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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jérôme GAGNON, “Joseph-Dominique Guay : aux sources de la modernité à Chicoutimi”, in ouvrage sous la direction de Jean-François Hébert, LA PULPERIE DE CHICOUTIMI. UN SIÈCLE D’HISTOIRE, pp. 31-42. Chicoutimi: Musée de La Pulperie de Chicoutimi, 1998, 100 pp. [Le 5 juin 2014, la direction du Musée de la Pulperie de Chicoutimi, conjointement avec les auteurs, nous a accordé son autorisation de diffuser ce livre, en accès libre à tous, en version numérique, dans Les Classiques des sciences sociales.]

[31]

Jérôme GAGNON

Historien

Joseph-Dominique Guay :
aux sources de la modernité
à Chicoutimi
.”

In ouvrage sous la direction de Jean-François Hébert, LA PULPERIE DE CHICOUTIMI. UN SIÈCLE D’HISTOIRE, pp. 31-42. Chicoutimi : Musée de La Pulperie de Chicoutimi, 1998, 100 pp.


Initiateur de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi, journaliste, agriculteur, politicien et homme d'affaires, tous ces descriptifs s'appliquent à Joseph-Dominique Guay. Celui-ci, en effet, est une figure marquante de la fin du XIXe siècle et du premier quart du siècle actuel. Doué de compétences exceptionnelles en plusieurs domaines, d'une confiance inébranlable en l'avenir et d'un esprit dynamique résolument orienté vers le progrès, Guay est de tous les projets de développement local et régional.

Son action coïncide avec l'entrée du Québec dans l'ère de la grande industrie. Ce bouleversement économique correspond à l'arrivée massive des capitaux anglo-américains et à la prise en charge des richesses du pays par l'étranger. À la fin du XIXe siècle, peu de Canadiens français ont les moyens de financer les infrastructures nécessaires à l'établissement d'usines de plus en plus coûteuses en technologie. Le cas de la construction de la manufacture de pâte à papier à Chicoutimi fait exception à cette règle. La situation s'explique, en partie, par une concentration de capitaux provenant du patrimoine familial de quelques riches intervenants de la société chicoutimienne, notamment Joseph-Dominique Guay. Il importe donc de connaître l'homme et son oeuvre afin de bien cerner l'esprit qui règne à Chicoutimi au moment où la ville entre de plain-pied dans l'ère industrielle et s'affirme en tant que métropole régionale.

Ses antécédents familiaux

Bien que fort entreprenant, J.-D. Guay n'est pas le seul responsable de sa réussite. Ses parents l'ont précédé dans la constitution des bases économiques de ses entreprises. En effet, il est le fils d'un marchand prospère de Chicoutimi, Jean « Johnny » Guay, originaire de La Malbaie. Né en 1828, le paternel débute sa carrière dans le négoce comme employé chez le commerçant J. Collard. Il arrive à Chicoutimi en 1848, lors des premiers balbutiements de la localité saguenéenne. En association avec Collard, Jean Guay y établit une entreprise commerciale qui connaît une croissance rapide et un succès évident, puisqu'à la mort de celui-ci l'entreprise occupe le second rang du commerce local, juste derrière la Compagnie Price.

Deux ans après son établissement à Chicoutimi, Guay épouse Marie-Émilie Tremblay, avec qui il aura onze enfants, sept garçons et quatre filles. En 1860, il rompt son association avec Collard et construit son propre magasin à l'embouchure de la rivière aux Rats. Guay développe son commerce en diversifiant ses activités : vente au détail, commerce des fourrures, agriculture, coupe et sciage du bois. Il possède, en plus de son magasin à Chicoutimi, trois moulins à scie au Saguenay et deux goélettes effectuant le transport des marchandises. En 1880, Johnny Guay possède une fortune évaluée entre 60 000$ et 90 000$. [1] En tant que figure marquante de la société chicoutimienne de l'époque, il occupe le poste de président de la commission scolaire, en plus de jouer un rôle important dans la politique locale. Reconnu pour ses convictions libérales, il est organisateur d'élections pour ce parti et ses prises de bec avec les conservateurs caractérisent de façon colorée les moeurs politiques de l'époque. [2] Il ne craint pas de se lancer lui-même dans l'arène de la politique municipale, puisqu'il est le premier maire du village de Chicoutimi, de 1860 à 1870. [3]

À sa mort, en 1880, c'est son épouse, Marie-Émilie Tremblay, qui hérite de la totalité de ses biens. Elle administrera le patrimoine familial de façon stricte, voire impitoyable. Même si les biens du défunt semblent diminuer après sa mort, il n'en demeure pas moins que son épouse saura conserver pour ses enfants une fortune qui jouera, dans le futur, un rôle majeur dans le développement économique local.

Il semble que la veuve de l'ancêtre Guay sait se faire apprécier de la population locale. Mgr Eugène Lapointe relate dans ses mémoires sa rencontre, en 1882, avec Marie-Émilie Tremblay, qu'il décrit en termes fort flatteurs :

« Madame Johnny Guay avait, en plus d'une instruction supérieure puisée aux Ursulines de Québec, si je ne me trompe, une distinction de manières peu commune, avec peut-être un peu [32] de hauteur. Elle était d'ailleurs très bonne. Ses filles aînées, madame Catellier et madame Jules Gagné, avaient hérité de ses plus éminentes qualités. J'ai rarement rencontré dans ma vie de femmes de si parfaite éducation, si distinguées et si sympathiques. Très religieuse, au reste, et pas mondaine du tout. » [4]

Très tôt Marie-Émilie Tremblay implique ses enfants dans les affaires familiales. L'aîné, Pierre-Alexis, se voit confier l'administration du magasin et du commerce du bois. Il s'intéresse également à l'industrie laitière qui commence à prendre de plus en plus de place au sein de l'agriculture régionale. En matière d'agriculture, toutefois, c'est Louis Guay qui s'illustre tout particulièrement. Récipiendaire de la médaille d'argent du Mérite agricole, il acquiert, en 1885, par donation de sa mère, une ferme de 160 hectares située près de la rivière Chicoutimi. Louis, ainsi que Pierre-Alexis, seront des intervenants importants dans les entreprises que fondera leur frère Joseph-Dominique. Il est courant que plusieurs membres de la famille participent financièrement aux mêmes activités. C'est ainsi que prend toute l'importance du capital amassé par les Guay.

Il n'y a pas que les fils qui font prospérer le capital familial ; les filles du défunt marchand et les épouses des fils Guay s'adonnent, elles aussi, au commerce et aux finances. Ainsi, Odile Bossé, la femme de Pierre-Alexis, fonde la société Guay & Cie, par laquelle elle récupère une partie des biens perdus lors de la faillite de son mari en 1888. De plus, elle participe à plusieurs entreprises de son beau-frère Joseph-Dominique, notamment les compagnies d'aqueduc, d'électricité, de pulpe et l'hôtel le Château Saguenay. C'est également sous le nom de « Guay & Cie » que la compagnie de téléphone, fondée par Pierre-Alexis en 1892-1893, sera vendue en 1898 à J.-É.-A. Dubuc et F.-X. Gosselin. [5]

