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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Pierre Drouilly et Dorval Brunelle, “Une évaluation critique de la classification socio-économique des professions.” Un article publié dans la revue Interventions économiques. Pour une alternative sociale, no 19, printemps 1988, pp.185 à 202. Un numéro intitulé: “Flexibilité du travail et de l’emploi.” Montréal. [Autorisation accordée par l'ayant-droit de l'oeuvre de Pierre Drouilly, son épouse, Madame Francine Bombardier-Drouilly, la veuve de Pierre le 12 décembre 2021.]

[185]

Interventions économiques
pour une alternative sociale
No 19
DOSSIER :
flexibilité du travail et de l’emploi

Une évaluation critique
de la classification
socio-économique des professions
.”

Pierre DROUILLY et Dorval BRUNELLE *


Dans le prolongement de notre précédente contribution à l'étude de la classification socio-professionnelle de la main-d'œuvre parue dans Interventions économiques au printemps 85 (no. 14-15, pages 233-260), nous proposons cette fois, premièrement, de mener la critique de quelques manipulations sociologiques de la Classification Canadienne Descriptive des Professions (CCDP), deuxièmement, de reprendre et d'expliciter la grille d'analyse développée antérieurement.

En faisant ressortir les limites des manipulations critiquées, nous serons mieux à même de justifier le recours à la nomenclature alternative proposée.

Les approches de Blishen,
McRoberts, Pineo et Porter


Contrairement à la situation qui prévaut en France ou aux États-Unis, par exemple, où des auteurs comme Baudelot, Establet ou Braverman ont entrepris des critiques de fond des classifications socio-professionnelles utilisées par des bureaux statistiques nationaux, au Canada, c'est une approche gestionnaire qui a prédominé et qui prédomine encore.

Cette approche se contente d'affiner les outils statistiques existants dans le seul but d'accroître l'efficacité des instruments de gestions du marché de la main-d'œuvre.

Un des résultats positifs de cette connexion entre la théorie et la gestion, c'est que les échanges entre chercheurs et gestionnaires seront courants et que la mobilité latérale entre l’université et les centres fédéraux et provinciaux de collecte et d'analyse des données statistiques sera inscrite dans la pratique professionnelle courante. Par contre, une des conséquences négatives de cette fluidité théorique et professionnelle, c’est que les grilles d'analyses proposées sont pratiquement soustraites à la critique avec le résultat que l'outil statistique lui-même [186] échappe à des révision majeures. La situation qui prévaut au Canada en matière d'études de la main-d'œuvre est significative à cet égard, puisque les relations entre l'université et les bureaux statistiques fédéraux se sont avérées intimes (Fellegi, 1980).

Ainsi, dans sa contribution classique à la construction d'une échelle de prestige des professions, publiées en 1958, Bernard R. Blishen, précédemment rattaché au Dominion Bureau of Statistics et à ce moment-là à l'emploi de l'Université de Colombie Britannique, renvoie l’approche de Marx à l’étude du système de production en deux lignes pour faire sienne, tout de suite après, celle d’un fonctionnaliste américain célèbre :

L’approche de WL. Warner, qui a été reprise par tant de sociologues, met l'emphase sur la perception subjective et prétend que la classe sociale c'est ce que les membres d'une communauté disent que c'est. Il ne s'agit de rien de moins ni de rien de plus que le consensus des gens concernant la position des autres et concernant les divisions des classes dans la structure sociale (Blishen, 1958 : 519).

La première conséquence de ce genre de prise de position théorique, c’est que le débat sur les paramètres qui sous-tendent les grilles d’analyse utilisées par les statisticiens et les programmeurs sociaux ne sera pas mené dans le contexte canadien de l’époque contrairement à ce qui se passe aux États-Unis ou en France.

Même s’il règne là-bas le même genre d’intimité entre les bureaux statistiques de l’État et les universités, cette connexion n’est pas généralisée au point où la critique se fait absente. Le double résultat de la persistance de la polémique, c’est d’abord que les concepteurs des outils de gestion sociale sont plus enclins à l’autocritique et au renouvellement de leurs instruments, et ensuite, que des enjeux et des questions qui échappent à la grille ou aux nomenclatures utilisées subsistent, se déploient et s’approfondissent (Giddens et Held, 1982). Il s'établit ainsi une liaison — fût-elle conflictuelle — entre l'outil statistique et la critique sociale qui n'a pas vraiment surgi dans le paysage canadien.

Dans ces conditions, c'est toute une composante de préoccupations sociales diverses qui sont à toutes fins utiles ignorées dans le contexte canadien, à la faveur de réaménagements plus ponctuels.

Il s'est de la sorte établi une convergence dans les préoccupations des universitaires et des analystes ou statisticiens relevant du secteur public qui a grandement contribué à accroître la légitimité de l'instrument statistique. Ainsi, les critiques que l'on a pu adresser à la nomenclature sont demeurées marginales ; elles se contentent le plus souvent de proposer des rajustements mineurs au lieu d'explorer les potentialités des manipulations alternatives.

La raison de ceci tiendrait essentiellement à ce que les auteurs en question se soient contentés pour critiquer l'instrument à l'aide d'une seule technique, l'échelle de prestige, et comme la validité de l'échelle repose en bonne partie sur [187] la cohérence interne de leur nomenclature, tout ce que l'on peut déduire des vérifications empiriques effectuées par eux, à la suite de l'administration de sondages, c'est que les concepteurs de la grille constituent eux-mêmes un échantillon représentatif de la population sondée. Mais il serait hasardeux d'aller au-delà de ce constat et de prétendre maintenant que le cadre d'analyse lui-même tient sur des bases incontestables.

Par exemple, ce que l'on est parvenu à dire en appliquant, aux données du Recensement de 1971, l'échelle de prestige de Blishen s’avère tout compte fait inintéressant Que dire d'autre des réflexions menées autour du microscopique phénomène selon lequel, cette année-là, les vétérinaires et optométristes, entre autres, avaient amélioré leur rang par rapport à celui qu'ils occupaient antérieurement, alors que les ingénieurs et les architectes auraient vu le leur décroître ? (Blishen et McRoberts, 1976 : 73). D'ailleurs l'échelle de Blishen n’est qu’un indice statistique combinant le revenu et le niveau d’éducation (Blishen, 1958) : comme tel il n’a qu’une faible valeur taxonomique, les deux variables qui le composent n'étant que des mesures très imparfaites du statut social. C'est un défaut commun à Blishen, McRoberts, Pineo et Porter d'escamoter la question du pouvoir hiérarchique au sein du milieu de travail ou, pour ce qui concerne Porter, de n'y voir à l'œuvre qu'un phénomène extra-institutionnel, et non pas une contrainte infra-institutionnelle (Porter, 1965).

Pour ces auteurs, le pouvoir est assimilé à l'ascendant qu'exerce l'élite sur la société dans sa totalité et non pas comme une contrainte qui s'applique à l'intérieur même des institutions, comme les entreprises, les ministères, les bureaucraties ou les organismes publics, depuis le sommet de la pyramide jusqu'à sa base. Pour nous, la détermination de la rémunération est davantage liée au nombre d'employés qu'un individu tient sous ses ordre directs, entre autres facteurs bien sûr, que sur la considération dans laquelle est tenue sa profession aux yeux de l'opinion publique. Cette situation objective est la source de son pouvoir, le prestige n'en est qu'une manifestation extérieure parmi d'autres comme, par exemple, l'influence, la crédibilité, l'autorité ou la réputation.

Quant à Pineo, Porter et McRoberts (1977), leur contribution constitue une des rares tentatives de révision de la nomenclature proposée par la CCDP. Cependant, les distinctions proposées entre professionnels, professionnels salariés et semi professionnels, entre haute direction et direction, entre main-d’œuvre spécialisées, semi spécialisée et non spécialisée ne résistent pas à l'analyse. Comme l'a montré Braverman dans sa « Note finale sur la qualification » (1974, ch.20), la distinction entre ouvrier qualifié, semi qualifié et non qualifié est davantage un artefact de statisticien qu'une réalité empiriquement établie, car elle est basée sur une classification a priori des métiers et non pas sur une analyse des tâches accomplies.

La même critique s'applique à la distinction entre professionnel et semi professionnel, entre haute direction et direction, entre spécialiste et technicien. L’un dans l'autre, ces nouveaux assemblages s'avèrent en fait encore moins [188] congruents que ceux proposés par la CCDP elle-même et il suffit de jeter un coup d'œil au tableau I pour s'en convaincre. En effet, non seulement l'indicateur qu'est le revenu tombe comme caractéristique essentielle qui permettrait de saisir une des différences entre l'ouvrier semi ou non spécialisé, mais également le phénomène de la stabilité d’emploi est complètement ignoré (1). Dans la mesure où l'échelle reproduite au tableau I hiérarchise les professions depuis la haute direction jusqu’aux ouvriers agricoles, on ne retrouve pas cette hiérarchie ni dans les revenus, ni dans la stabilité d’emploi. Par exemple, les employés non qualifiés ont un revenu moyen supérieur à celui des employés semi-qualifié, et les techniciens un revenu moyen inférieur à celui des employés qualifiés.

De surcroît, les auteurs escamotent la question de la main-d'œuvre féminine et le problème de la formation et de l'affermissement des ghettos d’emploi féminin sans vouloir lever le voile sur toute la dimension sexiste de la construction des grilles d'occupations.

Ils écrivent à ce sujet :

La couverture des codes est moins adéquate pour les femmes... À l'heure actuelle, la main-d'oeuvre active féminine est tellement concentrée dans des métiers spécifiques qu'aucun système socio-économique de codage ne pourrait échapper à l'isolement de catégories vides dans lesquelles il n'y aurait pratiquement plus de femmes (Pineo, Porter, McRoberts, 1977 : 10).

Cependant le phénomène de la concentration de la main-d'œuvre féminine dans certaines catégories d'emploi résulte tout autant de la persistance de ghettos d'emploi, que de l'incapacité de l'instrument, tel qu'il est construit, d'établir des descriptions plus fines là où la main-d'œuvre féminine est concentrée.

On peut questionner l'objectivité d'ensemble d'une nomenclature qui sait si bien discriminer dans les occupations masculines et qui obtient des résultats tellement grossiers avec les métiers féminins que les vingt occupations comprenant les plus forts effectifs de femmes, regroupent déjà plus de 58 pour cent de la main-d'œuvre féminine totale. En particulier, des professions comme celles de « secrétaires et sténographes », « teneuse de livres » ou « vendeuse », sont des catégories fourre-tout qui n’ont d’équivalent que les catégories des agriculteurs ou des manœuvres chez les hommes (Descarries-Bélanger, 1980 ; Brunelle et Drouilly, 1985).

On notera au passage que des auteurs américains ont trouvé un biais sexiste dans la définition même du profil de qualifications de certaines professions occupées massivement par des femmes (Miller, Treiman, Cain et Ross, 1980).

Pouvoir et savoir :
la distinction entre travail manuel
et travail intellectuel


Il nous a semblé, à l’instar d'auteurs comme Harry Braverman (1974), André [189] Gorz (1973), ou comme Baudelot et Establet (1974) qu'il était plus pertinent de retenir des facteurs comme le pouvoir et le savoir dans l'établissement d'une nomenclature qui rende mieux compte de la division sociale du travail, un phénomène sociologique capital ignoré, à toutes fins pratiques, aussi bien par les auteurs retenus que par la CCDP elle-même. Nous croyons que c'est au niveau du rassemblement et de l'ordonnancement des descriptions d'occupations que loge la difficulté de l'établissement d'une congruence entre la division sociale du travail et l'ensemble de l'information qu'on a pu tirer à la suite de l'administration des questionnaires et des enquêtes. Or, le mode de constitution des groupes de base tel que l'opère la CCDP est déjà critiquable. Ainsi, la description toute formelle des tâches amène la CCDP à adjoindre apprentis, aides, adjoints, assistants, auxiliaires, etc. dans les groupes de base des travailleurs qualifiés correspondants, faisant fi de toute la hiérarchie de pouvoir au sein des occupations qui détermine, par exemple, en grande partie la rémunération du travail (Cf. Tableau II).

De la même façon la CCDP n’opère pratiquement aucune distinction entre secteurs privés et publics, ni entre travailleurs autonomes et salariés, sans parler de caractéristiques plus sociologiques comme l'appartenance à une corporation professionnelle ou à un syndicat ouvrier, etc., toutes caractéristiques plus pertinentes pour l'analyse du marché de l'emploi et des rémunérations que les facteurs descriptifs des professions utilisés par la CCDP.

Cependant, la CCDP reconnaît des catégories topiques particulières, à savoir a) les directeurs ; b) les surveillants et contremaîtres ; c) les techniciens-spécialistes et techniciens ; d) les contrôleurs, vérificateurs, essayeurs, trieurs et échantillonneurs, les inspecteurs et agents chargés de l'application des règlements ; et e) les manœuvres. Nous les avons retenus pratiquement telles quelles dans la mesure où elles font l'objet d’une définition générique relativement cohérente par rapport à la hiérarchie du pouvoir pour ce qui touche aux directeurs, surveillants et contremaîtres et par rapport â la détention des connaissances pour les spécialistes, techniciens et contrôleurs, tandis que les manœuvres doivent obéir et user de « bon sens ». Mais alors que la CCDP disperse ces groupes de base à travers les sous-groupes et grands-groupes de la classification à partir des activités industrielles, nous avons choisi de les maintenir comme catégories fondamentales d'une classification socioprofessionnelle (Brunelle et Drouilly, 1985).

Sur cette base, nous avons construit la structure socioprofessionnelle apparaissant au Tableau III. La nomenclature en question a été établie en rassemblant les professions autour de deux axes, le rapport de pouvoir et la détention du savoir, les autres métiers ne constituant que des tâches d’exécution ne faisant appel qu'à un nombre limité d'opérations intellectuelles.

La relation de pouvoir comprend les quatre groupes suivants : les directeurs, les surveillants et les contremaîtres, ainsi que les professionnels. Pour ce qui concerne les trois premières occupations la relation de pouvoir est nette et établie par la CCDP elle-même : les uns dirigent et gèrent, les seconds font appliquer ces [190] directives, les surveillants dans le secteur des services, les contremaîtres dans le secteur de la production des biens. Restent alors les professionnels : ils ont été placés du côté des détenteurs de pouvoir essentiellement parce que c'est la corporation à laquelle ils sont rattachés qui détermine les rémunérations, l'accès à l'emploi, voire le prestige.

C’est pourquoi, nous n’avons retenu ici, sous l'intitulé « professionnel », que les membres des corporations les plus « vénérables » (médecins, psychologues, juges, avocats, notaires, architectes, ingénieurs). En effet, grâce aux contrôles effectués à l'entrée dans la profession et à l'établissement des normes d'exercice et de rémunérations, ces associations professionnelles battent en brèche le principe de la libre circulation de la main-d'œuvre et le jeu de l'offre et de la demande. En fait, dans ces cas, et à cause de l'existence d'une corporation, l'accès au savoir est également contrôlé. Ce serait l'effet conjugué de ces deux facteurs, le pouvoir et le savoir, qui expliquerait pourquoi les professionnels obtiennent le revenu moyen le plus élevé de tous les groupes retenus.

Le second axe d'analyse, nous est donné par le rapport au savoir. Sous cet angle, le savoir est considéré comme un capital et non comme une qualité intrinsèque. L'acquisition, la détention puis le contrôle des modalités d'exercice d’un savoir permettent de retenir les grands groupes suivants : les spécialistes, les techniciens, les enseignants, les artistes et le clergé. Ces groupes ont en commun d'être fondés sur une relation privilégiée à un savoir scientifique, technique ou symbolique. Ils sont cependant différenciâmes en ce sens que le degré de contrôle sur les connaissances varie d’un groupe à l'autre. Nous allons les étudier rapidement l'un après l'autre.

L'enseignant est dans un rapport aux autres professions intellectuelles qui n'est pas sans affinité avec celui du professionnel en regard des autres occupations retenues autour de l'axe de la détention du pouvoir. Dans ce cas, ce n'est pas la corporation qui joue ce rôle, mais la syndicalisation ; les enseignants constituent à cet égard une occupation très homogène fortement syndiquée et cette caractéristique expliquerait non seulement le niveau élevé du revenu moyen, mais également un taux de précarité plus faible, de même qu’une discrimination moins sévère exercée à l'endroit des femmes dans la profession.

Les artistes, quant à eux, constituent également un groupe de base. Ce sont toutefois ceux qui, dans l'ensemble, sont les plus pénalisés en tant que travailleurs intellectuels dans notre système social. Avec un savoir qui n'est pas capitalisé, sauf pour l’infime minorité des vedettes, avec un pouvoir direct à peu près nul, même si leur influence charismatique peut être parfois importante, les artistes rassemblent les plus mal rémunérés et les plus précaires de tous les travailleurs intellectuels — à part le clergé que nous étudions ci-après. Le revenu moyen des artistes se situe au niveau du revenu moyen des ouvriers chez les hommes. Si, chez les femmes, le revenu moyen des artistes est à tout le moins supérieur à la moyenne des revenus féminins, leur précarité par contre, à 68, 2 pour cent pour toutes les artistes est une des plus sévères qui soit, comparable à [191] celle des vendeuses ou des ouvrières.

Quant au clergé, qui forme également un groupe de base, c'est à la protection institutionnelle des églises qu'on peut imputer un revenu moyen qui est le plus faible de toute la structure socio-professionnelle proposée. Il faut voir également que ses membres sont soumis à une hiérarchie de pouvoir qui est indépendante de celle du pouvoir civil, et que les modes d'accession et dé-circulation du savoir sont quelque peu différents de ceux qui ont cours ailleurs.

La distinction entre spécialistes et techniciens, enfin, a été reprise telle quelle, ou presque, des groupes correspondants de la CCDP. La ligne de démarcation entre les deux groupes passe par la relation au savoir, même si, dans bien des cas, vient s'y surimposer un rapport hiérarchique : les spécialistes dans les laboratoires, centre de recherches, pompes à idées « think-tanks » tiennent généralement leur niveau élevé de rémunération et de stabilité professionnelle grâce au fait qu’ils exercent un pouvoir sur des techniciens, comme c'est le cas pour la différence entre l'analyste des systèmes et le programmeur. Le spécialiste est un travailleur intellectuel de haut calibre, alors que le technicien ne détient qu'un savoir parcellisé. Dans bien des cas, les tâches du technicien se limitent à la répétition d'un ensemble de gestes physiques précis tandis que tout contrôle sur son processus de travail lui échappe complètement.

Avec ces neuf groupes, nous avons cerné ceux que nous pouvons appeler les travailleurs intellectuels, même si le rapport au savoir peut s'avérer minimal chez les surveillants, les contremaîtres et les techniciens.

Les sept groupes suivants rassemblent ceux que nous identifions comme les travailleurs manuels ; le dernier, l'armée, la police et les pompiers constituent un groupe à part dont nous traiterons en toute fin. Tous les travailleurs manuels sont dans une situation subordonnée à la fois par rapport au pouvoir et par rapport au savoir. En d'autres termes, non seulement sont-ils de simples exécutants, mais également leur savoir propre, là où il existait et là où il subsiste, est approprié à des fins de contrôle social et technique.

C'est peut-être une des démonstrations les plus éclairantes faites par Harry Braverman que celle qui a consisté à montrer comment, dans la foulée des recherches de Frédéric W. Taylor, la science du management ou de la gestion s'est développée comme un vaste processus d’appropriation de savoir ouvrier qui a ensuite été reformulé dans des normes de production, des règles de surveillance et de contrôle du processus de travail. Aujourd'hui, la parcellisation et l'« émiettement » caractérisent la logique de la croissance économique (Friedmann, 1964). Il s'ensuit alors un phénomène d'accroissement du poids du travail manuel dans la société dont nos manipulations rendent compte (Brunelle, 1975 ; Brunelle et Drouilly, 1985), alors que ce processus est complètement occulté dans les travaux canadiens sur le sujet (Ostry, 1967 ; Pineo, et al. 1977).

En effet, si l'on s'en tient aux données du Recensement de 1981, les travailleurs [192] manuels tels que définis comptent pour 67 pour cent de la main-d'œuvre active masculine et pour 73 pour cent des emplois féminins au Canada. Pourtant, malgré ce facteur d'homogénéisation que constitue le double phénomène de la soumission au pouvoir et de la nature essentiellement physique de la prestation de travail — il faut voir que la notion de travail manuel doit être entendue dans un sens générique et non plus littéral — malgré ces facteurs donc, il est essentiel de maintenir des distinctions entre les grands groupes d'occupations manuelles.

La première, et celle qui implique le plus grand nombre de travailleurs, c’est la distinction entre employés et ouvriers qui ont été tous deux inclus dans le travail manuel ou physique essentiellement parce que la différence entre les deux groupes tend à s'effacer de plus en plus, de sorte l'« on constate en effet que, dans le secteur salarié du commerce (...), la structure de l'emploi se confond de plus en plus avec celle en vigueur dans l'industrie » (Baudelot, et al., 1974 : 121-122). Le phénomène se produit également dans la production des services. Sans nous étendre sur une démonstration qui est désormais bien documentée, on peut retenir comme un indicateur de cette parenté le fait que des méthodes de gestion utilisées au départ dans l’industrie, ont été par la suite mises en application aussi bien dans les banques, les magasins à rayons, les compagnies d'assurances, les hôpitaux et toutes les bureaucraties (Braverman, 1974).

Le résultat premier de ceci c'est que certaines occupations autrefois couplées à la gérance, celle de secrétaire, ou qui impliquaient auparavant un savoir spécialisé, celle de téléphoniste, sont dorénavant des occupations manuelle déqualifiées. Il n'est donc plus tenable dans les circonstances de faire de ce que l'on appelle parfois la distinction entre cols blancs et cols bleus une distinction de base ; si nous avons quand même conservé dans notre structure la distinction entre production des services et des marchandises, c’est parce que la démarcation est essentielle en économie d'une part, mais surtout parce qu’elle permet d'illustrer cette homologie entre les deux secteurs dont il vient d'être question. Nous pouvons ainsi mettre en lumière deux lignes hiérarchiques parallèles : la première qui descend depuis le surveillant, le vendeur, l’employé chez les hommes, la surveillante, l'employée et la vendeuse chez les femmes dans le secteur des services ; la seconde, qui s’échelonne depuis le contremaître, le contrôleur, l'ouvrier, le manœuvre, l'agriculteur et l'ouvrier agricole pour les hommes et les femmes dans le secteur de la production des marchandises ou des produits.

Cette structuration reflète alors aussi bien des facteurs d’appartenance que des éléments spécifiques qui permettent de rendre compte d'une hiérarchie des salaires et de précarité, comme nous l'avons illustré au tableau III.

Ajoutons que cette distinction entre cols blancs et cols bleus, ou encore entre la production de services et celle des marchandises, tend à recouvrir la division sexuelle : comme le montrent les données du tableau III, les effectifs masculins et féminins des groupes d'employés et d'ouvriers sont parfaitement symétriques. Il y a presque autant d'employées que d'ouvriers au Canada, et presque autant d’ouvrières que d'employés, environ 80% des cols bleus étant des hommes et [193] 80% des cols blancs étant des femmes. Cela nous inciterait à parler plutôt de cols roses et de cols bleus comme le fait Francine Descarries-Bélanger.

Notons, en terminant, que nous avons isolé de notre grille les groupes « armée, police et pompiers » qui rassemblent ceux qui sont engagés dans la protection des individus et des patrimoines. La raison n'en est pas que ces professions échapperaient à la hiérarchisation ou à l'émiettement que connaissent les autres puisque tel n'est pas le cas. Elle tiendrait plutôt à des raisons historiques d'une part, à la survivance d'une identification très précise d'autre part. Quelle qu'ait été l'importance des bouleversements institués, — après tout la gestion par programme a été mise au point dans les armées — l'armée, la police et les pompiers forment trois corps aux fonctions précises qui ne se dissolvent pas dans les autres. D'ailleurs, dans la mesure où il y a une structure sociale, il n’est pas inutile de relever que des corps sociaux sont spécifiquement engagés dans la protection et la sauvegarde de cette structure et de son patrimoine. En isolant ces trois professions nous sommes en mesure de saisir en quoi, malgré l'instauration d'un rapport de pouvoir s'exerçant directement depuis la direction jusque sur les employés, ouvriers et manœuvres, cette structure s'appuie également sur une protection « extérieure » représentée par ces trois corps de métiers. D'ailleurs, cette protection est rétribuée en conséquence puisque ce groupe dispose d’un revenu moyen supérieur à celui des employés et des ouvriers, ainsi que d'une stabilité d'emploi parmi les plus élevées, après les directeurs, les enseignants et les surveillants.

Conclusion

En soumettant les nomenclatures de CCDP et celles construites dans la foulée des travaux de Blishen, à une évaluation critique, nous avons contribué à jeter les bases d'une structure socio-professionnelle (Cf. annexe).

Pourquoi une structure ? Essentiellement parce que, avec l'universalisation du salariat, la prestation de travail s'insère désormais dans une relation de pouvoir qui est étroitement liée à l'acquisition et à la spécialisation des connaissances. Il importe donc que l'instrument servant à classer les emplois reflète d'une manière ou de l'autre, la position occupée dans une société fortement hiérarchisée. En ce sens, ce n’est pas le prestige dont est couvert une occupation qui détermine le niveau de la rémunération ou l'avantage de la stabilité d’emploi mais ces indicateurs sont au contraire le reflet de la place occupée dans l'échelle sociale.

Au demeurant, nous croyons que la grille proposée comporte cet avantage majeur d'être plus simple à manipuler et à utiliser tout en rendant compte de manière plus transparente de la position de chacun et de chacune dans la hiérarchie sociale et de la fonction qu’il occupe dans la division sociale du travail.

[194]

TABLEAU l
Structure socio-professionnelle selon la grille de Pineo.
Porter et Mc Roberts appliquée au recensement du Canada de 1981.

Professions

Nombre de groupes
de base

Effectifs

Effectifs

Revenu moyen *

Stabilité *

H

%

F

%

H

F

H

F

Haute direction

9

34 9855

4.9

88 855

1 .8

32 841

18 139

83.6

60.2

Direction

25

323 290

4.5

136 165

2.7

26 537

17 181

78.0

59.3

Professionnels à leur compte

5

83 170

1.2

14 520

.3

47 601

30 131

63.2

46.5

Professionnels salariés

41

525 230

7.4

364 105

7.2

27 431

20 341

78.3

59.2

Semi-professionnels

42

273 315

3.8

433 480

8.6

22 842

17 475

60.4

37.3

Techniciens

23

146 245

2.0

78 505

1.6

21 888

15 378

64.4

47.6

Surveillants

16

219 225

3.1

161 590

3.2

20 192

13 487

77.8

60.4

Employés qualifiés

17

310 605

4.4

920 795

18.3

22 428

13 037

69.5

51.5

Employés semi-qualifiés

32

617 445

8.6

1 443 915

28.7

16 272

10 869

51 .5

30.2

Employés non-qualifiés

16

154 035

2.2

393 885

7.8

17 340

11 841

52.7

34.2

Contremaîtres

37

354 020

5.0

17 070

.3

23 284

13 645

70.0

59.5

Ouvriers qualifiés

69

1 212 120

17.0

59 985

1.4

19 923

12 523

55.2

41.1

Ouvriers semi-qualifiés

96

947 705

13.3

371 970

7.4

17 692

10 499

47.7

35.6

Manœuvre

72

1 220 845

17.1

421 640

8.4

16 492

10 288

40.9

26.8

Agriculteurs

4

230 145

3.2

25 930

.5

13 517

7 119

75.5

45.3

Ouvriers agricoles

6

171 555

2.4

91 255

1.8

11 838

7 660

28.3

22.7

TOTAL/NOYENNE

510

7 138 805

100%

503 3715

100%

21 486

13 634

58.0

40.0

Sources : P.C. Pineo, J. Porter, H.A. Mc Robert (1977), données et notes (*) (**), voir Tableau II.

[195]

TABLEAU II
Structure socio-professionnelle selon la CCDP. Canada 1981

No

Professions

Nombre de groupes
de base

Effectifs

Effectifs

Revenu moyen *

Stabilité *

H

%

F

%

H

F

H
%

F
%

11

directeurs

33

796 905

11.2

263 290

5.3

29 238

17 471

81.

63

21

Sc. naturelles, génie, maths.

33

345 135

4.8

56 145

1.1

26 365

18 099

70.

51

23

Se. sociales

16

93 180

1.3

108 193

2.1

30 705

17 555

63.

39

25

Religion

3

24 715

.3

8 890

.2

12 719

12 252

71.

47

27

Enseignement

11

204 700

2.9

319 540

6.3

26 959

20 776

78.

52

31

Médecine et santé

25

119 005

1.7

427 720

8.5

34 284

16 647

53.

40

33

Domaines artistique et littéraire

22

103 620

1.5

73 630

1.5

19 818

15 219

46.

30

41

Travail de bureau

36

505 380

7.1

1 314 300

36.0

17 495

12 553

59.

45

51

Commerce

19

618 175

8.7

481 625

9.6

20 833

11 752

63.

30

61

Services

32

686 855

9.6

813 005

16.2

17 168

9 524

50.

24

71

Agriculture

10

379 405

5.3

112 455

2.2

13 046

7 408

54.

27

73

Pèche

4

43 465

.6

2 870

.1

15 707

7 595

8.

4

75

Forêt

7

81 640

1.1

5 420

.1

21 346

15 582

20.

4

77

Mines, carrières, puits de pétrole

7

76 650

1.1

1 260

.0

24 038

17 791

48.

28

81

Industrie de transformation

76

377 850

5.3

113 580

2.3

18 888

11 659

56.

30

83

Usinage

30

289 675

4.1

20 785

.4

19 176

11 713

57.

44

85

Fabrication, montage, réparation

60

715 425

10.0

238 670

4.7

18 430

10 394

61.

40

87

Bâtiment

27

779 365

10.9

15 640

.3

20 569

15 180

39.

31

91

Transport

23

442 240

6.2

30 755

.6

19 759

13 058

53.

24

93

Manutention

3

196 535

2.8

60 985

1.2

17 992

11 280

45.

35

95

Conduite de machines

19

115 400

1.6

31 455

.6

20 948

12 206

71.

44

99

Travailleurs non classés ailleurs

9

138 435

1 .9

28 300

.6

16 278

11 079

39.

29

Total/Moyenne

510

7 138 805

100%

5 033 715

100%

21 486

13 634

58.0

40

Source: Statistique Canada, Recensement du Canada de 1981. Cal. 92-930

* Revenu moyen: revenu moyen pondéré par les effectifs des travailleurs à plein temps toute l’année (définition de Statistique Canada).

** Stabilité: Pourcentage de travailleurs à temps plein toute l'année, c'est-à-dire de 49 à 52 semaines, surtout à plein temps (définition de Statistique Canada).

[196]

Tableau III
Structure socio-professionnelle construite à partir des rapports
au pouvoir et au savoir. Canada. 1981

Professions

Nombre
de groupes
de base

Effectifs

Effectifs

Revenu moyen *

Stabilité

H

%

F

%

H

F

H

F

Directeurs

30

651930

9.1

210190

4.2

30078

17558

82.0

62.

Professionnels

28

342905

4.8

92460

1 .8

32936

19629

74.1

58.

Spécialistes

13

92890

1.3

46935

.9

26296

18980

72.9

52.

Techniciens

35

231245

3.2

424125

8.4

21788

16859

60.5

40.

Enseignants

11

204700

2.9

319540

6.3

26959

20776

78.6

52.

Artistes

19

96785

1.4

70005

1.4

19953

15248

51 .0

31 .

Clergé

3

24715

.3

8890

.2

12719

12252

71 .6

47.

Surveillants

15

205390

2.9

151570

3.0

20675

13559

78.3

60.

Employés

52

669985

9.4

2369955

47.1

16235

11942

51.1

39.

Vendeurs

10

451685

6.3

416825

e.3

21158

11551

63.4

28.

Contremaîtres

33

367655

5.2

22680

.5

23112

13431

70.1

59.

Contrôleurs

22

63335

.9

28030

.6

20148

12285

62.9

45.

Ouvriers

187

2749955

38.5

640360

12.7

18264

10614

49.1

32.

Manœuvres

31

427940

6.0

101905

2.0

15918

10270

32.7

25.

Agriculteurs

5

238000

3.3

27235

.5

13619

7271

75.1

45.

Ouvriers agricoles

6

171555

2.4

91255

1.8

11838

7660

28.3

22.

Armée/Police/Pompiers

5

148135

2.1

11775

.2

22735

15850

77.3

49.

Total / Moyenne

510

7138805

100X

5033715

100X

21486

1 3634

58.0

40.

Source et notes (*) (**), voir Tableau II

[197]

Note : Nous nous sommes servis, pour construire les tableaux 1, 2 et 3 de la publication 92-930 du Recensement du Canada de 1981 donnant la structure professionnelle suivant les groupes de base de la population active ayant travaillé en 1980. Les données concernant les effectifs totaux, les revenus et les effectifs des travailleurs à plein temps toute l'année (49-52 semaines à plein temps), ont été informatisées, avec leur code CCDP, un code Pineo-Porter-McRoberts (1977) et un code de grille proposée. Ces données ont été réaggrégées par ordinateur suivant ces trois classifications, les revenus moyens étant calculés comme moyenne pondérée par les effectifs des travailleurs à temps plein toute l'année. Nous n'avons pas compilé les assignations faites par Statistique Canada des catégories « non déclarées » aux sous-groupes de professions ; on trouvera donc dans le tableau 1 de légères différences avec les données fournies par Statistique Canada au niveau des grands-groupes et du total. On trouvera en annexe la liste détaillée de groupes de base constituant la grille proposée.

[198]

ANNEXE :

GROUPES DE BASE DE LA CCDP
CONSTITUANT LA CLASSIFICATION UTILISEE
AU TABLEAU III


Directeurs :

1111, 1113, 1115, 1116, 1119. 1130, 1131, 1132, 1133, 1134, 1135, 1136, 1137, 1141, 1154, 1155, 1156, 1157, 1158, 1174, 1175, 1176, 1179

Professionnels :

1171, 1173, 2141, 2142, 2143, 2144, 2145, 2146, 2147, 2151. 2153, 2154, 2155, 2156, 2157, 2159, 2315, 2341, 2343. 2349, 3111, 3113, 3115, 3117, 3119, 3151, 3152, 3153

Spécialistes :

2111, 2112, 2113, 2114, 2131, 2133, 2181, 2183, 2311, 2313, 2319, 2350, 2351

Techniciens :

2117, 2119, 2135, 2139, 2161, 2163, 2164, 2165, 2169, 2189, 2331, 2333, 2339, 2353, 2359, 2391, 2399, 3130, 3131, 3132, 3134, 3136, 3137, 3138, 3154, 3155, 3156, 3157, 3158, 3161, 3162, 3169. 9111, 9113, 9151

Enseignants :

2711, 2719, 2731, 2733, 2739, 2791, 2792, 2793, 2795. 2797, 2799


Artistes :

3311, 3313, 3314, 3315, 3319, 3330, 3331, 3332, 3333, 3334, 3335, 3337, 3339, 3351, 3355, 3359, 3360, 3370, 3373

Clergé :

2511, 2513, 2519

[199]

Surveillants:

2160, 4110, 4130, 4140, 4150, 4160, 4170, 4190, 5130, 5170, 5190, 6120, 6130, 9110, 9550

Employés:

3135, 3139, 3371, 4111, 4113, 4131, 4133, 4135, 4137, 4139, 4141, 4143, 4151, 4153, 4155, 4157, 4159, 4161, 4169, 4171, 4172, 4173, 4175, 4177, 4179, 4191, 4192, 4193, 4194, 4195, 4197, 4199, 5149, 5179, 5199, 6121, 6123, 6125, 6129, 6141, 6142, 6143, 6144, 6145, 6147, 6149, 9119, 9551, 9553, 9555, 9557, 9559

Vendeurs:

5131, 5133, 5135, 5141, 5171, 5172, 5173, 5174, 5177, 5191

Contremaîtres :

6160, 6190, 7311, 7510, 7710, 8110, 8130, 8150, 8160, 8210, 8230, 8250, 8260, 8290, 8310, 8330, 8350, 8370, 8390, 8510, 8530, 8540, 8550, 8570, 8580, 8590, 8710, 8730, 8780, 9130, 9153, 9170, 9190, 9310, 9510, 9530, 9590, 8910,

Contrôleurs, vérificateurs etc.:

8116, 8146, 8156, 8176, 8226, 8236, 8256, 8276, 8296, 8316, 8336, 8376, 8526, 8536, 8546, 8566, 8576, 8586, 8596, 8736, 8796, 9916

Ouvriers:

3375, 3379, 5143, 5145, 5193, 6115, 6119, 6133, 6135, 6139, 6162, 6165, 6169, 6191, 6193, 7313, 7315, 7319, 7511, 7513, 7516, 7517, 7519, 7711, 7713, 7715, 7717, 7719, 8111, 8113, 8115, 8119, 8131, 8133, 8135, 8137, 8141, 8143, 8149, 8151, 8153, 8155, 8159, 8161, 8163, 8165, 8167, 8171, 8173, 8179, 8211, 8213, 8215, 8217, 8221, 8223, 8225, 8227, 8229, 8231, 8233, 8235, 8239, 8251, 8253, 8259, 8261, 8263, 8265, 8267, 8271, 8273, 8275, 8279, 8293, 8295, 8299, 8311, [200] 8313, 8315, 8319, 8331, 8333, 8334, 8335, 8337, 8339, 8351, 8353, 8355, 8357, 8359, 8371, 8373, 8379, 8391, 8393, 8395, 8399, 8511, 8513, 8515, 8523, 8525, 8527, 8529, 8531, 8533, 8534, 8535, 8537, 3539, 8541, 8549, 8551, 8553, 8555, 8557, 8561, 8562, 8563, 8569, 8571, 8573, 8575, 8579, 8581, 8582, 8583, 8584, 8585, 8587, 8588, 8589, 8591, 8592, 8593, 8595, 8599, 8711, 8713, 8715, 8719, 8731, 8733, 8735, 8739, 8781, 8782, 8783, 8784, 8785, 8786, 8787, 8791, 8793, 8795, 8799, 9131, 9133, 9135, 9139, 9155, 9157, 9159, 9171, 9173, 9175, 9179, 9191, 9193, 9199, 9311, 9313, 9314, 9315, 9317, 9319, 9511, 9512, 9514, 9515, 9517, 9519, 9531, 9539, 9591

Manœuvres :

6198, 6199, 7518, 7718, 8118, 8148, 8158, 8178, 8228, 8238, 8258, 8278, 8298, 8528, 8538, 8548, 8568, 8578, 8598, 8718, 8738, 8796, 9318, 9518, 9919, 9921, 9922, 9923, 9924, 9925, 9926,

Agriculteurs:

1146, 7113, 7115, 7119, 7180

Ouvriers agricoles:

7183, 7185, 7195, 7196, 7197, 7199,

Armée/Police/Pompiers :

6111, 6112, 6113, 6116, 6117.

[201]

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* Les auteurs remercient Francine Descarries-Bélanger et Vincent van Schendel de leurs commentaires et remarques.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 25 avril 2022 7:42
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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