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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Albert TSCHEPE, s.j., Histoire du royaume de Tsin, (1106-452.) (1910).
Extrait: 597, le désastre de Pi.


Une édition électronique réalisée à partir du texte du Père Albert TSCHEPE, s.j., Histoire du royaume de Tsin, (1106-452). Variétés sinologiques n° 30. Imprimerie de la Mission catholique de l’orphelinat de T’ou-sé-wé, Chang-hai, 1910, xxii+438 pages +une table généalogique de la famille régnante et des grands seigneurs de Tsin (en 2 parties). Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

 

EXTRAIT :
597, le désastre de Pi

… Ainsi la confusion était grande au camp de Tsin ; elle allait encore augmenter d’une manière incroyable, et amener un désastre. Un haut dignitaire de Tch’ou apporta le message suivant :

« Notre humble roi a passé sa jeunesse au milieu des troubles, et n’a pu cultiver les lettres ; il a cependant appris que ses deux prédécesseurs Tcheng (671-626) et Mou (625-614), à diverses reprises, sont venus dans ce pays de Tcheng, mais uniquement pour exhorter le peuple à la vertu, y faire régner le bon ordre, sans vouloir aucunement offenser votre illustre maître ; ainsi, mes seigneurs, ne vous attardez pas ici plus longtemps après cette pacifique explication.

C’était dire, en termes mielleux : sortez d’ici ! vous n’avez aucun droit sur ce pays ; il est à nous !

Che Hoei, le fin lettré, répondit sur le même ton :

« Autrefois, l’empereur P’ing-wang (770-720) donna à notre souverain Wen-heou (780-746) l’ordre suivant : avec le prince de Tcheng, soyez un rempart protecteur de la dynastie régnante ; prenez garde d’oublier les paroles de votre empereur ! Le prince de Tcheng ne tenant pas compte de ce mandat, notre humble souverain nous a envoyés lui en demander raison ; comment oserions-nous chercher querelle à votre illustre roi ? Ainsi nous vous remercions très humblement du conseil de nous en retourner.

C’était comme dit le proverbe « à bon chat bon rat ». Mais Sien Hou trouva cette réponse humiliante, et trop flatteuse envers un ennemi ; il dépêcha Tchao Kouo rejoindre le mes sager, et lui dire :

« Notre interprète n’a pas rendu exactement les paroles de notre roi ; les voici : Allez ! empêchez les gens de Tch’ou de jamais remettre les pieds au pays de Tcheng ; ne reculez devant personne ! Ainsi nous ne pouvons désobéir à un ordre si formel.

Malgré cette impudente provocation, le roi de Tch’ou envoya un nouvel ambassadeur, proposer un traité, dans lequel on fixerait amicalement la sphère d’influence de chacun des deux rivaux. Le généralissime Siun Lin-fou accepta ce moyen de concor de, et indiqua le jour où l’on entrerait en pourparlers.

Au camp de Tch’ou, cependant, l’opinion publique était pour la bataille, et le roi allait se voir débordé, tout aussi bien que Siun Lin-fou ; le combat sera engagé, en dépit des deux com mandants en chef ; désordre périlleux pour les deux armées ; fu neste surtout pour celle de Tsin, déjà si divisée par les jalousies.

Un grand officier de Tch’ou, nommé Yo-pé, avait pour conducteur de char l’officier Hiu-pé ; pour lancier, Che‑chou. Tous trois résolurent d’aller insulter les troupes de Tsin, et de les braver jusque dans leur camp. Le conducteur disait :

— Quand on va provoquer l’ennemi, le char doit être lancé avec une telle rapidité, que l’étendard se replie jusqu’à terre sous la résistance de l’air ; on va ainsi jusqu’à la porte du camp, et l’on rebrousse chemin.

— Non pas ! disait Yo-pé : à la porte du camp, le maître du char décoche une bonne flèche, prend les rênes en main, le conducteur descend, met en ordre les sous-ventrières des chevaux, remonte tranquillement, et l’on s’en re tourne.

