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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article du Dr Fabrice Lorin, “Histoire de la psychiatrie en Martinique de la Colonisation à nos jours.” Texte sans date publié sur le site PsychiatrieMed, site constitué des archives de la Fédération régionale de formation médicale continue des psychiatres des cliniques privées du Languedoc-Roussillon (FR PCP 1R) créé en 1998. [Autorisation accordée par l'auteur confirmée à Jean Benoist le 21 juillet 2024 de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales.]

Dr Fabrice LORIN

Médecin psychiatre, CHU Montpellier, France.

Histoire de la psychiatrie
en Martinique
de la Colonisation à nos jours
.”

Texte sans date publié sur le site PsychiatrieMed, site constitué des archives de la Fédération régionale de formation médicale continue des psychiatres des cliniques privées du Languedoc-Roussillon (FR PCP 1R) créé en 1998.



1. Introduction

Objet de convoitise pour les puissances européennes, les petites Antilles furent le théâtre des luttes coloniales, de chocs d'empires à la mesure des appétits de richesse et de puissance.

L'impossible asservissement des autochtones indiens caraïbes introduisit le commerce triangulaire, la traite d'esclaves africains. 50 millions d'africains furent déportés vers le Nouveau-Monde, du XVIIe au XIXe siècle, d'où naîtront une identité et une culture afro-américaines.

Fruit du métissage biologique et culturel, la Martinique est un de ces "melting-pots" où se heurtent sans cesse le passé et le présent. L'histoire de la psychiatrie en est un reflet fidèle, impossible à calquer sur les modèles européens.

Si du passé, nous n'avons que des témoignages partiaux ou aseptisés, le présent devient lieu de conflit, de transformation dynamique où perce, parfois, la tendance à l'isolat rigide replié sur des positions passéistes.

De l'infirmerie des Plantations à la geôle, de la Maison des Aliénés de Saint-Pierre à l'hôpital départemental spécialisé de Colson, l'histoire des structures psychiatriques à la Martinique illustre, partiellement, la condition du fou, le degré de tolérance d'une société en mutation.

2. L'hôpital de la plantation

Du début de la colonisation à l'abolition de l'esclavage (1848) par Victor Schœlcher, le destin de l'esclave africain ou créole souffrant d'une pathologie mentale est, on s'en doute, dramatique.

2.1. L'infirmerie des plantations

Sur quelques grandes plantations, on réservait une case pour les malades. Elle était plus grande que toutes les autres mais sans dispositions particulières, seulement isolée tout en restant dans le voisinage de la « gran'case » qui pouvait la surveiller.

Peu à peu, la pratique s'en répandit et "l'hôpital" fut pourvu d'une infirmière : "l'hospitalière", souvent sage-femme. Elle soignait tous les esclaves malades quelles que soient leurs maladies, somatiques ou psychiatriques.

Devant les mauvais traitements qu'ils recevaient, le Père Labat souhaitait voir s'établir, dans chaque quartier, un hôpital spécial pour les esclaves tenu par les frères de la charité et non par le maître.

Les infirmeries, rustiques, offraient au moins deux salles, une pour les hommes, une pour les femmes. Chaque malade aurait eu son lit de camp avec une paillasse mais une barre d'entrave était toujours là avec son cadenas.

Quant à la pharmacie, elle était des plus réduites, quelques pots à simples pour les tisanes et une seringue.

Le régime alimentaire excluait le piment-diable, les épices et les salaisons. Un chirurgien venait faire sa visite tous les jours ou deux fois par semaine, selon les conventions. Les malades ne restaient jamais bien longtemps à l'hôpital, ce qui fait penser que beaucoup d'entre eux étaient là surtout au repos après de grandes fatigues.

2.2. La geôle

Quant aux fous dangereux, ceux dont le propriétaire ne voulait plus, "ils avaient droit à l'intérêt public et étaient enfermés dans un cloaque hideux dont l'aspect aurait arraché des larmes aux membres de la Commission nommée par le Conseil Colonial" [1]

Traités comme des criminels, ils croupissaient enchaînés dans les cachots ; ils étaient le rebut même de l'esclavage mercantile, dans une société où le noir n'avait pas condition d'homme mais il était valeur marchande pour sa force de travail et ses capacités de reproduction.

Jusqu'à l'abolition de la traite (1830), les récits de voyage parlent du suicide "nostalgique" auquel se livraient les africains arrachés à leur pays, dans la pensée d'y retourner après leur mort.

