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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Michel BÉDARD “DE L’ÉCOLOGIE À L’ÉTHIQUE.” In Revue CRITÈRE, No 5, “L’environnement”, pp. 234-235. Montréal: Un groupe de professeurs du Collège Ahuntsic, Janvier 1972, 293 pp. [M. Jacques Dufresne nous a autorisé le 27 décembre 2022 la diffusion en libre accès à tous et en texte intégral, dans Les Classiques des sciences sociales, de tous les numéros de la revue CRITÈRE, dont il est le fondateur.]

[234]

Revue CRITÈRE, No 5, “L’environnement”.
CULTURE ET ENVIRONNEMENT

DE L’ÉCOLOGIE À L’ÉTHIQUE.”

Michel BÉDARD

Professeur de philosophie,
Collège Ahuntsic, Montréal

La fleur humaine est celle qui a le plus besoin de soleil.
Jules Michelet

Depuis toujours, les poètes ont chanté la nature et célébré ses mystères. Depuis longtemps aussi, les philosophes y trouvent une source de réflexion. Depuis peu, par contre, les rapports qui unissent l’homme à la nature se sont renversés : autrefois, cette dernière posait à l’humanité plus de problèmes que l’homme ne lui en causait ; de nos jours, les interventions humaines font peut-être de plus grandes difficultés à la nature qu’elle-même n’en soumet aux êtres humains. En tout cas, les dangers que l’humanité rencontre actuellement dans son milieu naturel sont très souvent son œuvre propre...

Or, c’est là précisément que réside la gravité de la question et que se nouent des liens plus intimes que jamais entre la science et la morale.

Il me souvient, à ce sujet, des confidences bouleversantes que fit naguère un homme de science. L’homme, expliquait-il, a atteint un niveau de célébration tel qu’il lui est désormais possible d’opérer des changements décisifs dans son « environnement » ; or, s’empressait-il d’ajouter avec une angoisse visible, ce que l’homme n’a pas prévu, c’est la conséquence de son intervention massive sur la nature : celle-ci, effectivement, en serait si profondément atteinte qu’elle en viendrait à poser dans un proche avenir des problèmes si complexes que leur solution échapperait à l’homme ; car son niveau de célébration, assez élevé pour mettre en marche des processus aux conséquences inestimables, ne serait pas encore à la hauteur des complications qui en résulteraient. Donc, ajoutait ce savant préoccupé, il est à craindre que ...

N’étant moi-même versé ni en psychophysiologie ni en écologie, je ne saurais apprécier ces propos et ces craintes à leur juste valeur. Cependant, me semble-t-il, elles ont au moins le mérite de rappeler à l’humanité entière et singulièrement aux hommes [235] de science que le divorce introduit depuis trop longtemps entre science objective et science normative doit être évacué au plus tôt — sous peine de mener à des catastrophes irréparables. Certaines distinctions demeureront toujours nécessaires, et la recherche scientifique devra sans doute toujours se distinguer de la réflexion éthique. Une distinction, toutefois, n’est pas une séparation. Et celui-là, vous ou moi, qui se refuserait à considérer la dimension morale comme étant partie intégrante de sa vie, qui en conséquence la reléguerait dans le domaine des préoccupations occasionnelles, serait porteur d’une lourde responsabilité, si tant est que ce mot ait encore pour lui une signification. Comme le dit Kahlil Gibran : « Celui qui ne porte sa moralité que comme son meilleur vêtement ferait mieux d’aller nu ».

En l’occurrence, au reste, il n’est même pas acquis qu’il ferait mieux d’aller nu. Car, aller nu dans le contexte actuel que créent les problèmes écologiques engendrés par l’homme, c’est risquer de ne pouvoir même plus aller — tout simplement !

Michel Bédard,

Professeur de Philosophie,
Collège Ahuntsic.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 15 août 2024 10:33
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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