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Collection « La désintégration du Québec et des régions »

Les régions riches et les régions pauvres du Québec”. (1964)
Introduction


Une édition numérique réalisée à partir de l'étude de Roland Parenteau [Président du Conseil d’orientation économique du Québec], “Les régions riches et les régions pauvres du Québec”. Un article publié dans la revue Cité libre, 16 octobre 1964, pp. 6-12. Une édition numérique réalisée par M. Michel Fortin, bénévole, adjoint à la mairie de Ville de Saguenay.

Introduction

La prise de conscience des déséquilibres entre régions d'un même espace politiquement homogène représente une nouvelle préoccupation qui fait étrangement contraste avec la mentalité traditionnelle qui tenait à tout prix à considérer un pays comme un espace pratiquement indifférencié, au point qu'une impulsion quelconque donnée en un point ou l'autre du territoire qu'elle fut d'origine publique ou privée devait exercer ses effets indifféremment en tous les points de ce territoire. 

On raisonnait en d'autres termes à l'intérieur d'un schéma de concurrence pure, dans lequel les facteurs de production se trouvaient parfaitement mobiles. Conséquence logique : il était impensable que des disparités notables s'introduisent dans le système, puisque les mécanismes du marché étaient là pour veiller au grain et niveler les conditions de développement. En définitive donc l'implantation des activités économiques, le choix des localisations devaient être conditionnées par la richesse relative des diverses régions. Notons cependant qu'un tel raisonnement s'appliquait uniquement aux aires géographiques nationales, comme si les échanges de biens et de capitaux changeaient de nature quand ils s'effectuent entre pays différents. 

Tout le monde aura compris que les théories auxquelles je réfère actuellement sont les théories économiques qui ont été à l'honneur jusqu'à ces toutes dernières années. Je ne voudrais pas toutefois insinuer que les conceptions punctiformes des économistes étaient partagées par leurs chers collègues géographes et sociologues. Ceux-ci en effet sont depuis toujours conscients de l'existence des régions avec des personnalités très disparates, des taux de croissance différents, des conditions de développement très diverses. 

Il faudrait ajouter à la décharge des économistes que pendant longtemps les statistiques faisaient terriblement défaut qui auraient permis de mesurer les disparités régionales et de prendre ainsi conscience de l'imperfection des schémas d'analyse traditionnels trop centrés sur l'espace national. Mais on pourrait répondre que la coexistence, pas toujours pacifique, des peuples riches et des peuples pauvres pendant des siècles aurait dû susciter des réflexions salutaires sur le bien-fondé des théories dominantes. Expliquer des disparités aussi radicales de développement que celles que l'on constatait entre pays par des différences trop accentuées dans les mentalités ou les capacités intellectuelles, ou encore l'inégale répartition des richesses naturelles pouvait suffire à l'esprit pressé d'une certaine époque mais ne pouvait résister longtemps à un effort d'analyse le moindrement sérieux. 

Quoi qu'il en soit, la mode actuelle est aux études régionales et tant mieux pour la réputation des économistes. C'est d'ailleurs précisément la préoccupation toute nouvelle de favoriser la croissance des économies retardées qui explique cette orientation récente de la science économique vers les études régionales. Et l'on est vite passé des disparités entre pays ou même continents aux disparités entre régions d'un même pays. Car on s'est aperçu qu'à l'intérieur même des pays les plus évolués, des divergences sensibles se manifestaient, divergences que l'opinion est de moins en moins portée à accepter, surtout celle des régions défavorisées. Ainsi pour prendre l'exemple du Canada, le revenu personnel par tête à Terre-Neuve se trouve exactement la moitié de celui de l'Ontario, et de la Colombie-Britannique et cela, remarquez le bien, une fois que les multiples politiques de transfert ont exercé leurs effets supposés compensateurs. 

Au Canada, le problème des disparités régionales peut être envisagé à deux niveaux : d'abord celui de la grande région, i.e. les cinq grandes régions du Canada, entre lesquelles des différences profondes apparaissent tant du point de vue de la vocation naturelle que des rythmes de développement et des degrés de prospérité. 

Mon intention, ici, n'est pas de commenter cet aspect de la question, mais d'étudier plutôt le problème au niveau de la petite région, c'est-à-dire des diverses parties constituantes de l'une de ces grandes régions : le Québec. Considérer en effet, la province de Québec comme un ensemble homogène sous prétexte qu'une même culture prédomine partout et qu'une même autorité politique y exerce son influence également serait fort éloigné de la réalité. C'est aussi douteux que de parler d’un pseudo-marché du Québec, laissant supposer l’existence d'une certaine cohésion interne des échanges à l'intérieur de la province. Je me propose donc d'analyser ce phénomène, laissant à d'autres le soin d'étudier des aspects particuliers et de proposer les éléments d'une politique régionale. Ma compétence particulière m’amènera à mettre l'accent sur les aspects économiques, ce qui ne veut pas dire que je sous-estime les autres aspects, culturel, sociologique, etc., de la question.


Retour au texte de la proposition de constitution du SLSJ Dernière mise à jour de cette page le jeudi 1 mars 2007 12:49
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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