RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jacques Petijean Roget, Histoire de l’isle de Grenade en Amérique: 1649-1659 (1659)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jacques Petijean Roget, Histoire de l’isle de Grenade en Amérique: 1649-1659. Manuscrit anonyme de 1659, vraisemblablement attribué à Benigne Bresson, présenté et annoté par Jacques Petitjean Roget. Texte établi par Élisabeth Crosnier. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal, 1975, 230 pp. Collection: Caraïbes, dirigée par M. Jean Benoist.

Préface

(Page 40 r.) [1] Le désir de la gloire de Dieu n'est pas une passion qui soit propre à ces belles âmes seulement que son amour a fait retirer du commerce des hommes dans les cloytres ou dans les solitudes pour n'en plus avoir qu'avec les anges, celles-là mesme qui sont plus angagées dans le grand monde par la condition soit de leur naissance soit de leur estat, en ressentent aussy des mouvements d'autant plus puissants que la grâce qui les leurs inspire, est plus forte et plus pressante. D'où vient que le Sauveur de nos âmes, enseignant ce que nous Luy devions demander en nos prières, c'est à tous qu'il apprend à désirer et à demander à Dieu devant toutes choses, la sanctification de son nom, c'est-à-dire que Dieu soit cogneu et adoré de tout le monde, que tous les hommes scachent ce qu'il est pour L'aimer et L'honnorer, car son nom que cet adorable sauveur désire estre sanctifié c'est à premièrement parler sa cognoissance et la manifestation de ce qu'il est. Il ne dit point : “ il y a deux sortes de prières que je prescris à mes fidèles, l'une sera pour les hermites, l'autre pour ceux du monde ; en voylà une pour les contemplatifs, en voylà une autre pour les gens d'affaires ; enfin les âmes dévotes apprendront celle-cy, et les guerrières celle-là ”. Non, non, il n'ordonne point cette façon de prière pour un petit monde séparé du grand, mais générallement pour tous, puisque tous n'ayant q'un mesme Dieu ne doivent surtout désirer que sa gloire, ainsi que de bons enfants celle de leur père, de bons serviteurs celle de leurs maistres, et de bons subjets celle de leurs prince. Ainsy nos roys très chrestiens portéz de ce glorieux désir traversèrent autrefois les mers pour planter la croix et parties d'Orient et y faire recognoistre ce nom adorable que la malice des sultans y vouloit effacer (...) [2]. 

