RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Le « SD » en France. (III)
Interrogatoires du responsable des BDS de Paris, Helmut Knochen,
et documents complémentaires
. (mai2024)
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Michel BERGÈS, Le « SD » en France. (III) Interrogatoires du responsable des BDS de Paris, Helmut Knochen, et documents complémentaires. Chicoutimi, Québec : Les classiques des sciences sociales, mai 2024, 609 pp. [L’auteur nous a accordé, le 24 avril 2024, l’autorisation de diffuser en libre accès à tous ce livre inédit dans Les Classiques des sciences sociales.]

Présentation des sources


Par Michel Bergès

Pr. de Science politique
Université de Bordeaux

– I –

Peut-on faire l’impasse des relations entre sciences humaines et justice sur des questions de « crimes contre l’Humanité » ? En France, notamment, une abondante littérature a confronté  sur ce thème histoire, psychologie, sociologie, philosophie, savoirs juridiques, positions politico-médiatiques, militantisme de la mémoire … : des bouteilles jetées dans l’océan du Temps, mais aussi des alertes de vigilance pour chaque génération.

À l’ombre de ces débats et pour des lecteurs du « futur », il ne semble donc pas inutile d’extraire des bribes de « discours » de criminels issus de l’appareil nazi lors de leur confrontation avec la justice française dès 1945. Chaque « présent » – à la fois passé et futur –, nous interroge en effet sur un ton objectif – les crimes et leurs jugements –, et subjectif – des faits de représentation, des « paroles », et toutes ces sortes de choses que sont la ruse, le mensonge, la vérité aussi, même cachée ou au second degré. Il nous restera pour longtemps encore à approfondir des processus de décision ayant entraîné la mort de millions d’êtres lors de la Seconde Guerre mondiale, tant qu’il en subsiste des traces sur le papier et dans les cœurs. Une méthode phénoménologique donnant la parole aux contemporains peut compléter ainsi la méthode critique qui anime depuis longtemps les sciences humaines autour de l’Histoire.

Le choix des trois volumes présentés est parti d’un constat : l’historiographie « locale » pour les années 1940-1944 a par trop atténué la présence des forces d’occupation contre la France. Au hasard : tel colloque sur « l’épuration » après 1945 a oublié dans ses références les noms d’Oberg, de Knochen et d’Hagen, suivant un protocole bien « franco-français », non sans risque de rejeux extra-scientifiques [1]. Alors qu’il s’agissait de dossiers souvent liés entre eux.

Sans épuiser les problèmes sous-jacents à leur contenu, en s’efforçant de ne point mêler les victimes et leurs bourreaux, hors de toute confusion anachronique comme de toute relativisation historienne du nazisme [2], les trois volumes documentaires correspondent ici aux trois policiers nazis précités. De l’été 1940 ou du printemps 1942 à l’été 1944, ceux-ci ont assumé leur pouvoir avec d’autres administrations en leur responsabilité individuelle, mais encore en tant que « terminaux » actionnés depuis Berlin par une sorte de labyrinthe et de « pieuvre » aux circuits parallèles, parfois conflictuels mais soumis servilement à Hitler – décrite par Knochen dans le volume III. Comme dans tous les États envahis par le Reich, ayant perpétré avec la Wehrmacht prises d’otages, fusillades après ou sans jugement, mais encore acharnés à réaliser le processus de destruction massive des Juifs d’Europe, couverts par les secrets à tête de mort d’un Sd et de Ss porteurs de mythes conquérants, ils ont à leur façon contribué à humilier et à souiller la partie de la France qui se soumit à eux.

Si, à travers le fog politique de la Libération, la justice et la police ont pu se saisir des cas de Oberg et Knochen – celles allemandes n’ayant poursuivi Hagen qu’en 1980 lors des procès de Cologne –, comment ont-elles abordé un tel « système criminel » ? Y a-t-il eu des hiatus, des impossibilités, des « incompétences » – mot prononcé contre certains juges ou tribunaux ? En tout cas, au moins dans le dossier contre Knochen, la répression antijuive a été informée, mais sans liaisons avec ceux contre Pétain, Laval, de Brinon, Bousquet … Cela, surtout à cause de décalages calendaires et de modes de traitement séparés au cas par cas – « in rem et in personna ». La question reste ouverte !

