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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Le problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais (1947)
Introduction générale


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais. Édition revue. Collection: L’évolution de l’humanité, synthèse collective. Paris: Albin Michel, Éditeur, 1947, 549 pages, 6 planches hors texte. Une édition numérique réalisée par M. Jean-Marc Simonet, bénévole, professeur retraité de l'enseignement, Université de Paris XI-Orsay.

Introduction générale

De bons manuels sont bons. Mais l’Évolution de l’Humanité n’est pas une collection de manuels, si excellents soient-ils. Nul ne m’en voudra donc, parmi ses fidèles, si, ayant assumé la lourde tâche d’examiner dans le cadre de cette grande entreprise, les problèmes religieux qui tinrent tant de place dans la vie des hommes au temps de la Renaissance, j’use aujourd’hui d’une démarche insolite en consacrant tout un gros volume à ce qu’on pourrait nommer l’autre face de la croyance : l’incroyance. 

Que le titre de ce livre n’égare donc point le lecteur. J’aime Rabelais. Mais l’ouvrage que voici n’est pas l’hommage d’un lecteur curieux à un auteur qui le divertit. Ce n’est pas, en d’autres termes, une monographie rabelaisienne. C’est, en intention, et dans son ambitieuse modestie, un essai sur le sens et l’esprit de notre xvie siècle. 

Un de plus ? Comme si tout n’avait pas été dit depuis qu’il y a des exégètes de la Renaissance, et qui se copient les uns les autres ? — Précisément, je voudrais ne pas copier mes devanciers. Non par goût gratuit du paradoxal et du nouveau : parce que je suis historien, simplement, et que l’historien n’est pas celui qui sait. Il est celui qui cherche. Et donc qui remet en question les solutions acquises, qui révise, quand il le faut, les vieux procès. 

Quand il le faut — n’est-ce point dire « toujours » ? Ne faisons pas comme si les conclusions des historiens n’étaient pas nécessairement frappées de contingence. De toutes les sottes formules, celle du livre « qu’on ne récrira plus » court risque d’être la plus sotte. Ou mieux : on ne le récrira plus, ce livre, non parce qu’il atteint l’absolu de la perfection, mais parce qu’il est fils de son temps. Histoire, fille du temps. Je ne le dis certes pas pour la diminuer. Philosophie, fille du temps. Physique même, fille de son temps : celle de Langevin n’est plus celle de Galilée, qui n’est plus celle d’Aristote. Progrès de l’une à l’autre ? je veux bien. Historiens, parlons surtout d’adaptation au temps. Chaque époque se fabrique mentalement son univers. Elle ne le fabrique pas seulement avec tous les matériaux dont elle dispose, tous les faits (vrais ou faux) dont elle a hérité ou qu’elle vient d’acquérir. Elle le fabrique avec ses dons à elle, son ingéniosité spécifique, ses qualités, ses dons et ses curiosités, tout ce qui la distingue des époques précédentes. 

Pareillement, chaque époque se fabrique mentalement sa représentation du passé historique. Sa Rome et son Athènes, son Moyen Age et sa Renaissance. Comment ? Avec les matériaux dont elle dispose — et par là, un élément de progrès peut se glisser dans le travail d’histoire. Plus de faits, et plus divers, et mieux contrôlés : le gain n’est pas négligeable. A égalité de talent, la maison n’est point la même que le bon architecte bâtit avec de vieux moellons et deux ou trois poutres usagées — ou bien avec de belles et bonnes pierres taillées, en abondance, et de belles pièces de charpente prêtes à l’assemblage. Mais il n’y a pas que les matériaux. Il y a les dons aussi, et qui varient, les qualités d’esprit et les méthodes intellectuelles ; il y a, surtout, les curiosités et les motifs d’intérêt, si prompts à se transformer et qui projettent l’attention des hommes d’une époque sur tels aspects du passé, longtemps laissés dans l’ombre, et que demain les ténèbres de nouveau recouvriront. Ne disons pas que c’est humain, mais bien, que c’est la loi du savoir humain. 