— Ce n’est pas encore cela ! disait le troisième compère : le lancier doit entrer dans le camp, couper l’oreille gauche à un soldat, en prendre un autre au collet, l’amener sur le char ; après quoi l’on s’en revient.

Qui plus est, les trois vantards exécutèrent à la lettre ce qu’ils avaient dit ! Du camp de Tsin, on s’élança de deux côtés à leur poursuite, espérant les cerner à quelque distance ; mais Yo-pé avait bandé son arc : à droite du char, il visait les hommes, à gauche les chevaux, et il ne manquait jamais son but. Il ne lui restait plus qu’une flèche, quand il aperçut à l’avant un char un magnifique cerf qui fuyait, effrayé par le tumulte ; il le visa et lui perça le dos ; se tournant ensuite vers les gens de Tsin, il reconnut le seigneur Pao Koei et qui le suivait de près ; il ordonna à son lancier d’aller lui offrit ce cerf, et de lui dire :

— Ce n’est pas précisément l’époque où l’on s’envoie de la ve naison ; je vous présente tout de même cette pièce de gibier, pour en régaler votre suite !

Pao Koei fit arrêter ses gens en leur criant :

— Yo-pé est un maître à tirer de l’arc ; son lancier, un maître dans l’art de bien dire ; ce sont deux hommes éminents ; laissons-les s’en retourner tranquillement à leur camp.

Auprès du généralissime Siun Lin-fou était un certain sei gneur, nommé Wei I, fils de ce Wei Tch’eou dont nous avons parlé à l’année 633-632 ; il avait demandé à être admis parmi les membres de la famille régnante les Kong-tsou, la 1e classe des nobles ; on lui avait refusé cette faveur, il demanda permission d’aller provoquer les gens de Tch’ou, on le lui refusa encore ; il demanda enfin d’être envoyé traiter de la paix, Siun-lin fou eut l’imprudence de le lui accorder ; on voulait lui donner un collègue et des instructions ; mais il monta aussitôt sur son char et partit à toute vitesse.

Auprès du même généralissime était un autre écervelé, Tchao Tchen, digne fils de son père Tchao Tch’oan ; il avait brigué la dignité de ministre, on la lui avait à bon droit refusée ; il cherchait donc une action d’éclat, pour montrer son génie. Voyant qu’on avait laissé échapper Yo-pé, il demanda la permis sion d’aller venger l’honneur de Tsin, en provoquant de même le camp de Tch’ou ; on la lui refusa ; il insista pour être du moins chargé de négocier la paix ; Siun-lin fou le lui accorda, et comme l’autre il partit au plus vite.

Le seigneur K’i K’o dit alors au généralissime :

— Ces deux enragés vont accomplir une ambassade à leur façon ! nous ferions bien de nous tenir sous les armes, pour ne pas être surpris à l’improviste !

Mais l’entêté général Sien Hou répliqua :

— Les gens de Tcheng nous poussaient au combat, nous n’avons pas su suivre leur conseil ; les gens de Tch’ou nous proposent la paix, nous ne savons pas la conclure ! L’armée n’a pas de tête ; à quoi bon les précautions ?

Che Hoei insista en disant :

— Il est toujours bon d’être sur ses gardes ! Si les deux députés froissent les gens de Tch’ou, ceux-ci se rueront sur nous à l’improviste, et nous serons perdus ; préparons-nous à toute éventualité ! Si les gens de Tch’ou n’entreprennent rien contre nous, nos précautions auront été dans l’ordre, car dans les réunions où les vassaux veulent conclure un traité, chacun a ses gardes sous les armes, afin d’être respect et honoré selon son rang.

Sien Hou persista à ne rien faire. Che Hoei s’en alla ; il chargea les seigneurs Kong Cho et Han Tch’oan de placer des soldats en embuscade, en sept endroits différents, au pied de la montagne Ngao ; c’est ce qui sauva son corps d’armée.

A l’insu de Sien Hou, le seigneur Tchao Ing-ts’i chargea plusieurs officiers de préparer des barques sur la rive du Fleuve Jaune ; plus tard, voyant la bataille perdue, ses hommes sautèrent les premiers dans ces barques, et échappèrent au massacre.