Par la suite, les générations devenant créoles (naissance aux Antilles), ce suicide disparaît [2]

3. La Maison des Aliénés
de Saint-Pierre : 1839-1902 


Nous devons à Etienne Rufz de Lavisson et De Luppé, un Mémoire exceptionnel sur la Maison des Aliénés de Saint-Pierre-Martinique, rédigé en 1856, seul document témoignant de cette période (en ligne sur le site de la BNF).

Médecins métropolitains, ils passèrent plusieurs années à Saint-Pierre avant de retourner en France. Le Docteur Rufz fut maire de Saint-Pierre, avant de devenir professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris.

Cette Maison fut fondée en 1839 : "On vit s'élever dans la position la plus riante, la plus fraîche, la plus salubre de Saint-Pierre, ... une maison vaste, commode dont l'apparence surprenait lorsqu'on venait à apprendre que c'était la maison des fous, c'est-à-dire un asile ouvert à ces pauvres noirs". En réalité, les "pauvres noirs" ne sont pas nombreux à l'ouverture, puisque jusqu'en 1848 (abolition de l'esclavage), les aliénés étaient le plus souvent détenus chez leur maître, gardés sur l'Habitation, afin d'éviter au maître la dépense nécessaire au traitement de l'esclave à la Maison des Aliénés (qui était payante, la sécurité sociale n'existait pas!). Aussi, ce sont surtout les blancs qui sont admis (militaires de garnison, petits blancs créoles...) et des libres de couleur. "Sous le régime de l'esclavage, les blancs étaient admis plus facilement à la Maison des Aliénés à cause de la plus grande protection  dont ils étaient l'objet". Par contre, après l'abolition, les maîtres vont se débarrasser des fous émancipés, mis en liberté, qui seront alors pris en charge par l'Assistance Publique. Quant aux riches blancs créoles (Békés), ils étaient, le plus souvent, conservés au sein des familles dans le secret des Habitations ou bien envoyés en France (comme de nos jours).

Enfin, lors de la fondation de la Maison des Aliénés, "l'établissement fut rempli par un résidu de déments qui composaient le dépôt de Fort-Royal" (prison).

3.1. Admissions

Jusqu'en 1848, les admissions sont limitées (environ 30 par an). Les aliénés de la campagne, lorsqu'ils sont dangereux, étaient envoyés préalablement à la geôle de Fort-de-France, avant d'être transférés à Saint-Pierre.

Les hommes sont plus nombreux que les femmes (57 %, 43 %), disproportion remarquable à l'époque, puisque en métropole, "ce sont surtout les femmes qui paraissent sujettes à la folie" et, qu'en Martinique, la population féminine est quantitativement plus importante que la population masculine.

Lorsqu'on regarde les chiffres de près, on s'aperçoit qu'en fait, la distinction raciale joue, ce que les auteurs n'ont pas relevé. Si parmi les noirs africains ou créoles, et les métis, les proportions sont proches, il en est différemment des blancs. Les hommes blancs européens et créoles, sont dans une proportion beaucoup plus importante (78 %) que les femmes blanches ; ces hommes venaient souvent seuls aux colonies et trouvaient épouse sur place : ainsi, à Saint-Domingue [3], le recensement fait état de 3.200 blanches pour 10.000 hommes blancs.

3.2. Pathologie mentale

Cependant, les auteurs concluent au petit nombre de fous dans la classe blanche (20 %) et au plus grand nombre parmi les africains, démontrant que l'exercice de l'intelligence, les travaux intellectuels ne doivent pas être regardés comme des causes prédisposantes à la folie !

A l'inverse, "on sait que, sous l'esclavage, le concubinage ou quelque chose de pire encore, une sorte de promiscuité, régnait dans les rapports sexuels des noirs, ce qui ne diminuait point la jalousie conjugale, l'une des plus violentes passions du noir".

Aussi, aux facultés cérébrales des blancs, sont opposés la torpeur de l'intelligence par défaut de culture, les excès sensuels, l'ivrognerie, l'épuisement des forces corporelles... de l'esclave noir et sa prédisposition à la maladie mentale. Ainsi, bâtissait-on, au XIXe siècle, sous couvert de médecine, une approche pathogénique particulièrement discriminatoire, raciste et ethnocentriste.