Ainsi, en observant l'activité économique de cette famille, nous pouvons mieux comprendre les raisons et les conditions initiales de l'accession de Chicoutimi au rang de ville industrielle d'importance nationale. On constate que l'accumulation d'un capital important à Chicoutimi provient des fonds d'une riche entreprise commerciale et se diversifie pour constituer, à même le pécule initial, un réseau familial d'investissement, en grande partie de nature commerciale, mais aussi agricole et foncière. Cette accumulation est à l'origine du développement industriel. Par contre, ce développement n'aurait pu être possible sans un profond désir de croissance, sans un esprit et une idéologie très puissante du progrès, véhiculés par l'élite de Chicoutimi à cette époque-là. Inspirée en grande partie par une nouvelle classe dirigeante, dont plusieurs membres proviennent des premières promotions du Séminaire de Chicoutimi, l'idée de développement est principalement véhiculée par Joseph-Dominique Guay. [6]

Des débuts formateurs

Joseph-Dominique Guay voit le jour à Chicoutimi le 14 avril 1866. Dès sa naissance, il est destiné à un avenir prometteur ; il a l'insigne honneur d'avoir pour parrain le curé de la paroisse, l'abbé Dominique Racine, qui deviendra, en 1878, le premier évêque de Chicoutimi. [7] Cette faveur démontre l'attachement traditionnel de la famille Guay à la religion catholique et le rang social qu'occupe cette famille au sein de la communauté locale. L'événement met aussi en évidence les liens étroits qu'entretiendront les autorités diocésaines avec les capitalistes locaux.

En 1873, âgé de sept ans, le jeune Joseph-Dominique entre en première année au Séminaire de Chicoutimi. Il fait partie du premier contingent d'élèves de l'histoire de cette école fondée par le curé Racine et qui est appelée à devenir l'institution d'enseignement par excellence dans la région. J.-D. Guay, comme plusieurs autres privilégiés, répond aux désirs de l'ambitieux curé de former, au sein de la communauté régionale, une élite intellectuelle et de futurs prêtres.

L'enseignement du Séminaire contribue grandement aux changements qui surviennent à la fin du XIXe siècle. Tout un groupe de nouvelles têtes instruites au Séminaire constitue l'élite progressiste de cette époque. Joseph-Dominique Guay relate d'ailleurs, en 1920, dans le journal l'Aima mater, les souvenirs qu'il garde de la première année d'histoire de cette école. Dans sa relation, il esquisse un tableau des premiers élèves inscrits en 1873. Sur les 21 jeunes postulants, plusieurs sont devenus prêtres, et une bonne partie sont impliqués de différentes façons dans la vie régionale. C'est le cas d'Ovide Bossé fils, notaire, d'Edmond Savard, médecin et député fédéral de Chicoutimi-Saguenay (1917-1925), de Paul-Vilmond Savard, avocat et député fédéral (1891-1892, 1896-1900).

J.-D. Guay garde un souvenir vivace de cette époque charnière de sa vie. C'est entre les murs du Séminaire que, sans doute, il a jeté les bases de ses futures réalisations. Si ses qualités d'agriculteur, son sens des affaires et ses aptitudes pour la chose publique sont des acquis familiaux, ses habiletés pour l'écriture et le journalisme, il les a développées au cours de ses sept années d'étude à Chicoutimi. Guay nous a laissé de nombreux détails des premiers temps de la vénérable institution, de 1873 à 1875, quand les classes du Séminaire étaient dispensées dans l'école du centre de la ville que la commission scolaire avait cédée aux autorités du nouvel établissement d'enseignement. Guay décrit ce bâtiment en mentionnant qu'il s'agissait de l'âge de bois de cette école :

« On peut dire des deux premières années, 1873-1875, que ce fut l'Âge de bois du Séminaire de Chicoutimi. En effet tout était de bois dans cette maison : fondations, planchers, murs, cloisons, escaliers, couverture. En récréation les amusements principaux suivaient les saisons, c'était la toupie de bois et le patin monté sur bois. Au dortoir les lits en usage étaient des baudets avec assemblages en bois. Le chauffage, cela va sans dire, se faisait exclusivement au bois... » [8]

La majorité des enseignants avaient reçu leur formation au Séminaire de Québec. Cette institution prestigieuse constituait [33] alors un modèle pour son homologue de Chicoutimi. Le costume choisi par le curé Dominique Racine était donc le même que celui porté par les séminaristes de Québec :

« ...capot et casquette de drap bleu à nervures blanches avec ceinture de laine verte. Cela n'était pas pour déplaire aux parents, c'était le meilleur moyen d'obliger leurs enfants à soigner leur maintien et à prendre cet air de distinction que l'on a si souvent remarqué et qui n'a fait que s'accentuer. Quant à nous, élèves, le capot avait toujours agréablement impressionné nos jeunes esprits, souvent nous avions jeté un regard d'envie sur les rares écoliers qui revenaient, en vacances, des collèges étrangers. Nous en étions fiers et aussi heureux de nous en revêtir que les finissants sont joyeux de les jeter aux orties aussitôt finis les derniers examens. » [9]

J.-D. Guay fait ses études à Chicoutimi jusqu'en classe de rhétorique. Il complète ensuite ses deux années de philosophie au Petit Séminaire de Québec. En 1884, il entreprend des études de droit à l'Université Laval ; c'est à ce moment qu'il commence à s'investir dans de nombreuses activités d'agriculture, de commerce et de politique. Il est engagé comme clerc au cabinet du futur mari de sa soeur Louise, le juge J.-A. Gagné. Il fait également ses débuts dans le monde du journalisme et, petit à petit, s'éloigne de sa formation en droit. [10] Il est probable que cette formation, bien qu'il n'en fera pas sa carrière, aura quelques utilités dans ses entreprises. Quoi qu'il en soit, Guay occupera sa première fonction judiciaire en 1905 lorsqu'il sera nommé commissaire de la Cour supérieure de Chicoutimi. [11]

Au mois d'août 1886, le journal Le Réveil du Saguenay est fondé à Chicoutimi. La parution de cet organe d'information ne sera que de courte durée, mais c'est l'occasion rêvée pour Guay d'y apprendre les fondements du journalisme et du fonctionnement d'un journal. Guay écrit dans cet hebdomadaire quelques articles avant d'entreprendre, deux semaines après l'arrêt de parution du Réveil, la fondation du journal Le Progrès du Saguenay. [12]

Profession : journaliste

Tout au long de sa carrière J.-D. Guay cumule les fonctions et les professions. Parmi celles-ci, c'est sans doute le métier de journaliste qui le caractérise le plus. Partout où son nom apparaît, journaux, documents officiels et titres honorifiques, le qualificatif de journaliste le suit. Guay a joué en effet un rôle majeur dans l'histoire de la presse écrite régionale. Il fut un des fondateurs du seul journal au Saguenay comptant aujourd'hui plus de cent ans d'existence, soit Le Progrès du Saguenay, dont le premier numéro est paru à Chicoutimi le 18 août 1887. En en-tête de ce nouvel hebdomadaire, on retrouve alors les noms d'Alphonse Guay, frère de Joseph-Dominique, propriétaire et imprimeur du journal, J.-D. Guay et Louis de Gonzague Belley, rédacteurs. Suivant la coutume, la première parution affiche les couleurs et les objectifs du journal ainsi que les tendances du propriétaire et des rédacteurs :

« Notre journal est né sous l'inspiration d'une idée de progrès et d'avancement.

« Le Saguenay touche à une ère de prospérité : la locomotive vient de siffler samedi sur les hauteurs de la Pointe-taux-Trembles [Chambord], annonçant au Lac St-Jean qu'une communication facile le reliera désormais aux grands centres commerciaux,

« Dans une couple d'année, Chicoutimi aura le même avantage...

