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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

RÉTABLIR L’ORDRE. Peur, méfiance, haine des minorités culturelles et sexuelles. (2021)
Présentation de l'ouvrage


Une édition électronique réalisée à partir du livre sous la direction de Denise Helly en collaboration avec Nina Admo, Ahmed Mahdi Benmoussa, Alexandre Berlad, Richard Y. Bourhis, Brieg Capitaine, Benjamin Ducol, Aurélie Girard, Grégory Gomez del Prado, Jessy Lemire Moreau, Frédérick Nadeau, Maryse Potvin, Simon Saint-Onge et Stéphanie Tremblay, RÉTABLIR L’ORDRE. Peur, méfiance, haine des minorités culturelles et sexuelles. Chicoutimi, Québec: Les Classiques des sciences sociales, mars 2021, 338 pp. [Madame Denise Helly nous a accordé le 22 janvier 2021 son autorisation, conjointement avec celle de tous ses collaborateurs, de diffuser ce livre en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

RÉTABLIR L’ORDRE.
Peur, méfiance, haine des minorités culturelles et sexuelles.

Présentation de l'ouvrage

Denise Helly

Centre Urbanisation Culture Société,
Institut national de la recherche scientifique

Le volume traite de diverses formes d’une hostilité développée par des segments de la population canadienne, comme d’autres sociétés occidentales, envers des groupes qu’il est convenu de nommer minorités dans les débats publics. Ce terme s’est répandu depuis trente ans en raison de l’intérêt porté par les États et des organisations internationales à une forme de l’inégalité sociale, la discrimination. Il renvoie à des marquages exposant des individus à ce mode d’exclusion sociale. Ces marquages peuvent être un trait personnel ou un comportement dits hors des normes du sens commun, tabous ou socialement dangereux. Dans les sociétés contemporaines, ils sont définis par la loi et ils réfèrent dans la plupart des pays à une pratique religieuse, une origine immigrée ou autochtone, une appartenance raciale, une orientation sexuelle, une identité sexuée, un genre et un handicap physique. 

L’hostilité envers les minorités culturelles et sexuelles s’ancre à une résistance à leur présence accrue sur les scènes publique et politique et à leurs gains de droits, considérés par leurs opposants comme immodérés, illégitimes et porteurs de divisions et conflits sociaux. Les acteurs de cette hostilité veulent ignorer une autre facette de la réalité vécue par les minorités, la persistance de pratiques discriminatoires dans tous les domaines de la vie sociale, particulièrement pour les membres les plus défavorises des minorités (marché du travail, habitat, médias, justice, symboles). Ils expriment leur refus de l’amélioration du statut des minorités sous la forme de la méfiance, du ressentiment, de la défiance et aussi sous des formes plus violentes comme un mépris extrême, de la haine ou de la brutalité physique. Exprimés publiquement, ces attitudes et comportements manifestent un désir d’évitement et d’humiliation d’individus désignés comme des éléments indésirables au sein de la société, et dans leur forme violente, comme des ennemis à effacer de la vie publique. 

L’introduction au volume présente le contexte de cette vision négative des minorités culturelles et sexuelles au Canada, comme dans d’autres sociétés occidentales. Dans une première partie, sont ensuite présentées des formes de l’aversion de certaines de ces minorités au Québec et au Canada anglais, telle que manifestée par des organisations sur internet, des ‘citoyens ordinaires’ ou des individus solitaires. Plus précisément, trois textes présentent les minorités particulières envers lesquelles ces acteurs dirigent leur hostilité. B. Capitaine décrit l’univers d’une formation rattachée à l’ultra droite religieuse canadienne, le Christian Heritage Party. M. Potvin et S. Tremblay rendent compte de conversations de résidents d’une municipalité de Mauricie sur l’attentat à la mosquée de Québec en janvier 2017. F. Nadeau illustre la similitude d’idées entre la Fédération des Québécois de souche et des mouvements d’extrême-droite des années 1930. Un quatrième texte par R. Bourhis rappelle la réalité de la haine de deux figures de la différence, les femmes ou les musulmans, par des individus solitaires adeptes de sites internet d’extrême droite.

La seconde partie du volume aborde un autre aspect du conflit politique relatif au statut des minorités et à leur droit à l’égalité de traitement. Elle expose des facettes de la lutte légale contre une forme extrême du conflit, l’imposition publique de violence verbale ou physique motivée par la haine. Sont exposées les difficultés et les failles de la régulation de ces actes dits haineux, ainsi que leurs effets, dont une moindre visibilité de la réalité sociale qu’est la détestation des minorités culturelles et sexuelles par des segments de la population canadienne anglaise et québécoise, et la difficulté pour les victimes d’obtenir justice et réparation.

Un premier texte (A. Girard et B. Ducol) permet de comprendre la sous-dénonciation des actes haineux et l'occultation subséquente de la violence que des membres de ces minorités subissent dans les lieux publics et de manière croissante dans les sphères numériques. Un second texte (G. Gomez del Prado et A. Berlad) illustre les failles de l'enregistrement de ces actes et les mesures adoptées pour les réduire dans un cas spécifique, celui de la Sureté du Québec. La sanction criminelle d’un acte haineux au Canada comporte une difficulté, elle requiert une preuve d’intention haineuse du commettant, une preuve difficile à produire. Face à ce dilemme, N. Admo, B. Ducol, A. Girard et J. Lemire-Moreau proposent une avenue peu investie et qui s’avère efficace sous certaines conditions : le traitement des actes haineux par l’entremise de processus de dialogue réunissant contrevenants et victimes. 

Une troisième partie retrace l’histoire de la législation anti-haine au Canada et le rôle des minorités victimisées, notamment juive, musulmane et homosexuelle, dans cette évolution (D. Helly, S. Saint-Onge et A.-M. Benmoussa). Après un rappel de l’évolution fort controversée de cette législation, le texte ouvre sur un enjeu majeur actuel, l’expansion de la haine en ligne, un phénomène social qui expose de plus en plus les minorités au mépris.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 26 mars 2021 7:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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