Nous retrouvons ces données dans le tableau des causes de la folie, où l'onanisme et l'excès de plaisirs vénériens viennent largement en tête, avec l'alcoolisme pour les hommes. Déjà, à la fin du XIXe siècle, les médecins notent que l'abus de tafia (eau-de-vie de canne à sucre) est à l'origine du 4/5ème des maladies mentales et du 3/4 de la mortalité des noirs.

Rufz et De Luppé constatent l'extrême fréquence des manies générales, souvent à thème mégalomaniaque (le pauvre noir esclave imagine qu'il est riche, qu'il commande et porte des épaulettes de gouverneur...), à mécanisme hallucinatoire, particulièrement visuel et auditif, et, qu'à l'inverse, les monomanies (névroses) sont rares.

La lecture de certains passages est intéressante pour situer l'ambiance de cette Maison, où se côtoient tant d'hommes et de femmes d'origines diverses.

"La folie du noir est moins bruyante, moins difficile à contenir que celle du blanc ou de l'homme de couleur (mulâtre). Nous ne savons si c'est par suite de l'habitude d'obéissance contractée durant l'esclavage, mais le noir fou résiste moins au moyen de répression... La folie du noir est plus taciturne. Le plus grand nombre se promènent des journées entières sans dire un mot, la tête basse et le regard de travers ; beaucoup aiment à être nus et se couchent au soleil à ses heures les plus brûlantes. On n'en voit guère qui viennent lier conversation d'eux-mêmes et qui poursuivent les visiteurs de leur importunité. On leur arrache difficilement des paroles, même dans les jours d'excitation. Quelques heures de fauteuil de force suffisent pour dompter les plus indociles. Toujours est-il que cela contraste beaucoup avec la turbulence du blanc et de l'homme de couleur, dont la folie se rapproche plus de la folie des européens. Mêlés aux noirs, dans les cours, ils s'en distinguent par leur loquacité ; ils sont volontaires, insoumis, fanfarons. Ils parlent duels, batailles, richesses. C'est parmi les mulâtres que l’on trouve des orateurs politiques : ce sont eux qui se plaignent de persécutions, de machinations, qui ont des ennemis, qui invoquent la fraternité, l'égalité, font des menaces et prétendent aux places".

En contrepoint à ces différences de comportement, l'abolition de l'esclavage, d'après les médecins, n'entraîne aucune influence sur l'esprit des noirs aliénés. Aucun d'entre ceux qui ont été alors admis n'a présenté, dans son délire, quelque réminiscence de cette révolution si considérable, survenue pour la population noire.

Par contre, seuls les mulâtres ont verbalisé, sur un mode délirant, une teinte des évènements du jour, revendiquant le poste de gouverneur promis par Victor Schœlcher...

Enfin, les auteurs signalent la rareté de la paralysie générale syphilitique et, sur vingt ans d'observations, ils n'ont eu connaissance que de deux cas de suicide : chez un mulâtre et chez un blanc créole, ce qui est, tout à fait, confirmé par les études épidémiologiques réalisées en Martinique [4].

3.3. Mortalité

Elle est très importante à la Maison de Saint-Pierre. Après l'abolition de l'esclavage, les aliénés étaient des noirs ex-esclaves ou des affranchis sans famille, déjà exténués par la longueur de leur affection, par les mauvais traitements auxquels ils avaient été en butte et ils décédaient rapidement à la suite de diarrhées aiguës.

3.4. Traitement

Classique pour l'époque : tartre stibié à hautes doses, opium à doses forcées et continues, datura stra­monium contre les hallucinations, bains tièdes, douches, mais surtout une ébauche d'ergothérapie, de travail agricole. "Nous avons pu ainsi leur faire construire un jardin autour de l'établissement mais, ce travail fini, il n'y a pas eu moyen de leur trouver un autre emploi" et les auteurs concluent à la nécessité d'un travail agricole plus vaste dans ce pays "où le travail des champs se fait en commun, au bruit des chants et, souvent, avec accompagnement de tambour, il semble qu'aucun autre mode travail ne serait plus favorable aux fous que celui de nos ateliers : aussi ne désespérons-nous pas qu'une petite sucrerie ne devienne, un jour, le complément de notre maison de fous".

Un siècle plus tard, à la fondation de Colson, le projet sera repris avec une stupéfiante similitude, puisque longtemps la principale activité d'ergothérapie s’est organisée autour du travail agricole dans l'enceinte de Colson.

Sur le plan institutionnel, à l'ouverture de la Maison Saint-Pierre, les médecins qui en furent chargés ne s'en occupèrent qu'accessoirement et laissèrent à leurs successeurs des renseignements très inexacts.

Par la suite, des médecins métropolitains y furent employés, pour des durées apparemment courtes (4-5 ans), jusqu'à la destruction de la Maison par une nuée ardente, le 8 avril 1902, date de l'éruption de la Montagne Pelée qui détruisit entièrement la ville de Saint-Pierre et ses 30.000 habitants. Mais ceci est une autre histoire !

Pendant 50 ans, les malades mentaux circuleront librement à moins que n'apparaissent des manifestations agressives entraînant l'incarcération à Fort-de-France, ou la déportation à l'hôpital de la Guadeloupe. Lorsqu'il y a dangerosité, le malade mental est enfermé à la prison, dans un quartier annexe réservé à cette intention, l'infirmerie.

4. Colson

En 1946, la Martinique devient département français d'outre-mer. Il en résulte un apport croissant de techniciens métropolitains, dont la psychiatrie sera aussi pourvue.

En 1953, Colson devient l'hôpital psychiatrique départemental de la Martinique, créé par le Dr Despinoy.

Ancien sanatorium pour officiers français, puis camp militaire, Colson est à six cents mètres d'altitude, noyé d'humidité, perdu en pleine forêt tropicale. Les murs sont inutiles, la végétation luxuriante remplace les grilles et les sauts-de-loup. Entre les bambouseraies géantes et les fougères arborescentes, les balisiers et les lianes épiphytes, "le serpent veille", et plus d'un patient confus y a perdu la vie, ayant échappé à la surveillance stricte du personnel. En effet un serpent mortel vit dans la forêt, le Trigonocéphale. L’introduction de la mangouste des indes au XIXe fut un moyen efficace de contenir le reptile.

Une route sinueuse relie Colson à Fort-de-France, situé à 14 kilomètres. Position isolée, à l'écart de la vie publique, économique et sociale, l'hôpital constitue un microcosme en retrait.

Ce consensus pour une mise à l'écart des fous est même cautionné par un discours sur l'avantage thérapeutique d'un climat frais et humide !

Mis au vert, le fou doit monter à Colson, apaiser ses nerfs et ses mauvais esprits à "la fraîcheur" dans l'imagerie populaire.

Si quelques pavillons sont relativement récents, la plupart sont très anciens et certains d'une vétusté inacceptable : dans ces derniers, les malades étaient allongés à 3 pour 2 lits dans une promiscuité défiant toute règle d'hygiène et d'humanité : facteur supplémentaire de tension au sein du groupe. Si, malheureusement, l'habitude est ferment du désintérêt, le nouvel arrivant est vraiment choqué, probablement à la mesure des paradis espérés.

Notre maître le Dr Michel Ribstein y est psychiatre dans les années 50: "Malgré des conditions hospitalières médiocres, les Docteurs Despinoy, Certhoux et Ribstein ont donné à la psychiatrie en Martinique une impulsion remarquable, faisant de Colson, un hôpital pilote. Nombre de malades emprisonnés ou déportés en Guadeloupe ont été libérés ou rendus à leur famille. Un centre de soins actif s'est développé rapidement avec un personnel local, jeune, dynamique et enthousiaste, la communauté participant volontiers aux fêtes et kermesses organisées avec les malades. Les autorités de tutelle encore peu structurées soutenaient les initiatives des médecins métropolitains et permettaient d'organiser une psychiatrie d'avant-garde. Les infirmiers valorisés par une activité passionnante, des promotions relativement rapides contribuaient à la mise en place d'une médecine de qualité....Nombre de patients présentant une maladie organique préféraient se faire soigner à Colson plutôt qu'à l’hôpital général. L'équipe soignante allait organiser la mise sur pied d'un service de neuro-diagnostic et d'interventions neuro-chirurgicales sur place". C'est l'âge d'or de Colson, propulsé par des soignants — médecins et infirmiers — d'exception. En 1978 un pavillon de Colson est dénommé "Pavillon Ribstein". Fait exceptionnel, le pavillon est nommé du vivant du Dr Michel Ribstein (alors médecin-chef à Montpellier) aux cotés des grands noms de l'histoire de la psychiatrie. En quelques années, il a marqué l'histoire de la psychiatrie en Martinique par son humanisme, son travail, son charisme et son dévouement auprès des patients.