« Indépendant en politique, toujours sur la brèche quand il s'agira d'agriculture et de l'industrie, de quelques progrès, voilà ce que se propose d'être notre journal, il est son programme... » [13]

Politiquement indépendant ? Il le sera jusqu'à un certain point. J.-D. Guay est, à cette époque, conservateur et ne s'en cache pas. Attaché à l'agriculture, à l'industrie et au progrès ? Nul ne peut le nier. Le nouvel hebdomadaire chicoutimien en fait son cheval de bataille et ce pendant de longues années, même après la disparition des fondateurs. L'agriculture est en effet la préoccupation première du journal. J.-D. Guay consacre, à chaque numéro, de nombreuses colonnes à l'agriculture régionale. En outre, Le Progrès du Saguenay est le principal promoteur de l'industrie naissante. Le ton qui ressort du journal est optimiste. Le monde entier est tourné vers le progrès et l'avancement technologique. La prospérité économique est le leitmotiv de l'époque et Chicoutimi, comme le reste de la région, se doit de prendre sa place et de se démarquer dans ce nouvel ordre. Toutes tentatives de régression et de stagnation sont dénoncées avec virulence dans l'hebdomadaire.

[34]

Fig. p. 34. L'édifice de la « Bonne Ménagère » où furent situés les locaux du Progrès du Saguenay pendant quelques années. Source : ANQC, fonds SHS.

Au cours de son histoire, Le Progrès du Saguenay va connaître plusieurs bouleversements administratifs et internes. Le 11 octobre 1888, Louis de Gonzague Belley se retire de la rédaction et J.-D. Guay se consacre seul à cette tâche avant de devenir, quelque temps plus tard, propriétaire et seul maître à bord. [14] Âgé de 22 ans, il entreprend de plain-pied sa carrière de journaliste et, par le fait même, fait son entrée dans le monde des affaires. Ses tâches sont nombreuses. C'est sans doute pour cette raison qu'il ne se présente pas aux examens du Barreau, mettant ainsi en veilleuse la carrière à laquelle il se destinait initialement. [15] Le Progrès du Saguenay sera pendant près de vingt ans la propriété de J.-D. Guay. Il le laissera, en 1908, aux soins du Syndicat des Imprimeurs du Saguenay, dirigé par le consortium économique de J.-É.-A. Dubuc et de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi.

En septembre 1889, J.-D. Guay épouse Maria Morin, la fille d'un marchand de Chicoutimi, Israël Morin. De ce mariage naîtront quatre garçons et deux filles. Cette union affermit les bases économiques des entreprises de l'époux, puisque la famille Guay s'associe au capital commercial d'un marchand prospère.

À l'avant-garde de l'agriculture régionale

Lors de la signature de son contrat de mariage, le 1er septembre 1889 [16], Joseph-Dominique Guay reçoit de sa mère, en plus d'une somme de 4000$, les terrains, la bâtisse et les machines du Progrès du Saguenay que cette dernière contrôle par hypothèque. En outre, Marie-Émilie Tremblay donne à son fils une terre de 162 acres avec bâtiments, dépendances, instruments et animaux. Ce sera, à n'en pas douter, une contribution appréciable aux succès   agricoles   du   jeune journaliste. Par la suite, Guay acquerra de nombreuses terres près de la rivière Chicoutimi, dans les paroisses de Chicoutimi et de Laterriere, lui permettant ainsi d'élargir le potentiel de ses cultures et le volume de sa production.

J.-D. Guay s'avère un agriculteur hors pair. L'utilisation de méthodes nouvelles et l'application des dernières techniques en matière de culture lui permettent d'atteindre un rendement des plus élevés et une production de toute évidence exceptionnelle pour ses terres. Sa prospérité et ses connaissances lui valent une certaine notoriété et il est appelé à parcourir la région, donnant des conférences et fondant des cercles agricoles dans les paroisses du Saguenay, du Lac-Saint-Jean et de la Haute Côte-Nord. Il n'est donc pas surprenant qu'on le retrouve, au début des années 1890, à la présidence de la Société d'agriculture régionale. Il conservera ce titre et s'acquittera de cette tâche jusqu'à la fin de sa vie.

Sa compétence en matière d'agriculture est reconnue à travers la province. Le Progrès du Saguenay ne cesse de faire état des prix qu'il reçoit dans les différentes expositions agricoles du Québec. Aussi, en 1896, il est invité à faire partie du comité des juges de l'exposition provinciale de Montréal. [17]

À l'instar de son aîné Pierre-Alexis, il s'intéresse aussi au commerce du beurre et du fromage. Devenus le fer de lance de l'agriculture régionale, ces produits amènent Guay à fonder, en 1895, avec son ami le banquier J.-É.-A. Dubuc, un groupe d'intérêt visant à vendre, soit à l'encan soit par exportation, les produits de plus de 25 fromagers de la région. Ce syndicat du fromage permet aux producteurs locaux de contrôler les prix et d'accroître leurs ventes à l'étranger. Comme Le Progrès du Saguenay semble se plaire à l'annoncer, la mise sur pied du syndicat fait boule de neige et l'idée trouve preneur à l'extérieur du Saguenay.

« La formation de notre syndicat de vente et son fonctionnement intéressent au plus haut point les producteurs de fromage à l'étranger. Nous voyons par nos échanges que des démarches sont faites en plusieurs endroits pour former des Cheese boards comme le nôtre... » [18]

« Tout le fromage du Syndicat, environ 4000 meules, a été vendu lundi après-midi à M.M. Boivin & Côté à raison de 7 cents comptant... » [19]

Les activités agricoles et la vente du fromage sur les marchés nationaux et internationaux permettent à J.-D. Guay de nouer des relations avec de nombreuses personnalités de l'extérieur de la région, qui lui seront fort utiles au moment où il [35] recherchera des investisseurs et des capitaux pour ses autres entreprises. C'est ainsi que J.-A. Couture, vétérinaire de l'Université Laval, fondateur de la Société des éleveurs canadiens et responsable de l'enregistrement du bétail au Québec, et Némèse Garneau, commerçant, agriculteur et ministre de l'agriculture en 1903, font partie, en 1897, des premiers investisseurs de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi. D'autre part, c'est grâce aux exportations de fromage vers l'Angleterre, auxquelles s'adonne la maison Côté & Boivin [20], que la C.P.C. pourra développer son réseau d'exportation de pulpe vers l'Europe. [21]

Avis de publication des lettres patentes
de la Compagnie électrique de Chicoutimi


Avis public est par le présent donné que, en vertu de la "loi corporative des compagnies à fonds social", des lettres patentes ont été émises sous le grand Sceau de la province de Québec, en date du seizième jour d'août courant, constituant en corporation le révérend Léon Parent, prêtre, V.F., procureur du Séminaire de Chicoutimi ; Joseph D. Guay, journaliste et maire de la ville de Chicoutimi ; Louis de Gonzague Belley, avocat et membre du Parlement ; François-Xavier Gosselin, avocat et protonotaire de la cour supérieure ; Paschal-Hercule Boily, marchand et conseiller de la ville de Chicoutimi ; William Warren, contracteur, tous de la ville de Chicoutimi ; Louis Guay, cultivateur et préfet du comté de Chicoutimi ; François Brassard, cultivateur et conseiller municipal du township de Chicoutimi ; William Tremblay, arpenteur, ces trois derniers du township de Chicoutimi et Elzéar Boivin, arpenteur du village de Bagotville, pour fabriquer, produire, fournir, employer, vendre ou louer la lumière, la chaleur et la force motrice produite par l'électricité, dans la ville et le comté de Chicoutimi ; fournir, vendre ou louer la force motrice en général, dans la ville et le comté de Chicoutimi ; établir, construire, acheter, louer et exploiter toutes lignes en fil de fer, des tuyaux ou autres appareils pour conduire l'électricité, pour les dites fins, entre tous endroits dans le comté de Chicoutimi, soit par terre, soit par eau, et faire connexion lorsqu'il sera nécessaire pour les fins de ses opérations avec les lignes de toute compagnie télégraphique dans les limites du comté de Chicoutimi, sous le nom de "Compagnie électrique de Chicoutimi", avec un fonds social s'élevant en totalité à dix mille piastres ($10,000), divisé en cent parts (100) de cent piastres ($100.00) chacune.

