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Collection « Les sciences sociales contemporaines »


Louise Guyon

DERRIÈRE LES APPARENCES.
Santé et conditions de vie des femmes
.


Avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée. Québec : Ministère de la Santé et des Services sociaux, novembre 1996, 384 pp. [
Autorisation accordée par l'éditeur du Québec le 17 octobre 2006.]

Deuxième partie:
le poids de la différence

Introduction. (pp. 177-179)

La réalité des femmes est multiple : loin de former un groupe monolithique, elles viennent de milieux différents sur les plans économique et social, elles ont souvent des valeurs différentes et, surtout, elles présentent un éventail de situations et d'expériences très diverses. Certaines d'entre elles sont en contact quotidien avec les réalités de la maladie et de la souffrance ; d'autres font face à des situations précaires sur le plan socio-économique ; d'autres enfin adoptent des attitudes et des comportements qui, à long terme, risquent de compromettre leur santé. 

À des degrés divers, elles partagent une destinée caractérisée par les conditions qui ont été abordées dans les chapitres précédents. Mais ce partage est inégal, la part de chacune étant aussi fonction de sa situation actuelle, de son passé et de l'univers dans lequel tout cela s'est inséré. C'est pourquoi on abordera maintenant les conditions particulières de certaines catégories de femmes quant à l'état de santé, la maladie et les comportements qui y sont reliés : les jeunes femmes, les femmes âgées, les femmes défavorisées, les femmes en situation de monoparentalité ainsi que les femmes cries et inuites. 

Le choix de ces groupes a été arrêté en tenant compte des connaissances déjà acquises sur certaines situations, du besoin de les approfondir par des données empiriques et des possibilités offertes par les enquêtes de population. De plus, comme il a déjà été mentionné, les femmes de ces groupes paraissaient plus susceptibles de recevoir une attention particulière en santé publique à cause d'un plus grand nombre de problèmes de santé physique (c'est le cas particulièrement des femmes âgées et défavorisées) et psychologique (adolescentes), de situations plus difficiles (femmes chefs de familles monoparentales et femmes de milieux défavorisés), d'accès aux services (adolescentes), ou encore d'un milieu physique et social spécifique (femmes autochtones). Pour les mêmes raisons, ces femmes correspondent également à des groupes considérés comme prioritaires dans la Politique de la santé et du bien-être du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS, 1992, p. 165-166) [1]. 

En 1987, une section de notre étude était consacrée aux femmes des communautés culturelles. Ce choix était particulièrement justifié par le fait qu'on ne savait alors à peu près rien sur elles, particulièrement sur leur état de santé et leurs habitudes de vie. Or, dans la monographie de Santé Québec traitant des communautés culturelles (Cousineau, 1989), les données n'avaient révélé à peu près aucune différence entre les femmes des communautés culturelles et les Québécoises d'origine sur les aspects traités par l'enquête. Cette apparente homogénéité a été interprétée alors, non pas comme la démonstration de l'assimilation de ce groupe de femmes, mais plutôt comme la résultante d'un artefact méthodologique. En effet, sous l'appellation « communautés culturelles » se trouvaient réunies un grand nombre d'origines ethniques différentes, tant par leur patrimoine génétique que par leurs modes de vie et leur attitude face à la santé et au statut des femmes. Le petit nombre de répondantes de chacun de ces groupes ethniques ne permettait pas de les traiter séparément ; on a donc choisi de traiter l'ensemble des femmes, quelle que soit leur origine, ce qui rendait difficile toute analyse spécifique. De plus, on doit garder à l'esprit que seules les femmes qui parlent et lisent l'une des deux langues officielles ont pu répondre au questionnaire, ce qui limitait encore la couverture de l'ensemble des femmes des communautés culturelles du Québec. On peut également poser l'hypothèse que celles qui ne possèdent pas l'usage de l'une de ces langues sont plus isolées et, par conséquent, ont plus difficilement accès aux soins et aux services. 

Une telle situation constituait un défi pour la recherche, mais également pour les intervenants et les intervenantes qui reçoivent des femmes d'origines diverses. Les choses n'ont à peu près pas changé depuis cinq ans et il est évident que la répétition de l'enquête n'apportera pas de données ou de précisions nouvelles par rapport aux constats de 1987. Seule la tenue d'une enquête spécialisée auprès des communautés culturelles permettra de préciser la spécificité des questions qui touchent leur santé et leurs conditions de vie. L'organisation d'une telle enquête est d'ailleurs en cours actuellement, à Santé Québec, de sorte qu'à très court terme, on disposera d'un ensemble de données sur la santé, les habitudes et les conditions de vie des Québécoises d'origines culturelles diverses. Pour toutes ces raisons, on ne trouvera pas, dans la deuxième partie, de section traitant des femmes des communautés culturelles. Par ailleurs, des tableaux présentant certaines données sociodémographiques, la perception de la santé et les comportements préventifs de ces populations peuvent être consultés en annexe. 

D'autres sous-groupes sur lesquels on possède très peu d'informations et qui pourraient bénéficier d'une attention particulière, telles les femmes itinérantes, les femmes incarcérées ou celles qui vivent avec une grave incapacité, sont également exclus de cette étude. Les enquêtes de Santé Québec ayant été faites auprès des ménages privés, elles n'incluent pas les personnes sans domicile et celles qui vivent en institution. Rejoindre ces groupes impliquait le recours à des techniques et à des instruments différents qui ne faisaient pas partie de ces enquêtes (Santé Québec, 1995). Si la situation des femmes cries et inuites a pu être analysée au moyen des enquêtes particulières qui ont été menées dans les régions nordiques (Baie-James et Nunavik), il n'en est pas de même cependant pour les femmes des autres communautés autochtones. 

Dans les analyses qui suivent, les thèmes retenus varient selon les différents groupes. Par exemple, dans le cas des femmes âgées, on s'attardera à la situation économique et à l'état de santé, alors que chez les jeunes femmes, on privilégiera les habitudes de vie et les comportements face à la santé. On ne retrouvera donc pas, pour chaque sous-groupe, l'ensemble des données de l'enquête, ce qui risquerait d'être répétitif et parfois sans intérêt manifeste, mais plutôt les résultats qui correspondent aux caractéristiques particulières de chacun. 

Toutefois, il restera encore des zones grises, c'est-à-dire que bien des aspects dignes d'intérêt ne sont pas inclus dans cette étude. Le volume des banques de données de Santé Québec et, surtout, les immenses possibilités de croisements, permettent autant de monographies qu'il y a de sujets. On suggérera ou indiquera cependant quelles sont les analyses qui restent à faire en cours de route, selon les possibilités offertes par ces banques de données. À d'autres moments, on parlera de l'intérêt de certains croisements, impossibles à effectuer en raison de la taille de l'échantillon. C'est le cas de certaines situations plus rares pour lesquelles les nombres risquent d'être trop faibles, par exemple si l'on cherche à trouver des différences significatives dans le recours aux médecines douces entre les femmes défavorisées et les plus riches, selon les groupes d'âge.


[1]     Deux autres sous-groupes devaient faire partie de cette publication : les femmes des régions éloignées et les femmes vivant dans des ménages où l'on compte une personne en perte d'autonomie. À cause de contraintes d'ordre technique et méthodologique, il n'a pas été possible de compléter l'analyse de ces deux derniers groupes. Cependant, l'intérêt à leur égard demeure toujours présent et les chercheurs et les chercheuses devraient reprendre l'étude des données de l'enquête à leur sujet. Par ailleurs, dans le volume 3 du Rapport de l'Enquête sociale et de santé, consacré aux variations géographiques de la santé (Santé Québec: Pampalon et al., 1995), les auteurs spécifient que l'analyse comparée des hommes et des femmes ne modifie pas les profils régionaux qu'ils ont obtenus: «En général, les taux statistiquement différents pour l'ensemble de la population le demeurent pour les hommes et pour les femmes, ou pour l'un et l'autre sexe.» (p. 21) Quelques différences sont notées, mais l'ensemble ne justifie pas une analyse spécifique. Des analyses régionales ont été faites par les régies régionales de la santé et des services sociaux de chacune des régions du Québec. On pourra consulter les rapports qui en seront faits pour des analyses plus poussées.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 28 juillet 2007 10:08
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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