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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Richard Fournier, “Récupération scolaire et modèles de développement. Notes sur une perspective.” Chicoutimi, Québec: Séminaire de Chicoutimi, Collège du Bon Pasteur, 25 avril 1967. [L’auteur nous a autorisé, le 4 juin 2020, la diffusion en libre accès à tous de ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Richard FOURNIER
sociologue, écrivain, journaliste et poète québécois.

Récupération scolaire
et modèles de développement
.
Notes sur une perspective.” *

Chicoutimi, Québec : Séminaire de Chicoutimi, Collège du Bon Pasteur, 25 avril 1967.

Introduction
La sociologie de la connaissance
La sociologie de Gurvitch
Les phénomènes observables
Perspective pratique
Conclusion

Introduction

Un aspect notable du projet-pilote Saguenay/Lac-St-Jean, c’est que l’instruction programmée s’intègre à des schèmes dynamiques de développement, c’est-à-dire à un diagnostic socio-économique de la région [1]. Ce diagnostic demande la diffusion de notions de sociologie, d’économique, de démographie, de science politique, etc. [2]  Ce recours au bagage des sciences humaines pose problème : « Enseignement, vulgarisation, édition de poche, radio ou télévision, tout un problème sociologique se pose concernant les voies de diffusion de la connaissance scientifique et leur maniement » [3].

Pour éclairer ce problème, on peut faire appel à une discipline particulière des sciences sociales, la sociologie de la connaissance, qui étudie l’influence de la vie sociale sur l’acceptation, la communication et la diffusion des connaissances acquises dans les sociétés [4]. Selon cette perspective, la vulgarisation des données de la science, et du savoir formel en général, est donc un centre d’intérêt particulier dans l’optique plus générale de la sociologie de la connaissance [5].

La sociologie de la connaissance

Cette optique générale de la sociologie de la connaissance repose, en bref, sur le postulat que l’intelligence est sociale dans sa genèse tout autant que dans ses produits [6]. On peut dire que ce postulat fut posé avec le plus d’éclat par Auguste Comte [7], et par Marx [8] quitte à avoir été repris et continué par beaucoup d’autres [9]. C’est  dans cette voie que l’on rencontre l’hypothèse de la conscience collective.

L’expression désigne l’ensemble des sentiments, des représentations, des attitudes communes à tout un groupe social (l’esprit de corps, la conscience de classe, la conscience nationale en sont autant de manifestation), bref vise à signifier l’existence dans une société de représentations collectives qui s’imposent plus ou moins à la conscience individuelle et la marquent dans son activité.

Cette hypothèse peut toujours prêter à controverses ; certaines ont vieilli [10], d’autres sont des problèmes épistémologiques [11]. Mais on peut prendre pour acquis qu’il y a cependant unanimité sur la valeur scientifique, ou opératoire, de l’hypothèse de la consciences collective au sens où celle-ci a été entendue par les auteurs chez Durkheim : elle signifie alors (Cuvillier) que « dans les consciences individuelles elles-mêmes, il existe une sphère de représentations, de sentiment et de tendances qui ne s’expliquent pas par la psychologie de l’individu, mais par le fait même du groupement des individus en société » [12].

C’est ce sens général de l’hypothèse, ou de l’expression conscience collective, qui nous renvoie alors à la sociologie de la connaissance, puisque celle-ci étudie précisément tout le savoir, la science mais aussi la technique ou les stratégies politiques, issu de cette conscience collective, le savoir en tant que participé de cette conscience collective.

La sociologie de la connaissance est donc une tentative pour explorer comment la connaissance des hommes est conditionnée par leur appartenance aux groupes qui constituent la société, ou encore, comment l’intelligence des hommes vivant en société dépend de ce qu’ils vivent ainsi.

La sociologie de la connaissance n’est plus alors une discipline isolée : elle doit ici collaborer avec la psychologie sociale [13], mais surtout avec la psychologie de l’intelligence [14].