Daté au bureau du secrétaire de la province de Québec, ce seizième jour d'août I895.

LOUIS P. PELLETIER,

3171

Secrétaire de la province.

Source : Gazette officielle du Québec, Juillet-Décembre 1895, pp. 1880-1881.


La politique municipale

Au début des années 1890, la ville de Chicoutimi est en proie à une véritable stagnation économique, sociale et politique. Les finances de la ville sont au plus mal et ne sont guère utilisées qu'à des fins de changements mineurs et à l'exécution de quelques travaux sur les infrastructures déjà existantes. L'économie locale basée sur l'industrie du bois de sciage tire de la patte et il n'y a que l'arrivée du train, en 1893, qui peut améliorer un peu les choses. Les quelque 2400 habitants de Chicoutimi ont véritablement besoin d'un profond changement et d'un développement à tous les niveaux. C'est pourquoi J.-D. Guay et une équipe jeune et progressiste décident de prendre les rênes du pouvoir municipal.

Au printemps 1894, l'offensive est lancée. Guay utilise son journal pour pourfendre l'administration du maire David Tessier [22], en place depuis 1891. Le Progrès du Saguenay attaque sur tous les fronts : non respect de la nouvelle charte municipale, iniquités dans le rôle de perception des taxes, incapacité de l'équipe en place à percevoir les subsides nécessaires à son fonctionnement ; même les membres du Conseil, selon le journal de Guay, ne payent pas ce qu'ils doivent. Tous les torts sont portés au compte de la négligence et de l'incompétence de l'administration Tessier. Le Progrès n'y va pas de main morte.

Dans son édition du 27 décembre 1894, il publie le rapport d'une assemblée au cours de laquelle J.-D. Guay fait le procès du Conseil de ville et accuse celui-ci d'être la cause des retards de la ville saguenéenne. [23] Une seule solution s'impose : remplacer le Conseil. Le bouillant journaliste affirme, lors de cette réunion, qu'il n'a pas l'intention de briguer le poste de maire. Pourtant, le 17 janvier 1895, la liste officielle des candidats est publiée et Guay se présente, largement appuyé, contre David Tessier. [24] Quelques jours plus tard, le lundi 21 janvier, ont lieu les élections et c'est J.-D. Guay et la plupart des membres de son équipe qui sont élus. Nommé maire à la première séance du nouveau conseil, il met immédiatement cartes sur table et énonce un programme clair et sans appel. Il compte tout d'abord mettre de l'ordre dans les finances publiques pour ensuite lancer Chicoutimi sur la voie du progrès.

L'administration Guay, qui débute en 1895 pour se terminer avec la démission de celui-ci au mois de mars 1902, contribue à élever Chicoutimi au rang de véritable ville. Les améliorations ne manquent pas : service [36] d'égout, macadamisage des rues, construction de trottoirs, réparation de ponts, construction d'un hôtel de ville et aménagement d'un marché public. Les investissements privés croissent également de façon notable. De nombreuses compagnies d'utilité publique et quelques industries s'installent à Chicoutimi. Derrière ces projets, J.-D. Guay est souvent un des principaux investisseurs. Il n'est donc pas surprenant que lui et ses partenaires fassent l'objet de nombreuses accusations de conflit d'intérêts. On assiste, à cette époque, à un véritable renversement de pouvoir. Les nouveaux capitalistes, J.-D. Guay en tête, noyautent et utilisent le pouvoir municipal au détriment des anciens maîtres de Chicoutimi, les Price. Cette époque est marquée par de nombreuses poursuites devant les tribunaux et par une lutte ouverte entre les deux parties sur la place publique. Bien entendu, le tout est véhiculé avec emphase par les journaux : Le Progrès du Saguenay d'un côté, et de l'autre, Le Protecteur et La Défense jouant, tour à tour, le rôle de contrepoids à ce pouvoir d'apparence si absolu. [25] Dans cette lutte qui divise farouchement la population chicoutimienne, il convient de souligner le rôle primordial de Louis de Gonzague Belley, « l'avocat chicaneux », ex-confrère journaliste de J.-D. Guay et archange de la résistance au parti du progrès. Ses attaques sont cinglantes et audacieuses. Personne n'échappe à sa critique, pas même le clergé local qui se retrouve, à certains moments, impliqué dans de lamentables luttes devant les tribunaux.

Qu'à cela ne tienne, J.-D. Guay est populaire ! Il représente le progrès et la prospérité, son nom suscite la confiance et une bonne partie de la population n'y voit que des avantages. Chicoutimi connaît en effet une période de grande effervescence économique et le maire est réélu trois fois. Cela ne l'empêchera pas non plus de faire un retour en politique entre 1922 et 1923.

Fig. p. 36. J.-D. Guay était reconnu pour ses talents de chasseur. Source : ANQC, fonds SHS.

La Compagnie d'électricité

Un des projets auquel Guay tient le plus est l'installation d'un réseau d'éclairage à l'électricité. Son voeu de doter Chicoutimi d'une telle innovation n'est pas exceptionnel, ni nouveau. L'électricité est, à cette époque, la grande vedette. Il s'agit de la technologie qui suscite le plus d'enthousiasme. Ses utilités sont nombreuses et Chicoutimi, comme toutes les villes du Québec, se doit d'en profiter. Ainsi, dès le premier numéro du Progrès du Saguenay, en 1887, J.-D. Guay écrit :

« Le gaz est remplacé partout par la lumière électrique et cela pour la bonne raison que toutes les villes qui ont les moyens de se payer le service du gaz ont aussi les moyens de se payer le luxe de la lumière électrique.

« ...Après Ottawa est venu Québec et après Québec viendra probablement Montréal qui déjà est éclairé partiellement à l'électricité...

« Plus tard dans un avenir qui n'est peut-être pas aussi éloigné que nous le croyons, nous aurons le même avantage et la chose est d'autant plus probable que nous possédons des pouvoirs d'eau incomparables et qui font l'admiration de tous les visiteurs. » [26]

Tel que l'a pressenti J.-D. Guay, Chicoutimi se dote de la lumière électrique quelques années après Québec, soit en 1895. Ce n'est pas l'administration municipale qui offre alors cette commodité à la population, elle n'en a pas les moyens. Tout au plus peut-elle offrir des conditions favorables pour que des investissements privés se chargent de cette innovation majeure.

Le projet se met en branle en 1894. Pierre-Alexis Guay se rend à Québec afin de recueillir toute l'information concernant la construction d'un réseau électrique. Le 13 décembre, le Progrès du Saguenay annonce la formation prochaine de la compagnie, qui recevra ses lettres patentes le 16 août 1895. Malgré l'opposition de la Compagnie Price, J.-D. Guay et ses amis réussissent à acquérir du gouvernement du Québec des droits sur les pouvoirs d'eau de la rivière Chicoutimi. Ainsi, le 21 février 1895, on annonce que les installations de la centrale électrique seront situées sur l'île de la rivière Chicoutimi acquise pour la circonstance.

