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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La famille premier et ultime recours ” (1994)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Mme Andrée Fortin, [sociologue, professeure au département de sociologie, Université Laval], “ La famille, premier et ultime recours ”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin, Traité des problèmes sociaux. Huitième partie: L’intervention: les solidarités communautaires. Chapitre 46, pp. 947-962. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1994, 1164 pp. [Autorisation accordée par l’auteure le 15 mars 2004]

Introduction

Aux prises avec différents problèmes sociaux ou de santé, avant de recourir aux institutions, on se tourne d'abord vers ses proches, et en tout premier lieu sa famille. En fait l'intervention familiale est souvent préventive, et s'exerce avant le problème, ou du moins avant que ne s'aggravent et dégénèrent un problème de santé physique ou mentale ou des difficultés financières. De là l'intérêt actuellement porté à la famille en tant qu'intervenante: mieux vaut prévenir que guérir, et mieux vaut pour les finances publiques guérir dans les familles que dans le cadre des institutions!

Le «maintien à domicile», les «aidants naturels», la «désinstitutionnalisation», autant de termes qui se sont banalisés dans les années 1980 à la faveur de la crise fiscale de l'État. Le flambeau des «affaires sociales» transmis de la famille à l'État lors de la mise en place de l'État-providence, est en voie de repasser à la famille. L'État espère économiser en transformant la famille en partenaire dans la prise en charge des problèmes sociaux. Mais à quel prix pour les familles, pour les personnes qui soutiennent les leurs, pour celles ainsi prises en charge? En effet, la famille n'est pas un paradis sur terre. Des drames familiaux font la manchette des journaux; d'autres se jouent dans le silence et le huis-clos du quotidien comme le rappellent de nombreuses pièces de théâtre ou romans psychologiques.

Cela soulève plusieurs questions: qui est «la famille» fournissant l'aide à ses membres: une personne-ressource en particulier, le ménage familial, la parenté? Que peut la famille? Pour qui? Son intervention se situe-t-elle au sein du ménage seulement ou également dans les ménages apparentés? Quelles sont les limites de cette intervention? Y a-t-il des cas où la famille ne peut rien ou presque? Enfin, comment en est-on arrivé à réfléchir sur la famille comme solution aux problèmes auxquels ses membres font face, en particulier les problèmes économiques et de santé; cela ne va-t-il pas de soi? Y a-t-il quelque chose de nouveau, ou s'agit-il d'un processus «traditionnel» sur lequel la conjoncture (crise financière de l'État, transformation des rôles à l'intérieur de la famille et nouvelle donne démographique) force à jeter un regard neuf?

La famille-providence, pour reprendre une expression de Lesemann et Chaume (1), existe dans tous les pays, à toutes les époques, comme le montrent les recherches historiques et anthropologiques sur la famille (2). La famille est le premier et l'ultime recours. Le premier, celui mobilisé en premier lieu tant pour les urgences que pour les problèmes passagers; l'ultime, alors que sont épuisées les autres ressources: les liens du sang sont les plus tenaces, et survivent à des chicanes, contrairement à l'amitié ou même à la relation conjugale. Malgré des tensions ou des crises en son sein, la famille reste la famille... et l'obligation morale de l'entraide en cas de pépin aussi.

Problèmes d'argent, soins de santé ponctuels ou à long terme, corvées, dépannage, réparations ou services en tous genres, la famille est présente, en règle générale (3). Mais, il y a un mais: encore faut-il qu'il y ait une famille, qu'elle ne soit pas trop éloignée géographiquement (ce qui selon les moyens financiers disponibles ne veut pas dire la même chose) ni émotivement, qu'elle ait en son sein les ressources nécessaires pour fournir l'aide, et surtout qu'elle ne soit pas à l'origine du problème!

Notes:

(1) Frédéric Lesemann et Claire Chaume, Familles-providence. La part de l'État, Montréal, Éditions Saint-Martin, 1989.

(2) Voir, par exemple, Tamara K. Hareven, «Les grands thèmes de l'histoire de la famille aux États-Unis», Revue d'histoire de l'Amérique française, 39, 2, 1985, p. 185-209.

(3) Andrée Roberge, «L'échange informel en milieu semi-rural pour faire face à la pauvreté», dans: Madeleine Gauthier (sous la direction de), Les nouveaux visages de la pauvreté, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1987, p. 173-196.


Retour au texte de l'auteure: Mme Andrée Fortin, sociologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le vendredi 22 décembre 2006 11:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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