(41r) Il semble que les autres princes jaloux de la gloire de nos François, voyants leurs foudroyantes espées briller si glorieusement dans ces parties orientales pour y faire briller la gloire du Sauveur aient eu dessein sur les occidentales, affin de vérifier cet oracle du prophète roy qui dit que son nom est louable depuis le lever du soleil jusqu'à son couchant, il veut dire que comme tout l'univers ne subsiste que par ses bontés, les (41v) parties d'Orient et celles d'Occident doivent sainctement conspirer à publier ses louanges et ses grandeurs. Ainsy Ferdinand 3me roy d'Espagne, bruslant de ce désir d'y avancer cette gloire de Dieu, employa tous ses pouvoir pour y réussir. Christophe Coulomb, gentil de nation [3], luy porta puissamment par l'espérance des grandes conquestes, qu'il y pourroit faire et à Dieu et à son estat. Il est bien vray qu'il en avoit donné la pensée auparavant à la France ; mais les affaires pressantes que Charles 8me [4] avoit sur les bras, ne luy en permirent l'entreprise, qu'il remit en un autre temps, où il seroit moins empressé et plus de loisir. Ce qui fit que comme il estoit homme bouillant qui eusse voulu veoir les choses faittes aussytost que pensées, prenant cette remise à mespris, il s'en alla droit à la cour d'Espagne, où il trouva des oreilles, des cœurs, et des mains favorables à ses desseins. Car Ferdinand les ayant bien pris et gousté, en fut ravy et luy promit toutes les assistances possibles pour en avoir un heureux succès. Coulomb bien aise de ce bonheur pressa son voyage ; et partit de la rade de Caliz le 1er de septembre 1492, ou comme d'aucuns veulent le 3me aoust [5] avec trois caravelles, et vit terre l'onziesme de novembre [6] suivant. Il se jetta dans l'Isle de Guanahani, qui est entre La Floride et Cuba et là il prit possession des Illes occidentales au nom de sa majesté Catholique. Estant de retour et rendant comte de son voyage il luy fit un rapport si avantageux de ces contrées, qu'il luy donna envie de s'en faire ratifier la possession et se l'asseurer par la plénitude de la puissance du Saint siège. Tellement qu'en ayant communiqué à Alexandre 6me, qui le tenoit pour lors, il l'obtient de sa saineteté par une bulle du 4me de may 1493 [7], le premier de son pontificat, de toutes les isles et terres fermes trouvées et à trouver, descouvertes et à descouvrir du costé d'Occident et du Midy, pour y faire annoncer la foy, avec deffence sous peine d'excommunication de sentence déjà portée, à quelque personne de quelque estat, dignité et condition qu'elles soient sans mesme réserves, ny empereur, ni roys, ny autres princes, de s'y transporter sous quelques prétextes que ce fut sans la permission dudit Ferdinand ou de ses successeurs roys d'Espagne. Cela expédié en Cour de Rome et receu avec joye en la cour d'Espagne. Coulomb fit voile aussytost pour la seconde fois, 17 navires bien (42r) équipées, et le 21me jour de son voyage il descouvrit une des Antilles qu'il appela “ Dessende ”, autrement désirée, puisqu'elles estoit la première qui s'estoit comme présentée à ses désirs, et corruption de langue Désirade [8]. Il revient quérir des rafraîchissement et des forces pour faire subsister les colonies qu'il y avoit conduittes et establies et s'en retourna pour la troisiesme fois en 1497 avec 12 caravelles et autant de brigantins, et descouvrit lors le pays de Paria [9]. Le voylà encore revenu à la Cour d'Espagne qu'il comble de joye, luy ayant fait montre de ses belles et grandes richesses qu'il avait trouvé abondamment en ce pays si bon et si fertile. Enfin il y fit un dernier voyage en 1502, avec trois caravelles seulement, et descouvrit Veragua, Uraba et autres lieux, que l'on peut dire “ tout descoulant en laict et en miel pour les grandes commodités qu'on y rencontre [10] ”. Cependant comme cette partie de la terre n'est pas de si petite estendue, qu'Abraham et Lot avec tout leur train n'y peut commodément demeurer ensemble, et qu'il n'y ait de l'employ suffisamment pour l'un et pour l'autre, la France qui n'a jamais cédé à aucune nation du monde en piété ny en courage, voyants tant de belles Isles à peupler, tant de bonnes terres à cultiver, tant de riches moissons à faire, mais plustost tant de pays à désauvager, tant d'âmes à conquester à Dieu et tant d'infidèles à estre esclairés de la lumière de la foy, elle y a envoyé de temps à autres de florissantes colonies pour survenir à la misère de ces pauvres Cannibales, que l'impuissance ou le mespris ne permit à l'Espagne de secourir. Les émissaires de celle-cy se sont contentés de leur donner des noms à leur mode, pour tesmoigner à la postérité que leur nation y avoit passé, puisqu'elles en portoient de telles marques ; mais celle-là leurs a donné la foy, en y faisant prescher l'évangile et planter la Croix. Elles ont demeurés longtemps, dans leurs aveuglement, jusqu'à ce que la divine providence portant un gentilhomme de Normandie appellé Desnambuc, cadet de la maison de Vauderoq [11] à busquer [12] fortune sur la mer, elle le fit heureusement arriver l'an 1626 [13] en l'Isle de St.Christophe située sous le 17me degré de latitude septentrionale, trentes minutes où il trouva trente ou trente-cinq François qui y habitoient [14] (42v) par diverses errations [15], et à divers temps. Comme il les avoit resjouis de son arrivée, ils le supplièrent de prendre compassion d'eux et de les assister en leurs misères, luy protestant toutes sortes de services et d'obéissance s'il vouloit les obliger de ses soings et de sa conduitte. Ce que leurs ayant permis et s'estant informé des qualités de ce lieu, il retourna promptement en France, en ayant esté présenté à son Éminence de Richelieu, il luy déclara le subjet de sa venue sur le bon récit qu'il luy en fit, elle luy fist despêcher la commission d'y faire habiter, en dacte du 14e octobre 1626 [16]. L'ayant, il prit mer le dernier de ce mois avec environ 300 hommes et y arrive au commencement de may de l'année suyvante 1627 [17]. La gloire de Dieu s'y avance de jour en jour et comme ce généreux Argonaute recognoist de belles errations pour la faire esclatter les autres Isles circum voisines pour la conversion de tant d'Infidels qui les peuplent il destache de St Christophe une colonie de 100 hommes et la jette dans La Martinique autrement Matatino [18] sous le l4me degrés 30 minutes, le 6me juillet 1635 [19]. La Guadeloupe qui est soubs le 16me venoit d'estre emparée d'une colonie de 500 hommes, le 29me juin [20] venue de France sous la conduite de Messieurs de Lolive et Duplessis, avec 4 religieux de St Dominique. Dieu respand partout ses saintes bénédictions, et les multiplie à mesure qu'on accroist son service. 

