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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Risque-pays et prospective internationale: théorie et application
(à la République socialiste du Viêt Nam)
. (2000)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Bernard Sionneau, Risque-pays et prospective internationale: théorie et application (à la République socialiste du Viêt Nam). Thèse de doctorat de Sciences de Gestion, spécialité: Prospective et stratégie des organisation, sous la direction de Michel FOURNIE, MICHEL GODET et Christian SCHMIDT. Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), Chaire de prospective industrielle et de stratégie des organisations, Laboratoire d’investigation prospective et stratégique (LIPS), janvier 2000. [Autorisation formelle de l'auteur accordée le 25 mai 2014 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales en libre accès à tous.]

Introduction

Difficile à prévoir...Telle paraît être la nature du risque à l'investissement, l'exportation ou à l’activité de prêt, que certains entrepreneurs, banquiers ou gestionnaires de fonds privés découvrent sur les marchés "émergents" [1]. Attirés dans le monde entier par la perspective d'une expansion de leurs activités, ils se retrouvent parfois confrontés à la réalité d'environnements plus complexes que ceux dépeints dans les articles de journaux, ou présentés en termes essentiellement macro ou micro-économiques par des organismes d’évaluation spécialisés.

Dans cette thèse, nous nous proposons de réfléchir au problème du risque-pays. Il concerne le risque lié à l'enjeu que représente pour tout agent économique un engagement sur un ou plusieurs "territoire(s) d'opération(s) extérieur(s)". Mais il concerne aussi, et de façon peut-être moins traditionnelle, le risque lié à l’enjeu que représente, pour divers pays, la présence souvent indispensable d’investissements étrangers sur leur territoire.

Pour poser notre sujet, nous ferons tout d’abord dans cette introduction quelques précisions de nature sémantique sur les concepts de risque, d'incertitude, d'enjeu, de risque politique, de risque-pays et de risque d’environnement général des affaires.

Ces précisions sont essentielles pour plusieurs raisons :

  • elles clarifient tout d’abord les concepts sur lesquels nous allons travailler ;
  • elle introduisent ensuite brièvement la genèse et les acteurs de la problématique, situant par là même le sujet, son évolution et actualité ;
  • elles permettent enfin de présenter des objections et demandes faites par rapport à la pratique du risque-pays et de définir, en réponse, l’objet de la thèse.

Risque, incertitude, enjeu

Comme le fait remarquer C. Schmidt, "le risque", dont l'analyse dépend de l'opération envisagée, doit être au préalable distingué  de "l'incertitude" [2].

Le risque est une appréciation partiellement quantifiée et limitée (donc partiellement objective), d'une situation ou d'un événement, alors que l'incertitude correspond à une situation où aucune probabilité chiffrée ne peut être affectée à la réalisation d'un événement. B. Marois et M. Béhar ajoutent :  "le risque est une évaluation de la probabilité d'occurrence d'un événement associé à un enjeu, alors que l'incertitude représente le degré de doute dans cette évaluation et croît avec le manque d'information" [3].

Une façon de réduire l'incertitude (et non pas de l'éliminer) est  alors, pour un agent, de renforcer sa dotation en informations, tout en sachant que l'opération n'aura qu'un caractère relatif (fonction de la qualité de cette information et des capacités de celui qui en fera usage).

Dans le cas du risque-pays ou du risque politique, ce que chercher à évaluer l'agent économique n'est donc pas l'incertitude internationale (avenir non probabilisable). C'est bien le couple risque-enjeu ou, pour être plus précis, le risque représenté par une opération spécifique dans un contexte national étranger, par rapport à son enjeu.

Certaines entreprises acceptent ainsi de façon calculée la probabilité d'occurrence de risques élevés et anticipent leur impact sur leurs opérations, estimant vraisemblable la matérialisation ultérieure de retours proportionnels à leurs investissements. Ces risques constituent autant de barrières à l'entrée pour des concurrents potentiels plus hésitants. C'est, pour illustrer ce point, le cas de Carrefour en 1970 [4]. Le groupe décide de s'implanter au Brésil, un pays qui présente un fort degré de risque (risque de change, économique et politique). Mais la perspective (ou l'enjeu) de devenir l'un des plus importants distributeurs du pays pousse ses dirigeants à diversifier géographiquement leurs opérations, réduisant par là même le risque global. Ils vont alors investir simultanément en Espagne qui est un marché mûr (la concurrence est sévère et le potentiel de rentabilité incertain) et au Brésil qui est un marché neuf (marché à haut risque, mais dont le potentiel de rentabilité est élevé en raison d'une faible concurrence). Acceptant un taux d'inflation de 45% par an et une situation politique fluctuante, intégrant ces paramètres dans leur stratégie globale, ils parviendront à positionner Carrefour à la première place des distributeurs brésiliens, un défi que leurs concurrents ne pourront relever.

Cette précision sur les notions de risque/incertitude ayant été faite et illustrée, nous en ferons une autre.  Elle concerne la distinction opérée traditionnellement entre le risque politique et le risque-pays.

Risque politique

Les premiers agents économiques préoccupés par la dimension du risque politique sont les firmes multinationales. Désireuses, au cours des années 1950, d'accroître leurs part de marché et motivées par les offres d'accueil de pays en voie de développement sortant de la colonisation, elles apprennent très vite à fonctionner en "milieu incertain. Elles vont être ainsi progressivement amenées à se doter de moyens d'information et d'outils sophistiqués pour lire et parfois anticiper la réalité ou l'évolution du contexte politique de leurs opérations. Dans le même temps, un certain nombre de chercheurs issus des grandes universités américaines enrichissent la réflexion sur le risque politique.

R.J. Rummel et D.A. Heenan comptent parmi ces auteurs. Ils font une distinction entre "political uncertainty" et "political risk" qui reprend nos précisions sémantiques du début, tout en leur donnant une traduction concrète. Selon eux, « L’incertitude politique décrit un doute subjectif et non mesurable émis par rapport à l’environnement politique. Le risque politique correspond, lui, à une mesure relativement objective qui débouche en général sur une évaluation probabilisée de ce doute [5] ». En d'autres termes, tout élément qui, dans l'environnement politique des affaires suscite" le doute" (mesures réglementaires prises par les États, ou événements déclenchés par divers groupes sociaux : terrorisme, grèves, révolutions - susceptibles d'affecter l'activité d'une entreprise, etc.) mais se prête à la mesure ou au calcul des probabilités, relève du risque politique ; à l'inverse, tout élément qui, dans cet environnement, suscite "le doute", mais relève de l'appréciation subjective et ne se prête pas à la mesure, relève du domaine de l'incertitude.

Quels éléments suscitent le doute dans l’environnement politique et se prêtent à une évaluation objective ? À cette question, les réponses les plus évidentes mettent en avant l’expropriation ou la nationalisation d’entreprises étrangères, par des gouvernements hostiles. Toutefois, comme le précisent D. Eiteman et A. Stonehill, ces deux types de décisions ne représentent qu’un aspect des risques politiques auxquels les entreprises peuvent être exposées [6]. D’autres formes de risque politique existent, qui se traduisent de la façon suivante : l’obligation pour des entreprises étrangères d’installer des cadres locaux aux postes de responsabilité, le boycott national des produits d’une entreprise, l’obligation d’acquitter des taxes ou des royalties, etc [7]. Ils peuvent aboutir à empêcher les firmes étrangères de réaliser des profits.