La lecture des interrogatoires concernés permet d’y voir un peu plus clair. Mais la nature des actes de guerre en question fut telle, que le droit international dut élaborer en plein conflit un concept inédit – les « crimes contre l’Humanité » –, discuté et assorti de l’exigence d’une « reddition sans condition » de l’Allemagne décidée entre les Alliés à la Conférence de Casablanca des 14-24 janvier 1943. Comment magistrats et enquêteurs français, militaires et civils, se positionnèrent-ils en rapport ? Ce concept ne convenait-il pas pourtant à une théorisation et des pratiques nazies niant l’ensemble du Droit romain pour le remplacer par un alterdroit à fondement raciste et vengeur – donc collectif –, méprisant tout respect des personnes et des biens dans un Monde sacrifié aux « Dieux germaniques » de la Guerre ?

On sait qu’au risque d’une banalisation, cette nouvelle qualification juridique fut ex post étendue à des phénomènes plus ou moins comparables du passé. Actes que dans leur hantise du « Mal » (sic) n’ont pas manqué de mettre en parallèle avec le nazisme maints essayistes [3]. Ont ainsi été mêlés (avec pour constat des millions de morts, il est vrai) des crimes de masses et des formes de domination fondées sur la terreur et un imperium idéologique pour tenter d’expliquer transitions ou révolutions sociales diverses – jusqu’à intégrer l’Inquisition catholique.

Valorisant modestement des sources « brutes » (en partie …), archivons plutôt ici quelques « discours » reconstruits après coup émanant de trois officiers d’Hitler, qui illustrent une des formes de criminalisation de la politique ainsi que les façons de la dissimuler :

  • le Général Ss Karl Oberg, désigné à son poste à Paris en mai 1942 par le chef de la Ss Himmler, déplacé de Random dans le gouvernement de Pologne pour engager une politique d’occupation impitoyable à l’instar de celle déployée à l’Est (Volume I) ;

  • son directeur de Cabinet et chef d’état-major personnel (son « Referent » et traducteur), Herbert Hagen, ex-chef du Kommando Sipo-Sd  à Bordeaux de juillet 1940 à mai 1942 (Volume II), qui, après son détachement à Paris achèvera son parcours en Autriche en 1944 (à Salzbourg) ;

  • Helmut Knochen, lieutenant-colonel, promu colonel Ss-Sd en mai 1942, nommé par Heydrich dès juin 1940 à la tête du Bureau de la Police de Sûreté et de Sécurité à Paris, le Bds [4], dans le but d’implanter et d’impulser des Kommandos de province servant de relais aux instances de Berlin. Inséparable des précédents et de leur équipe, c’est Knochen qui se révèle dans ce Volume III.

Si les documents présentés se complètent ainsi, ils sont loin de couvrir l’ensemble concerné. D’autres témoignages et traces d’eux, d’autres dossiers afférents (allemands notamment) les compléteraient utilement. Or, ce type d’archives n’a pas fait souvent l’objet de publications regroupées, et mérite mieux que des compilations partielles aux détours de notes, de conclusions ou de bibliographies, simple décor de thèmes éditoriaux plus ou moins pertinents.

Au-delà de leurs intérêts de subalternes, Oberg, Knochen, Hagen, arrêtés et emprisonnés, ont dû s’expliquer. Dans leurs aveux sélectifs, deux d’entre eux n’ont jamais prononcé le mot de « juif » – sauf Knochen en partie, sur interpellation. Sans remords, sans empathie pour leurs victimes (pas un mot sur le sort réservé à celles-ci lors de leurs interrogatoires !), pour ne point compromettre un système de défense soufflé par leurs avocats, leurs échanges en prison ou en procès furent bien connivents. Pourtant, des vérités en surgissent, plus ou moins repérables.

Ayant arraisonné par étapes toutes les administrations et polices du pays, Sd et Ss sous leur direction déployèrent un jeu d’acteurs pervers avec des gouvernats de « Vichy », dont leur Ambassade pilotait composition et orientations, tous les fonctionnaires français se trouvant fichés et surveillés pendant quatre ans. Les interrogatoires serrés de Knochen par le policier résistant Marc Bergé, des Renseignements généraux, montre que dès la venue d’Heydrich à Paris du 5 au 11 mai 1942, la collaboration policière fut totale bien avant le « gentlemen’s agreement » (sic) signé avec Oberg pour toutes les formes de répression. Taraudée par la faisabilité des ordres d’un Rsha fort de ses kommandos spéciaux, la triade se soumit à la polyarchie nazie, au-delà des rebuffades de forces italiennes hostiles dans leur ressort à réprimer les Juifs, à l’inverse du Vichy de Laval. Aussi essuya-t-elle protestations à blanc, réticences autour de Pétain, cela pour être obéi – quitte à remplacer les hésitants par des truchements ad hoc, tels Darlan et sa Milice ou Henriot et ses aboiements.

À la lecture de son interrogatoire, on apprend qu’« autour du 15 juillet 1942 » – le soir de « la rafle du Vel’d’Hiv’ » ! – Oberg invita à un dîner fin à son domicile, Laval et Bousquet, Hagen servant d’interprète. Il en résume les propos. Et souvent, « on » sabla ensemble le champagne. S’ensuivirent banquets, toasts, « finasseries », ambiance de « camaraderie » et d’amitié (sic), ainsi qu’une délicieuse visite à Pétain avec Bousquet en solo le 15 avril 1943 [5]. Venu à Paris, empressé de le féliciter de vivo, Himmler accepta de protéger celui-ci en reconnaissance de son zèle, surtout dans « la solution finale du problème juif en France » – le « grand secret » de la Ss ! –, mais aussi, en plus du reste, de son soutien à l’Abwehr et au Sd lors de l’opération Donar contre la Résistance en août 1942, ou de « l’évacuation » du Vieux Port de Marseille les 22-24 janvier 1943. Et dès janvier 1944, un attentat étant pressenti contre Bousquet, le Reichsführer Ss le logea chez le Dr. Stindt, chef de la Gestapo à Paris. Puis, d’un commun accord, Oberg le fit conduire avec sa famille par son chauffeur dans une villa voisine de celle de Hanns Johst, dramaturge ami d’Himmler, sur les bords du romantique Lac Starnberger à Ober-Allmannshausen. Pourtant, dans ses mensonges de défense – hallucinant hiatus judiciaire – Bousquet prétendit avoir été « déporté dans un camp de concentration » – fait scripté dans les archives de la Préfecture de Police… en 1955. Oberg et Knochen témoignent encore que le 20 août 1944, après une mise en scène convenue, furent embarqués dans des voitures en fuite – trophée protégé des vaincus : Laval, Brinon, Déat et consorts, avec un Pétain consentant, flottant tel un bouchon.

Ainsi, depuis les fenêtres glacées d’un « château autre » à Sigmaringen, ou face aux « lauriers du Lac de Constance », le dernier quarteron de la retraite de Vichy put autocontempler son destin [6] …

– II–

Ces réalités rappelées avec le recul nécessaire, quelques précisions s’imposent quant aux extraits documentaires présentés ici. Ceux des volumes I et II sont issus en partie – comme précisé dans leur sommaire respectif – d’archives anciennes ou encore déclassifiées depuis 2020 (mais pas intégralement pour la Dst, consultables en partie [7]). Celles-ci émanent des services de Sécurité militaire et du contre-espionnage français, et surtout des archives judiciaires et policières plus courantes d’accès, les deux pouvant se superposer – choix limité par une masse considérable de milliers de pages et de dizaines de cartons restant à explorer ; longtemps cachés. On en retrouve les repères dans les catalogues du Centre historique de la Défense nationale accessibles au compte-gouttes, ou dans ceux des Archives nationales [8].

La source déclassifiée présentée dans le volume III concerne le dossier Knochen complété par celui de Boemelburg – de la Section IV du Bds parisien. Elle reste consultable sous ces deux cotes aux archives de Vincennes (Chdn) :

GR 28 P 9 1362 Knochen et GR 28 P 9 6737 Boemelburg.

L’interrogatoire de Knochen – le plus dense dans la Première Partie – est mieux connu. Cité « par bribes » – rarement d’ailleurs –, il se trouve à la fois dans la série F7 15 337, à compléter par celui d’Oberg (série F7 15 316), en partie encore dans l’énorme dossier d’instruction contre le secrétaire général à la Police de Laval, René Bousquet, ainsi que dans la série 3 W 358 des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine [9].

Cette dernière série est consacrée en son « volume 11 » à des interrogatoires épars et partiels qui ont servi en copie à la coordination des dossiers traités par les magistrats de la Haute Cour de Justice instituée à la Libération. On y trouve, microfilmées comme l’ensemble de ces archives partielles, celles concernant :

  • Otto Abetz (cote 1, ambassadeur du Reich à Paris) ;
  • le dr. Epting (cote 2, directeur de l’Institut allemand de Paris) ;
  • le dr. Feil (cote 3, conseiller de légation à l’Ambassade d’Allemagne à Paris, original, 146 p.) ;
  • le colonel Ss-Sd Helmut Knochen (cote. 4, « note manuscrite de la Commission d'Instruction », « synthèse de l’interrogatoire », « auditions du dr. Knochen du 23 décembre 1946 au 14 janvier 1947 », 127 p.) ;
  • le dr. Michel (cote 5, chef de l’administration militaire allemande, « rapport final sur l’administration militaire allemande en France de 1940 à 1944 », 19 mai 1944, « original allemand et traduction française ») ;
  •  le capitaine Nosek (cote 6, chargé de l’espionnage politique – section VI – au Kds de Paris, qui a fait l’objet d’une publication détachée [10])
  • le général Ss Oberg (cote 7, « d’une audition du 15 janvier 1946 », sic) ;
  • le dr. Rahn (cote 8, conseiller à l’ambassade à Paris, « interrogatoire du 11 août 1945 »).

Personnellement, jai pris connaissance du dossier de Knochen assez tôt lors de recherches universitaires sur l’histoire de la police en France. D’abord, sous la forme d’extraits communiqués en 1983 par le juge Fernand Chapar, retraité de la Cour de cassation. Ce dernier, en contact avec le Service des Crimes de Guerre en 1944-1945 en tant que magistrat, avait été le conseiller juridique de Gaston Cusin, commissaire de la République pour la région de Bordeaux d’octobre 1943 à mai 1945, chargé d’appliquer les règles de droit dans l’épuration de son ressort, suivant les procédures et les consignes précisées à cet effet aux commissaires depuis Londres et Alger [11]. L’interrogatoire complet de Knochen par les Rg, a été déposé aux Archives départementales de la Gironde, où il se trouve consultable.

N’a pour l’instant pas été diffusé non plus dans son intégralité (80 ans après les faits …) ni le dossier d’instruction ni le compte-rendu des débats et des pièces documentaires du « procès Oberg et Knochen » – un des derniers tenus en France le 13 septembre 1954. Cette lacune est compensée ici en seconde partie du volume III par la présentation relevant du domaine public des trente comptes-rendus d’audience rédigés alors par le journaliste Jean-Marc Théolleyre du Monde [12]. Certains extraits de ce procès qui dura un mois se trouvent aussi en partie au Cdjc – Mémorial de la Shoa (cote Cdjc-Lxiv 2. Minutes du procès Oberg-Knochen).

À côté des documents recueillis dès 1943 par le Centre de Documentation juive contemporaine, nous nous trouvons face à des archives cloisonnées d’un État théoriquement « centralisé »  [13], ce qui freine encore leur communicabilité, mais aussi leur intérêt, le temps passant … Cela reste paradoxal à l’ère de la numérisation, comme s’il s’agissait de cadenasser des « secrets », objet impensable pour toute approche historienne, surtout en matière d’étude de la Police …

Notre présentation [14], partielle mais didactique, est complétée par quelques suggestions bibliographiques pour aller plus loin, en toute liberté d’analyse et d’interprétation.



[1] Cité dans la bibliographie infra, cf. l’ouvrage sous la direction de Marc Olivier Baruch, Une Poignée de misérables. L’épuration de la société française après la Seconde Guerre mondiale, Paris, Fayard, col. « Pour une Histoire du XXe siècle », 2003.

Pour saisir les causes intellectuelles et politiques profondes de ce type d’« oublis », on peut compulser le numéro spécial de Vingtième siècle. Revue d’Histoire, d’avril-mars 1985 sur le thème : « Les guerres franco-françaises », sous la direction de Louis Bodin. Avec la participation des historiens Maurice Agulhon, Jean-Pierre Azéma, Jean-Jacques Becker, Serge Berstein, Jerzy W. Borejsza, Bernard Droz, Janine Garrisson, Stanley Hoffmann, Jean-Marie Mayeur, René Rémond, Jean-Pierre Rioux, Sergio Romano, Henry Rousso, Jean Stengers, Charles Tilly et Michel Winock.

[2] Cf. à ce sujet l’article de Saul Friedländer, « Réflexions sur l’historisation du national-socialisme », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 16, octobre-décembre 1987, p. 43-54, sur le site :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_02941759_1987_num_16_1_1922

[3] Cf. dans la bibliographie infra, par exemple les écrits de Norman Cohn, Arno Mayer, Alain Besançon, Jean-Pierre Sironneau, Esther Cohen, Nicole-Nikol Abécassis, Alain Finkielkraut, Georges Benssoussan, Jean-Louis Vullierme …

[4] Knochen fut un temps sous la tutelle depuis Bruxelles et Paris du Dr. Ss-Sd Max Thomas, féal d’Heydrich, un chef du Rsha très « attaché » à la fille de celui-ci. « Bds » : Büro der Sicherheitsdienst und der Sicherheit Polizei).

[5] Les faits sont là bien confirmés par un télégramme de Schleier de l’Ambassade de Paris à Berlin n° 2568 du 23 avril 1943, document retrouvé par Serge Klarsfeld, cité dans Vichy-Auschwitz, t. 2., p. 275. À propos de l’apport considérable à l’historiographie de l’œuvre de ce dernier, cf. bibliographie, infra.

[6] Concernant « Vichy », extrayons des éléments de bibliographie cités infra, l’ouvrage du Marquis d’Argenson, Pétain et le pétinisme (essai de psychologie), Préface du résistant Rémy Roure, Paris, Édition Créator, 1953 – réservé à l’éducation de ses enfants, avant d’être choisi pour publication et encensé par l’historien Lucien Febvre. En libre accès sur le site des Classiques des Sciences sociales : URL.

Quant à l’épisode de Sigmaringen, cf. en bibliographie les ouvrages de Louis Noguères (1956), Jean-Paul Cointet (2003) ; Henri Rousso (2012), Pierre Assouline (2014).

[7] Sur les archives spécifiques de la Dst, désormais consultables au site de Pierrefitte-sur-Seine, après un travail de concertation et de classement par les services du Département de la Justice et de l’Intérieur (Dji) aux Archives nationales, cf. l’article suivant édité le 7 mai 2020 de Lisa Fontaine, chartiste qui a suivi un stage à ce sujet : « Les Archives de la Dst aux Archives nationales. L’enjeu très actuel des Archives secrètes de la Seconde Guerre mondiale », en libre accès sur le site suivant dans les Chroniques chartistes :

https://chartes.hypotheses.org/7050

Cf. également l’article des conservatrices du patrimoine au Dji, Marion Veyssière et Violaine Challéat-Fonck, « Dans les archives secrètes de la Seconde Guerre mondiale », numéro spécial, ministère de la Défense, Paris, novembre 2015, consultable sur le site : URL.

Ainsi que l’article suivant : Violaine Challeat-Fonck, Marion Veyssière, « La protection du secret de la défense nationale aux Archives nationales : retour d’expérience sur quatre années de mise en œuvre », La Gazette des archives, n° 254, 2019, p. 207-228.

[8] Cf. les catalogues disponibles sur Internet, principalement utilisés pour celles relevant d’une partie des armées :

SHDGR_INV_28P9_Direction des services de documentation, contenant 12 361 documents de plusieurs pages …

[9] Un repérage complet des cotes éclatées de ces documents est à signaler dans la remarquable thèse (non publiée mais accessive sur Internet) de Thomas Fontaine, Déporter. Politiques de déportation et répression en France occupée (1940-1944), 2013, citée infra. Travail dirigé par Denis Peschanski, soutenue à l’Université Panthéon-Sorbonne le jeudi 28 mars 2013, avec comme membres du Jury les historiens, Claire Andrieu (rapportrice), Julian Jackson, Serge Klarsfeld, Stefan Martens, et Henri Rousso. Il s’agit d’un des rares ouvrages, avec ceux cités aussi infra, de Gilbert Joseph, Annie-Lacroix-Riz et Barbara Lambauer notamment, qui ait exploité les archives des tribunaux militaires concernant les dossiers Oberg, Knochen, Abetz, de Brinon, et alii.

[10] Cf. Roland Nosek, Un Espion nazi à Paris parle, présenté et annoté par Olivier Pigoneau, Paris, Histoire et Collections, col. « La Guerre inconnue », 2014, cité en bibliographie infra.

[11] Gaston Cusin (1903-1993), douanier et Savoyard d’origine, en poste longtemps à Saint-Gingolph à la frontière suisse, il fut notamment l’ami de Jean Moulin (un temps, lui, sous-préfet d’Annecy en 1934). Membre actif du Syndicat des Douanes au ministère des Finances – tendance Léon Jouhaux dans la Fédération des Fonctionnaires dirigée par Charles Laurent et Robert Lacoste ami de Cusin –, il servit amicalement Léon Blum qui le nomma avec l’accord de Vincent Auriol – ministre des Finances d’alors – à la tête du Service de Renseignement des Douanes. À ce poste, avec l’aide de Jean Moulin détaché auprès du ministère de l’Air Pierre Cot (député radical de Savoie), il supervisa la livraison clandestine d’armes à l’Espagne républicaine, puis aux nationalistes chinois face à l’envahisseur japonais. Son poste fut ensuite dissimulé avec l’accord des successeurs de Blum jusqu’en 1940 à la direction de l’Imprimerie nationale, puis à la direction du Bloccus. Repéré par Vichy, arrêté et interné à Compiègne, libéré (sous Darlan), il assuma la supervision des ports en relation avec le ministère des Finances. Il entra dans la Résistance en relation avec le Soe anglais (à Lyon) et les mouvements socialistes de « Libé-Nord », rencontra clandestinement Jean Moulin à Paris, en menant aussi des négociations avec l’ambassade allemande (Aschenbach) et avec la Cgt de Jouhaux. En fonction, il visita le port de Bordeaux à plusieurs reprises, source de résistance émérite de nombreux réseaux vers l’Angleterre, et bénéficia dans son poste de Commissaire de la République de l’appui et même de la reconnaissance des réseaux nombreux à s’être repliés en Aquitaine après l’arrivée du franquisme au pouvoir en 1938, qui le considérèrent comme « un général espagnol ».

Rencontré à Bayonne, c’est Fernand Chapart qui me recommanda auprès de Gaston Cusin, contacté aussitôt à Paris. D’où des échanges fructueux avec eux deux sur l’épuration régionale, la Libération en général. Avec des rebondissements lors de « l’affaire Papon » en 1983 – ce dernier ayant été secrétaire général du département de la Gironde sous l’occupation, puis choisi par Cusin à l’été 1944 comme directeur de son Cabinet, avant d’être condamné dans le dernier procès de Vichy en France en 1998, pour complicité de crimes contre l’Humanité, sans implication aucune d’Allemands.

[12] Jean-Marc Théolleyres, Procès d’après-guerre. « Je suis partout », René Hardy, Oradour-sur-Glane, Oberg et Knochen. Dossier établi par Jean-Marc Théolleyre, Paris, la Découverte / Le Monde, 1985. Notamment le chapitre 6, « 1954 : Oberg et Knochen, police et crimes de guerre », p. 174-217. Sur ce journaliste émérite (1924-2001), cf. l’article de Jean-Paul Jean, « Jean-Marc Théolleyre, l’observateur engagé (1945-1965), Histoire de la Justice, 2010/1, n° 20, p. 119-137, Paris, Éditions de l’Association française pour l’Histoire de la justice, article disponible en ligne : URL.

[13] Apparaissent bien « lointaines » les politiques de publication d’archives dispensées au XIXe siècle, et même au XXe, notamment dans les domaines politiques et diplomatiques, nonobstant le développement de l’ère de la numérisation – d’origine pythagoricienne.

Cela dit en pensant à de jeunes chercheurs de province, qui, au-delà de conditions universitaires difficiles (dont des durées de thèses « européennes » confinées à trois ans … pour copier le modèle des « Phd » américains), se heurtent à des modalités de reproduction de documents peu facilitatrices. Le prototype en est, peut-être – mais point uniquement –, le service archivistique de la Préfecture de Police de Paris, à la fois « meule de foin » et « caverne d’Alibaba », mais sans catalogue dûment édité, à compulser sur place ou à rechercher au compte-gouttes dans des travaux existants citant leurs sources … Sur la parcimonie de l’accessibilité libre sur Internet à ce type de documents, cf. l’article de Guillaume Morant, « Les archives de la police de Vichy seront ouvertes, mais pas sur Internet », Revue de généalogie du 21/06/2017, sur le site :

https://www.rfgenealogie.com/infos/les-archives-de-la-police-de-vichy-ouvertes-mais-pas-sur-internet

[14] Rappelons la référence des deux premiers volumes, en accès libre :

– Volume 1 (interrogatoire de Karl Oberg par la Sécurité militaire fin 1945) : URL.
– Volume 2 (interrogatoire d’Herbert Hagen par la Dst en 1947). URL.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 3 mai 2024 10:55
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref