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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La sociologie comme science du vivant: l'approche biographique” (1997)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Gilles Houle, “La sociologie comme science du vivant: l'approche biographique”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Poupart, Deslauriers, Groulx, Laperrière, Mayer, Pires [Groupe de recherche interdisciplinaire sur les méthodes qualitatives], La recherche qualitative. Enjeux épistémologiques et méthodologiques, pp. 273-289. Montréal: Gaëtan Morin, Éditeur, 1997, 405 pp. [Autorisation accordée par l'auteur de diffuser cet article le 8 février 2004]

Introduction

La redécouverte, au début des années 70, des histoires ou récits de vie aura été d'une importance considérable pour la sociologie (voir un classique sur le sujet : Bertaux, 1980, 1981). Si l'usage que l'on en fit fut multiple et souvent problématique, il n'empêche que la célébration en quelque sorte de ce type de données aura tout de même permis de mettre la sociologie face à elle-même et, notamment, aux exigences inhérentes à toute démarche explicative. Si sciences sociales il y a, ces exigences valent pour toutes les disciplines, quel que soit leur objet, et il n'est pas de raison que la sociologie échappe à de pareilles interrogations. En somme, après avoir congédié le sujet par trop encombrant dans l'analyse des processus sociaux, voilà que l'on applaudit maintenant son retour (Touraine, 1984), le retour d'un sujet qui en fait n'était jamais parti. Que s'est-il donc passé et que peut nous apprendre cette redécouverte de ce point de vue ? 

Il n'est plus nécessaire de faire la démonstration de l'importance des histoires ou récits de vie dans les sciences humaines ; non plus de faire le dénombrement des recherches qui auront privilégié ce type de matériau, qui le privilégient ou comptent encore le privilégier. Leur nombre est en fait à la mesure même des attentes qu'aura suscitées cette nouvelle « méthode » biographique. Or le renouvellement paradigmatique annoncé s'est heurté à des problèmes théoriques et méthodologiques dont on aura tout au plus aperçu la complexité. Cette complexité est pourtant bien réelle et pourrait résumer l'immense intérêt de cette redécouverte de l'école de Chicago et des enjeux théoriques, méthodologiques aussi bien qu'épistémologiques qui ont été alors « approchés » (Bachelard, 1968). Ni technique, ni méthode, ni théorie (Houle, 1986), ce matériau appelle pourtant une approche renouvelée en sociologie, mais surtout recèle par ses qualités propres une valeur heuristique considérable. Il importe de définir ces enjeux, car l'impossibilité virtuelle de résoudre les problèmes soulevés, de surmonter les obstacles épistémologiques rencontrés, pourrait bien, comme ce fut le cas à Chicago, nous faire découvrir une deuxième fois les vertus du questionnaire, de la ou des méthodes quantitatives, dont la critique, dira-t-on, aura été trop sévère. Et pourquoi pas ? Il est à vrai dire impossible de dresser un bilan [1] de l'ensemble de ces recherches ; je m'emploierai plutôt à relever les problèmes que pose l'analyse des histoires de vie pour tenter de recenser ces enjeux « approchés », d'en donner une première définition ne serait-ce que pour m'assurer qu'ils auront été notés avant que ce matériau retombe dans l'oubli et qu'après avoir critiqué aussi sévèrement l'usage du questionnaire, il ne reste plus qu'à le réinventer. Peut-on éviter ce retour du pendule ? 

Si ce n’est pas le lieu d'expliciter ici la perspective adoptée, je rappelle pour mémoire que je récuse l'opposition classiquement affirmée entre les méthodes qualitatives et quantitatives (Houle, 1982) au nom précisément de ce que serait une méthodologie générale en sciences sociales. Il n'est à vrai dire pas beaucoup d'exemples dans l'histoire des sciences où le statut d'une méthode est défini moins par l'objet de la discipline que par la nature des données à analyser. Le débat qualitatif/quantitatif, encore que de rigueur, paraît en voie d'être dépassé, là où des chiffres et des lettres justifient d'emblée des méthodes techniquement différentes dans une démarche explicative qui satisfasse néanmoins les mêmes exigences de rigueur (Pires, 1994). 

Je n'ai pas par ailleurs la naïveté de croire que cette opposition n'avait pas, n'a pas quelque prégnance tant il est vrai que les « qualitatifs » se doivent, voire sont mis en demeure, d'exhiber leurs lettres de créance méthodologique, c'est-à-dire de démontrer de quelle scientificité ils sont capables ; et l'on sait bien d'où vient, qui pose cette question. De manière plus précise, j'aborderai ces questions dans le prolongement de travaux connus, d'une tradition épistémologique où, de Bachelard à Granger, je me situerai au sein du « front commun des travailleurs de la preuve » (Bachelard, 1949) avec le premier, sans oublier avec le second que l'on a beau « être l'ami des formes, l'on reste fils de la terre » (Granger, 1968). Cette question de la scientificité est pourtant posée et vaut pour tout le monde dans la mise en cause de tous les positivismes, qu'ils soient d'ailleurs qualitatifs ou bien quantitatifs.


[1] La première bibliographie publiée en 1980 des travaux se fondant sur les histoires de vie comptait quatre pages, en petits caractères (voir Bertaux, 1981 : 221-225). La dernière en date que je connaisse, publiée en 1995, compte 37 pages, en petits caractères aussi (voir Simeoni et Diani, 1995 : 221-258).



Retour au texte de l'auteur: Gilles Houle, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le dimanche 19 août 2007 18:49
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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