Un analyste comme S. Robock choisira d'affiner l'étude du risque politique en introduisant l'idée de discontinuité dans l'environnement économique, en distinguant risque politique et instabilité politique et en établissant une différence entre macro et micro-risque politique [8] :

  • dans le premier cas, Robock estime qu'un risque politique existe du point de vue économique, lorsque des discontinuités, qui sont difficiles à anticiper, surviennent dans l'environnement économique, en raison de changements politiques. Toutefois, ces discontinuités ne constitueront un risque politique pour une entreprise, que si elles affectent de manière significative la rentabilité de ses projets ;
  • dans le second cas, Robock part du principe qu'une situation politique instable n'est pas forcément synonyme de risque politique : il cite alors l'exemple de l'Italie qui en 36 ans voit passer 40 gouvernements  sans que les échanges extérieurs de ce pays en souffrent de façon notable ;
  • dans le dernier cas, il appelle macro-risque les changements d'origine politique qui affectent indistinctement toutes les entreprises étrangères et micro-risque les changements politiques qui n'affectent volontairement que des secteurs précis de l'économie, ou des entreprises ayant des caractéristiques spécifiques.

D.A. Schmidt précisera la notion de micro-risque en écrivant que le degré d'exposition d'une entreprise à l'étranger varie à la fois, selon la nature générale de l'investissement (conglomérat, investissement vertical ou horizontal) ou la nature spécifique de l'investissement (secteur d'activité, degré de technologie employée, répartition de la propriété) [9]. Pour illustrer les propos de cet auteur,  on peut se référer aux exemples proposés par  C. Babinet : celui de l'industriel implanté dans un pays, qui est lourdement exposé à la nationalisation ou à la destruction de ses actifs sur place, alors que l'organisme de prêt ne risque "que" le non-recouvrement de ses créances et l'exportateur le rétrécissement de son débouché [10]. Quant à la différence de risque liée au type d'activité et au contexte : au lendemain de la guerre du Golfe écrit le même auteur, un exportateur occidental de matériel militaire n'affrontait pas les mêmes aléas qu'un industriel de l'horlogerie ou un groupe d'ingénierie (la présence historique ou les réseaux personnels peuvent désamorcer le risque). Toutefois, ces derniers peuvent être pris de court par des phénomènes de rejet culturel ou religieux.

D.A Brummersted rappellera également que les conflits entre les objectifs des entreprises étrangères et les aspirations des différents pays où elles localisent leurs activités ne sont pas uniquement le fait de pays de pays en voie de développement [11]. Il cite alors le cas des nationalisations en France lors de l’arrivée des socialistes au pouvoir au début des années 1980 ; il évoque également le regain de nationalisme au Canada dirigé contre les entreprises américaines désireuses d’acquérir des firmes canadiennes ; il termine en mentionnant le cas des firmes étrangères aux États-Unis dont les filiales courent le risque de se voir imposer par certains États une taxe évaluée en pourcentage de leurs revenus internationaux.

Ces remarques faites, nous terminerons cette courte présentation de la littérature consacrée au risque politique en évoquant les contributions d'A. Desta, M. Fitzpatrick et J.D. Simon.

Desta tout d'abord prolonge la réflexion sur le risque politique en montrant la nécessité, pour bien l'évaluer, de prendre en considération plusieurs variables : non seulement la dimension macro et micro-risque, mais également, et c'est là un élément particulièrement intéressant, la prise en considération de facteurs politiques et économiques externes qui peuvent influencer l'environnement national du pays considéré par l'investisseur [12]. Ce détail aurait peut-être permis à un cabinet de consultants spécialisé d'éviter de placer dans la catégorie du risque minimal le Koweït et l'Arabie Saoudite pour son analyse de 1989-1990 (1 an avant la guerre du Golfe). Mais il s'agissait alors d'apprécier la stabilité politique des pays et non les risques extérieurs pesant sur eux [13].

M. Fitzpatrick tout comme J.D. Simon, sont deux auteurs qui apportent à cette réflexion un complément utile d'informations : le premier s'étonne de ce que la littérature sur le risque politique reste focalisée sur les changements discontinus. Partant du principe que la politique est un processus continu plus qu'une série d'événements ponctuels, il estime possible d'améliorer la définition du risque politique en prenant en considération des variables de processus, plus que des variables événementielles. Quant à J.D. Simon, il souligne que pour qu'une théorie du risque politique parvienne un jour à émerger, il lui faudra prendre en considération la multitude d'acteurs, de situations et d'environnements qui affectent le risque politique [14].

Risque-pays

 Certains auteurs ont une conception assez restrictive (au sens de "professionnellement orientée") du risque-pays. Ils l'assimilent exclusivement à un risque de non-récupération de leurs créances, par des établissements de crédit, à la suite d'une intervention gouvernementale. Aujourd’hui cependant, la notion inclut d’autres acteurs et d’autres dimensions contenues dans les notions de risque de marché et de risque de contrepartie.

 De façon traditionnelle, le risque-pays est un objet d’études dans les territoires nationaux où l'État joue un rôle prépondérant et agit :

- soit comme emprunteur direct
- soit comme garant d'une entité publique ou privée.

La notion concerne principalement une profession : les grandes banques mais aussi des États ou des organismes de financement internationaux, qui accordent des prêts de capitaux aux États, entreprises, institutions financières ou organismes publics ou privés [15].

La notion de risque-pays (« country risk » en Anglais) apparaît au sein d'un secteur d'activité et dans un contexte historique bien particulier.

La "bancarisation" du risque-pays se développe à la suite du premier choc pétrolier. A cette époque, les grandes banques assurent, grâce aux pétrodollars disponibles sur l'euromarché, le financement des déséquilibres des paiements des pays en voie de développement [16]. Toutefois, lorsqu'en juillet 1982, les taux d'intérêts américains dépassent les  20% par an [17] et qu'au même moment le dollar franchit la barre des 7 francs  (deux ans auparavant, il valait moins de 5F), pour des pays comme le Mexique qui remboursent leur dette extérieure en dollars assujettis d'un taux d'intérêt lié à la monnaie américaine, c'est l'asphyxie [18]. Et lorsqu’en août 1982 les dirigeants de ce pays informent les institutions officielles qu'étant à cours de réserves, leur pays suspend le règlement du service de la dette, c'est la crise. À partir de cette époque, et pour éviter qu’un accident de la même ampleur ne prenne encore en défaut leurs systèmes d’alerte précoce, banquiers et universitaires revoient leur définition du risque-pays. Ils l’assimilent au risque de blocage de fonds ou de pénurie de devises [19] et en distinguent (tout en précisant qu'elles sont étroitement liées), deux composantes :  le risque souverain et le risque de transfert [20]. Ils conçoivent également de nouvelles méthodes destinées à en évaluer les probabilités d'occurrence. 

- Le risque souverain ("sovereign risk" pour les Anglo-saxons) traduit ainsi le risque, pour des organismes financiers internationaux, de voir le gouvernement d'un pays auquel ils ont accordé des prêts, refuser, ou être incapable d'honorer, ses obligations de paiement envers eux. Dans ce cas précis, le remboursement des prêts n'est pas lié aux performances d'un projet particulier. Des agences spécialisées [21] dans l’évaluation de la dette souveraine publient régulièrement une appréciation du risque qui lui est lié.