Pendant ces préparatifs, que devenaient nos deux ambassa deurs ? Arrivé au camp de Tch’ou, Wei I se mit à faire le fanfaron ; il criait à tue-tête qu’on se dépêchât de suite à venir sur le champ de bataille ; et il remonta en char. Indigné d’une telle outrecuidance, le seigneur P’an-tang lui donna la chasse jusqu’à un étang nommé Yong-tché. Là, Wei I aperçut six cerfs, qui paissaient dans les lagunes ; il en tua un, et cria à P’an-tang :

— Votre seigneurie n’a sans doute pas eu le loisir de se procurer du gibier ; je lui offre cette pièce, pour régaler sa suite !

Notre homme était heureux de rendre aux gens de Tch’ou bravade pour bravade. P’an-tang aussi cessa de le poursuivre.

Pendant ce temps, Tchao Tchen était arrivé à son tour au camp ennemi, ignorant ce qui s’était passé. En brave qui ne craint rien, il avait étendu sa natte de lit devant la porte du camp, et il avait envoyé ses gens à l’intérieur porter le défi. Nous avons dit plus haut que la garde personnelle du roi était composée de deux compagnies ; dans chacune d’elles il avait un char de guerre qu’il montait à tour de rôle. On était dans l’après-midi du 23 avril ; c’était donc la compagnie (ou régiment) de gauche qui était de garde ; le roi monta sur son char pour donner lui-même la chasse à ce second impudent.

Celui-ci fuyait à toute bride ; mais se voyant pressé de trop près, il sauta de son char, et s’enfuit dans la forêt, le lancier K’iué-t’ang l’y poursuivit encore ; le pauvre fanfaron dut quitter ses armes et ses vêtements, pour courir plus vite, et finit par lui échapper.

Les gens de Tsin étaient anxieux sur le sort de leurs deux écervelés, qu’on ne voyait point revenir ; par prudence, on avait envoyé un char à leur rencontre ; celui-ci, dans sa course rapide soulevait un tourbillon de poussière. P’an-tang y fut trompé ; vite il dépêcha un exprès au camp, avec ces mots : les gens de Tsin arrivent sur nous !

De leur côté, les officiers de Tch’ou craignant que leur roi ne s’avançât trop loin dans sa poursuite, et ne fût entouré par quelque embuscade, avaient déjà mis leurs hommes sous les armes, et étaient prêts à partir.

Le premier ministre Suen Chou-ngao fit sortir toute l’armée et cria :

— En avant ! mieux vaut surprendre l’ennemi que d’en être surpris ! la chance est pour celui qui attaque le premier !

Chars de guerre et fantassins s’élancèrent à l’assaut du camp de Tsin.

Siun Lin-fou ne savait pas ce qui s’était passé ; voyant l’ar mée de Tch’ou accourir, il perdit la tête ; il fit battre les tambours et cria :

— Sauve qui peut ! le premier qui aura repassé le Fleuve Jaune sera récompensé !

Les soldats du centre et de l’aile gauche se précipitèrent sur les barques ; ceux qui n’avaient pu y prendre place, les retenaient en s’y cramponnant ; on leur coupait les doigts à coups de hache ; c’était une confusion indescriptible !

Pendant que ces deux corps d’armée étaient ainsi en déroute complète, Che Hoei avec ses hommes restait inébranlable à son poste ; son courage et son sang-froid furent le salut d’une partie des troupes de Tsin. Tout l’effort de la lutte se concentra sur lui ; Ts’i, ministre des travaux publics de Tch’ou, lança contre lui l’aile droite de son armée sans pouvoir l’entamer. Le prince de T’ang, nommé Hoei-heou, était là, à titre d’auxiliaire ; le roi députa P’an-tang avec quarante chars l’inviter à attaquer aussi Che Hoei ; quoique ce fût le souverain d’une principauté minuscule, le message était extrêmement poli ; le roi y disait :

« Moi, qui n’ai ni vertu ni valeur, j’ai cependant eu l’audace de me mesurer avec un grand royaume ; j’avoue humblement ma faute ; mais si je suis vaincu, votre seigneurie en sera aussi couverte de honte ; ainsi je compte sur votre puissant secours pour m’aider à remporter une pleine victoire.

Les seigneurs T’ang Kiao et Ts’ai Kieou-hiu accompagnaient P’an-tang.

Le seigneur K’i K’o [nommé aussi Kiu-pé] demanda à Che Hoei s’il ne convenait pas de prendre l’offensive, et de se jeter sur les assaillants.

— Nullement ! répondit le prudent général ; les troupes de Tch’ou sont dans l’enivrement de la victoi re, elles sont capables de tout culbuter ; il vaut mieux masser nos hommes, nous retirer tout en combattant, faire l’office d’arrière garde, et protéger ainsi ceux de nos frères d’armes qui sont en fuite devant nous.

On se mit donc en marche ; et grâce à cette retraite régulière et en bon ordre, malgré les assauts réitérés de l’ennemi, la défaite ne fut pas une extermination.

A la nuit tombante, l’armée de Tch’ou établit son camp à Pi ; celle de Tsin continua toute la nuit à passer le fleuve, sous la protection de Che Hoei. Le lendemain, le roi faisait ame ner ses lourds chariots de provisions, puis, quelques jours plus tard il transférait son camp à Heng-yong ; l’expédition était finie.

Avant de prendre le chemin du retour, P’an-tang proposa de réunir en un même tas tous les cadavres des soldats de Tsin, et d’élever sur eux un monticule, au bord du fleuve ; ce serait un mémorial de cette grande victoire ;

— J’ai ouï dire, ajoutait-il, que les anciens donnaient le conseil suivant : quand on a vaincu un ennemi, il faut en transmettre le souvenir glorieux à ses descen dants, afin qu’ils n’oublient pas les hauts faits militaires.

Le roi répondit :

— Vous parlez d’une chose que vous ne com prenez pas. Quand on écrit le caractère Ou, qui signifie vaillant, on trace d’abord la partie tche cesser, puis la partie tir à l’arc, dont il se compose ; ainsi, par l’écriture même, on vous enseigne qu’un véritable vaillant est celui qui fait cesser les guerres. Le livre des Vers raconte que Ou-wang, après avoir abattu la dynastie Chang, dit aux princes réunis : j’ai fait rap porter les boucliers et les lances, remettre dans leurs carquois les arcs et les flèches ; je vais cultiver la vertu, et la répandre partout ; ainsi je mériterai de conserver le pouvoir impérial. Ailleurs, dans le même livre, le fameux Tcheou-kong célébrant encore les hauts faits de Ou-wang, lui donne cet éloge : vainqueur des Ing, vous avez mis fin aux massacres. Ailleurs encore il est dit : nous devons nous rappeler sans cesse les exemples de Ou-wang, et nous travaillerons uniquement à affermir la tranquillité de l’empire. Ailleurs enfin, le même livre célébrant les faveurs ac cordées par le ciel à la vertu de Ou-wang, a cette belle parole : tous les peuples jouissent de la paix ; souvent les récoltes sont magnifiques.

Ainsi, la vraie valeur militaire se manifeste dans la répression de la tyrannie, l’empressement à remettre les armes au dépôt, la conservation de son autorité, l’affermissement de la paix, le bonheur du peuple, la concorde avec les États voisins. De cette manière, la postérité se souvient longtemps des exploits de ses ancêtres.

Le roi continua son discours onctueux sur le même ton ; nous l’abrégeons par égard pour le lecteur. Ce prince vertueux offrit un sacrifice à l’Esprit protecteur du Fleuve Jaune, qui lui avait été si favorable ; il bâtit une pagode à ses ancêtres, pour leur an noncer sa victoire, puis il retourna triomphalement dans son pays. Naturellement, les troubles continuèrent dans la principauté de Tcheng, le roi de Tch’ou n’en était point fâché, cela lui four nissait l’occasion d’intervenir ; il y gagnait toujours quelque chose.

Voici maintenant quelques détails relatifs à cette singulière bataille : Pendant le combat, le roi de Tch’ou voyant arriver son régiment de droite, voulait monter sur le char de cette compagnie, comme étant la plus honorable ; son lancier K’iué-t’ang l’en dissuada en disant :

— Votre Majesté a commencé la bataille sur le char de gauche, elle doit y rester jusqu’à la fin.

Il craignait que ce changement n’impressionnât les troupes, et ne fût consi déré comme un mauvais présage. Depuis lors, ce fut la compagnie (ou régiment) de gauche qui eut la préséance dans la garde royale.

Autre fait : Un char de Tsin était embourbé dans un bas-fond ; des soldats de Tch’ou, au lieu d’en profiter pour massacrer ceux qui le montaient, leur crièrent d’enlever la barre transver sale où se trouvaient suspendues plusieurs armes ; le char ainsi allégé put faire quelques pas, mais s’arrêta de nouveau :

— Enlevez le grand drapeau ; crièrent les gens de Tch’ou ; couchez-le en tra vers, il ne donnera pas prise au vent !

Le char étant sorti d’em barras, le conducteur, pour remercîment, dit aux gens de Tch’ou, comme un fin lettré :

— Nous autres, nous n’avons ni l’expérience ni l’habitude de la fuite comme votre illustre royaume !

sur ce, il lança ses chevaux au grand galop.

Encore un trait curieux : L’un des auteurs du désastre, l’écervelé Tchao Tchen pendant la bataille avait cédé ses bons chevaux à son frère aîné et à son oncle, qui purent ainsi échapper à l’ennemi ; c’était héroïque de sa part ; lui, avec leurs mauvais chevaux, ne tarda pas à être rejoint par les gens de Tch’ou, il sauta de son char, et s’enfuit dans une forêt voisine. Bientôt après, passait près de là le grand officier Fong avec ses deux fils ; celui-ci dit aux deux jeunes gens :

— Pressez la course des chevaux en avant, sans regarder à droite ou à gauche !

Il avait bien aperçu le pauvre fuyard, mais il voulait l’abandonner à son sort si mérité. Mais les jeunes gens regardaient quand même de tous côtés ; ayant vu le fugitif, ils crièrent à leur père :

— Voilà le seigneur Tchao Tchen abandonné derrière nous !

Fong indigné leur ordonna de descendre ; leur montrant un arbre, il leur dit :

— Mourez là !

puis il tendit à Tchao Tchen la courroie de cuir qui servait à monter en char, il le reçut à leur place et lui sauva la vie. Le lendemain, il revint au même endroit, il y trouva ses deux fils, tués par les gens de Tch’ou.

Dernier incident ; Hiong Fou-ki, grand seigneur de Tch’ou, avait fait prisonnier le jeune Ing, fils de Siun Cheou, et neveu du généralissime. Ayant appris cette nouvelle, le malheureux père prit les troupes de son clan, et retourna sur le lieu du combat, suivi par un bon nombre de soldats du 3e corps (l’aile gauche), dont il était un des grands officiers, Le conducteur de son char était le seigneur Wei I. Le pauvre père lançait ses flèches à droite et à gauche ; mais quand il lui en tombait sous la main une excellente, il la mettait en réserve dans le carquois de son conducteur. A la fin, celui-ci lui cria :

— Ne voulez-vous donc pas délivrer votre fils ? pourquoi épar gner les flèches ? sur le bord du lac de Tong-tché, il y a de quoi en faire d’autres !

Siun-cheou lui répondit :

— Si je ne fais prisonnier un fils de grande famille, pour l’échanger contre le mien, je combats en vain : je ne veux pas lancer au hasard mes bonnes flèches !

Enfin, il finit par tuer le grand officier Siung‑lao, dont il prit le cadavre sur son char ; bientôt après, il blessait et emmenait prisonnier le prince Kou-tch’en :

— Maintenant, dit-il, retournons ; j’ai de quoi faire l’échange !


Retour au texte de l'auteur: Yves Martin, sociologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le samedi 2 juin 2007 11:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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