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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La sphère du don entre étrangers: la bénévolat et l'entraide. ” (1994)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jacques T. Godbout, “ La sphère du don entre étrangers: la bénévolat et l'entraide. ” Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin, Traité des problèmes sociaux, chapitre 48, pp. 981-994. Québec: l'Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pp. [Autorisation accordée par M. Jacques T. Godbout, sociologue, le 13 juillet 2004, de diffuser cette œuvre.]
Introduction

« Partout où il y a des sociétés, il y a de l'altruisme, parce qu'il y a de la solidarité. »
(Durkheim)

Souvent en collaboration ou en complémentarité avec la famille d'un côté, avec l'État de l'autre, une proportion importante des problèmes sociaux est aujourd'hui traitée et prise en charge par un ensemble d'associations, de groupes, de réseaux qu'il est difficile de nommer avec précision. On a souvent recours à une dénomination négative, comme s'il était impossible de les identifier autrement que par ce qu'ils ne sont pas: organismes à but non lucratif, organisations non gouvernementales. On affirme ainsi qu'ils ne relèvent pas des deux grandes institutions fondatrices de la modernité: le marché et l'État. Plus positivement - mais pas nécessairement plus clairement -, on désigne ce secteur par des expressions comme celles de groupes communautaires, mouvement associatif, secteur bénévole et groupes d'entraide. Les Anglo-Saxons parlent du secteur «indépendant» ou du civic sector, les Français, du domaine de la «vie associative». Cette sphère est bornée, d'une part, par la sphère domestique [famille, voisins, amis, qui contribuent encore activement à la solution des problèmes sociaux, malgré ce qu'on a pu en penser aux plus belles heures de l'État-providence (1)], par le marché et l'État, de l'autre. Mais ses frontières ne sont pas toujours claires, comme on aura l'occasion de le constater.

Ces organismes et groupes reposent tous, pour une part plus ou moins importante de leurs activités, sur le «travail» de personnes non rémunérées à cette fin, soit dans le cadre du bénévolat, soit dans celui de l'entraide. Dominée par l'utilitarisme, la pensée moderne arrive mal à classifier et à interpréter ces activités qui tendent à être considérées soit comme de l'hypocrisie (Bourdieu), soit comme des résidus de formes sociales traditionnelles antérieures à la généralisation du rapport salarial. «L'altruisme est une anomalie (2).» Pourtant ces activités ont vu leur popularité s'accroître de façon significative ces dernières années. Elles touchent une proportion importante de la population. C'est un monde coloré, en mouvement, souvent discret, même s'il est de plus en plus visible depuis quelques années. C'est un monde de femmes, mais on y trouve de plus en plus d'hommes. Selon tous les indicateurs, son importance est croissante. Aux États-Unis, en 1988, environ 80 millions de personnes ont donné du temps à un organisme, temps évalué à l'équivalent de 8,8 millions d'employés à temps plein (3). En 1987, au Canada, selon une enquête menée par Statistique Canada, 27% de la population (deux fois plus qu'en 1980) affirment avoir fait de «l'action bénévole encadrée», c'est-à-dire au sein d'organismes reconnus (4). Ces associations assurent une partie importante des services personnels. Comment se caractérise cette activité? Dans quelle mesure et comment contribue-t-elle à la solution des problèmes sociaux actuels? Quel est son sens?


Notes:

(1) Ainsi, «toutes les études américaines, canadiennes et québécoises confirment que de 70% à 80% des soins et services personnels (aux personnes âgées) sont assurés par la famille» (Louise Garant et Mario Bolduc, L'aide par les proches: mythes et réalités, Québec, ministère de la Santé et des Services sociaux, 1990, p. IV). À ce sujet, voir aussi: Frédéric Lesemann et Claire Chaume, Familles-providence. La part de l'État, Montréal, Éditions Saint-Martin, 1989.

(2) Lynette S. Unger, «Altruism as a Motivation to Volunteer», Journal of Economic Psychology, 12, 1991, p. 72.

(3) Jeffrey L. Brudner, Fostering Volunteer Programs in the Public Sector, San Francisco, Jossey-Bass Publishers, 1990, p. 2.

(4) Rapport dans: Perception, 14, 4, 1990.


Retour au texte de l'auteur: Jacques T. Godbout, sociologue, INRS-urbanisation. Dernière mise à jour de cette page le Samedi 30 octobre 2004 12:33
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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