Deux inconnues sont à l'origine de ce risque ; elles peuvent se décliner sous la forme d'une double interrogation :

  • est-ce que le gouvernement possède les devises nécessaires pour payer ? (est-il insolvable ou en situation d'illiquidité ?)
  • Est-ce que le gouvernement est décidé à payer [22] ?

Dans certains cas en effet, une crise politique ou économique peut placer un gouvernement dans l'incapacité de rembourser ses dettes. Mais dans d'autres, un gouvernement peut simplement décider de répudier sa dette externe, même s'il a la possibilité d'honorer ses engagements [23].

C. Vinhas Pereira distingue quatre types de matérialisation du risque auxquels doivent faire face les euro-banquiers [24]. Ils constituent chacun un aspect du risque souverain :

 - le risque de défaut : il s'agit d'un retard de paiement des intérêts ou du principal. Ce risque se matérialise souvent pour des raisons techniques ou administratives, mais il a un caractère provisoire. Il existe d'ailleurs une clause des intérêts de retard dans les contrats ;

- le risque de moratoire : il est aussi appelé rééchelonnement de dettes. Ce risque consiste en un report des échéances du prêt. Dans ce cas, ni le montant du capital ni celui des intérêts ou les autres conditions du prêt ne sont modifiés ;

- le risque de renégociation : dans ce cas précis, la situation est grave pour les institutions prêteuses, car la capacité à rembourser du débiteur est remise en question. Cette défaillance a un caractère durable. En outre, la renégociation entraîne la révision des conditions du contrat de crédit d'origine, notamment sur le principal et les spreads ;

- le risque de répudiation : pour le prêteur, c'est le risque financier majeur. Dans ce cas, le débiteur ne reconnaît plus sa dette. On observe souvent cette situation lorsque survient une révolution et que le nouveau gouvernement refuse d'honorer les engagements des anciens dirigeants.

 - Le risque de transfert ("transfer risk" en anglais) quant à lui traduit le risque, pour des organismes financiers internationaux, de voir des entités publiques ou privées étrangères être incapables d'honorer leurs obligations de paiement à leur égard.

Dans ce cas précis, la bonne volonté des bénéficiaires du prêt n'est pas en cause.  L'origine du risque est à rechercher du côté de leur gouvernement, qui leur interdit de transférer des fonds hors du pays, ou les empêche d'obtenir les devises nécessaires pour le service de leur dette. Aussi, le risque de transfert ne nécessite pas de se trouver à l'étranger pour se manifester. Il peut survenir lors d'une transaction dans le pays d'origine d'un établissement de crédit, s'il s'avère que les causes de ce risque sont dues à la nationalité du bénéficiaire étranger d'un prêt.

A. M. Ciarrapico fait une synthèse du Risque Souverain et du Risque de Transfert en appelant de façon classique "Risque-Pays" : tout risque associé aux prêts garantis par l'État ou aux prêts directement consentis aux gouvernements étrangers [25]. Elle ajoute toutefois une remarque qui mérite d'être ici mentionnée : selon ses observations, les banques ne font habituellement pas de différence entre le risque commercial et le risque souverain (risque-pays). Pour illustrer sa thèse, elle cite un exemple : celui des prêts commerciaux accordés à une époque aux banques privées chiliennes et non garantis par l'État. Dans cette affaire, les banques chiliennes ont été incapables de rembourser leurs dettes, ayant investi l'argent emprunté de façon inconsidérée. Les organismes créditeurs étrangers ont alors menacé le gouvernement chilien de rendre plus difficile son accès aux prêts internationaux s'il n'acquittait pas les dettes de ses banques privées. Le gouvernement de ce pays a finalement décidé de s'exécuter.

J. Calverley choisit d'ajouter à la notion de "Risque-Pays" telle qu'elle a pu être définie ci-dessus, celle de "Risque-Pays Généralisé" (generalized country risk)[26]. Ce type de risque implique selon lui des facteurs de nature politique (désordres internes, discrimination contre les entreprises étrangères) ou économique (dévaluation ou récession majeures,  etc.) qui peuvent avoir une incidence sur la solvabilité d'une entité débitrice privée.

Calverley estime que les organismes bancaires sont plus vulnérables au risque souverain/de transfert qu'au risque généralisé, ce qui n'est pas le cas des firmes multinationales.

Ses arguments sont les suivants :

- pour les banques : le risque-pays généralisé ne devient préoccupant que lorsqu'elles ouvrent une agence dans un pays étranger. Dans une situation de prêt simple au secteur privé, ce type de risque est moindre. S'il peut à l'évidence toucher durement leur portefeuille, ce dernier est souvent restreint dans la plupart des pays en voie de développement. Et dans les pays où ce n'est pas le cas, le gouvernement accepte généralement d'honorer les dettes du secteur privé (cf. l'exemple des banques chiliennes cité plus haut par A.M. Ciarrapico) ;

- pour les firmes multinationales : le risque-pays généralisé est crucial. Si l'on compare le risque de transfert et le risque-pays généralisé : le premier type de risque peut empêcher une multinationale d'engranger des bénéfices ; mais son horizon d'investissement à long terme lui permet généralement  d'attendre que le pays sorte de la crise. Dans le cas du risque-pays généralisé, la détérioration des conditions politiques ou économiques peut parfois occasionner de lourdes pertes et éliminer tout espoir de faire des bénéfices.

- Le risque de marché : la « marchéisation » (titrisation) des financements (Brady Bonds, New Issues, actions, titres de la dette locale à court terme libellée en dollars ou en devise locale), les réformes structurelles mises en place par de nombreux pays dans les années 1990 (plans d’austérité, programmes de conversion ou de restructuration de dette, libéralisation des marchés de capitaux, mise en place de privatisations) font qu’aujourd’hui les capitaux privés jouent à nouveau un rôle important dans le financement externe de nombreux pays [27]. Si le phénomène permet à un certain nombre de pays d’avoir accès à des sources de financement en devises fortes, il n’a pas que des avantages. Dans la mesure où la rémunération et la liquidité de leurs actifs constituent les critères majeurs de décision des banquiers ou des grands acteurs financiers dans le choix de localisation de leurs investissements, toute perspective de gains supérieurs à réaliser sur d’autres actifs et dans d’autres lieux (ce n’est pas nécessairement la qualité des politiques économiques qui attire les investisseurs étrangers, cela peut être la recherche d’un gain à très court terme), ou toute perception par eux de faiblesse dans une économie : accumulation trop grande de dette ou de promesse de payer par rapport aux capacités de remboursement, perception d’une surévaluation de la monnaie ou d’une incertitude politique importante, faiblesse institutionnelle (notamment du secteur bancaire) - tous ces éléments peuvent, soit de façon séparée, soit de façon cumulative, engendrer un retrait brutal des capitaux investis et une crise financière grave pour les pays concernés mais aussi pour d’autres économies [28].

Les risques de marché sont donc plus difficiles à appréhender que les risques de défaut. Dans le cas des risques de défaut, des séries longues d’agrégats macro-économiques permettent en général de cerner les risques d’illiquidités et d’insolvabilité [29]. Or les crises financières récentes illustrent l’insuffisance d’une approche fondée uniquement sur des ratios macro-économiques. Pour les risques de marché, le champ des causes est plus large que pour les risques de défaut, car les mouvements de capitaux dépendent à la fois de considérations internes et externes aux pays qui les accueillent. D’autres séries de questions doivent être envisagées qui sont liées pour certaines à la situation de l’offre sur les marchés financiers internationaux et pour d’autres à l’économie du développement (vulnérabilités structurelles) des pays considérés, à leur stabilité politique et sociale interne - tous facteurs qui, pour les derniers, se prêtent moins facilement à une quantification objective et comparative [30]. Leur appréciation et donc beaucoup plus subjective et comporte une part non réductible d’incertitude parfois à l’origine de mouvements de défiance collectifs.

Le processus de cristallisation soudaine des composantes du risque-pays (risque souverain, risque de transfert, risque de marché) oblige donc l’expert à se livrer à une analyse globale du pays examiné dans la mesure où les frontières entre ces risques sont floues et dans la mesure également où il existe parfois des liens entre eux [31]  : une crise de change peut être déclenchée par la perception d’une incertitude politique importante ou par une faiblesse institutionnelle (notamment du secteur bancaire), même si la monnaie ne paraît pas surévaluée et l’ensemble du pays pas surendetté. La dévaluation affecte alors la valeur de l’ensemble des actifs domestiques et peut déclencher une fuite des capitaux.

- Le risque de contrepartie : Le risque de marché peut en outre se transformer en risque de contrepartie et vice-versa. Ainsi, un ensemble d’entreprises à priori saines ou viables peuvent basculer dans la faillite si leur environnement macro-économique se dégrade [32] : un retournement des taux de change, d’intérêt ou du prix des actifs peut mettre en difficulté des banques dont les liquidités se trouveront brutalement asséchées ; une crise financière grave et une récession non-anticipée pénaliseront de la même manière des entreprises nationales endettées en devises fortes. De même une crise systémique des banques peut déclencher un mouvement de défiance par rapport à la monnaie et aux actifs d’un pays sur les marchés financiers et des changes, qui peut ultérieurement aboutir à un risque de non-transfert. Mais ont peut également imaginer que le sauvetage massif d’entreprises ou de banques par la puissance publique puisse accroître le risque souverain et le risque de non-transfert, sans que le pays n’ait subi pour autant de crise financière.

Risque politique et risque-pays :
des dimensions interdépendantes


Ces dernières remarques sur la nature multiforme du risque-pays nous conduisent tout naturellement à évoquer les remarques faites par plusieurs auteurs sur le caractère artificiel de la distinction établie par certains experts entre le risque-pays et le risque politique

 - C. Schmidt écrit ainsi : "une crise économique peut engendrer des changements politiques, tandis qu'un bouleversement politique s'accompagne le plus souvent de changements économiques" [33].

- S. de Coussergues écrit de la même manière : "risque politique, risque économique et risque de crédit sont le plus souvent imbriqués. L'instabilité politique se répercute sur le situation économique et financière d'ensemble, d'où un risque de crédit qui s'accroît : les crises économiques provoquent souvent des changements de régimes politiques. D'où la nécessité d'approches globales" [34].

- C.R. Kennedy fait une remarque qui va dans le même sens : puisque les phénomènes socio-politiques et économiques sont très fortement corrélés et souvent inséparables, [...] ces deux termes (risque politique et risque-pays) sont conceptuellement interchangeables [35] ».

- B. Marois précise également : "dans la littérature du risque-pays, les auteurs ont souvent tendance à séparer risque socio-politique et risque économico-financier. [...] En fait, les deux domaines évoqués ci dessus, non seulement apparaissent comme complémentaires (car une mesure économique possède en général une dimension politique et réciproquement une décision politique a une incidence économique), mais aussi comme interdépendants" [36].  Et pour illustrer l'interdépendance des facteurs de risque, Marois évoque le cas de l'Argentine au début des années 1980. Selon lui, les résultats catastrophiques de l'économie ont poussé le régime militaire à s'engager dans la guerre des Malouines. Cette guerre a entraîné à son tour la chute des militaires et le démarrage d'une nouvelle politique économique lors de l'élection de R.Alfonsin.

Pour clore ces remarques, citons enfin le propos de R.P. Nye, auparavant Senior Analyst de la Sovereign Risk Unit chez Moody’s et Président de Global Investment Advisors, Inc : « Comme les grandes banques américaines l’ont appris à leurs dépens au début des années 1980, les ratios financiers et les modèles économétriques ne suffisent pas pour évaluer la capacité d’un pays endetté à remplir ses obligations de paiement envers ses créanciers. Des États aussi différents que la Pologne, l’Argentine, l’Afrique du Sud et les Philippines ont fait défaut ou rééchelonné leur dette étrangère pour des raisons qui n’étaient pas uniquement économiques ou financières. Très souvent, des considérations politiques comme l’incapacité d’imposer des mesures d’austérité, des troubles raciaux ou politiques, l’absence de confiance de la population dans les autorités de leur pays, sont à l’origine d’une crise de solvabilité. Il est donc évident que les risques politiques sont une composante essentielle des stratégies financières internationales [37]  ».

La volonté de ne pas considérer de façon séparée le risque politique et le risque économique ou financier entraîne alors un auteur comme B. Marois à parler alors de "risque-pays". Il propose donc la définition suivante : "le risque-pays peut se comprendre comme le risque de matérialisation d'un sinistre résultant du contexte économique et politique d'un État étranger dans lequel une entreprise effectue une partie de ses activités [...]. Risque de perte, mais aussi opportunité de gain [38]".

Nous partirons de l’interprétation de Marois pour nous libérer de l’alternative risque-pays/risque politique, tout en faisant la précisions suivante : les transformations qui, depuis le début des années 1990 affectent le système international et le fonctionnement de ses unités nationales, militent en faveur d’un élargissement de la problématique du risque-pays et d’un apport complémentaire à ses méthodes traditionnelles d’évaluation. C’est autour de ce constat que nous énoncerons l’objet de notre thèse et structurerons notre plan.

Problématique, objet de la thèse et plan

Les crises récentes qui, entre 1994 et 1998 ont secoué les « marchés émergents [39] » et menacent le système financier international incitent aujourd’hui les spécialistes du risque-pays à améliorer ou revoir leurs instruments d’analyse [40]. La Coface décide ainsi d’ajouter à sa batterie d’indicateurs, des outils destinés à apprécier le risque de survenance d’un ajustement brutal imposé par les marchés financiers [41]. Les grandes agences d’évaluation du risque de crédit sont, quant à elles, invitées à transformer leurs notations en système d’alerte précoce [42].

Dans ce contexte de crise, les critiques abondent sur le métier et les professionnels du risque-pays. Pour autant, et à la décharge de ces experts, un constat s’impose : le risque-pays est devenu un exercice particulièrement complexe. Inscrit à la charnière de réalités mondiales et nationales, de logiques privées et d’intérêts souverains, il nécessite de manipuler de nombreux facteurs et acteurs interagissant simultanément. Il requiert également de mobiliser une somme impressionnante de données (quantitatives et qualitatives) concernant ces forces. Ce faisant, l’observateur avisé s’abstient de « tirer à boulets rouges » sur une profession qui, tout en ayant développé des outils adaptés aux besoins de ses utilisateurs, n’hésite pas à en reconnaître le caractère incomplet [43].

