Première partie. 
Le travail intellectuel 

Introduction

Les quatre essais qui suivent sont consacrés à l'étude d'une question fondamentale, à savoir l'articulation entre le travail manuel et le travail intellectuel. Le premier essai vise en particulier à cerner quelques-unes des conditions socio-historiques susceptibles d'éclairer l'émergence de cette contradiction dans le contexte de l'éclosion de la révolution industrielle en France à la fin du XVIlle siècle. Il apparaît ainsi que cette contradiction est issue d'un ensemble de pratiques économiques et juridiques, en particulier, dont l'implantation et la rationalisation ont eu pour effet précisément de produire cette contradiction entre travail manuel et travail intellectuel propre aux rapports capitalistes de production, c'est-à-dire de produire une rationalisation spécifique dont le résultat a été double : celui, en premier lieu, d'asseoir une critique de l'enchevêtrement des privilèges issus de la féodalité et celui, en second lieu, d'instaurer l'ordre bourgeois. 

Si le premier essai met en valeur une approche historique, le second en revanche est plus théorique ; il entend circonscrire la notion de travail intellectuel et cherche à illustrer la différence entre raison dialectique et l'application dogmatique du marxisme à partir de l'exemple de quelques réflexions tirées de travaux de marxistes contemporains. Cette illustration vise trois buts : d'abord à servir d'ébauche à une critique de telles interprétations marxistes ; ensuite à cerner le sens et la portée de la raison dialectique chez Jean-Paul Sartre en particulier pour arriver, enfin, à proposer une interprétation du sens et de la portée de la notion de travail intellectuel dans la société capitaliste. 

Quant au troisième essai, son angle d'approche est plus proprement juridique. Il ressort en effet des analyses qui le précèdent que la notion de rationalité est centrale dans la mise en oeuvre d'une production de type capitaliste. Or, le droit est, par excellence, le lieu où et le discours dans lequel opère ce processus de la rationalisation et la propriété privée est, en tout premier lieu, la forme juridique qui résume les principales particularités comme les principales contradictions propres à cette rationalité. 

Nous serons ainsi en mesure de saisir une des caractéristiques fondamentales de ces raisonnements qui est d'opérer de manière tout à fait tautologique. Il ressort de cette incursion un élément essentiel, à savoir que ce ne saurait être dans l'ordre des discours qu'il faut saisir et cerner la société bourgeoise, mais bien dans l'univers des pratiques que ces discours fondent et légitiment. 

Le dernier essai de cette première partie élargit le domaine des interrogations antérieures-, il est consacré à l'analyse d'un "nouvel" ordre du discours, celui de la littérature, en tant que forme spécifique de travail intellectuel. L'histoire sociale a tout à gagner a se préoccuper davantage de ces constructions que l'on prétend à tort être "fictives", par opposition à la sur-utilisation qu'elle fait actuellement de ces fictions qui s'ignorent que sont les travaux des économistes et des juristes.