Le Sieur Desnambuc s'estant réservé St1 Christophe, donna La Martinique au sieur du Parquet son nepveux [21], lequel porté du mesme désir que son oncle, ayant entendu faire quelque bon rapport de l'Isle de la Grenade, située sous le 11me degré, une minute, d'autres disent d'environ trente, d'aucuns 40 [22] il eut envie d'y faire habiter [23].


[1] Ainsi qu'il a été expliqué précédemment, l’Histoire de l'Isle de Grenade en Amérique commence à la page 40 recto du livre dans lequel elle est insérée. À chaque changement de page nous indiquerons le nombre entre parenthèses suivi de “ r ” pour les pages recto et “ v ” pour les pages verso.

[2] Deux pages environ consacrées à évoquer les actions des rois de France en Palestine, depuis Louis VII le Jeune jusqu'à Philippe Auguste.

[3] Christophe Colomb est né en 1451 à Gênes d'une famille de tisserands.

[4] Charles VIII, roi de France, né et mort à Amboise, 1470-1498. Fit une expédition en Italie en 1495. Barthélemy, frère de Christophe Colomb se rendit à la Cour de France vers 1490 où il fut protégé par la soeur du Roi, Anne de Beaujeu.

[5] Colomb est Parti de Palos le vendredi 3 août 1492.

[6] C'est le 12 octobre et non le 11 novembre à 2 heures du matin que la vigie de la Pinta vit terre. Il y avait eu plusieurs fausses alertes dans les jours précédents.

[7] À la demande de Colomb la bulle Inter coetera établit une ligne de démarcation à 100 lieues à l'ouest des Açores délimitant au-delà la part des Espagnols, en deçà celle des Portugais.

[8] Colomb partit le 25 septembre 1493 avec 17 navires. Le dimanche 3 octobre au petit matin il découvrit une île qu'il baptisa Dominique, puis une île plate qui reçut le nom de “ Santa Maria la Galante ” du nom du vaisseau amiral et enfin plusieurs îles : la Guadeloupe, la Désirade, les Saintes. La Désirade n'est pas la première découverte, son appellation est postérieure.

[9] Le troisième voyage commença le 30 mai 1498. Le 31 juillet Colomb découvrit l'île de Trinidad, il entra ensuite dans le golfe de Paria entre la Terre Ferme et cette île.

[10] Lors du 4e voyage la flotte comprenant 4 caravelles mit à la voile le 9 mai 1502, elle arriva le 15 juin à la Martinique et le 29 juin à Saint-Domingue. Colomb partit vers l'ouest à la recherche d'un détroit ce qui l'amena à suivre les côtes du Honduras et de Panama. Il ne pût regagner Saint-Domingue qu'en août 1504.