Malgré les réserves émises à l’encontre du risque-pays, les soubresauts récurrents de l’environnement international militent en faveur d’une poursuite de cette activité. Mal connue en France du public d’entreprise (en particulier des PMI et PME), assimilée par des commentateurs pressés aux outils de la Coface, à ceux des grandes agences de rating ou des cabinets de conseil spécialisés, l’évaluation du risque-pays, dans sa mission de réduction de l’incertitude entourant le contexte étranger des affaires, intéresse toujours les grandes entreprises et les banques.

Une question se pose toutefois : cette démarche gagnerait-elle en précision et en efficacité (ferait-elle ainsi de nouveaux adeptes ?), si elle parvenait à articuler deux éléments :

- une théorie du risque-pays. Capable d’évoquer, sur la base de quelques hypothèses, les principales caractéristiques de l’environnement international, ce schéma synthétique et abstrait sélectionnant facteurs, acteurs, et relations entre ces forces - tous éléments jugés plus explicatifs que d’autres, permettrait de comprendre l’origine des tensions susceptibles de se transformer en ruptures et risques de matérialisation de sinistres à l’échelle d’un pays ;

- une méthode d’analyse du risque-pays. Sur la base des hypothèses formulées dans la théorie (et non a priori en fonction d’une certaine idée du risque-pays), la méthode autoriserait la sélection d’indicateurs. Une fois renseignés et traités, ces indicateurs  fourniraient des précisions sur les forces (facteurs et acteurs) à mêmes d’engendrer des ruptures porteuses de risques, à l’échelon d’un pays.

Le diptyque théorie-méthode d’analyse proposé, répondrait en fait à une objection et une demande formulées respectivement par des chercheurs et des praticiens du risque-pays :

- l’objection : l’absence de théorie reconnue, capable, aussi bien en économie qu’en relations internationales, de rendre compte, tant de l’origine complexe des phénomènes internationaux, que des horizons spatio-temporels multiples des acteurs impliqués - tous éléments pouvant être des facteurs de risques-pays [44] ;

- la demande : la nécessité de compléter les analyses comparatives du risque-pays par des études monographiques, des expertises, ou des approches globales pays par pays [45]. Ces travaux sont, selon les mots employés par certains experts, « plus que jamais nécessaires pour éviter de gros déboires » [46].

C’est pour répondre à la question que nous avons posée, pour répondre également aux objections et demandes précitées, pour dissiper enfin les zones d’ombre qui entourent la pratique du risque-pays, que ce travail a été conçu.

L’objet de la thèse se décline donc en quatre points : un bilan des pratiques du risque-pays ;  une théorie du risque-pays ; une méthode d’analyse systémique et prospective du risque-pays ; une application au cas du Viêt Nam. Dans le plan que nous avons retenu, ces quatre points seront traités dans trois grandes parties et huit chapitres.

(1) Première partie :
Un bilan des pratiques du risque-pays


Risque politique et risque-pays sont des termes dont l’utilisation renvoie à agents économiques, des préoccupations, et des pratiques de l’international, bien précis. Or il n’existe pas en France (à notre connaissance) de publications qui détaillent, à partir d’études de cas, les dispositifs (structures et méthodes) mis au point par ces agents - Firmes Multinationales, Banques Multinationales, Institutions de Référence (Agences de notation et de conseil) - pour évaluer le risque-pays. Les travaux (thèses, articles, ouvrages) réalisés sur le sujet se content pour la plupart d’évoquer de façon très générale les pratiques des banques ; ils reprennent aussi les méthodes élaborées par des sociétés de conseil qui pour certaines (comme Novaction [47]) ont abandonné l’activité risque-pays ou qui pour d’autres (comme XA.EP) semblent avoir disparu du marché et ne sont de toute façon pas citées comme références sur ce segment particulier du conseil par les agents économiques ou les professionnels au niveau international. Avant de proposer une approche complémentaire du risque-pays (théorie et méthode), il nous a donc paru nécessaire de rentrer dans le détail des outils mis au point par les grands opérateurs de l’économie ou les institutions de référence. Pour y parvenir, nous avons utilisé des sources de première main (entretiens avec des responsables de services de risque-pays) mais aussi exploité, grâce à Internet, des sites, des réseaux et des publications américains spécialisés dans cette activité. L’exercice est resté limité, principalement pour des raisons linguistiques, aux pratiques françaises et états-uniennes.

Pour réaliser ce bilan, nous avons procédé comme suit :

- Le chapitre 1 de la thèse passera en revue les pratiques des firmes multinationales en matière de risque politique. Après avoir évoqué les risques liés à l’internationalisation de leurs activités et les formes particulières que prend pour elles le risque politique, nous exposerons à l’aide de plusieurs exemples les difficultés rencontrées par plusieurs grandes entreprises sur des marchés étrangers ; nous évoquerons ensuite les méthodes types d’évaluation du risque politique utilisées par les FMN, ainsi qu’une typologie des pratiques américaines en la matière fondée sur des exemples précis ; nous enchaînerons avec la présentation de deux études de cas consacrées aux dispositifs d’évaluation du risque politique mis en place par une FMN française et une FMN américaine. Dans la conclusion de ce premier chapitre, nous nous interrogerons sur l’avenir de la pratique du risque politique dans les entreprises multinationales et esquisserons quelques propositions concernant le type de structure à même de piloter cette activité, ainsi que sa place dans un organigramme. 

- Le chapitre 2 de la thèse examinera les pratiques des banques multinationales en matière de risque-pays. Décrivant dans un premier temps l’évolution de leurs activités internationales, il s’attachera également à esquisser une nomenclature du risque-pays, à évoquer les dénouements possibles des prêts internationaux et à apporter des précisions sur le risque de système. Le propos évoluera ensuite vers une présentation détaillée des approches types (qualitatives/quantitatives) utilisées par les banques pour évaluer le risque-pays et s’attachera à évoquer les faiblesses de ces approches. Deux études de cas consacrées aux dispositifs d’évaluation du risque-pays conçus par une banque américaine et une banque française compléteront l’ensemble. La conclusion du chapitre replacera la pratique du risque-pays dans un environnement stratégique et opérationnel qui, pour les banques, a changé, a transformé leur rapport à l’international, mais requiert néanmoins la poursuite d’analyses pointues de leurs contextes d’investissement.

- Le chapitre 3 de la thèse passera en revue les méthodes d’analyse du risque politique et du risque-pays utilisées dans les métiers de la couverture des risques politiques internationaux, du conseil, et de la notation de la dette souveraine. Malgré les critiques récurrentes qui leur sont faites pour leur manque de perspicacité lors de crises graves, les organisations qui pratiquent ces métiers continuent de bénéficier d’une certaine crédibilité auprès de leurs clients comme l’attestent plusieurs éléments : leur renommée auprès des grands opérateurs internationaux, leur longévité malgré les erreurs d’évaluation commises, leur robustesse face à la concurrence - des élément qui en font aujourd’hui de véritables « institutions de référence » en matière d’analyse du risque politique et du risque-pays. Le choix des noms retenus dans ce chapitre pour illustration des pratiques a donc été effectué en fonction des considérations que nous venons d’évoquer. La conclusion de ce chapitre fera néanmoins état des critiques de fond qui leur sont régulièrement adressées et présentera les résultats d’études consacrées à l’évaluation de leurs résultats.

