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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

MÉMOIRES D'UN VILLAGE. Laterrière, Saguenay 1900-1960. (1992)
Chapitre 9: Habitat


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Camil Girard, dir. et Gervais Tremblay, MÉMOIRES D'UN VILLAGE. Laterrière, Saguenay 1900-1960. Chicoutimi: Groupe de recherche sur l'histoire (GRH) en collaboration avec l'Université du Québec à Chicoutimi, 1992, 168 pp. La publication de cet ouvrage a été rendue possible grâce à une subvention de Ville de Laterrrière. [Autorisation de l'auteur accordée le 18 février 2013 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

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Chapitre 9.
Habitat.


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L'habitat laterriérois est généralement construit en bois. Quelques maisons de pierre ou de brique rouge viennent changer le décor. Outre les styles, se manifestent diverses fonctions de l'habitat. Pour la famille, la maison est un lieu ou se retrouvent parents, enfants et grands-parents. La cuisine donne sur une grande table, le poêle à bois, les chaises berceuses et quelques décorations au mur : cadres, crucifix et calendrier. L'église reste, au coeur du village, l'édifice le plus imposant. Elle témoigne de l'importance de l’institution religieuse dans la communauté. Les écoles apparaissent comme les lieux de rassemblement des étudiants du primaire, le secondaire étant réservé aux villes. Quant au moulin Père-Honorat et à la maison Gauthier, construits en pierre des champs comme l'église, ils reflètent une organisation de l'espace encore influencée par le système seigneurial. En somme, l'habitat témoigne d'une histoire riche en changement comme l'illustre le bref circuit d'interprétation proposé à la fin du chapitre.

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Extraits de récits de vie


M. Gauthier a été témoin de certaines rénovations effectuées à la maison de pierre.

La maison de pierre a été bâtie par Jules Gauthier. La plus grosse réparation que j'ai vue dans la maison, c'est quand ils ont posé ce bois-là. C'est dans les années 1923, 1924. Ce n'est pas le bois original car elle était sur plâtre. Il n'y avait aucun morceau de bois dans les murs. Le plâtre était fait avec des baguettes comme on voit à l'église, des baguettes carreautées. Après ça, ils ont retapissé. Ils appelaient ça du bicifeur. C'est du pin gris de Vancouver, en Colombie-Britannique. C'est du bois très mince pour ne pas briser 
l’encadrage. C'était du bois dur qui était séché. Il arrivait en paquets préparés. On ne faisait pas de ce bois ici. On faisait de la latte pour faire du plâtre mais ce n'était pas du bois de qualité comme ça. [Source : Camil Girard, Jules Gauthier l982, Chicoutimi, fonds GRH/UQAC, 1990, p. 11.]


La présence de plusieurs personnes dans la maison oblige les Gauthier à agrandir leur résidence.

Quand ils ont acheté la maison du père Oblat, c'était une maison à deux étages en pièces de bois. La famille du grand-père Jules a grossi. Ils étaient 27 à la table. La maison ne suffisait pas. Comme ils étaient accoutumés à rester dans des bâtisses énormes en France, il a bâti de la même manière. Les bâtisses qu'il a bâties étaient toutes sous le style français ou de ce modèle-là. J'ai vu chauffer sept poêles dans cette maison. Les foyers étaient en bas seulement. En haut, il y avait des poêles à trois ponts. J'ai sondé, mais il vaut mieux ne pas toucher aux murs extérieurs ni aux murs intérieurs. Les cloisons sont assez épaisses et c'est en crépi. [C. G., Jules Gauthier 1982, Chicoutimi, fonds GRH, 1990, p. 19.]


M. Maltais nous renseigne sur les frais de construction de sa maison au début des années 1940. Il installe lui-même l'aqueduc pour avoir de l'eau à la maison et aux bâtiments.

Quand je suis arrivé ici, j'ai emprunté 1 100$ du Crédit agricole pour bâtir la maison et l'étable. Il nous est resté 300$. La maison est bâtie en deux par quatre, avec du bran de scie entre les madriers. J'avais engagé un ouvrier du village, monsieur Evague Girard. Il a travaillé onze jours. Je le payais trois dollars par jour. J'avais tout mon bois. J'avais vendu du bois pour obtenir du bardeau.

À l'intérieur de la maison, c'était fini avec des planches en V. Bien peinturé, c'est beau. Plus tard, nous avons fini le haut de la maison avec 1500$.

Quand je suis arrivé ici, nous n'avions pas l'eau. On allait la chercher chez le voisin, mon frère. Cela a duré une couple d'années. Je n'avais pas d'eau et il fallait chercher l'eau à la tonne pour les animaux. Quand j'ai bâti l'étable, il manquait 300 pieds pour que l'aqueduc du village se rende chez moi. J'ai été voir le conseil : “ Vous allez me rendre l'aqueduc chez moi. ” Le conseil m'a dit : “ On n'a pas d'argent. ” On m'a offert de creuser moi-même l'aqueduc, de leur envoyer le compte qu'ils déduiraient pendant un temps sur la taxe d'eau. Cela m'a coûté 200$ pour creuser et installer un tuyau de trois quarts de pouce. [Normand Perron, Hilaire Maltais 1982, Saguenayensia, vol. 28, no. 4, octobre-décembre 1986, p. 61.]


Bâtir sa maison et devenir propriétaire, voilà un signe évident de réussite individuelle et sociale. M. Girard construit sa maison au village. Il raconte à quel point son terrain était encombré avant qu'il n'y construise sa demeure.

Claudémir St-Gelais avait un terrain à vendre au village. Je l'ai rencontré. Il m'a dit : “ Oui, je vais te le vendre. ” J'ai décidé de bâtir ma maison au village, tout près de l'église. J'ai acheté le terrain et on a été chez le notaire Jules Gauthier à Jonquière pour les papiers. Le notaire Jules, celui qui est parent avec Jules Gauthier de Laterrière. Le lendemain, je me suis engagé une pelle mécanique ainsi qu'un camion et j'ai tout débarrassé. On a commencé à bâtir. J'ai fait le solage avec des blocs. Il y avait un vieux solage de ciment de deux pieds de large sur trois ou quatre pieds de haut. C'était plein d'aulnes, de framboisiers et de senelliers. J’ai tout fait enlever. Dans ce temps-là, la dump était [147] au coeur du village. On a commencé la construction. Je suis ici depuis 1960. [C. G., Louis Girard, Le Grand-Brûlé : histoire d'un village québécois. Récits de vie et culture francophone d’Amérique, Chicoutimi, GRH, 1990, p. 214.]


Plusieurs artisans et ouvriers ont travaillé dans leur communauté ou ailleurs. M. Gérard Côté a appris le métier de forgeron. Cette profession lui permet de forger les matériaux dont il a besoin pour l'installation de portes et de panneaux d'armoires.

Prendre un vieux châssis, le changer ou en refaire un autre identique, ça ne m'a jamais posé de problèmes. Il faut prendre son temps pour le faire comme il faut. J'ai déjà refait la copie du même châssis. Je peux te montrer une maison que j'ai achetée à Château Richer. J'ai tout refait, les châssis, les portes. Les pentures de porte sont comme dans les catalogues. Les pentures de porte, les pentures des panneaux d'armoires, tout est refait. Lorsque j'ai besoin d'une penture, je la refais, je découpe le métal, je prends mon marteau et je la forge. [C. G., Gérard Côté 1989, fonds G.R.H., 1991, p. 8.]

Figures du chapitre 9. Habitat.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 7 janvier 2014 19:11
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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