Une sociologie de la connaissance ne saurait donc faire cavalier seul, et c’est en tenant compte de ces limites interdisciplinaires que nous proposons maintenant  les considérations suivantes [15].

Nos remarques ont pour but de montrer, dans une perspective de la sociologie de la connaissance, le bien-fondé de la conception générale du projet et le bien-fondé en particulier de l’animation sociale.

La perspective que nous utilisons, et par voie  de conséquence l’autorité, est celle de M. Georges Gurvitch, un sociologue français connu pour ses travaux et ceux de ses étudiants en sociologie de la connaissance. Il est entendu que nous devrons ici schématiser la perspective et laisser de coté des détails : nous voulons fournir une vue d’ensemble.

La sociologie de Gurvitch

Pour bien situer le projet-pilote dans ce cadre, il faut rappeler d’abord  certains points de méthode.  Gurvitch attribue à la sociologie de la connaissance trois domaines d’études. Premièrement, les genres de connaissance ou  de savoir : ils sont au nombre de huit et existent dans toutes les sociétés [16].

Ils vont de la connaissance de bon sens, ou connaissance nécessaire aux comportements de la vie quotidienne, à la connaissance politique ou connaissance spontanée de l’action sociale. En passant par d’autres genres plus sophistiqués, telle la connaissance philosophique, connaissance au second degré des autres genres ; ou d’autres genres plus inconscients, telle la perception des temps et étendues, ou connaissance perceptive du monde extérieur.

Deuxièmement, les formes de la connaissance désignent les manières dont on connaît à l’intérieur des genres : connaissance mystique ou rationnelle, empirique ou conceptuelle, etc. Aucune de ces formes ne se retrouve d’ailleurs à l’état pur et isolé dans un genre.

Finalement, les cadres sociaux de la connaissance sont tous les éléments de la vie sociale (groupes, formes de relations sociales, etc.) qui influent sur les genres de connaissance, et sur les formes à l’intérieur de ceux-ci. Avec le résultat que la connaissance varie selon les sociétés ou que l’on peut trouver une hiérarchie différente des genres et des formes entre eux selon les sociétés. La sociologie de la connaissance est donc, largement, l’étude des corrélations entre les cadres sociaux de la connaissance d’une part, les genres et formes de la connaissance de l’autre [17]

La connaissance des cadres sociaux proprement dits est alors donnée par la sociologie, qui distingue dans la réalité sociale trois niveaux de phénomènes (ou trois sortes de cadres sociaux) influant sur la connaissance.

Les phénomènes observables

Premièrement, les formes de sociabilité : ce  sont les multiples manières de se trouver lié par ou dans le tout que représente une unité collective quelconque : famille, groupe de travail, nation, syndicat, etc. [18]

Ces multiples manières d’être en relations sociales dans le tout se ramènent à deux grandes formes opposées de sociabilité : la sociabilité par fusion partielle des personnes dans une entité collective  (sociabilité par participation), et la sociabilité par opposition partielle entre les personnes (sociabilité par coordination).

La fusion partielle, première forme de sociabilité, entraîne avec elle une sorte caractéristique de phénomènes sociaux, les Nous : famille, classe, groupes de voisinage, etc.

 Dans les Nous, le degré d’intensité et la profondeur de la fusion des consciences varient selon la force d’attraction et la force de pression qu’exerce sur la personne son rapport avec le Nous. Gurvitch distingue ainsi trois niveaux de Nous : les Masses, selon que l’attraction est à son minimum et la pression à son maximum, par exemple les publics non structurés ; les Communautés, lorsque les deux s’équilibrent, par exemple la famille ; les Communions, lorsque la pression est à son minimum et l’attraction à son maximum, par exemple la secte [19].

On doit noter que ces niveaux de sociabilité désignent chacun une intensité spéciale de la sociabilité à l’intérieur d’une catégorie singulière de phénomènes, les Nous, et non trois sortes de phénomènes.