Bénéficiant de certains privilèges accordés par le Conseil de ville — exemptions de taxes et droits d'exploitation exclusifs de vingt ans — la compagnie débute les travaux au mois de mars 1895. L'hebdomadaire de Guay annonce alors [37] que les travaux de la chaussée en vue de recevoir les infrastructures électriques sont en bonne voie de réalisation et que le bois nécessaire à la construction des dalles, ponts et bâtisse de la centrale ainsi que les poteaux sont sur place. Ainsi, l'ingénieur responsable du projet, J.-F. Guay, est arrivé à Chicoutimi. [27] La construction dure jusqu'à la fin de l'année. Le réseau est inauguré le 25 décembre 1895, lors de la messe de minuit à la cathédrale :

« L'effet est grandiose, l'installation a été faite avec un goût que l'on ne peut apprécier que pendant les offices. Notre cathédrale, si belle déjà, éclairée à la lumière électrique pendant les offices religieux présente un aspect merveilleux. » [28]

Il s'agit ici d'un premier pas majeur pour J.-D. Guay dans son projet de modernisation de Chicoutimi. Il n'est pas seul dans ce projet. Sa famille, bien entendu, s'implique activement. Tout un réseau local d'intervenants vient compléter cette équipe, dont plusieurs personnalités influentes faisant partie de l'élite : le protonotaire F.-X. Gosselin, le Séminaire, par le biais de son procureur Léon Parent, les marchands Onésime Côté et Elzéar Boivin, le banquier J.-É.-A. Dubuc, etc. Ce sont ces mêmes personnages que l'on retrouve impliqués dans beaucoup d'autres projets de J.-D. Guay. On assiste ainsi à la formation à Chicoutimi d'un véritable groupe d'intérêt qui prend en charge le développement local.

Un système d'aqueduc

Chicoutimi possède depuis plusieurs années un réseau d'aqueduc en bois qui, manifestement, ne répond plus aux exigences d'une ville appelée à croître considérablement. Ainsi, la population de Chicoutimi est invitée, en 1895, à se prononcer sur la meilleure façon de se munir d'un système d'eau courante avec tuyaux en fer. Devant l'impossibilité pour la ville de prendre en charge la construction et le fonctionnement de l'aqueduc, la tâche est confiée à une compagnie privée formée par J.-D. Guay, ses partenaires habituels et plusieurs citoyens favorables à ce projet. La nouvelle société porte le nom de Compagnie municipale des eaux. Forte d'un capital de 50 000$, elle entreprend les travaux au début du mois de juin 1895. Les plans du système d'aqueduc sont l'oeuvre de l'ingénieur belge Louis de la Vallée-Poussin.

Fig. p. 37. La maison ancestrale qu'habitait Guay, communément appelée la « Vieille Maifon », située sur la rue Racine, à Chicoutimi. Source : ANQC, fonds Lemay.

Ce nouveau système utilise la force gravitationnelle pour alimenter la ville en eau potable : la source des conduites se situe sur la rivière Chicoutimi, à un niveau plus élevé que l'ensemble du réseau. Un système de pompes perfectionnées constitue la base des installations. Les travaux de construction du réseau de tuyauterie sont effectués par une équipe d'une centaine d'hommes qui implantent le système de conduites de façon à desservir la presque totalité des rues de Chicoutimi. Les travaux de l'aqueduc sont presque achevés à la fin de l'année 1895, qu'on prévoit déjà une extension jusqu'à l'Hôtel-Dieu, en passant par le Séminaire. D'autres projets sont envisagés. En 1897, les promoteurs comptent construire un tronçon jusqu'à Rivière-du-Moulin. [29]

Fort de ces innovations, J.-D. Guay peut enfin s'attaquer à l'essentiel de son projet. Même si Chicoutimi est lancée sur la voie du développement, la ville doit maintenant posséder une industrie capable de révolutionner les conditions économiques de la population locale.

La fondation de la Compagnie de pulpe
de Chicoutimi


La stratégie d'abord envisagée par J.-D. Guay et ses partenaires pour doter Chicoutimi d'une industrie est de tenter d'attirer au Saguenay d'éventuels investisseurs étrangers. Ainsi, le Conseil municipal autorise les dépenses nécessaires pour publiciser, dans les journaux de Montréal, les avantages dont dispose Chicoutimi pour l'installation d'entreprises industrielles. [30] En effet, afin de démontrer leur détermination, les élus de la ville offrent aux futurs promoteurs des conditions très avantageuses : exemption de taxes, bonis et autres facilités.

Cette campagne publicitaire semble avoir porté ses fruits puisque, le 4 juin 1896, le Progrès du Saguenay annonce la visite d'un certain Mc Farlane, gérant de la Canada Paper Co. [38] Encore une fois, c'est J.-D. Guay qui est entré en communication avec celui-ci pour l'inciter à s'intéresser à sa ville. Mc Farlane semble disposé à construire une usine de fabrication de pulpe et de papier sur la rivière Chicoutimi. La visite qu'il fait des lieux, en compagnie du maire, l'enchante. D'ailleurs, il fait part à ce dernier qu'il n'exige aucun boni pour l'instant et qu'il se contenterait d'une exemption détaxes. Des démarches sont alors entreprises afin d'acquérir des terrains en bordure de la rivière. C'est alors que le projet semble prendre l'eau. Le protonotaire F.-X. Gosselin nous en fait d'ailleurs la relation :

« Les propriétaires de terrains en bordure des pouvoirs d'eau étaient prêts à les vendre sans arrière-pensée de spéculation, comprenant qu'il fallait avant tout servir l'intérêt général et que le progrès de la ville les indemniserait bien mieux de leurs sacrifices que le petit bénéfice qu'ils pouvaient tirer de leurs terrains.

« Il y en eut un, pourtant, qui ne marcha pas d'accord. Il proposa de vendre à la maison Price à un prix qui pouvait donner à chaque propriétaire un léger profit de $400 ou $800. Il se croyait pratique, il ne faisait preuve que d'étroitesse d'esprit et de vues. Accepter cette proposition c'était retourner aux errements auxquels nous voulions mettre fin, c'était reprendre son petit train-train de vie arriérée, ennuyeuse et sans espoir d'amélioration, c'était se réenliser dans cet engourdissement qui était la cause de la stagnation des affaires, c'était en un mot se condamner à vivoter à tout jamais comme nous avions toujours vivoté dans le passé sous l'oeil paternel de MM. Price qui retiraient du Saguenay les millions et ne nous laissaient que les pitons. » [31]

Lettre de recommandation de J.-D. Guay
pour une audience auprès du pape


À son Excellence Monseigneur Tamassi, Internonce Apostolique à La Haye. Rome.

Mon cher Seigneur :

Je suis heureux de vous présenter, avec l'hommage de mes sentiments affectueux, Son Honneur le Maire de la Ville de Chicoutimi, M. J.-D. Guay et Madame la Mairesse.

Ces deux personnages distingués, après avoir visité une partie de l'Europe, désirent voir Rome et surtout avoir le bonheur d'être admis à l'audience du Souverain Pontife.

