAPHIQUES


L'ethnographie est la tâche de base en anthropologie culturelle : Franz Boas en a fait le principe central de sa vie. [1] À son point de vue l'explication doit reposer sur la description la plus exhaustive possible des faits accessibles à l'observation. De plus l'observateur n'est point justifié de généraliser (ou de conférer à des faits particuliers un caractère général) tant et aussi longtemps qu'il n'a point récolté des informations comparables [2] sur l'ensemble des cas connus et accessibles dans un univers donné. Cette règle de l'observation suffisante a permis de décrire les sociétés dans ce qu'elles ont de général et de spécifiques et de suivre l'évolution de leurs structures et de leurs modes d'organisation dans le temps et l'espace. On sait à quelles difficultés se sont heurtés ceux qui ayant cherché à effectuer des reconstructions historiques — soit dans le but de définir les cultures traditionnelles ou soit encore dans le but de suivre les routes de diffusion des traits culturels — n'ont point respecté ces règles ethnographiques fondamentales.

La constitution d'un nouveau dossier ethnographique représente une entreprise de valeur universelle puisqu'il permettra d'élargir le champ déjà riche des comparaisons transculturelles en anthropologie. [3]

L'ethnographie, science descriptive, est non seulement un des éléments fondamentaux de l'explication, mais elle permet des rapports très étroits avec d'autres sciences descriptives dont les matériaux de base sont également nécessaires pour la compréhension des phénomènes dans leur totalité. Ainsi les ethnographes pourront entretenir des relations interdisciplinaires avec les membres de profession qui travaillent sur le même terrain, à savoir, [82] les économistes, les folkloristes, les géographes, les historiens, les politicologues, les sociologues, etc. Lorsque les données ethnographiques sont disponibles, la contribution des autres sciences (démographie, économique, sociologie du développement...) acquiert plus de profondeur et de qualité. La connaissance du passé, l'examen détaillé de l'évolution des techniques, des institutions et de la mentalité, bref, l'étude des traditions culturelles, est nécessaire pour comprendre la nature, le rythme et les conséquences des transformations en cours.

Au surplus, si nous disposions d'un dossier complet sur le Canada français traditionnel, l'action dirigée des sociologues, des géographes et des économistes praticiens d'aujourd'hui aux prises avec les nombreux problèmes suscités par le passage rapide d'une société rurale traditionnelle à une société urbaine industrielle (l'émigration rurale, l'inadaptation des travailleurs, la mécanisation agricole, le financement et le renouvellement des entreprises artisanales, la consolidation des fermes et des institutions coopératives, le déplacement complet de populations installées dans des milieux difficilement assainissables, etc.) serait de beaucoup simplifiée. En l'absence de ces données fondamentales sur notre société traditionnelle, particulièrement en ce qui touche l'organisation économique et sociale, et les mentalités, il nous faut constituer et enrichir ce dossier ethnographique le plus tôt possible avec les moyens dont nous disposons. La tâche est non seulement justifiable scientifiquement, elle est même un des outils essentiels de la rénovation de nos milieux.

2. L'ETHNOGRAPHIE
DU CANADA FRANÇAIS


a) Les objectifs théoriques de l'étude

Ces études effectuées sur diverses « communautés naturelles » de la Côte-Nord de la province de Québec sont le résultat d'un long cheminement tant sur le plan théorique que sur le plan méthodologique. Elles sont la continuation de travaux ethnologiques sur les changements techniques, et les changements culturels entrepris chez les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse depuis une quinzaine d'années [4] et une première tentative systématique dans le but de constituer un dossier ethnographique du Canada français. Cela est d'autant plus nécessaire au Canada français que de telles reconstructions historiques, dans les perspectives de l'ethno-histoire, n'existent pas. Nous disposons d'un nombre imposant d'études sur la société canadienne-française, mais elles sont trop souvent dissociées d'une analyse et d'une compréhension des processus historiques en présence dont ils sont l'aboutissement.