Six secteurs de psychiatrie adulte découpent l'île (2 secteurs infanto-juvéniles) en six régions : Nord-Caraïbe, Sud-Caraïbe, Nord-Atlantique, Sud-Atlantique, Fort-de-France 1, Fort-de-France 2.

Les dispensaires d'hygiène mentale sont présents dans la plupart des grandes communes et assurent des consultations hebdomadaires, parfois quotidiennes.

De grandes crises ont secoué la vie institutionnelle de l'hôpital, à partir de 1970, dont on peut avoir un aperçu en lisant le livre du Dr Germain Bouckson, alors médecin-chef [5], relatant la grève des infirmiers, avec abandons de poste des infirmiers et autogestion des malades, à compter du 2 février 1970.

Les tenants et aboutissants sont complexes, mais il est certain que l'hôpital devient un révélateur social d'une crise interculturelle, d'un conflit pouvant prendre une teinte raciale, entre un syndicat indépendantiste anticolonialiste anticapitaliste et une direction représentante de l’État et du pouvoir blanc « colonial ». La lutte pour le pouvoir a cristallisé un affrontement sur sa détention, au détriment de la prise en charge du malade. Comme si souvent malheureusement.

De cette situation institutionnelle souvent pathogène, il semble que l'évolution autorise une amélioration. La sectorisation s'adapte à une répartition plus réaliste des chiffres de population et permet un soulagement de certains secteurs et le développement d'activités extrahospitalières, adaptées aux besoins des populations : dispensaire, hôpital de jour, visites à domicile, famille d'accueil ...

Enfin la fermeture de Colson et le déménagement sur Le Lamentin à la Cité hospitalière de Mangot-Vulcin peut ouvrir une page vers la modernité. Face à l’enlisement du processus, aux réticences de la population et d’autres intervenants, l’ARS a répondu par une prise en charge directe du dossier avec la nomination d’administrateurs provisoires. Malgré les difficultés, la psychiatrie pourrait ne plus être le parent pauvre de la médecine en Martinique.

Bibliographie

(1) André Schwartz-Bart, La Mulâtresse Solitude : "Pourquoi marcher ? Pourquoi ne pas nous coucher par terre, en finir une bonne fois pour toutes" demande Marie-Babette, une vieille négresse. "Ces sont les dieux d'Afrique qui nous envoient, afin que nous prenions possession de ce pays. Tous ceux qui suivent la voix des dieux prendront le bateau du retour ... la mort est ce bateau".

"Elle prétendait ne pas retourner chez elle en bateau comme font communément les nègres d'eau salée. Son intention était de faire le voyage à pied, sous la terre où courent d'interminables galeries qu'empruntent les esprits Dahomey et qui toutes les ramènent fatalement au village".

(2) Histoire des Antilles et de la Guyane. Pierre Pluchon, Privat, 1982.

(3) Dr Pierre Guillard, La tentative de suicide en Martinique, 1985 (Thèse).

(4) Les Antilles en question, Bouckson Germain et Edouard Bertrand, Fort-de-France, 1972, pp. 175-200 

(5) Dr Fabrice Lorin, Rapatriements sanitaires de 51 malades mentaux de métropole à la Martinique (1974-1984) : étude clinique, épidémiologique et devenirs, mémoire CES psychiatrie, 1986, faculté de médecine de Montpellier.


[1] André Schwartz-Bart, La Mulâtresse Solitude : "Pourquoi marcher ? Pourquoi ne pas nous coucher par terre, en finir une bonne fois pour toutes" demande Marie-Babette, une vieille négresse. "Ces sont les dieux d'Afrique qui nous envoient, afin que nous prenions possession de ce pays. Tous ceux qui suivent la voix des dieux prendront le bateau du retour ... la mort est ce bateau".

"Elle prétendait ne pas retourner chez elle en bateau comme font communément les nègres d'eau salée. Son intention était de faire le voyage à pied, sous la terre où courent d'interminables galeries qu'empruntent les esprits Dahomey et qui toutes les ramènent fatalement au village".

[2] Toutes les études épidémiologiques ont montré un taux de suicide plus bas en Martinique qu'en métropole.

[3] Histoire des Antilles et de la Guyane. Pierre Pluchon, Privat, 1982.

[4] Dr Pierre Guillard, La tentative de suicide en Martinique, 1985 (Thèse).

[5] Les Antilles en question, Bouckson Germain et Edouard Bertrand, Fort-de-France, 1972, pp. 175-200.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 24 juillet 2024 6:39
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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