(2) - Deuxième partie :
Une approche renouvelée du risque-pays


De façon très pragmatique, les analyses du risque-pays dont on retrouve le canevas dans les méthodes d’évaluation utilisées par les agents économiques et les professionnels du conseil, passent généralement au crible trois grands domaines ;  le contexte politique et social : contraintes internes, situation géopolitique, comportement de paiement ; le contexte économique : nature et soutenabilité du développement, évolution de la valeur externe de la monnaie, compatibilité avec le financement extérieur ; le contexte financier : ratios d’endettement, de solvabilité, de liquidité. Pour autant, si elles sont très opérationnelles, ces grilles qui offrent à l’exportateur ou l’investisseur une lecture plurielle et détaillée de la situation des pays, souffrent de trois grandes faiblesses : tout d’abord, les outils dont elles disposent pour faire l’analyse globale d’un pays : un territoire délimité, des facteurs de production stables, une monnaie nationale, une main-d'oeuvre qui ne chevauche pas les frontières, des avantages comparatifs peu sensibles à l'usure du temps (Z. Laïdi) - ces outils se révèlent inadéquats face au phénomène de mondialisation économique et à son impact en termes de risque-pays sur les territoires nationaux ; en considérant ensuite de façon séparée les dimensions politiques, économiques, financières et sociales des forces tant internes qu’externes à l’oeuvre sur un territoire, ces grilles de lecture  ne peuvent en restituer la dynamique et son incidence possible en termes de risque-pays ou de risque de système sur les opérations des agents qui « font » l’économie internationale et sur la situation nationale des territoires ; enfin jusqu’ici ces approches n’ont, dans la plupart des cas, considéré le risque-pays que du point de vue des grands investisseurs et sous l’angle d’indicateurs susceptibles de les renseigner sur leur probabilité d’exposition au risque-pays. Elles les ont donc empêchés d’évaluer pleinement l’impact (politique, économique et social) à court et long terme, de leurs stratégies, sur un territoire d’accueil et, par ricochet, sur d’autres territoires. Elles se sont donc privées de considérer le (s) risque (s) que ces agents faisaient courir à un certain nombre de pays et leurs possibles effets induits sur d’autres agents et d’autres pays. C’est pour tenter de corriger ces faiblesses et apporter un complément (réclamé par les professionnels) à ces grilles de lecture comparatives, que nous nous efforcerons de combiner théorie et méthode prospective, dans une démarche renouvelée du risque-pays.

Pour atteindre les objectifs indiqués, nous procéderons comme suit :

- Le chapitre 4 de la thèse sera une tentative de théorie du risque-pays, sous la forme de plusieurs hypothèses visant à fixer temporairement les principes structurant les relations internationales et la vie des collectivités nationales. Le propos part d’un constat : il existe de multiples travaux théoriques sur le risque-pays ; mais leur incapacité à prendre la mesure, et à rendre compte, des transformations affectant aujourd’hui l’environnement international et les unités nationales, en diminue la pertinence. C’est pour essayer de replacer la problématique du risque-pays dans son contexte - un contexte international d’après-guerre froide et de mondialisation - que cette tentative de théorie sera faite. Sur la base d’analyses, conduites par différents auteurs dans plusieurs disciplines (Sociologie, Relations Internationales, Economie, Sciences de Gestion), l’essai s’efforcera de répondre à une double ambition : élaborer un cadre conceptuel permettant de prendre la mesure réelle du risque-pays dans un contexte d’interdépendance accrue des situations nationales, de globalisation et de financiarisation de l’économie ; rationaliser dans le même temps, et sur la base des hypothèses émises par la théorie, l’utilisation d’une méthode prospective permettant d’identifier les forces (facteurs et acteurs, internes et externes) générant tensions et ruptures à l’échelle des territoires.

- Le chapitre 5 de la thèse proposera une méthode d’analyse du risque-pays. Elle doit permettre au chercheur ou à l’investisseur de rentrer dans la complexité d’une situation nationale étrangère. Nous préciserons dans un premier temps les fondements, origines et outils de la méthode. Empruntant à la systémique et à la prospective, elle mobilise les techniques de l’analyse structurelle, de l’analyse des jeux d’acteurs, et de la construction des scénarios. La méthode retenue nécessite toutefois de réunir de multiples données quantitatives et qualitatives. Nous nous attacherons donc à préciser les sources (publiques et privées) utilisées pour les réunir. Avec l’exposition de la façon dont ces données sont exploitées, nous aborderons le dernier point du chapitre. Sur la base des principales hypothèses constituant le cadre théorique du risque-pays, des indicateurs de recherche seront définis. Sans constituer un support rigide et définitif, leur existence devrait permettre d’organiser une collecte problématisée de données. Déclinées ensuite sous forme de variables, leur sélection aura pour finalité d’autoriser - une fois passées au crible des outils de la prospective - l’identification des forces porteuses de stabilisation ou de ruptures à l’échelon d’un territoire, ainsi qu’une représentation (sous forme de scénarios) de leur possible évolution.

(3) - Troisième Partie :
Une application au cas du Viêt Nam


Conçue comme un complément - réclamé par les professionnels - aux approches comparatives du risque-pays, la démarche mono-pays proposée prendra pour test de validité et terrain d’application, un pays du Sud-Est asiatique. Entre communisme et économie de marché, nécessaire ouverture au monde et tentations de repli, le Viêt Nam reste un cas d’école pour le risque-pays. La constitution d’une base de connaissances sur ce pays [48], l’exploitation de sources professionnelles (détaillées dans la partie « méthodologie »), l’expertise d’un directeur de recherche spécialiste du Viêt Nam - ces divers éléments faciliteront le renseignement des indicateurs et l’étayage des analyses. Leur mise en perspective par le biais d’une théorie du risque-pays, leur traitement et combinaison par le biais d’une méthode d’analyse prospective du risque-pays et de plusieurs outils informatiques associés - ces options devraient rendre possible, dans les faits, le « démontage » et l’observation d’une réalité vietnamienne que les approches par les grandeurs macro-économiques ou financières ne font qu’effleurer (tout en restant des compléments techniques indispensables pour évaluer les moyens réels dont disposent les autorités et les agents économiques d’un pays donné [49]).

- Le chapitre 6 de la thèse sera une application, en plusieurs étapes, de l’analyse systémique au cas du Viêt Nam. Il s’agira de décrire, de façon exhaustive, le système (Viêt Nam) associé à la problématique posée (son risque-pays, conçu comme la résultante d’un dé-ajustement des logiques et des systèmes structurant le monde et les territoires). Pour ce faire, nous recenserons un certain nombre de variables, nous étudierons leurs relations dans une matrice d’analyse structurelle afin de pouvoir identifier, parmi elles, des tendances lourdes, des variables de rupture et des points de bifurcation. L’objectif final est, à ce stade de l’application, de mettre en évidence les variables clés, en se posant les bonnes questions et en essayant de ne pas négliger de piste. Le recours au programme informatique MICMAC devrait nous permettre d’y parvenir.