Rappelons à ce propos la contribution substantielle et particulièrement riche des Archives de folklore de l'Université Laval sous la direction du professeur Luc Lacourcière. Depuis plus de vingt ans, ce dernier a accumulé des données essentielles sur les traditions populaires des Français d'Amérique tout en cherchant à comprendre celles-ci et à les expliquer dans leurs rapports avec leurs sources européennes et amérindiennes. Jusqu'à présent, les observations ont porté sur la culture matérielle du Canada français (technologie et techniques de subsistance). De l'aveu du professeur [83] Lacourcière, ces études ont été, jusqu'à maintenant, trop peu nombreuses et trop fragmentaires pour permettre la complète reconstitution de notre patrimoine culturel. [5]

Lorsque le dossier de cette aire culturelle sera complet et qu'il sera possible d'en présenter l'analyse, il s'agira d'entreprendre et de mener à bien l'analyse de plusieurs autres aires culturelles du Canada français s'inspirant des connaissances théoriques et méthodologiques acquises dans la réalisation de ce premier projet. La seconde « aire culturelle » [6] à être analysée serait probablement celle de Charlevoix — Lac-Saint-Jean. Les autres aires à étudier seront déterminées au fur et à mesure que les travaux progresseront. L'ethnographie de la Côte-Nord est donc le premier stage d'une entreprise de longue haleine devant permettre une ethnographie complète du Canada français. Elle permettrait d'effectuer un inventaire complet du patrimoine culturel du Canada français à partir des matériaux et analyses disponibles mais surtout à partir des observations originales que nous entreprendrons graduellement à l'échelle de la province toute entière.

b) L'identification des régions culturelles
du Canada français


C'est un truisme d'affirmer que la société québécoise n'est plus homogène par rapport à ses milieux de résidence, à sa structure professionnelle, à sa structure de classe, et même par rapport à ses idéologies. Il est de plus en plus difficile d'envisager le Canada français en tant qu'unité socioculturelle globale. Les observations sur notre milieu sont valables tantôt pour certaines régions territoriales et non pour certaines autres, tantôt pour certains groupes d'âges et non certains autres, tantôt pour certains groupes d'occupation et non certains autres. Ces différences significatives entre les divers groupes obligent les anthropologues à qualifier leurs observations selon certains découpages de plus en plus significatifs parce qu'ils reflètent le processus de différenciation sociale en cours. Or un de ces découpages [84] analytiques des plus utiles est centré sur le concept de région ou d'aire culturelle. Cette notion postule une assez grande homogénéité dans les genres de vie et dans les mentalités à l'intérieur d'une aire territoriale donnée et une plus ou moins grande hétérogénéité par rapport à toutes les autres aires territoriales avoisinantes et existantes. C'est ainsi qu'au Québec, on peut identifier, à titre d'hypothèse de travail, un certain nombre de régions culturelles distinctes qui peuvent devenir autant d'unités différentes d'observation. À titre d'exemple, on peut considérer comme aires culturelles distinctes, les régions suivantes : la Côte-Nord du Saint-Laurent, la région du Bas-Saint-Laurent (Bas-du-fleuve et Gaspésie), la région de Charlevoix — Lac-Saint-Jean, le Nord-Ouest québécois (Abitibi-Témiscamingue), les Cantons de l'Est et ainsi du reste. [7] Il faut bien se rappeler que ce sont là les découpages provisoires qui seront nuancés lorsqu'ils auront été soumis à l'expérimentation.

L'étude sur les changements culturels à Saint-Augustin [8] représentait une des premières étapes dans la constitution de ce dossier ethnographique sur le Canada français.

La documentation ethnographique sur les diverses régions du Québec est relativement pauvre. Nous possédons, tout au plus, quelques monographies qui, bien qu'excellentes, se situent dans diverses régions du Québec [9] et demeurent insuffisantes pour établir un profil d'ensemble. Ce travail est d'autant plus urgent que toutes les communautés de la province, si petites et si éloignées soient-elles, sont en pleine phase d'évolution. Mais il est encore temps de recueillir les témoignages des vieux et d'examiner minutieusement la documentation écrite dont nous pouvons disposer. Il faudrait parcourir toutes les régions du Québec pour recueillir les éléments nécessaires à la reconstruction de la vie traditionnelle avant qu'il ne soit trop tard. Le défi est d'envergure mais réalisable.

3. L'ETHNOGRAPHIE DE LA CÔTE-NORD

a) Le choix de cette aire culturelle

On trouvera peut-être étrange que pour constituer ce dossier on ait choisi, à titre de cadre privilégie, une région septentrionale du Québec où vivent des populations dont les traditions culturelles sont des plus diverses. Un certain nombre de raisons motivent le choix de la Côte-Nord (de Tadoussac à Blanc-Sablon) en tant qu'aire pilote pour l'étude des aires culturelles du Canada français. Voici celles qui nous apparaissent dignes de mention :

a) C'est une aire culturelle relativement stable, encore peu touchée par les changements techniques et économiques qui se produisent dans les autres régions de la province ;

[85]

b) La documentation écrite est abondante, rendant ainsi plus facile les tâches de la reconstruction historique ; [10]

c) On trouve dans cette région, un grand nombre de « petites communautés » qui peuvent servir de base à une analyse comparative ;

d) C'est un foyer culturel où se sont produits plusieurs contacts entre diverses civilisations : les Esquimaux, les Montagnais, les Anglais de Terre-Neuve, les Acadiens et les Canadiens d'expression française ;

e) Des spécialistes de plusieurs disciplines y travaillent déjà, par exemple : archéologues, géographes, historiens, linguistes, folkloristes, etc.


b) La stratégie de l'observation
et les opérations de la recherche


Les premiers travaux ethnographiques sur la Côte-Nord furent amorcés à l'été 1965 et continués durant l'été 1966 avec des moyens financiers plutôt modestes. Il s'agit d'accélérer le processus d'observation sur le terrain et de multiplier les études monographiques. Il est nécessaire également d'examiner minutieusement la documentation écrite et de constituer un fichier central où seront consignées toutes les données d'observation et documentaires sur la Côte-Nord. L'étude complète de cette aire culturelle devrait se terminer vers les années 1972-1973, à la condition d'accélérer le rythme des travaux.

i. Les travaux durant les été 1965 et 1966 (ce qui a été fait). À l'été 1965, nous avons entrepris l'étude des changements culturels à Saint-Augustin. Les résultats sont consignés dans un rapport de recherche soumis au Centre d'études nordiques de Laval. [11] Ces premiers travaux furent si encourageants qu'il nous fut possible d'élargir l'équipe de recherche à l'été 1966 et d'entreprendre, cette fois, quatre études dans autant de milieux différents. Deux chercheurs se rendirent à Blanc-Sablon pour continuer les études ethnologiques qu'Oscar Junek avait effectuées en 1933 et 1934 dans les perspectives de l'école historique en anthropologie. [12] Le problème central à l'étude cette année est celui de l'évolution des techniques de subsistance. On reconstruit aussi fidèlement que possible les techniques en usage vers les années 1850. Avec ce point de repère, on peut suivre l'évolution de chacune des techniques tout en identifiant le groupe diffuseur et en décrivant les transformations que lui fait subir la culture emprunteuse. Ces analyses sont conduites tenant compte des changements dans l'organisation sociale. [13]

[86]

Une autre équipe de deux ethnographes s'est rendue à Tête-à-la-Baleine dans le but d'y étudier les techniques de subsistance et le système de parenté. Ces études feront l'objet d'un rapport de recherche et d'une thèse de maîtrise.

Des études furent conduites sur deux réserves montagnaises : l'une à Sept-Iles (vieille réserve), et l'autre, à Mingan. Dans les deux cas, il s'agit d'étudier les transformations culturelles qui surviennent à la suite des contacts interculturels. On se préoccupe également d'inventorier les influences de l'organisation technique et sociale des communautés francophones et anglophones sur les coutumes indigènes. [14]

ii. Le programme de travail pour l'année 1967-68. Les études de 1967-1968 se situent dans le prolongement des efforts scientifiques déployés jusqu'à maintenant et s'étendront à deux ou trois autres communautés dans le territoire (sur la Basse et la Moyenne Côte-Nord) à l'étude.

Le programme de travail pour l'année 1967 se divise en trois parties : les travaux d'observation sur une base de douze mois ; les travaux d'observation d'été ; l'analyse documentaire et la constitution d'un fichier central des notes ethnographiques.

a) Un ethnologue effectuera des travaux d'observation sur une période de douze mois (mai 1967 — avril 1968) afin d'obtenir des informations essentielles sur le cycle complet des techniques de subsistance et des activités sociales.

b) Un ethnologue continuera les travaux d'observation durant la période d'été, cette fois dans des milieux plus industrialisés et d'établissement plus récent. Il s'agit d'inclure dans nos études prochaines de nouveaux types de communautés dans le but d'obtenir la représentation la plus adéquate possible des types communautaires en présence. Les fondements théoriques de cette typologie compréhensive seront discutés à des phases ultérieures de nos études au moment où nous disposerons d'un plus grand nombre d'observations les plus diverses.

c) Nous possédons déjà au-delà de 1,000 pages de notes dactylographiées qu'il s'agit de codifier, de classifier et d'intégrer dans un fichier central. Ces notes sur le terrain sont le résultat d'observations quotidiennes et d'entrevues conduites auprès de différents informateurs-clefs. Elles incluent aussi le journal de bord des chercheurs. Il nous faudra constituer ce fichier dans le but non seulement d'intégrer les données d'observation mais aussi celles provenant du dépouillement de la documentation écrite. [15] Ce fichier central nous permettra d'utiliser pleinement, pour les fins de l'analyse, toutes les données disponibles. Il sera une source vivante de données pour ceux qui suivront un apprentissage méthodologique en anthropologie ou qui se prépareront à assumer des responsabilités de recherche sur la Côte-Nord.

[87]

EN CONCLUSION

Les principales techniques de travail sont celles de l'anthropologie culturelle auxquelles s'ajoutent celles des disciplines historiques. Elles sont, entre autres, la documentation écrite, toutes les formes d'observations, les entrevues libres, les inventaires généalogiques, l'analyse des dossiers officiels, les questionnaires, le journal de bord, la photographie, l'annotation systématique, etc. Chaque étude particulière est planifiée tenant compte à la fois des objectifs théoriques et des techniques les plus appropriées pour les réaliser. Toutes les études particulières sont conçues dans les perspectives de l'analyse comparative. Nous ne perdons jamais de vue qu'elles devront éventuellement permettre une reconstruction passée et présente des modèles culturels de la région dans sa totalité.

Marc-Adélard Tremblay

Département de sociologie et d'anthropologie,
Université Laval.



* Depuis déjà deux ans (1965), nous avons entrepris des recherches sur l'ethnographie de la Côte-Nord du Saint-Laurent. Le présent texte indique les prochaines étapes de nos travaux. Nous profitons de cette occasion pour remercier différentes institutions qui nous ont accordé jusqu'à maintenant leur aide financière. Ce sont le Centre d'études nordiques de l'Université Laval, la section d'ethnologie du Musée de l'Homme d'Ottawa, ainsi que le département des Affaires indiennes, région de Québec.

[1] Voir Marian Smith « “Boas” Natural History Approach to Field Method », in, The Anthropology of Franz Boas (Rédigé sous la direction de Walter Goldschmidt), Memoir No. 89, The American Anthropological Association, Vol. 61, No. 5, Part 2, Oct. 1959, 46-50. Consulter également : Leslie A. White, « The Ethnography and Ethnology of Franz Boas », Bulletin No. 6, Austin, Texas Mémorial Muséum, avril 1963.

[2] II nous est impossible de développer ici la notion de méthode comparative. Qu'il suffise de rappeler, pour les fins de cet exposé, que la comparaison suppose une correspondance dans les faits par rapport à leur contenu et par rapport aux instruments qui les captent. Autrement dit, la comparaison suppose une équivalence des vocabulaires et des significations qu'elles recouvrent de même que des propriétés instrumentales identiques. C'est à partir de ces exigences méthodologiques et théoriques de la méthode comparative que Boas allait énoncer le principe de la nécessité d'étudier l'universalité des cultures avant d'aboutir à des généralisations transculturelles valables.

[3] Consulter à ce sujet les types d'inventaires à effectuer dans chaque aire culturelle que propose Georges Peter Murdoch dans son Outline of Culture Materials, New Haven, Human Relations Area Files, Inc., 1950.

[4] Marc-Adélard Tremblay et Marc Laplante, Famille et parenté en Acadie. Évolution des structures et des relations familiales et parentales à l’Anse-des-Lavallée, Ottawa, Musée de l'Homme, 1967.