[11] Pierre Belain écuyer sieur d'Esnambuc fils de Nicolas Belain écuyer sieur de Quenouville et de Louise Peronne a été baptisé en l'église Saint-Quentin-d'Allouville (pays de Caux, Seine-Maritime) le 9 mars 1585. Il avait une sœur Adrienne née en 1574 qui épousa à Cailleville en Caux le 11 janvier 1589 Simon Pierre Dyel, écuyer, sieur du Parquet père de Jacques qui fut seigneur propriétaire de la Martinique. On trouva des orthographes diverses : Belain, Belin, Blain. Les armoiries des Belain “ A 3 têtes de bélier... ” évoquent l'ancien nom du mouton “ bélin ”, que l'on rattache au germanique “ bel ” à cause de la cloche que portaient les moutons. L'auteur reproduit ici une erreur de l‘Histoire des Antilles du R.P. du Tertre dont la première édition parut en 1654, en faisant de Pierre Belain d'Esnambuc “ un cadet de la maison de Vandrocques Diel en Normandie ”. Du Parquet était son neveu par sa mère. Voir Belain d‘Esnambuc et les Normands aux Antilles, Paris, Achille Faure, plaquette non signée due à Margry.

[12] Busquer chercher, de l'espagnol buscar, même sens. On trouve plutôt “ busquier au xvie siècle. Débusquer, chercher dans les bois, faire sortir des bois, a la même étymologie.

[13] En 1626, selon les termes mêmes du contrat pour l'établissement des Français à Saint-Christophe, il y avait déjà 15 ans que d'Esnambuc et son associé Urbain du Roissey consentaient de grandes dépenses “ en équipages et armures de navires et vaisseaux ” pour les îles d’Amérique. C'est en 1625 qu'après un combat à la Jamaïque avec un navire espagnol de 400 tonneaux ils vinrent se radouber à l'île de Saint-Christophe (Saint Kitts) qui se trouve un peu en dessous de 17° 30' et par 62° 45' de longitude.

[14] Le contrat du 31 octobre 1626 fait état de 80 hommes qui résident déjà dans l'île.

[15] De errer dans le sens d'aller à l'aventure. Erratique est resté de nos jours avec le sens : qui n'a pas d'habitation fixe.

[16] Le “ privilège et pouvoir... pour aller peupler et habiter par les Français les îles de Saint-Christophe et la Barbade ” a été concédé par Richelieu au nom du Roi le 2 octobre 1626, le contrat d'association date du 31 octobre. Le même jour Richelieu donna une commission de capitaines du Roi dans les mers du Ponant à d'Esnambuc et du Roissey.

[17] Selon du Tertre édition de 1667, t. 1, p. 14, d'Esnambuc recruta 322 hommes en Normandie, du Roissey 210 en Bretagne, ils partirent du Havre avec une petite flotte le 24 février 1627 ; ils n'arrivèrent que le 8 mai à Saint-Christophe.

[18] Matatino. Les Arawaks de Saint-Domingue avaient parlé à Christophe Colomb de leurs farouches ennemis les Calinas (par différentes déformations devenu Caniba, cannibale, cariba, caribe, caraïbe) habitant à l'est l'île de Matinino ou Madinina (se rattache au sens d'enfants sans père, les Caraïbes venant enlever de force leurs femmes chez les Arawaks). La Martinique actuelle se vit attribuer le nom de Matinino vraisemblablement lors du 4e voyage de Colomb. Matinino fut diversement écrit ; par analogie avec le nom de l'île voisine Dominique devint Matinique, et à la fin du XVIe siècle par attraction avec Martin prit la forme définitive “ Martinique ”.

[19] D'après la lettre de d'Esnambuc à Richelieu “ j'ai habité l'île Martinique du premier jour de septembre 1635 où j'ai planté la croix... ” Mais l'acte de prise de possession de la Martinique porte la date du 15 septembre.

[20] D'après le R.P. Raymond Breton, l'Olive et Duplessis débarquèrent d'abord à la Martinique le 29 juin 1635, le 25 juin d'après du Tertre, mais effarouchés par l'abondance des serpents, ils partirent pour la Guadeloupe où ils arrivèrent le 28 juin d'après ce dernier auteur.