Par exemple, « dans la foule des curieux ou des anxieux qui observent un sinistre peut se dégager tous aussi bien une Communion qui se consacre au sauvetage des gens en détresse ou implore les dieux, qu’une Communauté qui prend des mesures de précaution ou qu’une Masse manifestant son désarroi, sa panique, sa patience, sa confiance, etc. » [20].

À la seconde forme de sociabilité, l’opposition partielle, correspond une autre catégorie de phénomène social, au rebours des Nous : les Autrui.

« Il est particulièrement difficile, nous indique-t-on, de donner une description générale du caractère des rapports avec autrui, à cause de la variété extrême des manifestations concrètes sous lesquelles peuvent apparaitre dans la réalité sociale les Autrui et les rapports avec eux. L’Autrui peut apparaître comme père, frère, fils ou étranger, comme compagnon ou rival, comme ami ou ennemi, comme maître ou esclave, comme refuge ou gêne, comme protection ou menace, comme centre d’attraction ou de répulsion, etc. Il prend souvent un caractère ambivalent en combinant des traits opposés » [21].

Le degré d’intensité et la profondeur de l’opposition partielle dans « le rapport avec Autrui » varie ici selon la sphère de communication : dans la communication par signes et symboles, on trouve les luttes, les conflits, les délimitations réciproques d’intérêt et de droits, par exemple les bureaucraties ; dans la communication par intuitions actuelles, on trouve l’amitié, la sympathie, l’amour.

Ici encore, il s’agit de deux intensités caractéristiques (signes et symboles, d’une part, intuitions actuelles de l’autre), d’un même phénomène de sociabilité, celui des Rapports avec Autrui par opposition au phénomène des Nous, et non de deux phénomènes distincts.

Selon Gurvitch, on peut donc retrouver et classer tous les phénomènes sociaux influant sur la connaissance d’après un critère de sociabilité, celui des formes de sociabilité, suivant cette dichotomie entre deux formes de sociabilité : les Nous (fusion partielle) et les Autrui (opposition partielle).

Ce qui nous donne une première échelle (échelle microsociologique) pour classifier les phénomènes selon leur intensité, c’est-à-dire une première série de types de phénomènes, ou une première sorte de cadres sociaux, influant sur la connaissance. Ce premier niveau de la réalité sociale, nous dit-on, est le plus difficilement observable [22].

Gurvitch distingue un second niveau de réalité sociale : celui des groupements [23].

Il s’agit d’unités collectives observables directement et perceptibles de dehors : municipalités, régions, services publics, paroisses, industries, consommateurs, partis politiques, associations, générations, etc. [24]

Chacun recoupant les autres, les groupements sont soumis à des conditions (géographiques, historiques) telles qu’ils représentent, selon les sociétés dont ils font partie ou la conjoncture, des réalités souvent fort différentes : ainsi la famille en société archaïque, identique au clan, et en société industrielle, identique au couple procréateur ou au ménage.

Gurvitch propose quinze critères pour distinguer ces diverses réalités. En classifiant les groupements selon ces quinze critères, on obtient ainsi une seconde échelle sur laquelle situer les phénomènes sociaux, l’échelle des types de groupements. Elle correspond à un second niveau de l’influence de la réalité sociale sur la connaissance, ou à une deuxième sortes de cadres sociaux.

Finalement, Gurvitch distingue un troisième niveau de réalité sociale : les types de sociétés globales. L’expression désigne un groupement de vaste envergure (Nations modernes, Empires orientaux) qui englobe en son sein tous les autres types de groupements [25].

C’est, en bref, la société dans son entier, différente des parties qui la composent. Gurvitch retient neuf (huit) critères pour classifier les sociétés selon le type de société globale qu’on y trouve et aboutit à six ou dix sortes de sociétés globales [26].