- Le chapitre 7 de la thèse nous conduira à étudier les stratégies des acteurs qui, au Viêt Nam, s’affrontent dans des jeux complexes et incertains, porteurs de ruptures. C’est autour des variables clés, identifiées lors de l’analyse structurelle, que seront identifiés les acteurs ayant une réelle capacité d’influence sur le pays. L’exercice consistera ensuite à analyser leurs interactions et à dresser un inventaire aussi précis que possible de leurs moyens d’influence réciproques. L’ensemble de ces étapes devrait nous permettre de faire apparaître progressivement leurs convergences et divergences de vue, révélant par là même leur rôle dans l’amplification ou l’apaisement des facteurs de tension au Viêt Nam. Nous aurons recours au programme informatique MACTOR pour mener à bien ces exercices.

- Le chapitre 8 de cette thèse nous conduira à nous interroger sur les évolutions les plus vraisemblables, du risque-pays au Viêt Nam. L’exercice nécessitera d’élaborer un certain nombre d’hypothèses fondamentales sur le devenir du pays étudié à partir des enseignements tirés des étapes précédentes. Nous nous poserons pour ce faire, une série de questions : quels événements, quelles innovations peuvent rester sans conséquence ? Quelles autres sont susceptibles d’affecter le Viêt Nam dans le sens d’une évolution souhaitée ou subie par les différents intérêts en présence ? L’énoncé, sous forme de scénarios, des hypothèses clés du futur et des cheminements qui y peuvent y conduire, sera contenu dans cette étape. Le recours à l’analyse morphologique et au programme informatique MORPHOL devrait nous permettre de réaliser ces opérations.



[1] Selon la définition de l’International Finance Corporation (IFC), une filiale de la Banque Mondiale, « un pays émergent est un pays dont le Produit National Brut (PNB) par habitant est inférieur à 8956 dollars, in Rowe Price T., « What is an emerging market », International Investing,

http://www.troweprice.com/interspot/emerge3.html.

[2] Schmidt C., "Mesurer l'imprévisible", L'Expansion, 18 Juillet/4 Septembre 1980, p.16. La distinction risque/incertitude est redevable  à F.Knight, Risk, Uncertainty and Profit, London School of Economics, n°16, 1921.

[3] Marois  B., Béhar M., Comment gérer le risque politique lié à vos opérations internationales, Collection l'Exportateur, CFCE, Paris, 1981, p.17.

[4] Le Vigoureux, F., "L'acteur stratégique face à la contrainte de rentabilité dans la décision d'investissement", Mémoire de DEA, IAE de Caen, 1993, source citée in Joffre P., Comprendre la mondialisation, Economica, Paris,1994, p.29.

[5] Rummel R.J., Heenan D.A., "How Multinationals analyze political risks", Harvard Business Review,  Jan-Feb 1978, p.68.

[6] Eiteman D.K., Stonehill A., Multinational Business Finance, Addison-Wesley, 1982, cité in Brummersted D., « Host Country Behavior : Issues and concepts in comparative political risk analysis », in Rogers J ed., Global Risk Assessments, Book 3, Riverside, 1988, p.78-79.

[7] Nous présentons de façon détaillée les différentes formes de matérialisation du risque politique dans le chapitre 1 de notre thèse intitulé « Les Firmes Multinationales et le Risque Politique ».

[8] Robock S.H., "Political Risk : Identification and assessment, Columbia Journal of World Business, 6, Jul-Aug 1971, p.68-71.

[9] Schmidt D.A., "Analysing Political Risk", Business Horizons, vol 29-4, 1986, p.43-50, cité in Lepert T., Risques économiques et politiques : proposition d'un modèle de choix de type d'implantation à l'étranger, Thèse de doctorat, Université de Paris IX Dauphine, 1991, p.31.

[10] Babinet C., Le devoir de vigilance, Denoël, Paris, 1992, p.214.

[11] Brummersted D.A., op.cit.,p.79.

[12] Desta A., "Assessing political risk in less developed countries", The Journal of Business Strategy, Spring 1985, p.40-53.

[13] Babinet C.,op.cit.,p.226.

[14] Simon J.D., "A theoretical perspective on political risk", Journal of international business studies, vol 15-3, 1984, p.123-143, cité in Lepert T., op.cit., p.33.

[15] Vinhas Pereira C., "Le Risque-Pays : Problématique et Systèmes d'évaluation", Thèse Paris IX-Dauphine, 1988, p.121-122.

[16] Terrier J.L., "Une bibliographie", Revue Française de Gestion, Mai-Juin-Juillet-Août 1981, p.54. Comme l’explique R. Fossaert, les crédits à court et moyen termes que les banques commerciales et leurs filiales étrangères accordent, sont internationaux à plusieurs titres : tout d’abord, la banque prêteuse et l’emprunteur relèvent d’États différents ; ensuite, le  prêt, souvent consenti en US$ même par les banques non-américaines, est assorti d’un intérêt indexé sur le LIBOR ou sur le NYBOR, cad sur les taux des marchés interbancaires internationaux de Londres et New York. Le résultat, c’est que les risques sont les suivants : Pour le prêteur, le risque d’insolvabilité est renforcé par un risque-pays : les réserves de change disponibles dans le pays du débiteur permettront-elles à celui-ci d’acheter, à bonne date, les dollars nécessaires au service de sa dette ? De son côté, l’emprunteur est exposé à deux aléas majeurs : l’évolution des  taux de change en dollars de sa propre monnaie, et les fluctuations des lointains LIBOR et NYBOR. A ces divers titres, écrit Fossaert, son impuissance est complète, in Fossaert R., Le monde au 21ème siècle : une théorie des systèmes mondiaux, Fayard, Paris, 1991, p.248-249.

[17] En 1979, la Réserve Fédérale des États-Unis présidée par Paul Volcker engage une politique restrictive destinée à lutter contre l'inflation. Le "prime rate" passe ainsi de 6,82% en 1977 à 18,8% en 1981. Résultat : le service de la dette latino-américaine "flottante" grimpe tout aussi rapidement, obligeant les pays à s'endetter davantage alors que la conjoncture internationale se détériore (croissance, prix des matières premières, etc.). Dans le même temps, les taux d'intérêts deviennent positifs dans la zone OCDE, exerçant un effet d'éviction au détriment des pays débiteurs en mal de refinancement et aussi une puissante incitation à la fuite des capitaux, in "Amérique Latine : vers une nouvelle crise de la dette ?", Nord-Sud Export Consultants, 11 Juillet 1994, p.25.

[18] Simon A., Géopolitique et Stratégies d'entreprise : Créances et croyances, Interfaces, Paris,1993, p.29.

[19] Vinhas Pereira C., op.cit.,p.121.

[20] Calverley J., Country Risk Analysis, Butterworths, London,1990, p.3.

[21] Moody’s, Standard & Poor’s pour les plus connues.

[22] Calverley J., op.cit., p.3.

[23] Simon J.D., "Political risk analysis fot international banks and multinational enterprises", in Solberg R.L. ed., Country Risk Analysis, A Handbook, Routledge, New-York,1992, p.127.

[24] Vinhas Pereira C., op.cit., p.125-126.