[21] Le premier gouverneur de la Martinique est Jean du Pont, mais comme au cours d'un voyage il fut fait prisonnier par les Espagnols, d'Esnambuc désigna en 1636 son neveu Jacques Dyel du Parquet comme gouverneur. Né en 1606 d'Esnambuc est mort fin 1636. En 1637 du Parquet fut confirmé par la Compagnie des Îles d'Amérique comme son lieutenant général à la Martinique. Son appellation courante a été depuis lors “ le général ”. En mai 1648 la Compagnie en difficulté commença à envisager de vendre les îles à leurs gouverneurs. Le 4 septembre 1649 Boisseret acheta la Guadeloupe. Le 27 septembre 1650 du Parquet acheta la Martinique, la Grenade, les Grenadines et Sainte-Lucie pour 41500 livres. Du Tertre prétend que du Parquet se rendit à Paris à cette occasion : c'est une erreur, l'acte fut passé en son nom par son cousin de la Forge. Il prit possession de la Martinique le 13 mars 1651 et se rendit quelques jours après seulement, en France. La famille Dyel a enregistré ses titres de noblesse au Conseil souverain de la Martinique. Elle remonte à Robert Dyel vivant au pays de Caux en 1150. Ses armoiries, qui ont figuré sur le sceau de la Martinique, sont “ D'argent au chevron de sable accosté de 3 trèfles d'azur ”. Le grand-père de Jacques du Parquet, Adrien Dyel d'Enneval, mis en prison à la suite d'un duel, en fut sorti par Roberval qu'il accompagna au Canada en 1541. Son père Simon Pierre Dyel de Vaudroque, époux d'Adrienne d'Esnambuc eut 4 enfants ; Simon tué à Saint-Christophe en 1629 ; Pierre D. de Vaudroque qui resta en Normandie ; Adrien D. de Vaudroque (1604-1662) qui fut appelé après la mort de du Parquet à la Martinique où il mourut, pour assurer la tutelle des enfants mineurs de son frère ; Jacques D. du Parquet né en 1606 à Cailleville en Caux, mort à la Martinique en 1658. D'abord officier au régiment de Picardie il était venu rejoindre son oncle à Saint-Christophe en 1635. Il avait épousé d'abord secrètement le 21 novembre 1645, puis officiellement le 30 avril 1647, Marie Bonnard native de Paris après avoir fait annuler par un jésuite de l'île son mariage avec Chesneau de Saint-André commis général de la Martinique. Simon Pierre avait entre autres frères Nicolas Dyel de Clermont et Jacques D. de Graville. La descendance de ce dernier s'est fixée à la fin du XVIIeme siècle à la Martinique.

[22] La Grenade est située par environ 12° 10' de latitude et 61° 36' de longitude. Il faut remarquer qu'à cette époque faute d'avoir sur les bateaux des “ garde-temps ” qui n'apparaîtront qu'à la fin du XVIIIe siècle on n'avait pas de moyen de mesurer avec quelque précision la longitude.

[23] La Grenade avait été découverte par Colomb lors de son troisième voyage le 15 août 1498. Les Anglais avaient tenté en vain de s'y établir en 1609. Longvilliers de Poincy à son tour essaya en 1638, sans y parvenir, de prendre possession de l'île pour le compte de la Compagnie des Îles d'Amérique. L'île était bien connue car elle servait couramment d'escale à ceux qui revenaient de la Terre Ferme. On la disait habitée par de nombreux Indiens caraïbes et galibis. Aubert, lors de ses différends avec Houel en Guadeloupe en 1643, envoya un sieur Postel reconnaître la Grenade mais l'entreprise n'eut pas de lendemain. Le 7 juillet 1645 la Compagnie avait délivré à Philibert de Nouailly une commission de gouverneur de la Grenade avec mission de la faire habiter ; il délégua sa lieutenance au sieur de Beaumanoir. Par suite des troubles survenus en France son expédition n'était toujours pas partie lorsque le 8 mai 1648 il demanda des aménagements à son contrat avec promesse de partir à la Toussaint (référence Archives nationales Colonies, F2 Al3). D'après le père du Tertre, t. I, p. 425, et cette affirmation a été reprise par la plupart des historiens, c'est en juin 1650 que du Parquet prit possession de la Grenade. Les précisions que donne l'auteur de l'Histoire de la Grenade ne permettent pas de douter que l'opération se situe en 1649. Il est d'ailleurs logique que du Parquet ait voulu se rendre compte des possibilités de la Grenade avant de la comprendre dans son acte d'achat passé à Paris le 27 septembre 1650.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 11 juin 2008 19:15
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref