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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Révisionnisme, japonisme, culturalisme. Comment expliquer le succès économique japonais? (1990)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Bernard Bernier, “Révisionnisme, japonisme, culturalisme. Comment expliquer le succès économique japonais?” Un article publié dans la revue Anthropologie et Sociétés, vol. 14 no 3, 1990, pp. 21-43. Numéro intitulé : “Le Japon. Culture de l’économie. Économie de la culture”. Québec: Département d'anthropologie, Université Laval. [Autorisation accordée par l'auteur le 16 novembre 2005.]

Introduction

Il y a une dizaine d'années, plusieurs auteurs, que leurs opposants ont appelés les « révisionnistes », ont proposé une nouvelle explication du succès économique japonais de l'après-guerre. Américains pour la plupart, ils se sont inspirés d'un livre de Chalmers Johnson (1982) traitant du rôle du ministère de l'Industrie et du Commerce international (MITI) du Japon dans le « miracle » japonais. Les révisionnistes rejettent plusieurs formes d'explications antérieures. Dans les termes de Johnson lui-même, « les analystes se rendent compte du fait que le dynamisme économique du Japon et de ses émules en Asie de l'Est ne peut s'expliquer par des facteurs temporaires ou contingents ni comme le résultat de la culture, mais doit être analysé en lui-même et traité comme le résultat d'une stratégie » [1] (Johnson 1989 : 1). Un autre auteur de la même tendance affirme ce qui suit :

 

La littérature « révisionniste » essaie d'expliquer les causes de la force économique du Japon sans référence à ces qualités mystérieuses si chères à la littérature du courant nihonjinron [2]. Elle s'intéresse plutôt aux arrangements politiques, aux relations spéciales entre les institutions gouvernementales, économiques et sociales qui créent les conditions d'une performance économique optimale.
 
van Wolferen 1990 : 1.

 

Les révisionnistes « se méfient des explications qui font référence à la notion vague de culture » (ibid. : 2). Comme l'écrit Johnson :

 

Il est sans doute probable que les valeurs fondamentales des Japonais soient différentes de celles de l'Occident. mais c'est une question qu'il faut étudier et non pas un postulat de départ. On ne devrait recourir aux valeurs fondamentales pour expliquer le comportement social qu'en dernière instance, c'est-à-dire pour les résidus de comportement qui ne peuvent être expliqués de façon plus économique.
 
Johnson 1982 : 8-9

 

Les révisionnistes ne voient donc pas le succès japonais comme dû à la culture ou aux facteurs économiques (voir plus bas), mais comme l'effet d'une stratégie (la politique industrielle du MITI) fondée sur une configuration institutionnelle particulière, différente de celle de l'Occident. Ils ajoutent à cela un jugement de valeur : les institutions et la stratégie japonaises ne respectent pas les usages internationaux. Il faut donc soit les faire changer, soit adopter une stratégie américaine qui permette d'en contrer les effets. 

La position de ces auteurs n'aurait pas fait autant de bruit si elle était demeurée une option d'universitaires ou une opinion de journalistes. Mais elle est devenue la base de la politique commerciale du gouvernement américain envers le Japon. En effet, comme le montre le numéro du 7 août 1989 de la revue Business Week, intitulé « Rethinking Japan », les arguments des révisionnistes sont maintenant utilisés par plusieurs membres de l'administration Bush, y compris le Secrétaire d'État aux affaires étrangères, James Baker, et la représentante au commerce, Carla Hills. C'est cet impact sur les politiques qui rend nécessaire un examen plus approfondi des positions révisionnistes. 

Le propos de cet article est de procéder à un examen critique de l'analyse révisionniste des tensions commerciales actuelles entre les États-Unis et le Japon et des postulats théoriques qui la sous-tendent (en particulier la conception du social et de la causalité entre ses éléments), puis, sur la base d'écrits d'autres auteurs, de proposer quelques balises pour une explication plus complexe du succès économique japonais depuis 1945. 


[1] Toutes les citations sont traduites de l'anglais par l'auteur de cet article.

[2] Le terme nihonjinron, littéralement « discours sur les Japonais », s'applique à un ensemble de textes, produits surtout par des auteurs japonais, qui insistent sur le caractère unique du Japon et de la culture japonaise. Il recouvre toutefois diverses acceptions, selon les auteurs qui l'utilisent. Par exemple, il est bien clair que, pour Johnson et van Wolferen, toute référence à la culture dans l'examen du succès économique japonais signifie qu'un texte fait partie de la tendance « japoniste ». Pour d'autres auteurs, les écrits de cette tendance sont seulement ceux qui veulent prouver la supériorité de cette culture japonaise unique.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 20 août 2007 18:17
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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