C'est une faveur à laquelle Mr le Maire et Mde la Mairesse tiennent plus qu'à tout au monde et je m'empresse d'assurer Votre Excellence que l'illustre visiteur a mérité cette insigne faveur par la générosité qu'il déploie pour le soutien des oeuvres et des institutions religieuses de mon diocèse, par le zèle intelligent qu'il déploie depuis plusieurs années en faveur de la classe ouvrière, par la création d'établissements industriels importants où le peuple de la Ville de Chicoutimi trouve, avec le pain quotidien, l'atmosphère d'atelier chrétien tel que le désire le grand pape des ouvriers.

Aussi, Monseigneur, connaissant le crédit dont votre Excellence jouit à bon droit au Vatican par les services importants qu'Elle a rendus à l'Église, je suis convaincu que votre recommandation assurera à M. le Maire de Chicoutimi la faveur d'une audience dans laquelle le grand pape qui aime tant les ouvriers accordera avec effusion une bénédiction au protecteur de la classe ouvrière de ma Ville épiscopale et à sa digne compagne.

Veuillez agréer, Excellence, l'hommage de mes plus affectueux sentiments en N.S.

† Michel-Thomas,

Êvêque de Chicoutimi.

Évêché de Chicoutimi.

3 septembre 1899.

Source : Copie conservée aux ANQC, Fonds SHS, dossier 161, pièce 7.


De toute évidence refroidi par cette situation, Mc Farlane ne donne pas suite à son projet. J.-D. Guay et le parti du progrès se retrouvent devant une seule alternative, agir eux-mêmes. C'est ainsi que le petit groupe dirigé par Guay se met en quête d'un projet d'industrie viable pour Chicoutimi. De nombreux voyages sont effectués au Québec, en Ontario et aux États-Unis dans le but de se rendre compte des possibilités qui s'offrent à eux. Des projets sont pressentis : fabrique de cigares, filature de laine, etc. Toutefois, c'est la fabrication de la pulpe qui occupe toujours l'esprit des entreprenants Chicoutimiens. Toutes les facilités pour une telle industrie se retrouvent à Chicoutimi et c'est ce projet qui, plus que jamais, intéresse Guay et compagnie. Le Progrès du Saguenay est très loquace à ce sujet. L'idée d'une pulperie n'est pas nouvelle : Guay a déjà publié de nombreux articles vantant les mérites d'un tel produit. Tout est en place. J.-D. Guay et sa famille possèdent des territoires de coupe très bien situés en amont sur la rivière du Moulin et aussi sur le pourtour du lac Kénogami. De [39] plus, la rivière Chicoutimi offre un potentiel énergétique idéal au fonctionnement des usines. Une partie des terrains sont déjà entre les mains du groupe d'investisseurs, notamment l'île sur laquelle sera construite la première manufacture. [32]

Étant donné que le capital étranger se fait prier, ce sont donc des investisseurs locaux qui impliqueront leurs avoirs dans l'ambitieux projet. En tête de liste se trouve J.-D. Guay qui, fort de la fortune familiale, fournira la part la plus substantielle de cette grande entreprise financière. Le 26 novembre 1896, le Progrès du Saguenay annonce la fondation prochaine de la manufacture de pulpe. À la première assemblée, le 6 décembre 1896, les actionnaires décident de se regrouper sous la raison sociale de Compagnie de pulpe de Chicoutimi. [33] J.-D. Guay joue un rôle important dans les premières années de la compagnie. Président à compter de 1897, il commence à se retirer de l'entreprise vers 1902. Il demeurera actionnaire pendant encore quelques années et ses bons offices seront un atout précieux pour maintenir l'approvisionnement en bois de la C. P.C.

Cela nous laisse entrevoir qu'il était avant tout un homme d'idées. Il dirigeait la mise en oeuvre de la plupart de ses grands projets. Une fois ceux-ci bien lancés et sur la voie du succès, il n'avait de cesse que de s'attaquer à d'autres défis. Quoi qu'il en soit, la mise en place des moulins de pulpe a représenté un tournant majeur et marquant dans révolution de la ville de Chicoutimi. C'est sans aucun doute l'élément déterminant de son entrée dans le monde moderne : c'est grâce à l'initiative d'hommes comme J.-D. Guay qu'elle a pu prendre son véritable essor et assurer à sa population le confort d'une situation économique enviable.

J.-D. Guay sur tous les plans

J.-D. Guay collectionne les succès. Propriétaire et rédacteur d'un journal, maire de la ville, principal promoteur industriel de Chicoutimi, il juge alors le moment venu de tenter sa chance en politique provinciale, aux élections du printemps 1897. La lutte est acharnée, mais les résultats sont décevants pour le premier magistrat de Chicoutimi. Son adversaire, Honoré Petit, a l'expérience de la politique [34]. Il est député de Chicoutimi depuis 1892 et compte parmi ses supporteurs la puissante Compagnie Price. De plus, Petit possède l'appui du gouvernement en place. Ce sont d'ailleurs les raisons qu'invoque Guay pour expliquer sa défaite. [35]

Fig. p. 39. L'hôtel de luxe « Le Château Saguenay », une des nombreuses réalisations de J.-D. Guay. Source : ANQC, fonds SHS.

Les contrecoups de ce revers ne tardent pas à se dissiper, puisque dès le mois de novembre Guay annonce dans son journal que des travaux d'excavation sont en cours en vue d'édifier à Chicoutimi un hôtel de luxe, le Château Saguenay. Il est en effet conscient depuis quelques années que Chicoutimi ne possède pas l'infrastructure nécessaire pour recevoir les nombreux touristes qui affluent dans la région au cours de la belle saison. Il a d'ailleurs entrepris des démarches auprès du Conseil municipal, en 1894, pour construire un hôtel. C'est en ces termes qu'il faisait alors le point de la situation dans son hebdomadaire :

« Pendant tout l'été l'hôtel Roberval, avec ses centaines de chambres a été rempli, tandis qu'à Chicoutimi, avec les mêmes attractions, tous ces voyageurs, à bien peu d'exceptions près, sont passés sans stationner. » [36]

Pour combler ce vide, Guay projetait la construction d'un hôtel de première classe. Ses exigences ne manquaient pas d'audace : vingt ans d'exemption de taxes, l'assurance d'une licence d'alcool et la construction d'une rue se rendant à l'hôtel. Il n'est donc pas surprenant que sa demande ait été rejetée et le projet retardé de quelques années. En 1897, les conditions sont beaucoup plus favorables : c'est lui qui est à la tête de la ville et les demandes qu'il fait à la corporation municipale ne sont plus qu'une formalité.

Au début de 1898, Guay achète, pour la somme de 23 000$, l'hôtel Martin qui devient dès lors le Château Saguenay. Les travaux d'agrandissement se terminent au cours de l'été. L'hôtel est des plus luxueux. Il compte tout près de 300 lits. Dans ce vaste édifice de quatre étages, dominant la rivière Saguenay, rien n'est laissé au hasard pour satisfaire les touristes. Il s'y greffe un ensemble de propriétés et de lacs en vue d'offrir aux touristes la possibilité de chasser et de pêcher au Saguenay. C'est donc une vaste entreprise « récréo-touristique » que mettent sur pied Guay et ses amis. C'est [40] probablement la première véritable tentative de lancer à Chicoutimi l'industrie touristique sur des bases solides. Encore une fois, on retrouve dans la liste des investisseurs de l'hôtel, les noms de J.-É.-A. Dubuc et de F.-X. Gosselin, fidèles partenaires du maire Guay.

Les activités de J.-D. Guay se poursuivent de plus belle au début du XXe siècle. En plus de son implication dans le domaine du tourisme, il continue l'exploitation de ses entreprises agricoles. Il poursuit, même après la vente du Progrès du Saguenay en 1908, sa carrière de journaliste par la rédaction d'articles portant, entre autres, sur la protection des espèces animales de la région. En homme d'affaires averti, il se lance également dans une étonnante activité de spéculation foncière. Les achats et les ventes de terrains se succèdent à un rythme impressionnant. Une bonne partie de ces transactions vise l'établissement d'une population ouvrière près des moulins de pulpe. À l'initiative de J.-D. Guay, puis de la Compagnie de pulpe elle-même, les ouvriers de la C.P.C. se voient offrir les facilités de crédit qui leur permettront l'accession à la propriété.

Le problème de l'isolement du Saguenay préoccupe également l'ambitieux promoteur. Il est donc de ceux qui, en 1904, créent la Compagnie générale du port de Chicoutimi, afin de développer un réseau de transport maritime et des infrastructures portuaires pour l'expédition de la pâte à papier. L'entreprise verra également à rétablissement de routes ferroviaires adéquates pour le transport de ce produit. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Guay s'intéresse aux chemins de fer. Déjà, en 1901, il faisait état d'un projet ambitieux et gigantesque. Dans une allocution prononcée à Roberval, il faisait valoir les avantages d'une ligne ferroviaire partant du Saguenay jusqu'à Port Simpson, sur la côte du Pacifique, en passant par la Baie James. Les possibilités d'ouvrir les exportations de Chicoutimi vers le Pacifique et l'intérêt qu'aurait la région à mettre la main sur les richesses de l'arrière-pays justifiaient, selon lui, la valeur d'un tel projet. Bien que ce plan n'eut jamais de suite, il démontre à quel point J.-D. Guay ne voyait aucune limite à l'esprit d'entreprise régional. [37]

En 1907, même s'il n'occupe plus le siège de maire, J.-D. Guay n'en demeure pas moins présent sur la scène publique chicoutimienne. Il est membre actif de la Chambre de commerce du Saguenay. Les projets qu'il met de l'avant par le biais de ce regroupement démontrent bien son implication et ses préoccupations constantes pour l'avancement de la région. À titre d'exemple, il propose, lors de la 22e assemblée qui se tient à Roberval le 10 mars 1915, qu'une requête soit présentée au ministre de l'agriculture à Ottawa pour lui rappeler les nombreuses promesses qu'il a faites concernant l'établissement de fermes expérimentales dans la région. [38]

Joseph-Dominique Guay se distingue aussi par son désir d'améliorer les conditions de vie des travailleurs locaux. Cet esprit de dévouement se transpose dans l'attachement qu'il a pour la religion catholique. Il n'est donc pas surprenant que l'évêque de Chicoutimi, Mgr Michel-Thomas Labrecque, lui témoigne beaucoup de respect lorsque, le 3 septembre 1899, il adresse à Mgr Tamassi, internonce à La Haye, une lettre le décrivant comme le protecteur de la classe ouvrière et le recommandant à une audience auprès de sa Sainteté le pape Léon XIII. Guay fait une relation des plus détaillées et des plus émouvantes du voyage qu'il effectue en Europe avec son épouse. Il décrit de façon vivante les villes anglaises, françaises et italiennes qu'il découvre et nous raconte son exaltante rencontre avec le pape :

« À 11 1/2, Léon XIII, ce vieillard de 89 ans, doué encore de toute son intelligence, précédé par une garde d'hommes, des évêques, des cardinaux, entre sur la Sedia gestatoria portée par quatre hommes. Comme je trouve ces hommes heureux de porter le pape : je voudrais être à leur place. C'est une acclamation à n'en plus finir. Nous crions comme si nous étions 200, "Vive Léon XIII, Vive le pape roi". Nous avons le délire, tant notre joie est grande. Je pleure et ma femme aussi. Ceux qui comme nous ont le bonheur de voir le pape, environ une trentaine, dont la majorité de Sicile, acclament le pape chacun dans sa langue.

« [...] nous recevons au milieu de la plus profonde émotion sa sainte bénédiction, en pensant à nos familles et à nos entreprises. Oui, tout cela m'est venu à l'idée, en recevant une bénédiction aussi fructueuse. En une minute, j'ai pensé à tous mes bons amis de Chicoutimi, de Québec, de Roberval, à tous mes bons parents... Quels moments heureux pour un catholique, pour un croyant.

« Après la bénédiction, toujours au milieu des vivas, le pape a fait le tour de l'assistance, nous étions séparés par une barre de fer, mais au moment où Léon XIII passait devant moi, j'ai enjambé de tout mon corps, [j']ai réussi à lui prendre la main. Il nous quitte adressant un sourire à tous les visiteurs et nous le regardons aller jusqu'à ce que la porte se referme derrière lui. » [39]

En 1906, il donne une autre preuve de ses bonnes dispositions pour la religion. Le 22 octobre 1903 arrivent à Chicoutimi les Soeurs de la congrégation des Servantes du Très-Saint-Sacrement, victimes, en France, de l'anticléricalisme et de la laïcisation sociale. Elles s'installent tout d'abord chez les Soeurs du Bon-Conseil puis, en 1906, elles emménagent dans « la vieille maifon » [40] de J.-D. Guay. Celui-ci réside alors au Château Saguenay avec sa famille.

Conclusion

Encensé par plusieurs, décrié par d'autres, Joseph-Dominique Guay est, sans nul doute, une figure des plus marquantes et des plus controversées de l'histoire de Chicoutimi au tournant du siècle. Cet homme doué d'un dynamisme remarquable et d'une combativité proverbiale a su marquer son époque. Même si les positions officielles qu'il occupait au Conseil de ville et les nombreuses entreprises qu'il mit sur pied entrèrent souvent en conflit d'intérêts, défrayant alors les chroniques judiciaires et provoquant de bouillants débats avec ses détracteurs, il n'en demeure pas moins qu'il [41] peut être considéré comme un des principaux acteurs de l'émergence de Chicoutimi dans la modernité. En fait, il a consacré une bonne partie de sa vie à la croissance de sa ville et de sa région.

Au cours des années '20, Joseph-Dominique Guay est atteint d'une grave maladie qui ralentit de beaucoup ses activités. Le 18 septembre 1925, il s'éteint, âgé de 59 ans. Il est inhumé dans le cimetière Saint-François-Xavier de Chicoutimi. Le journal qu'il a dirigé pendant plusieurs années relate sa disparition en ces termes :

« Mêlé à tant de choses, M. Guay eut l'occasion de rendre de grands services. Par ailleurs, certains de ses actes, plusieurs de ses attitudes furent l'objet de critiques assez vives, que le Progrès du Saguenay a quelques fois partagées.

« Son infatigable activité, feu J.-D. Guay l'a souvent mise au service de sa ville, de son comté, de sa région. Il était un régionaliste ardent. Désireux de voir progresser son petit coin de terre, il ne manquait pas une seule occasion de le mettre en vedette aux yeux du reste du pays. Il a pu se tromper parfois dans le choix des moyens, mais il voulait le bien de sa petite patrie saguenéenne. » [41]

Un tourd tribut pour la patrie

La Première Guerre mondiale (1914-1918) est pour Chicoutimi et le Saguenay une période de prospérité intense. Les exportations de pâte à papier en direction de l'Europe augmentent considérablement. La tragédie qui se déroule dans les « vieux pays » n'affecte guère la région. Toutefois, le Canada est engagé aux côtés de l'Angleterre dans l'âpre lutte qu'elle mène avec la France contre l'expansionnisme de l'Allemagne impériale. Dans cette lutte, des soldats canadiens sont impliqués. C'est le cas de Pierre-Eugène Guay, le fils de J.-D., qui poursuit des études en droit, à Edmonton. Il s'enrôle en avril 1916 comme lieutenant-instructeur au sein du 233e bataillon du corps expéditionnaire canadien. Il quitte le pays pour l'Angleterre en octobre 1916 où il est reçu instructeur de tir au fusil et à la mitrailleuse. En avril suivant, il rejoint le front, en France, dans les rangs du 22e bataillon canadien-français.

