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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Dimensions du nationalisme et identifications partisanes. (1973)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Jean Renaud, Dimensions du nationalisme et identifications partisanes. Mémoire de maîtrise es science (politique), Département de science politique, Université de Montréal, août 1973, vi + 108p (115 pp.) [Le 29 janvier 2014, Monsieur Jean Renaud nous autorisait la diffusion de toutes ses publications et travaux en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

[1]

Introduction

Maurice Pinard dans une étude [1] sur l'intention de vote aux élections québécoises de 1960 et 1962 conclut que la classe sociale et plus précisément l'identification à une classe sociale constitue l'élément majeur d'explication du vote au Québec alors que l'attitude nationaliste - qui a pourtant été l'élément central de plusieurs problématiques électorales - n'a pas l'importance que les études réflexives lui accordent puisqu'elle contribue fort peu a l'explication empirique de l'intention de vote.  Toutes les générations de commentateurs politiques depuis la confédération se seraient donc trompées.  L'affirmation est de taille et mérite qu'on s'y arrête.

En premier lieu, il convient de s'interroger sur ce qu'est le nationalisme.  La littérature sur le sujet est prolifique, elle compte plusieurs centaines de titres, mais finalement elle ne permet que de conclure que le nationalisme est un concept qui, sinon dans son origine du moins dans son usage, est multidimensionnel.  Pour comble de malheur, l'histoire a voulu qu'il soit l'un des plus utilisé : il a servi à analyser des conflits tant internationaux que nationaux, il s'est prêté l'analyse de mouvements politiques et s'est même infiltré dans l'analyse des comportements individuels.  Juristes, historiens, politicologues voire même journalistes en ont tour à tour fait la pierre angulaire de leurs analyses l'utilisant tantôt comme variable collective tantôt comme variable individuelle, tantôt comme synonyme d'appartenance à un groupe tantôt comme synonyme de volonté d'indépendance politique, parfois il a signifié impérialisme et parfois encore anti-impérialisme.  Bref [2] ce mot - que d'aucuns appellent concept - a pris tellement de sens différents et a expliqué tellement de phénomènes contraires qu'il a perdu toute capacité explicative [2].

Il en va de même de l'attitude nationaliste»  Prenons deux exemples récents portant sur le Québec.  Regenstreif et Jenson [3] dans une étude effectuée en 1969 mesurent le nationalisme à partir de quatre questions, l'une portant sur l'importance relative des gouvernements provincial et fédéral, l'autre sur la possibilité d'indépendance du Québec, la troisième sur l'unilinguisme et enfin la dernière sur la représentation du gouvernement fédéral.  Les auteurs construisent une échelle Guttman avec ces quatre questions et montrent que l'attitude nationaliste est significativement associée à l'intention de vote.  Pinard utilise une mesure différente - qu'il appelle "conscience ethnique" ou "conscience nationale" ou encore simplement "nationalisme" - basée sur une seule proposition "les Canadiens français doivent se surveiller pour que les Canadiens anglais n'abusent pas d'eux" [4]  et il trouve aucune association entre le nationalisme et une préférence politique.

Ces deux exemples illustrent bien les connotations différentes que prend "l'attitude nationaliste" et les conséquences analytiques de ces différences. Pour Pinard, l'attitude nationaliste a nettement un contenu d'ethnocentrisme alors que pour Regenstreif et Jenson le contenu est beaucoup plus large, englobant les notions de lieu du pouvoir, d'indépendantisme, d'unilinguisme [3] et de représentativité ethnique, contenu si large qu'on se demande si l'échelle Guttman que ces auteurs ont construite n'est pas purement le fruit du hasard.

Face à l'hétérogénéité conceptuelle de "l'attitude nationaliste", il devient donc urgent de cerner - et de mesurer - les diverses composantes de celle-ci et de montrer comment chacune de ces composantes explique différemment les variables partisanes»  C'est essentiellement là l'objet de notre étude.

La première partie de l'étude porte strictement sur l'identification des attitudes qui composent "l'attitude nationaliste", sur la mesure de ces attitudes et sur la validation de ces mesures, ces deux derniers points donnant lieu à la présentation et à la modification d'un modèle d'analyse dimensionnelle proposé par Serge Carlos.

On se limitera de plus aux attitudes directement reliées à l'appartenance à un groupe-nation.

Ces attitudes identifiées et leur mesure validée, on s'attachera dans une seconde partie à mettre en évidence leur capacité descriptive.

Tout comme dans les études précitées, on testera cette capacité descriptive sur une variable partisane»  Cependant à la différence de ces études, on n'aura pas recours à l'intention de vote mais plutôt à l'identification partisane pour laquelle nous utilisons une nouvelle mesure qui permet d'obtenir, pour chaque répondant, son identification à chacun des partis. L'utilisation de l'identification partisane permet par ailleurs d'éviter les biais que contient l'intention de vote et permet de mieux cerner les phénomènes puisque l'on sait que l'identification partisane est la principale [4] variable intermédiaire entre le vote et les variables explicatives.

Dans la seconde partie, on s'attachera donc à montrer comment chacune des attitudes identifiées dans la première partie participe à l'identification à chacun des partis politiques québécois et comment la similitude entre ces identifications partisanes peut être expliquée par ce que les identifications partisanes ont en commun de chacune des dimensions de l'appartenance nationale.



[1]  Maurice Pinard, "Classes sociales et comportement électoral", in V. Lemieux (éd) : Quatre élections provinciales au Québec, Québec, Presses de l'Université Laval, 1969, pp. 141-178.

[2]  Cf. Minogue, "Nationalism : the poverty of a concept", in Archives Européennes de sociologie, 8(2), 1967, pp. 332-343.

[3]  J. Jenson and P. Regenstreif, "Partisan choice in Québec", in RCSP, vol. 3, no. 2, juin 1970, pp. 308-317.

[4]  Maurice Pinard, op. cit., p.160.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 31 juillet 2020 12:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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