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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Idéologies de la CSN et de la FTQ 1940-1970. Le syndicalisme québécois. (1972)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Louis-Marie Tremblay Idéologies de la CSN et de la FTQ 1940-1970. Le syndicalisme québécois. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal, 1972, 286 pp. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Ville Laval, Québec. [Le directeur général des Presses de l’Université de Montréal, M. Patrick Poirier, nous a accordé, le 24 avril 2018, l’autorisation de diffuser en libre accès à tous ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[9]

Idéologies de la CSN et de la FTQ 1940-1970.
Le syndicalisme québécois
.

Préface

Écrire sur le mouvement syndical québécois par les années qui courent n'est pas chose facile. Les événements survenus depuis les dix dernières années au Québec, cette espèce de renaissance sans cesse remise en cause, ne laissent pas de brouiller les pistes de quiconque veut s'astreindre à analyser en profondeur les cheminements idéologiques de nos organisations populaires, et en particulier de nos syndicats de salariés.

À même le fatras d'idées, d'opinions, de formules d'action, de programmes, charriés depuis plus d'une décennie par ce qu'on a appelé, plutôt à tort d'ailleurs, la « révolution tranquille », il apparaît assez malaisé d'atteindre à une altitude de vue qui nous permette de distinguer l'essentiel de l'accessoire, le durable de l’éphémère, le réel de l'imaginaire dans ce qu'ont été et sont devenues nos centrales syndicales parmi d'autres institutions.

Mon collègue Louis-Marie Tremblay a relevé ce défi, en entreprenant le présent ouvrage et je crois qu'il a fort bien réussi dans son entreprise. Sur un sujet aussi controversé, il est inévitable que l’éventail des opinions et des intérêts fassent en sorte que les critiques s'exercent. C'est le lot de toute étude, qui se veut objective, d'une réalité aussi chargée d'émotion, et même de passion, que l'est le syndicalisme de salariés dans une société comme la nôtre.

Le présent ouvrage a toutefois l'unique avantage de s'inscrire dans une perspective historique en même temps que le mérite non contestable de reposer sur une recherche systématiquement poursuivie à partir de sources documentaires irrécusables. Ce qui relève de l'interprétation et du commentaire en est réduit d'autant, ce qui tend à circonscrire en conséquence le champ de la controverse.

[10]

À sa lecture il ressort avec force que le syndicalisme au Québec, depuis les années 40, au-delà de la diversité des structures et de l'appartenance idéologique qui en font un cas en quelque sorte unique en Amérique du Nord, a évolué inexorablement, en dépit des avatars qui ont été les siens au cours des années, vers une radicalisation accrue, sinon dans son action professionnelle journalière, du moins dans sa philosophie, dans sa conception de l'ordre social et économique, voire même dans ses préoccupations d'ordre politique.

Nous sommes, à toutes fins pratiques (et ceci vaut dans l’ensemble pour les deux centrales étudiées) en présence d'un syndicalisme d'accommodement sinon d'« affaire » dans son action revendicative et professionnelle, syndicalisme qui se détache imperceptiblement d'abord, puis d'une manière accélérée, du modèle nord-américain classique pour prendre de plus en plus figure de mouvement de contestation de la société au sein de laquelle il évolue désormais.

Qu'on soit d'accord ou non avec cette évolution, elle est là, elle saute aux yeux du lecteur. Même si les sources utilisées par l'auteur, comme il le mentionne, ne tendent à révéler que l’ « idéologie officielle » sécrétée par nos centrales syndicales au cours des trente dernières années, il reste que l’actualité confirme en bonne partie cette évolution. D'ailleurs, peut-on, en toute bonne foi, refuser d'emblée aux résolutions des congrès, aux cahiers permanents de revendications, aux comptes rendus des débats, aux mémoires spécialisés ou d'ordre général, voire même aux déclarations officielles des principaux leaders, le caractère probant qui doit être le leur à l’endroit de ce qu'il est convenu d'appeler le « sentiment profond » des membres, leurs façons de voir et de juger ce qui les préoccupe ? En période de crise aiguë, d'affrontements irrémissibles, un hiatus entre la philosophie officielle et le sentiment de « la base », ou d'une partie de celle-ci, peut s'introduire momentanément : nous en avons des preuves lorsque des schismes surviennent ou que des réalignements profonds s'opèrent dans la composition des leaderships. Les événements récents dans le monde syndical québécois en sont un exemple. Mais ceci signifie, en même temps, qu'en règle très générale, et de surplus en période historique étendue, la dichotomie que d'aucuns voudraient toujours percevoir au sein des organismes syndicaux entre leur « pensée officielle » et celle de la « majorité silencieuse » reste assez souvent plus imaginaire que réelle.

Cette évolution de notre syndicalisme se maintiendra-t-elle dans l'avenir ? À quels réalignements structurels et idéologiques pourra-t-elle l’entraîner ? Quels seront les succès respectifs des tendances qu'ils refléteront ? Comment les salariés du Québec, et sa population en général, les accueilleront-ils ? Ce sont là autant de questions que la présente [11] étude, dont l'objet principal n'est que d'analyser le passé, est susceptible d'éclairer puissamment pour quiconque veut y réfléchir. Les sujets d'analyse, retenus par M. Tremblay pour identifier les composantes de ce qu'il appelle l'idéologie de nos principales centrales syndicales, couvrent sobrement mais avec une densité analytique remarquable les principales dimensions de l'action syndicale qu'on a connue historiquement. On ne peut faire autrement que de les retrouver présentes dans les comportements futurs de nos syndicats. Outre l'intérêt historique propre qui est le sien, c'est donc surtout l'outil qu'elle représente pour l'examen des phénomènes syndicaux contemporains et leur projection dans l'avenir qui, je crois, fait de cette étude un texte précieux dans notre jeune et encore mince littérature en relations du travail. Nul ne contestera, au Québec, le besoin impérieux de recherches désintéressées dans ce secteur vital de notre vie collective.

En publiant dans cet ouvrage les résultats de sa recherche, Louis-Marie Tremblay apporte une contribution essentielle qui suscitera, je l'espère, d'autres explorations de cette réalité.

Montréal, le 30 août 1972

Jean-Réal Cardin
Directeur de l'École des relations industrielles
de l'Université de Montréal

[12]


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 14 novembre 2019 7:58
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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