[5] Voici ce qu'il dit : « Quelques études importantes ont été entreprises sur l'habitat rural, sur les objets et les arts ancillaires, tels que la maison traditionnelle, l'outillage agricole, le costume, l'alimentation, et sur les coutumes et usages. Mais il est évident qu'en ces divers domaines un travail immense reste à faire, que de nombreuses enquêtes actuelles et rétrospectives sont à entreprendre, à poursuivre ou à étendre, et des classifications de faits bien contrôlés à établir. Ce n'est qu'à cette condition que l'on pourra parvenir à des analyses consistantes, à des interprétations valables et à une compréhension exacte des mentalités et de la psychologie traditionnelles vers laquelle doit tendre toute étude de folklore. » Luc Lacourcière, « L'étude de la culture : le folklore », dans, Situation de la recherche sur le Canada français (ouvrage réalisé sous la direction de Fernand Dumont et Yves Martin), Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1962, 262. Le travail de Mlle Nora Dawson à l'Ile d'Orléans constitue sûrement un bel exemple du genre d'études folkloriques à entreprendre. Voir Nora Dawson, La vie traditionnelle à Saint-Pierre, Les Archives de Folklore, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1960. Ce genre d'études se situe dans les mêmes perspectives que les monographies ethnographiques traditionnelles.

[6] La notion d'aire culturelle est très importante en anthropologie. Elle signifie qu'il existe une très étroite liaison entre une aire géographique donnée et l'ensemble des traditions culturelles qui y sont vécues. Elle s'apparente au concept de « culture régionale ». C'est une région où prédominent des styles culturels particuliers, distincts de ceux des autres régions. Toute aire possède un centre (ou foyer) de civilisation où les traditions ont pris naissance et se perpétuent dans leurs caractéristiques les plus essentielles. Nous utilisons ici la notion « d'aire culturelle » dans le sens restreint de « sous-aire » à l'intérieur de la configuration culturelle plus large qu'est le Canada français.

[7] Chacune de ces « aires culturelles » devra être étudiée de la même manière et dans les mêmes perspectives que celle de la Côte-Nord.

[8] Étude effectuée à l'été 1965. (Voir note 2 de la page 85.)

[9] Voir de Léon Gérin, L'habitant de Saint-Justin, Mémoire et comptes rendus de la Société royale du Canada, série II, Tome IV, 1898, et Le type économique et social des Canadiens, Montréal, Editions de l'A. C. F., 1938 ; voir également, Horace Miner, Saint-Denis, a French Canadian Parish, University of Chicago Press, 1939 ; Marcel Rioux, Description de la culture de l'Île-Verte, Ottawa, Musée national du Canada, Bulletin n° 133, 1954 et Belle-Anse, Bulletin n° 138, 1961, ainsi que Everett C. Hughes, French Canada in Transition. Chicago, The University of Chicago Press, 1943.

[10] Messieurs Alan Cook et Fabien Caron, tous deux financés par le Centre d'étude nordique de l'Université Laval, ont élaboré une bibliographie complète de la péninsule Québec-Labrador. Ce travail qui s'est échelonné sur une période de cinq ans, sera publié par la firme G. K. Hall, de Boston, en 1967. On estime de 12% à 15% la proportion des titres d'intérêt ethnologique, sur un total d'environ dix mille titres.

[11] Marc-Adélard Tremblay, Paul Charest et Yvan Breton, Les Changements culturels à Saint-Augustin, CEN, Québec, 1965. Ce document devrait faire l'objet d'une publication par l'Université Laval durant l'année 1968.

[12] Oscar Junek, Isolated Communities. A Study of a Labrador Fisking Village, American Sociology Studies, 1937.

[13] Deux rapports préliminaires viennent d'être soumis l'un par Serge Genest sur L'organisation sociale de Blanc-Sablon et l'autre par Yvan Breton sur L'évolution technique à Blanc-Sablon. Ce dernier rapport, dans sa version définitive, sera présenté sous forme de thèse pour l'obtention de la maîtrise en anthropologie, au printemps 1967.

[14] Louis Gilbert, L'organisation économique et sociale de la réserve indienne de Mingan, février 1967, et Denis Lachance, Le réaménagement de la réserve de Sept-Iles, février 1967. Ces rapports de recherche peuvent être consultés sur demande, au laboratoire d'ethnographie de l'Université Laval.

[15] Nous nous proposons d'obtenir les services d'un ethnologue expérimenté qui assumera des responsabilités par rapport à la surveillance des travaux sur le terrain et à l'établissement de ce fichier central.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 29 juin 2019 20:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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