RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“Le retour du contrôle des flux d'investissements internationaux:
l'ombre de John Maynard Keynes”
(1989)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Bernard Élie, (économiste, UQAM) Le retour du contrôle des flux d'investissements internationaux: l'ombre de John Maynard Keynes”. Un article publié dans la revue Interventions économiques. Pour une alternative sociale, no 22-23, août 1989 - hiver 1990, pp. 81 à 98. Dossier: “La révolution financière des années quatre-vingt. ”Montréal: Éditions Saint-Martin. [Autorisation accordée le 23 juin 2003].

Introduction

John Maynard Keynes avait une conception bien spécifique de la monnaie et des rapports monétaires internationaux. Sa vision, son modèle ne fut pas retenu dans le contexte des négociations de Bretton Woods. L'évolution du contexte monétaire et financier a remis en cause les règles de Bretton Woods. Le règne quasi-absolu du libéralisme financier et monétaire, de 1973 à 1982, et les déséquilibres qu'il entraîna obligeront les autorités monétaires à réévaluer leur rôle de régulateur du système monétaire international. Nous nous interrogeons ici sur la pertinence de l'analyse de Keynes pour comprendre et corriger le système monétaire international. Les récentes propositions Brady, secrétaire américain au Trésor, impliquent un nécessaire contrôle des flux d'investissements internationaux, mais supposent-elles une forme de retour au plan Keynes ?

*  *  *

Dès le début des années 1940, John Maynard Keynes voulait doter l'économie internationale d'institutions monétaires et financières pour répondre, par une offre de monnaie internationale et par un contrôle des flux de capitaux, aux besoins de l'investissement et des encaisses liquides. C'était reconnaître dans l'économie internationale, comme pour les économies nationales, l'expression des demandes effectives des préférences pour la liquidité. Contrôle de l'offre de monnaie internationale, des prix et des stocks des matières premières, régulation conjoncturelle et aide aux pays en développement voilà tout un programme de « Gouvernement mondial » (Keynes « Proposals for an International Clearing Union », The Writings, XXV, pp. 168 à 195).

Le but de tout système monétaire international est, rappelons-le, d'assurer l'homogénéité et donc la convertibilité des différentes monnaies nationales entre elles. Au niveau national, la structure de paiement est dominée par le rôle de la monnaie centrale qui assure l'homogénéité des différentes monnaies privés entre elles, celles des banques commerciales, en garantissant leur convertibilité et donc leur reconnaissance sociale. De même au niveau international il doit exister une unité monétaire qui garantisse la liberté, la permanence et la stabilité des paiements en permettant l'homogénéisation des devises de chaque pays. Un tel système suppose la multilatéralité des paiements à travers une unité, de compte et de paiement différente de celles des acteurs qui doivent utiliser ce processus d'homogénéisation pour garantir leur reconnaissance sociale à l'échelle mondiale. La création d'une véritable monnaie internationale distincte de toutes les monnaies nationales s'impose donc pour confirmer la multilatéralisation des règlements.

Le plan Keynes de 1943 se fondait sur cette multilatéralité des paiements, et ceci contrairement à l'accord final de la conférence de Bretton Woods qui consacra la bilatéralité des paiements. Le projet de Keynes visait précisément à éviter ce scénario, source de déséquilibres futurs.

Les Accords de Bretton Woods ont mis en effet une monnaie nationale, le dollar américain, au centre du système et obligé ainsi chaque pays à définir la parité de sa monnaie en dollars des États-Unis, lui-même défini en or. De ce fait la défense de cette parité ne se fait que vis-à-vis du seul dollar : il suffit d'intervenir sur un marché unique, celui de la monnaie nationale contre le dollar des États-Unis. Le dollar est ainsi devenu la liquidité à détenir aussi bien pour les autorités monétaires que pour les banques commerciales. Le dollar des États-Unis, en devenant monnaie internationale, entraînera la création d'un marché privé des dollars qui tentera de se développer hors des contraintes légales de contrôle des liquidités imposées par les Accords de Bretton Woods. L'euromarché induit par le système de Bretton Woods sera aussi la cause de sa destruction. L'économie américaine, par l'intermédiaire de son système bancaire, devient la banque centrale du monde. Le problème qui en résulte est la privatisation du processus qui se trouve de fait fondé sur une régulation différente de celle qui devrait être nécessaire à tout système monétaire international.

La conception de John Maynard Keynes, basée sur la multilatéralité des paiements, est-elle encore d'actualité aujourd'hui dans un monde que l'on dit de privatisation et de déréglementation, un monde où la socialisation des monnaies privées doit rester privée ?

Nous allons, dans le présent article, essayer de voir si les conditions actuelles de l'économie mondiale peuvent permettre d'entrevoir l'établissement d'un système monétaire international basé sur les principes de la multilatéralisation des règlements comme John Maynard Keynes l'avait proposé à l'occasion de la conférence de Bretton Woods. Nous présenterons d'abord les vues de Keynes sur la monnaie ainsi que son projet d'Union Internationale de Compensation (« The International Clearing Union »), puis nous montrerons comment le système établi à Bretton Woods contenait les ferments de sa propre désagrégation.


Retour au texte de l'auteur: Bernard Élie, économiste, UQAM Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 18 août 2005 16:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref