Quatrième de couverture

À Pikine, banlieue populaire de Dakar, l'explosion démographique urbaine et la profonde crise économique ont aggravé les problèmes sociaux : désintégration des familles, délinquance, prostitution, drogue... C'est dans ce cadre que l'auteur, ethnologue transfuge de la médecine, explore « l'espace de la marginalité urbaine » en étudiant les consommateurs de drogues illicites.

Son informatrice privilégiée, M., est une jeune femme en situation d'extrême marginalité : prostituée, consommatrice de psychotropes divers, malade non soignée... Le récit de vie qu'elle livre à l'ethnologue révèle un destin tragique et dévoile les déchirures de son réseau familial et social.

L'intérêt de cet ouvrage est multiple. En premier lieu, très peu d'études ont été menées en Afrique sur ces marginaux d'un point de vue anthropologique. Par ailleurs, si l'auteur s'inscrit dans un cadre théorique auquel il se réfère à maintes reprises, il adopte cependant une démarche empirique comportant bien des écueils où il a manqué d'échouer.

Mais surtout, au-delà de la recherche scientifique s'établit une aventure humaine singulière et aléatoire, vécue au jour le jour, dans la durée pourtant, avec ses échecs, ses découragements et ses espoirs. Cette aventure a permis de révéler les failles d'une société en mutation et l'effondrement de ses valeurs. Elle a permis enfin à l'auteur de mettre à l'épreuve son éthique, tout en satisfaisant son besoin passionné de rencontre avec l'autre pour mieux se connaître lui-même.

Jean-François Werner, médecin de formation, travaille au Sénégal comme anthropologue depuis une dizaine d'années. Chercheur à l'ORSTOM, membre du laboratoire d'écologie humaine à l'université de Provence, il se consacre à l'étude des différentes formes de modernité africaine.

Collection dirigée par Jean Copans

hommes et sociétés