Nos pères se sont fabriqué leur Renaissance. Elle n’était plus déjà la Renaissance de leurs pères. De cette Renaissance nous avons hérité : à quinze ans, mes camarades et moi, nous lisions Taine, le Voyage en Italie et la Philosophie de l’Art ; à dix-huit, nous nous nourrissions de Burckhardt. Et mon Rabelais fut longtemps le Rabelais de Gebhart. Cependant, de 1900 à 1941, que de tragédies et d’effondrements ! Si je ne m’en étais pas rendu compte par moi-même (je n’ironise pas : l’homme a un tel besoin de stabilité, il trouve dans la stabilité une telle douceur que, même clairvoyant par nature et profession, il refuse de l’être bien souvent par instinct, et fermant ses yeux à la réalité, il ne regarde que ce qu’il vit autrefois) — si je ne m’en étais pas rendu quelque compte personnel, la lecture en 1922 de la grande introduction mise par Abel Lefranc en tête du Pantagruel, dans l’édition critique des Œuvres, m’en eût averti. Elle me donna un choc — d’où ce livre, ce livre qui voudrait poser, par réaction, les difficiles problèmes de l’incroyance. 

*** 

Devant nous, quelques-uns des grands esprits du xvie siècle. Et d’abord Rabelais. En son for intérieur, que fut vraiment cet homme ? Un Tourangeau narquois, héritier sans plus de la verve anticléricale et gauloise de l’Orléanais Jean de Meung ? ou bien un profond philosophe qui, gagnant de vitesse ses contemporains, les devança tellement dans la critique et l’incroyance que nul ne le put suivre ? Fut-il le sceptique d’Anatole France, proposant à son siècle « la foi la plus nécessaire à l’homme, la plus conforme,à sa nature, la plus propre à le rendre heureux : le doute » — ou, tout au contraire, le fanatique d’Abel Lefranc, décidé à guider les hommes vers les certitudes laïques d’une science sans lisières ? Plus placides que l’exégète fougueux de Pantagruel, verrons-nous en Rabelais un de ces chrétiens médiocres qui juchent sur l’autel du Dieu des bonnes gens un Christ totalement dépourvu d’auréole — ou bien l’animerons-nous d’une passion réformée, vite refrénée par la peur des supplices ? Nous voilà comme Panurge : que choisir, que repousser ? Et s’il s’agit d’autorités, il s’en abrite dix, et des plus révérées, derrière l’un et l’autre de ces avis contraires... 

Rabelais : mais voici Des Périers. L’inconnu Des Périers. Humaniste féru de pensée platonicienne ; serviteur tantôt bien, tantôt mal en grâce de la Marguerite des Marguerites ; militant de la courageuse équipe qui dota la Réforme française de sa première Bible « en vulgaire » ; collaborateur d’Étienne Dolet, prince des libertins, pour les Commentaires de la Langue latine ; auteur certain de poèmes pessimistes, auteur probable de Contes alertes et gaulois, auteur mystérieux d’un Cymbalum Mundi dont, pendant quatre siècles, l’inspiration et l’origine sont restées des énigmes : entre tous ces aspects d’un même homme, comment choisir ? Quelle figure composer à celui que les critiques, tour à tour, tirent vers la Réforme, la libre pensée, le mysticisme ou la gauloiserie ? 

Des Périers, mais sa protectrice Marguerite de Navarre ? La chrétienne du Miroir de l’âme pécheresse ; la mondaine des contes de l’Heptaméron ; la mystique des lettres à Briçonnet ; la luthérienne qui traduisit en vers français le Commentaire de Martin Luther sur l’Oraison dominicale ; la calviniste qui soutint à ses débuts le futur auteur de l’Institution ; la spirituelle qui protégea Pocques et Quentin contre les fureurs du Picard devenu Genevois ; l’assoiffée d’amour divin :

 

O doux amour au doux regard
Qui me transperces de ton dard...
Hélas, j’ai peur
De n’aimer point d’assez bon cœur...

