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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Transactions sociales et conduites individuelles (1989)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marc-Adélard Tremblay, Transactions sociales et conduites individuelles”. Un article publié dans la revue L’Action nationale, vol. 79, no 10, décembre 1989, pp. 1173-1180. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]

Introduction

Le mode de vie d'une ethnie est certes la notion qui traduit avec le plus de justesse l'ensemble des transactions sociales et des conduites individuelles de cette dernière, car il englobe à la fois l'ensemble des traditions, des coutumes, des valeurs, des attitudes et des pratiques culturelles. 

Les traditions culturelles fondent et encadrent les institutions sociales et les comportements individuels. En effet, on peut affirmer que les traditions (la stabilité culturelle) sont la résultante de solutions particulières expérimentées dans un milieu et écosystème donnés par rapport aux divers « problèmes de l'existence » liés aux besoins individuels et collectifs. En tant que telles, les traditions assurent la survie d'un groupe. Toute tradition est soutenue par un système philosophique et théologique et par une vision du monde qui la justifie. Elle produit ainsi des orientations culturelles qui commandent des objectifs et des stratégies d'action et un système de valeurs et des attitudes collectives qui s'incarnent dans des institutions sociales et des pratiques individuelles. 

Les conduites individuelles et collectives qui s'expriment dans la quotidienneté constituent autant de façons d'extérioriser cette armature idéationnelle. Car elles peuvent se conformer parfaitement ou se dissocier plus ou moins complètement du système normatif en présence : dans la situation où il existe une grande distanciation par rapport aux normes courantes chez un grand nombre d'individus, nous sommes en présence d'une déréglementation sociale, laquelle se traduit habituellement par diverses manifestations de pathologie sociale. 

Transformations sociales

 

Toutes les sociétés de la planète aujourd'hui se transforment, plus ou moins rapidement, plus ou moins complètement, selon un rythme et un style particuliers. Si les traditions culturelles des différentes civilisations changent, cela est dû au fait que « les problèmes de l'existence » (et j'ajouterai : de la survie) ne prennent plus les mêmes apparences et que d'autres solutions doivent être soit inventées (invention) ou empruntées (diffusion, acculturation) pour les résoudre d'une manière satisfaisante. 

Les transformations sociales ne se produisent pas in se et elles sont l'aboutissement de pressions et de dynamismes de changement. Ces moteurs de la dynamique sociale peuvent s'exercer (plus ou moins) principalement à l'un des niveaux de la structure sociale (technologie, organisation sociale et mentalité) ou sur plusieurs paliers culturels en même temps. Dans un cas comme dans l'autre, les conséquences du changement sont multiples et elles s'irradient dans toutes les directions à la fois, un peu à la manière d'une onde produite par une pierre lancée à l'eau. 

Ainsi les dynamismes technologiques, politiques, économiques et sociaux (par exemple, dans le système scolaire ou dans le système de parenté), ainsi que les virages idéologiques, agissent comme des ferments ou des bouillons qui, par ricochet ou par une action en retour, produisent des transformations sociales de plus ou moins grande envergure. Lorsque ces dernières sont si rapides et si totales qu'elles engendrent des résultats spectaculaires tant au niveau institutionnel que dans les comportements privés, elles deviennent des mutations sociales (à l'image des mutations génétiques). La direction, le sens et le temps d'évolution de ces changements peuvent être la résultante d'une planification sociale (le changement dirigé), tout comme ils peuvent découler de circonstances naturelles sur lesquelles le groupe ou l'individu exerce un faible contrôle. Le changement planifié comporte ses finalités, ses stratégies de réalisation et ses principes autorégulateurs qui représentent autant de manières de définir sa trajectoire, les modes d'insertion et d'intégration dans les institutions (les mécanismes juridiques jouent ici un rôle primordial) et les processus d'acceptation et d'intériorisation par les individus et les groupes.  

L'exemple des communautés culturelles

 

Les groupes ethniques minoritaires (pensons aux communautés culturelles du Québec, par exemple) dans une situation de changement (peut-on ne pas songer aux tergiversations et embrouillages linguistiques du gouvernement Bourassa par rapport à la Loi 101 ?) sont presque inévitablement placées dans une situation complexe et ambiguë dans la mesure où les individus ne perçoivent pas facilement les principes sur lesquels doivent s'enraciner leur manière d'être ethnique et dans la mesure aussi où les choix collectifs sont de plus en plus difficiles à énoncer. Les uns comme les autres identifient mal ce qu'ils veulent ou peuvent devenir à la lumière des législations et des institutions qui les gouvernent, ou encore des contextes sociaux de leur action quotidienne (pressions sociales et discrimination « raciale »). 

L'exemple des communautés culturelles québécoises soulève plusieurs problèmes, mais il met en lumière aussi (en soulevant l'interrogation) le rôle du groupe et les fonctions de l'individu dans une situation de changement. Comment s'effectue le passage de l'individu au groupe ? Comment, en contrepartie, les visées collectives s'imposent-elles à l'individu ? Comment s'établissent les réseaux de communication et comment se bâtissent les mécanismes de concertation ? Comment se prennent les décisions collectives et quelle est, à la base, la participation des individus ? Comment se définissent les objectifs visés et comment s'aménagent les efforts et les stratégies d'action en vue de les atteindre ? Comment se tracent et se balisent les sentiers sur lesquels les individus doivent s'engager ? Comment se redéfinissent les objectifs et se réaménagent les stratégies au fur et à mesure que se déploient les situations et se vivent les expériences individuelles ? Quel est l'impact de tout ceci sur le cheminement d'ensemble ? 

Voilà quelques-unes des questions qui contextualisent la dialectique individu-société/société-individu dans une situation de changement. Je tenterai de leur répondre par l'examen d'un double processus, l'un provenant de l'individu pour se reproduire dans la collectivité, l'autre, au contraire, partant du sociétal pour exercer son poids sur les conduites individuelles.


Retour au texte de l'auteur: Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l'Université Laval Dernière mise à jour de cette page le samedi 10 juin 2006 15:41
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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