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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“Mauss et l’anthropologie des Inuit”. (2004)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Bernard Saladin d’Anglure [Anthropologue, Université Laval], Mauss et l’anthropologie des Inuit”. Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol 36, no 2, automne 2004, pp. 91-130. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. [Autorisation formelle de l’auteur accordée le 2 août 2005]

Introduction

Si l'héritage de Marcel Mauss a longtemps été assumé par le structuralisme, dans le sillage de Claude Lévi-Strauss (1950), on assiste depuis une dizaine d'années à un renouveau d'intérêt pour son oeuvre, sous d'autres impulsions. Celle du « Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales » (MAUSS) d'abord, qui s'est attaché à présenter sous un éclairage nouveau la problématique maussienne du don ; celle, aussi, d'anthropologues océanistes (Sahlins, Schwimmer, Godelier, Tcherkezoff...) et celle d'anthropologues travaillant sur les Indiens de la côte nord-ouest (notamment Schulte-Tchenkov, Mauzé...). Ces différents chercheurs ont fait une critique des sources de Mauss et en ont renouvelé l'analyse à partir de données ethnographiques nouvelles. Mais il s'est agi, presque toujours, de débats entourant l'« Essai sur le don » (1925), son oeuvre la plus connue, qui repose en grande partie sur l'ethnographie de ces deux grandes aires. Une impulsion d'un tout autre ordre doit, enfin, être mentionnée, elle émane du Québec et résulte du travail pionnier de Marcel Fournier, spécialiste de l'école durkheimienne. En compilant la correspondance de Mauss et ses oeuvres inédites, et en recueillant les témoignages de nombreux intellectuels, anciens étudiants de Mauss, parents, amis, ainsi que toute l'information pertinente disponible, ce sociologue a rédigé la première et incontournable biographie intellectuelle du père fondateur de l'anthropologie française [1]. Mais bien des zones d'ombres recouvrent encore certaines des publications, des activités, des interventions et des relations de Mauss, dont les effets, bien que peu connus, n'en sont pas moins réels et participent de son héritage.  Je voudrais m'attarder, dans ce texte, sur les rapports que Mauss a entretenus, de son vivant, avec l'anthropologie des peuples arctiques, en général, et du peuple inuit (eskimo) [2], en particulier ; je voudrais retracer, aussi, les filiations intellectuelles qui permettent d'expliquer la résurgence d'une pensée maussienne dans les recherches actuelles sur les Inuit d'Alaska, de Sibérie, de l'Arctique canadien et du Groenland ; et ceci en dépit du morcellement de son héritage intellectuel, après sa mort. Cette résurgence est décelable ait sein de plusieurs traditions anthropologiques, aux États-Unis (Université de Chicago), au Canada (Université Laval), aux Pays-Bas (Universités de Leiden et de Nimègue), et en France (Musée de l'Homme, EHESS, EPHE, Ve section, INALCO et le nouveau Musée du Quai Branly). J'utiliserai pour cela les témoignages que j'ai recueillis depuis 45 ans auprès des ethnologues de l'arctique ainsi que des extraits de la correspondance échangée par Mauss avec certains de ces chercheurs, provenant du fonds Hubert-Mauss (Archives du Collège de France) ou du fonds Robert-Gessain (communiqués par Madame Monique Gessain). Que le lecteur me pardonne de m'être placé ainsi au cœur de ce voyage dans le passé, à la recherche de Mauss, mais c'est le moyen le plus simple que j'ai trouvé pour démêler ce dossier complexe et enchevêtré d'un siècle de tentatives, le plus souvent ratées, de poursuivre l'œuvre de Mauss sur les Inuit de 1906.



[1]     Son ouvrage m'a énormément facilité la tâche, quand 0 s'est agi de nouer tous les fils que j'avais rassemblés pour écrire ce travail. C'est M. Fournier qui m'a aiguillé aussi, dans les méandres des archives du Collège de France, pour avoir accès au Fonds Hubert-Mauss. Une fois arrivé là, et grâce à l'appui de Pierre Bourdieu, j'ai reçu l'aide précieuse de Madame Christine Delangle pour retracer la correspondance échangée par Mauss avec les nombreux spécialistes de l'Arctique. Qu'ils soient tous remerciés ici pour leur aide.

[2]     « Inuit » est une autodésignation ; « eskimo » est un terme allogène emprunté aux langues amérindiennes et utilisé avec cette graphie dans le monde anglophone, on sous la forme « esquimau » dans la tradition francophone canadienne.

Retour au texte de l'auteur: Bernard Saladin d'Anglure, anthropologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le Samedi 20 août 2005 16:25
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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