 On doit retenir que le type de société globale où se trouvent groupements et formes de sociabilité influe sur la façon dont ceux-ci se manifestent, et inversement.

La sociologie a donc pour objet d’étudier la réalité sociale selon ces trois échelles (formes de sociabilité, type de groupements, types de sociétés globales) simultanément. Le résultat de sa démarche est de donner un compte-rendu des cadres sociaux ainsi saisis.

Pour autant, elle offre un point de départ pour la corrélation que veut établir la sociologie de la connaissance entre le savoir, en l’occurrence formes et genres de savoir, d’une part, et les cadres sociaux de l’autre. C’est à l’examen de cette corrélation que se livre l’ouvrage de M. Gurvitch Les cadres sociaux de la connaissance (PUF 1966), qui a pour objet de montrer les variations dans les genres et les formes de connaissance, et leurs implications mutuelles selon les types de groupements d’après les sociétés globales. L’ouvrage prend l’aspect d’une vaste fresque truffée d’érudition et foisonnant de relations délicates à saisir.

Il y a cependant moyen de soustraire à ce tableau quelques corrélations qui s’avèrent, et non au hasard, les plus riches d’enseignement quant à notre propos de situer le projet-pilote dans une perspective pratique tirée de la sociologie de la connaissance.

Perspective pratique

Si l’on accepte la  perspective de M. Gurvitch, on constate que, du point de vue communication et acceptation des connaissances :

I – Il y a une prédominance graduelle du conceptuel et de la science sur les formes symboliques ou empiriques de la connaissance à mesure que l’on quitte la Masse (ex. un public par hypothèse non structuré) pour aller vers les communautés (familles, groupes de voisinage) et les groupements particuliers (groupes  d’activité) [27].

Ce qui veut dire, croyons-nous, que la récupération scolaire, incluant de sa nature des connaissances précises, conceptuelles et non vaguement symboliques, a d’autant plus de chances d’être efficace qu’elle est basée sur une organisation de la communication visant à rejoindre l’individu dans son statut de participant à des communautés et groupements, et non dans un statut (au reste fort théorique) de personne isolée des autres en raison des déficiences de sa scolarisation, de son histoire occupationnelle ou de sa position sur le marché du travail.

Bref, nous croyons voir ici une corroboration à l’utilisation, aux termes du projet-pilote,  de la télévision comme un canal familial couplé sur l’existence des télé-clubs [28].

II – De tous les groupements : Masses (ex. auditoire libre), Communions (ex. affiliations créditiste), les Communautés (famille, groupe d’activité) sont de loin les plus propices à toute connaissance, y compris la science et les techniques [29].

Ce qui fait ressortir, croyons-nous, le bien-fondé de trois démarches en particulier du projet :

1. Saisir la T.V. comme un canal familial, en cherchant à intégrer l’auditoire libre [30].

2. Miser sur l’auto-motivation par les Télé-clubs, en donnant à l’individu le moyen concret, par ses connaissances toutes nouvelles et la comparaison avec les autres, de participer pratiquement à l’expérience d’une communication nouvelle avec ses semblables, l’expérience de la sécurité affective et d’un sentiment d’identification, bref l’expérience d’une communauté selon les termes ci-dessus [31].

3. Viser à une certaine socialisation de l’individu, en particulier avec les télé-clubs, les centres de révision et les visiteurs à domicile [32].

C’est pourquoi ces trois observations, quant à nous, tendent à faire ressortir le bien-fondé d’inclure au projet l’Animation sociale, qui tend à organiser et canaliser le déploiement de ces énergies psychiques, en quelque sorte autrement à l’air libre.

 Car on notera, du point de vue de la théorie, que les communautés (l’une des formes de sociabilité) ne sont pas structurables en tant que telles, et ne peuvent que « favoriser la structuration des groupes où elles réussissent à prédominer sur la masse et la communion ».

C’est-à-dire que la communication nouvelle instaurée chez l’individu par la participation au système des cours tend à se concrétiser dans des comportements et, partant, doit trouver des groupes qui leur servent de support.

C’est ainsi que le système d’auto-motivation à faire naître chez l’individu doit s’appuyer sur la famille, le groupe scolaire d’adultes (groupe d’activité) et le groupe de voisinage (comités locaux et Télé-clubs).

Bref, on voit toute l’importance et l’indispensable nécessité de l’animation sociale telle que conçue dans le projet-pilote [33].

Conclusion

Dans ces observations que nous venons d’aligner, on retrouve donc les trois constantes du projet : 1 – Éducation programmée au niveau du vécu du sujet, c’est-à-dire, pour ce qui est de la matière du cours, dégagement du conceptuel à partir de l’empirique des liens sociaux vécus par le sujet (ex. expérience de sa famille, des milieux de travail, de sa région, de sa mentalité, de son âge.) 2 – Animation sociale, c’est-à-dire structuration des communautés. 3 – Respect du canal, c’est-à-dire intégration de l’auditoire libre [34].

 Nous croyons voir là les préalables de base sur quoi vient s’articuler organiquement la grande intention du projet : communiquer aux individus, de concert avec la récupération scolaire et la formation professionnelle, un régime nouveau de valeurs les mettant à même de s’intéresser et de participer au développement de leur région.

À ce stade-ci du projet, si nous devions porter une conclusion, la sociologie de la connaissance viendrait donc en aide, comme nous venons de le voir.

Sa conclusion serait de nous inviter à respecter assez soigneusement, et à approfondir, les lignes directrices selon lesquelles le projet a été conçu dès sa version initiale. [35]

Quant à savoir si ces quelques notes sauraient tenir lieu d’une prévision sur l’efficacité du projet, il faudrait pour cela des recherches, à la fois théoriques et pratiques, plus élaborées, et surtout voir le projet expérimenté. L’action a toujours le pas sur la spéculation. C’est peut-être de ce fait d’avoir été conçu dans et pour l’action que le projet-pilote Saguenay/Lac St-Jean tire cette étrange vertu de pouvoir revêtir, après coup, une aussi profonde cohérence théorique.

Richard FOURNIER
Chicoutimi,
25 avril 1967

RF/pg



* L’expérience de terrain en 1963 avec l’équipe du BAEQ d’un sociologue, ci-devant journaliste, Richard Fournier, a mené l’auteur à proposer la série des 26 émissions hebdomadaires (conception, animation, entrevues et réalisation) portant sur la démarche collective d’aménager un territoire avec le concours de sa population. Produit à CJBR-Rimouski, Le Quart d’heure de la Dernière Chance est diffusé sur les quatre stations de radio de la région pilote en appui à la formation par les animateurs sociaux des comités locaux d’aménagement. La formule est reprise l’année suivante (1964-65) avec une équipe employant la télévision.

[1] « Le projet est un essai d’éducation globale d’une région prise dans son ensemble, visant à hausser en même temps le niveau de scolarité et celui de la formation professionnelle, de même qu’à donner des éléments de culture socio-économique. » Description du projet-pilote Saguenay/Lac St-Jean, Direction générale de l’éducation permanente, première version, 20 janvier 1967, p. 24.

[2] « L’éducation des adultes doit s’inscrire dans un programme plus vaste de développement socio-économique qui fournit une motivation personnelle à l’individu qui suit des cours. (..) Mais il ne doit s’agir en aucune façon de deux choses parallèles : de même que le développement socio-économique de la région peut fournir une motivation permanente aux élèves, de même les cours peuvent se bâtir avec comme contenu les données et les dimensions de ce développement socio-économique. » id., p. 19.

[3] Georges Gurvitch, Les cadres sociaux de la connaissance,  PUF. Paris, 1966, 313 pages, p. 35.

[4] Définition modeste de la sociologie de la connaissance inspirée de F. Znaniecki, The Social Role of Man of Knowledge, discussion et commentaire in Gurvitch, Problèmes de la sociologie de la connaissance, in Traité de sociologie, tome II, PUF 1960, pp. 119-120. – « Le terme connaissance, écrit pour sa part Merton (traduction libre), doit être interprété très largement, du fait que les études dans cette discipline se sont occupé virtuellement de tout le bagage des produits culturels (idées, idéologies, croyances éthiques et religieuses, philosophie, science, technologie.) Mais quelle que soit la conception de la connaissance, la perspective de cette discipline (Wissenzociologie) demeure essentiellement la même : elle s’intéresse au départ aux relations entre la connaissance et les autres facteurs existentiels dans la société ou la culture. » – Ces facteurs sont aussi bien la position sociale des individus que leur occupation, leurs intérêts, les formes de pouvoir, etc. Voir :  Sociology of Knowledge, in : Social Theory and Social Structure, Free Press 1961, pp. 456-461.

[5] Ce centre d’intérêt commence en effet par relever de la sociologie de la science, cf. Bernard Barber, The Sociology of Science in : Merton, Broom, et Cotrell, Sociology Today, Basic Books 1961, pp. 215-228 ; et R.K. Merton, Social Theory  and Social Structure, pp. 529-627. – La sociologie de la science prend la science comme une institution sociale et en cherche les divers modes d’interdépendance avec les autres institutions.

[6] Cette proposition étant prise ici au sens d’un postulat expérimental, en faisant abstraction pour les besoins de la cause de toute signification métaphysique. Sur cette délimitation, voir en particulier P. Ricoeur, Note sur l’histoire de la philosophie et la sociologie de la connaissance,  in : Histoire et vérité, Seuil, 1955, p. 76 et ss.; J. Piaget, La pensée sociocentrique, in : Introduction à l’épistémologie génétique, PUF 1950, tome III, p. 240 et ss.

[7] La fameuse loi des trois états de développement de l’intelligence et de la société : Catéchisme, 11e entretien ; Cours, 1ère leçon.

[8] « Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » K. Marx, Critique de l’économie politique in : N. Guterman et H. Lefebvre, Œuvres choisies,  Gallimard 1963 et 1966, tome II, p. 10.

[9] Dont Max Scheler, par exemple L’homme et l’histoire, Paris, Aubier, 1956, 188 pages.

[10] Par exemple G. Blondel, Introduction à la psychologie collective, Paris, Armand Colin, 1964, p. 50 et ss.

[11] Ainsi François Bourricaud, De Durkheim à Freud, in : Daval et al.,: Traité de psychologie sociale, PUF, 1963, tome I, p. 49 et ss.

[12] A. Cuvillier, Introduction à la sociologie, Armand Colin, 1965, p. 103. Il ajoute : « Sur ce point, tout le monde nous parait bien près d’être d’accord. »

[13] « Le rôle de la psychologie sociale est de montrer comment les structures sociales et leurs modifications agissent sur la mentalité des individus et des groupes qui constituent la société, et réciproquement comment l’état mental des membres affecte les structures sociales. » Morris Ginsberg, cité dans : Jean Maisonneuve, La psychologie sociale, PUF, Que sais-je no. 458. – Noter qu’une explication sociologique des orientations de la connaissance ne se confond nullement avec le problème de sa distorsion.

[14] « Selon le niveau de développement de l’individu, les échanges qu’il entretient avec le milieu social sont de nature fort diverse, et modifient par conséquent en retour la structure mentale individuelle de manière également différente. » J. Piaget, La psychologie de l’intelligence,  Armand Colin, 1962,  p. 188 et ss.

[15] Elles peuvent se reprendre depuis une perspective concourante, mais plus élaborée que celle que nous employons ici. Voir : Fernand Dumont, Scolarisation et socialisation : pour un modèle général d’analyse en sociologie de l’éducation, PUL, 1965, miméo ; R. Havinghurst et B. Neugarten, Society and education, Boston, Allyn et Bacon, 1957 ; M. Halbwachs, Esquisse d’une psychologie des classes sociales, Marcel Rivière et Cie, 1964. – Ces quelques notes brèves doivent cependant ici s’interdire la référence à cette perspective.

[16] G. Gurvitch, Problèmes de la sociologie de la connaissance,  in : Traité…., tome II, PUF, 1960, p. 120 et ss. : Genres et formes de connaissance, in : Les cadres sociaux de la connaissance,  ch. IV, PUF 1966.

[17] Il s’agit d’un parallélisme, et non d’une relation causale au sens strict où la société serait vue, par exemple, comme la cause, et la connaissance comme l’effet. Voir : Problèmes…, pp. 121-122 ; Les cadres…, pp.. 16-19.

[18] G. Gurvitch, La vocation actuelle de la sociologie, tome 1, PUF 1960, Ch. III, pp. 116-246 : Traité…, tome I, pp. 172-185.

[19] Il n’y a pas de hiérarchie entre les trois. Vocation…, tome I, p. 172 et ss.

[20] Vocation…, tome 1, p. 152.

[21] Vocation…, tome I, p. 136.

[22] Quoique l’observation en semble praticable empiriquement. Voir : J. Cazeneuve, P. Maucorps et A. Memmi : Enquête sociologique sur la connaissance d’Autrui, Cahiers Internationaux de Sociologie, reproduit in G. Gurvitch, Les cadres…, pp. 239-259.

[23] G. Gurvitch, Traité…, I, ch. V., pp. 280-399  ; Vocation…, tome I, pp. 183- 205.

[24] « Toute société globale se présente (..) comme un enchevêtrement complexe de groupements partiellement en lutte, partiellement en coopération » Vocation…, tome I, p. 284.

[25] G. Gurvirch, Traité…, tome I, pp. 216-236 ; 246-251 ; Vocation…, tome I, pp. 443 - 504.

[26] Selon les ouvrages : Déterminismes sociaux et liberté humaine, PUF 1955 ; La vocation actuelle de la sociologie, tome I, PUF 1960 ;  Traité de sociologie, tome I, PUF 1958 ; Les cadres sociaux de la connaissance, PUF 1966.

[27] G. Gurvitch, Les cadres…, p. 50 et ss.

[28] Description du projet-pilote Saguenay/Lac-St-Jean, 1ère version, p. 41.

[29] G. Gurvitch, Les cadres…, pp. 52-56.

[30] Description du projet-pilote Saguenay/Lac-St-Jean, 1ère version, p. 41.

[31] ibid.,  pp. 51-52.

[32] ibid., pp. 25-26.

[33] « Le projet, étant un projet d’éducation globale se situant dans le contexte d’un développement socio-économique (au moins posé comme objectif) doit s’appuyer sur une participation structurée de l’ensemble de la population de la région. C’est pourquoi toutes les phases du projet passent par non seulement, dans un premier temps, une consultation régionale de tous les organismes intéressés, mais aussi par une structuration permanente, permettant à la population d’agir et de collaborer activement. » Description,… , p. 27.

[34] On peut renvoyer à McLuhan dans : Understanding Media. The Extension of Man,  1964 : « The Media is the Message.  »

[35] Le projet a été conçu à partir de l’idée d’intégrer aux pratiques connues des cours par correspondance (cours imprimés par la poste, exercices pédagogiques, questionnaires de recherche, réponses écrites lues par cartes perforées) l’effet de développement social obtenu par deux initiatives régionales : l’expérience de reclassification des travailleurs de la région de Rimouski (1965-1966) et  l’expérience d’apprentissage par la radio et la télé des comités locaux d’animation sociale du BAEQ au Bas-Saint-Laurent-Gaspésie (1963-1965).



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 11 juin 2020 10:23
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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