[25] Ciarrapico A.M.,Country Risk, Dartmouth publishing Company Limited, Aldershot, 1992, p.4-5.

[26] Calverley  J., op.cit., p.4.

[27] En 1996, les flux nets de capitaux à destination des 30 principaux pays émergents atteignaient 231 milliards de dollars, alors que les capitaux publics ne représentaient plus que 8 milliards de dollars, soit 3% des flux globaux vers les principales économies  émergentes. Mais ces chiffres ne doivent pas cacher l’extrême disparité des situations : l’Asie, avec 129 milliards de dollars, a capté 56% des flux privés à destination des pays émergents (La Rep.Pop de Chine et la Corée du Sud  ont été les premiers bénéficiaires avec respectivement 38 et 36 milliards de dollars). En 1996 également, les financements nets en provenance du secteur bancaire et à destination des 30 principales économies émergentes se sont élevés à 65 milliards de dollars, en retrait par rapport aux 78 milliards de dollars de 1995. Cette diminution est, selon L.Tovi, essentiellement due à une réduction marquée des prêts de court  terme, au profit de financements à moyen et long terme, in Tovi L., « Pays émergents : Ni miracle, ni mirage », Les Echos, lundi 24 février 1997, p.43-44.

[28] En raison de l’interdépendance des marchés, la crise peut se propager à l’échelon d’une région et déborder sur des marchés lointains, comme on a pu le voir lors de la dernière crise mexicaine et lors de la crise plus récente déclenchée en Thaïlande au début de l’été 1997. A ce sujet, H.Neiss, le Directeur du Département Asie et Pacifique du FMI déclarait : « La crise thaïlandaise a montré la vitesse à laquelle les pressions qui s’exercent sur le marché des changes et des capitaux peuvent s’étendre d’un pays à l’autre, quelles que soient les variables économiques fondamentales. Aucun des pays voisins atteints par la crise ne présentaient la combinaison de facteurs de vulnérabilité qui a précipité la crise en Thaïlande et leurs variables fondamentales sont dans l’ensemble saines. J’ai donc été surpris par le degré de contagion de la crise, car même les plus petites faiblesses se sont transformées en sujets de préoccupation majeurs pour les marchés », in FMI Bulletin, 22 septembre 1997, p.287.

[29] Longueville G., « Les nouvelles dimensions du risque-pays », Banque n°585, octobre 1997, p.46.

[30] de Boysson O., « Pays émergents : risques de marché ou risque de solvabilité ? », Conjoncture, Mai 1997, p.4.

[31] Ibid., p.2.

[32] Longueville G.,  op.cit., p.47.

[33] Schmidt C., op.cit.,p.16.

[34] de Coussergues S., Gestion de la Banque, Dunod, Paris,1992, p.202-203.

[35] Kennedy C.R., Managing the international business environment : Cases in political and country risk, Prentice Hall, Englewood Cliffs, 1991, p.2.

[36] Marois B., Le Risque-Pays, PUF, Paris, 1990, p.9.

[37] Nye R.P., « Capital markets and country risk : sovereign credit assessment at Moody’s », in J.Rogers ed., Global Risk Assessments : issues, concepts and applications, Book 3, Riverside, 1988.

[38] Marois B., Le risque-pays, op.cit., p.5.

[39] P. Krugman estime que les sept pays (Mexique, Argentine, Thaïlande, Corée du Sud, Indonésie, Malaisie et Kong Kong) qui ont été touchés par ces crises ont connu une récession pire que tout ce que les États-Unis ont connu depuis les années 1930, in  « Les remèdes de Washington : une injure à la science économique », Courrier International n°414, du 8 au 14 octobre 1998, p.38.

[40] Gherardi S., « Les éclaireurs du risque international », Le Monde de l’Economie, mardi 13 janvier 1998.

[41] Clei J., « Les leçons de la crise mexicaine », Banque Stratégie n°141, septembre 1997, p.21-23.

[42] Reisen H ., « Il faut transformer les notations des pays en signaux d’alerte précoces », Le Monde Economie, mardi 24 février 1998.

[43] On peut signaler ici pour illustration les fortes réserves émises par J.L Terrier. C’est dans la seconde moitié des années 1970 que J.LTerrier, alors directeur-adjoint d’une grande banque new-yorkaise met au point une méthode de notation et de classement du risque-pays. Il va la développer dans le cadre de « Nord-Sud Export », une société de Conseil qu’il crée en 1981 et dont la publication bimensuelle du même nom devient une référence pour les principaux acteurs de l’exportation et de l’investissement en France. En 1994, J.L Terrier liquide le cabinet Nord-Sud Export. La société d’intelligence économique Miallot & Associés rachète le titre de la publication bimensuelle ainsi que le fichier abonnés. Terrier décide alors de réaliser son classement pays sous l’appellation de « Credit Risk International ».Terrier, tout en reconnaissant la nécessité opérationnelle de ce type d’outils (indicateurs quantitatifs permettant de chiffrer les risques encourus dans les décisions de prêts, d’exportation, ou d’investissement) estime qu’ils restent « primitifs ». Aussi n’hésite-t-il pas à conclure à la supériorité de la méthode des scénarios pour évaluer le risque politique, in « Comment établir votre classement à la carte ? », Résultats II,  Classement-Pays 1994-1995 », Credit Risk International, 15 Novembre 1994. La méthode des scénarios est brièvement décrite dans l’ouvrage de Frei D., Ruloff D., Les Risques Politiques Internationaux Edition S.A, 1988, p.269-273. Parmi les références bibliographiques, on trouve Godet M., The crisis in Forecasting and the Emergence of the « Prospective Approach, Pergamon Press, 1979. c.f Godet M., Manuel de Prospective Stratégique, 2 Tomes, Dunod, 1997.

[44] Cette remarque revient aussi bien dans les travaux consacrés aux risques politiques : cf. Frei D., Ruloff D., Les risques politiques internationaux, édition SA,Paris, janvier 1988, p. 31-32, que dans ceux traitant du risque-pays : cf. Verdie J.F., De l’évaluation bancaire du risque-pays, Thèse de Sciences de Gestion, Université des Sciences Sociales de Toulouse I, Janvier 1992, p.11.

[45] Longueville G (responsable risque-pays à la BNP)., op.cit., de Boysson O (responsable risque-pays Paribas)., op.cit., Miotti L., Ricoeur-Nicolai N (experts risque-pays, Caisse des Dépôts et Consignation)., « Typologie des risques-pays », Marchés financiers, CDC, Gestion, n°110, Juillet-Août 1996.

[46] Miotti L., Ricoeur-Nicolai N., ibid., p.27.

[47] C’est après un contact direct pris, le 4 Novembre 1998 avec la Société Novaction, que nous sommes en mesure d’apporter cette précision.

[48] Sionneau B., Base de connaissances sur le Viêt Nam, Groupe ESC BX, 1994 (2 Tomes : 385 pages). Cf. détails dans bibliographie.

[49] Le lecteur trouvera dans un ouvrage très complet, les différentes techniques financières qui existent pour évaluer le risque-pays, l’intégrer dans les stratégies des grands investisseurs, et le gérer, in Clark E., Marois B., Managing risk in international business : techniques and applications, International Thomson Business Press, London and Boston, 1996.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 6 juin 2014 5:32
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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