 

Avec tant de traits disparates (et qu’il serait vain de vouloir classer par époques), comment retracer une physionomie vivante, et cohérente ? 

Des Périers, mais son patron Dolet ? Un martyr de la Renaissance : voyez Copley-Christie. Un champion du libertinisme, adressez-vous à Boulmier qui rajeunit Bayle. Un sectateur de l’Évangile pour tous : croyez-en Nathanael Weiss, héritier de Des Maiseaux. Autorités, affirmations, doutes. Pourtant, tous les témoins sont là, amis ou ennemis ; tous les textes sont là, et d’abord les œuvres de Dolet ses cris pathétiques, et le Second Enfer, et le Cantique douloureux de 1546. De Dolet athée à Dolet réformé, la distance est grande : mais, entre experts, l’accord est impossible. 

Des exemples, qu’on pourrait multiplier, suffisent. Ils nous permettent de dire : quand, nous plaçant bien en face d’un homme du xvie siècle, l’interrogeant, lui et ses contemporains, nous essayons de définir sa foi, jamais nous ne sommes vraiment sûrs de lui — ni de nous. Et voilà posé le problème de méthode — celui qui nous occupe. 

*** 

N’allons pas disant : ah, si les textes étaient plus riches, les témoins plus bavards, les confessions plus détaillées ! — Car, aujourd’hui n’avons-nous pas tout, en apparence, pour connaître nos contemporains : leurs confidences, voyez nos disques ; leurs jeux de physionomie, voyez nos clichés. Et cependant ? Un fourbe, disent ceux-ci. Un apôtre, disent ceux-là. Il s’agit du même homme. 

Au vrai, la monographie égare qui n’est que portrait en buste, sans arrière-plan ni décor. Point de pensée religieuse (ni de pensée tout court), si pure soit-elle et si désintéressée, que ne colore dans sa masse l’atmosphère d’une époque — ou, si l’on préfère, l’action secrète des conditions de vie qu’une même époque crée à toutes les conventions, à toutes les manifestations dont elle constitue le lieu commun. Et sur lesquelles elle imprime la marque d’un style qu’on n’a point encore vu — qu’on ne reverra plus. 

Dès lors, le problème se précise et du même coup, se délimite. Il n’est point (pour l’historien s’entend) d’appréhender un homme, un écrivain du xvie siècle, isolé de ses contemporains — et, sous prétexte que tel passage de son œuvre s’inscrit dans le cours d’une de nos façons particulières de sentir, de le ranger d’autorité sous l’une des rubriques dont nous usons aujourd’hui pour cataloguer ceux qui pensent, ou ne pensent pas comme nous en matière de religion. S’agissant d’hommes et d’idées du xvie siècle ; s’agissant de façons de vouloir, de sentir, de penser et croire « armoyées », comme dit Calvin, aux armes du xvie siècle — le problème est d’arrêter avec exactitude la série des précautions à prendre, des prescriptions à observer pour éviter le péché des péchés — le péché entre tous irrémissible : l’anachronisme. 

Quel son rendent aujourd’hui, à nos oreilles d’hommes du xxe siècle, tels livres composés entre 1530 et 1551 par un Rabelais, un Dolet, une Marguerite de Navarre ? Le problème n’est pas là. Il est de savoir comment les hommes de 1532 ont entendu, ont pu entendre et comprendre le Pantagruel et le Cymbalum Mundi. Retournons la phrase : il est, plus encore, de savoir comment les mêmes hommes n’ont pu, certainement, ni les entendre, ni les comprendre. Derrière ces textes, nous mettons d’instinct nos idées, nos sentiments, le fruit de nos enquêtes scientifiques, de nos expériences politiques et de nos réalisations sociales. Mais ceux qui les feuilletèrent, dans leur prime nouveauté, sous l’auvent du libraire, à Lyon, rue Mercière, à Paris, rue Saint-Jacques — que lurent-ils entre les lignes bien ajustées ? Et parce que leur mode d’enchaînement des idées confère à ces textes, du moins à nos yeux, une sorte d’éternité dans la certitude, pouvons-nous en conclure qu’à toutes les époques, toutes les attitudes intellectuelles sont possibles — sont également possibles ? Gros problème d’histoire de l’esprit humain. Il vient doubler le problème de méthode et lui conférer une singulière ampleur. 

*** 

« Comme les autres éléments de son histoire, les croyances morales de l’humanité ont été, à chaque moment, tout ce qu’elles pouvaient être. Par suite, les vérités morales actuelles, même si on avait pu les pressentir plus tôt, auraient été dénuées alors de toute valeur pratique — et celui qui les aurait affirmées n’aurait pas eu raison contre ses contemporains. » Ainsi Frédéric Rauh, en 1906, posait dans le domaine moral le gros problème du précurseur, de l’homme qui n’est point justifié parce qu’il a deviné l’avenir. Et il ajoutait, parlant de ce qui pour nous, aujourd’hui, est « la vérité morale » : l’homme n’eût pas pu la réaliser autrefois ; il ne l’aurait même pas dû ; « il n’aurait pu que la rêver ». — Beau témoignage d’esprit historique chez ce moraliste, notons-le en passant. 

Du plan de la morale transférer ces formules sur le plan des croyances : le premier de nos desseins présents. Un dessein en accord avec quelques-unes des tendances profondes de notre époque. Hier, notre maître Lucien Lévy-Bruhl recherchait en quoi, et pourquoi, les primitifs raisonnent, autrement que les civilisés. Mais ceux-ci, par partie, sont demeurés longtemps des primitifs. Ils n’ont point, à toutes les époques, usé indistinctement des mêmes modes de raisonnement pour former leurs systèmes d’idées, et de croyances. Vérité un peu grosse à formuler ainsi : mais pourquoi les historiens, au lieu de la nuancer en l’appliquant aux faits de leur ressort, laissent-ils si volontiers aux philosophes le soin de l’exprimer seuls ? L’enjeu, en vérité, serait-il si médiocre ? 

Essayant de restituer l’état d’esprit de nos aïeux vis-à-vis des choses de la Religion : « Ici la Raison, posons-nous volontiers, et là, la Révélation. Il faut choisir. » — Choisir ? Mais à l’homme réel, à l’homme vivant : raison, révélation, que veut, en vérité, ce débat d’abstractions ? Renan, constatant dans l’Avenir de la science (p. 41) qu’on rencontre souvent, parmi les plus sincères croyants, des hommes « qui rendent à la Science d’éminents services », en tirait cette conséquence que, « plus forte au fond que tous les systèmes religieux », la nature humaine « sait trouver des secrets pour prendre sa revanche ». Et il ajoutait — lui qui n’ignorait point ce que peuvent cacher les replis d’une conscience avide de foi : « Kepler, Newton, Descartes et la plupart des fondateurs du monde moderne étaient des croyants. » Les fondateurs, mais les précurseurs ? Descartes, mais avant lui, Rabelais ? 

*** 

La question est d’importance. Comment n’être pas étonné de la façon dont nos contemporains s’obstinent, sous prétexte de les justifier, à dégrader les grands hommes auxquels ils rattachent, non sans raison, la genèse du monde moderne ? Ils ne sont satisfaits que s’ils en font des pleutres. Les seuls pleutres d’un siècle peuplé de héros qui payèrent de leur vie, allégrement, leur attachement à des vérités d’ailleurs contradictoires. A étaler cette lâcheté supposée, à satisfaire ainsi leur haine instinctive de l’esprit et de sa grandeur — certains goûtent une joie qu’ils ne dissimulent guère. Il leur faut un Lefèvre retenu sur la pente glissante de l’hérésie par sa seule prudence de vieillard timoré. Il leur faut un Érasme refusant de rejoindre un homme et des doctrines contre quoi — nous le savons — s’insurgeait toute sa nature d’homme, uniquement — ils le disent — par amour de sa quiétude, et désir d’éviter de rudes persécutions. Et de quel ton hautain tant d’hommes, qui semblent peu familiers avec les hardiesses de l’esprit, ne reprochent-ils point au protégé de Marguerite, à l’ami de Thomas More, ce qu’ils daignent, les jours d’indulgence, n’appeler que leurs « timidités » ? — A l’autre bout du siècle, il leur faut un Montaigne poltron, fuyant la peste et les dangers publics. Entre deux, un Rabelais calqué sur son Panurge : plaisantin rusé, écornifleur cynique, total incrédule — mais dissimulant pour rendre à l’Église les politesses requises. Ou bien (c’est la version nouvelle) un Rabelais fanatique, violemment insurgé non seulement contre l’Église catholique mais contre la croyance chrétienne en tant que telle : d’ailleurs masqué, et par peur. Comme si la peur était, ici-bas, la compagne naturelle (et louable) de l’intelligence et de la raison ? 

Voilà donc expédiés, par justice sommaire, des hommes qu’assiégeait cependant le Mystère, des hommes qui se colletaient d’un bout de la vie à l’autre avec l’Inconnu et pensaient l’univers non point, à la façon de leurs fils du xviie siècle, comme un mécanisme, un système de chiquenaudes et de déplacements sur un plan connu — mais comme un organisme vivant, gouverné par des forces secrètes, par de mystérieuses et profondes influences. 

A ces fantaisies d’une histoire médiocre, trop souvent dictées par des soucis personnels à des hommes perdus dans l’infini détail — substituer une conception plus vraiment humaine (la peur est de l’homme, mais plus encore le triomphe sur la peur) des conceptions spirituelles d’un siècle héroïque : l’ambition de ce livre. Monographie d’un homme, Rabelais ? Si grand que fût cet homme, on ne l’eût point écrite. Recherche d’une méthode ou, plus précisément examen critique d’un complexe de problèmes, historiques, psychologiques et méthodologiques : il a paru valoir un effort de dix ans. 

*** 

Et maintenant, ai-je bien fait de laisser subsister, dans les pages qui vont suivre, les traces de mes démarches ? J’aurais pu jeter à bas mon premier échafaudage, le rabelaisien, renoncer à la discussion des textes produits par mes devanciers, ne laisser subsister que la seconde partie — voire la troisième, seule. Mais ne serait-elle point devenue toute arbitraire, flottante et sans réalité ? Ce livre, ce livre aux parties inégales et qui viennent se ranger par masses décroissantes : la plus matérielle en bas, dans sa pesanteur critique ; la seconde, plus légère déjà, au centre ; la troisième coiffant les deux autres — ce livre qui, par sa structure même, montre ce que fut la démarche d’un esprit — il me plaît qu’il atteste, aux yeux du lecteur, qu’il n’est pas né d’une vue théorique, d’une de ces convictions a priori qui font tant de mal à nos études. Je serai bien marri qu’on y vit l’illumination d’un essayiste, une brillante esquisse, une improvisation. Il a été pour moi un compagnon depuis le jour lointain où, à Strasbourg, devant Henri Pirenne, je prenais corps à corps, pour la première fois, l’éloquente théorie d’Abel Lefranc jusqu’à ce jour où, cédant aux sollicitations d’Henri Berr, je me décide à le publier tel quel, comme un acte de foi dans les destins du libre esprit, comme une affirmation de cette volonté de comprendre et de « faire comprendre » par quoi j’aime définir la fonction de l’histoire, la tâche féconde de l’historien.


Retour au livre de l'auteur: Jacques Bainville, historien Dernière mise à jour de cette page le dimanche 24 décembre 2006 10:48
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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