Pierre-Eugène Guay s'illustre en août 1917 comme commandant en second de la compagnie « C » du célèbre bataillon. C'est au cours de la bataille qui permet de libérer la ville de Lens, dans le nord de la France, qu'il est décoré de la Croix militaire pour son courage et ses actions d'éclat. Le 22e bataillon est ensuite affecté en Belgique, sur le front des Flandres, et c'est à cet endroit que le fils du journaliste et homme d'affaires chicoutimien trouve la mort le 1er mai 1918.

Le prix payé par J.-D. Guay pour son attachement à la grandeur du Commonwealth est énorme. Selon les dires de son fils Jean-Joseph, la mort de Pierre-Eugène attrista à jamais la vie de son père. D'autant plus que le service funèbre qui devait être célébré en l'honneur du héros de guerre, dans la cathédrale de Chicoutimi, fut annulé pour d'obscures raisons. Le corps de Pierre-Eugène Guay est inhumé dans le cimetière militaire de Waïlly, en France.



[1] Russel Bouchard, Histoire de Chicoutimi (1842-1893), Chicoutimi-Nord, L'Auteur, 1992, p. 108. [Livre en préparation dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[2] À ce sujet lire Russel Bouchard, La vie quotidienne à Chicoutimi au temps des fondateurs (1873-1882), Chicoutimi-Nord, L'Auteur, 1993, 596 p.

[3] Russel Bouchard, Histoire..., op. cit.

[4] « Mémoires de Monseigneur Eugène Lapointe » dans Saguenayensia, vol. 30, no 1 (janvier-mars 1988), p. 42.

[5] Alfred Dubuc, « Classes capitalistes, accumulation du capital et idéologie du progrès à Chicoutimi à la fin du XIXe siècle » dans Saguenayensia, vol. 36, no 4 (octobre-décembre 1994), pp. 28-40.

[6] Ibid.

[7] Raymond Desgagné, « Joseph-D. Guay (1866-1925) » dans Saguenayensia, vol. 10, no 4 (juillet-août 1968).

[8] « Souvenirs du jeune âge » dans Alma mater, novembre 1920, pp. 15-16, et décembre 1920, pp. 21-22.

[9] Ibid.

[10] Raymond Desgagné, op. cit.

[11] II s'agit d'une fonction n'existant plus aujourd'hui mais qui correspond de près ou de loin au rôle de greffier. Le commissaire de Cour devait recevoir les affidavits pour la Cour à laquelle il était assigné. ANQC, fonds de la SHS, document 56.

[12] Raoul Lapointe, Histoire de l'imprimerie au Saguenay, Chicoutimi, 1969, publication de la Société historique du Saguenay, no 22, p. 54.

[13] « Notre programme » dans Le Progrès du Saguenay, 18 août 1887, p. 2.

[14] Le Progrès du Saguenay, 3 janvier 1889.

[15] Raymond Desgagné, op. cit.

[16] Contrat de mariage entre Joseph-Dominique Guay et Maria Morin, passé devant le notaire Séverin Dumais, le 1er septembre 1889, no 3870.

[17] Le Progrès du Saguenay, 17 septembre 1896.

[18] Le Progrès du Saguenay, 4 juillet 1895, p. 1.

[19] Le Progrès du Saguenay, 28 juillet 1895, p.1.

[20] Cette maison de commerce est fondée par l'association d'Onésime Côté et d'EIzéar Boivin. Ces deux commerçants sont, par ailleurs, des investisseurs de plusieurs projets de J.-D. Guay, la Compagnie municipale des Eaux, la Compagnie électrique, la C.P.C., ainsi que la Compagnie du Château Saguenay.

[21] Alfred Dubuc, op. cit., p. 34.

[22] David Tessier fait partie de la vieille garde de Chicoutimi. Il est marchand depuis plusieurs années, en association avec Jean-Baptiste Petit, le célèbre chroniqueur sur la vie à Chicoutimi à cette époque.

[23] Le Progrès du Saguenay, 27 décembre 1894.

[24] Le Progrès du Saguenay, 17 janvier 1895.

[25] Gaston Gagnon, « Pouvoirs et société à Chicoutimi » dans Saguenayensia, vol. 22, nos 3-4 (mai-août 1980), pp. 128-134.

[26] « La lumière  électrique  à Québec » dans Le Progrès du Saguenay, 18 août 1887, p. 1.

[27] Le Progrès du Saguenay, 21 mars 1895, p. 5.

[28] Le Progrès du Saguenay 31 décembre 1895.

[29] Le Progrès du Saguenay 1895-1896.

[30] ANQC, Fonds Dubuc, cote 1.6.9.4, F.-X. Gosselin, document dactylographié sur l'histoire de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi, p. 2.

[31] Ibid.

[32] II s'agit ici de l'île Électrique, où on avait installé la première centrale électrique l'année précédente. Cette île, si on en croit les dires du fils de J.-D. Guay, Jean-Joseph, fut achetée par son père à la Compagnie Price pour installer une colonie de lapins. Cette dernière raison était en fait un subterfuge pour ne pas éveiller les soupçons de Price sur les activités industrielles qui se préparaient. Propos de Jean-Joseph Guay recueillis par l'abbé Victor Tremblay le 28 janvier 1952, Société historique du Saguenay, mémoire no 405.

[33] F.-X. Gosselin, op. cit., p. 3.

[34] Honoré Petit est maire du village de Sainte-Anne et a été préfet du comté de Chicoutimi de 1879 à 1881 et de 1885 à 1891. Sylvain Gaudreault, « La vie quotidienne d'un député du Saguenay au début du XXe siècle : le cas d'Honoré Petit » dans Saguenayensia, vol. 35, nos 3-4 (juillet-décembre 1993), p. 45.

[35] Le Progrès du Saguenay, 13 mai 1897, p.1.

[36] « Projet important » dans Le Progrès du Saguenay 27 septembre 1894, p. 1.

[37] Raymond Desgagnés, op. cit. ; Le Progrès du Saguenay, 5 juillet 1901.

[38] Le Courrier du Nord, bulletin de la Chambre de commerce du Saguenay, 3e année, no 8, mai 1915, pp. 9-10.

[39] ANQC, Fonds Mgr Victor-Tremblay, dossier 162, Notes du voyage de J.-D. Guay et son épouse en Europe, 39 pages.

[40] Maison de J.-D. Guay, située sur la rue Racine, face à l'hôtel de ville actuel. Elle fut détruite en 1952, pour faire place au bureau de poste. L'origine de l'appellation « vieille maifon » vient du fait qu'un écriteau portant cette inscription était posée devant la maison de Guay. L'explication la plus logique à cette calligraphie est qu'en vieux français un « s » pouvait ressembler à un « f ».

[41] « Feu J.-D. Guay » dans Le Progrès du Saguenay 24 septembre 1925.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 28 mars 2015 10:30
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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