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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Michel Verdon, Les jeux du hasard et de la nécessité.” (1985)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Michel Verdon, Les jeux du hasard et de la nécessité.” Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Serge Genest, La passion de l'échange: terrains d'anthropologues du Québec, chapitre 2, pp. 53-66. Montréal: Gaëtan Morin, Éditeur, 1985, 309 pp. [M. Verdon nous a donné, le 15 septembre 2007, sa permission de diffuser, en texte intégral, ce livre dans Les Classiques des sciences sociales].

Introduction

Au risque de sombrer dans les platitudes et les lapalissades j'aimerais répéter, après tant d'autres, combien personnelle est l'expérience de terrain, et combien les problèmes et les solutions varient selon la personnalité des ethnologues et celle de la communauté étudiée. La taille de la communauté, sa situation géographique, son expérience historique, le degré de pénétration missionnaire ou capitaliste sont autant de paramètres qui rendent les généralisations impossibles. Pour éviter le pédantisme des exposés méthodologiques et pour conserver à mon témoignage ce caractère personnel, j'ai choisi l'autobiographie et l'anecdote. Je laisse au lecteur le soin de tirer ses propres conclusions, bonnes ou mauvaises. 

Je suis venu à l'anthropologie par le biais de la philosophie. Alors que d'aucuns y sont attirés par le besoin d'aventure et d'autres par l'esprit missionnaire, j'avais songé à étudier l'ethnolinguistique pour renouveler la réflexion sur la phénoménologie du langage ! Je me suis heureusement défait de ces délires de jeunesse (que j'ai remplacés par d'autres...) sans toutefois me départir d'un trait de caractère, celui d'être philosophe par affinité profonde et, à l'instar de Kant, j'aurais bien aimé passer ma vie confortablement assis dans mon cabinet de travail. Mais l'ethnologie s'accommode mal de ce genre de vie et j'ai dû faire face à l'inévitable : la recherche sur le terrain.  

Le marché : lieu d'échange et de contrôle de l'information. 

 

Ma première expérience de terrain était un compromis et, comme tout compromis, elle ne réussit pas à me satisfaire. Pendant deux étés, j'étudiai une communauté francophone du Lac-Saint-Jean, sans jamais avoir le sentiment véritable d'avoir passé le rite initiatique, celui d'un vrai terrain d'ethnologie. Pour mon doctorat, je décidai donc de m'orienter vers l'Afrique. 

Puisque que j'étais fort d'un premier terrain, j'aurais normalement dû connaître l'orientation du second. Mais il n'en fut pas ainsi. Au terme de mes études de premier cycle universitaire, il ressortait certaines certitudes, c'est-à-dire celles de vouloir faire un terrain africain, de me reconnaître des affinités plus grandes avec l'anthropologie sociale britannique qu'avec aucune autre et d'admettre que rien ne m'attirait vers le système américain. Tout convergeait vers la même direction, les universités britanniques. 

Ce fut donc le choix d'une université, plutôt qu'une problématique, qui dicta l'élaboration de mes projets de recherche. Quatre projets différents virent le jour et furent soumis à quatre institutions différentes. À la suite de circonstances dans lesquelles mon ami Jérôme Rousseau joua un rôle décisif, j'arrivai à Cambridge, où Meyer Fortes allait devenir mon directeur de thèse et influencer mon orientation. 

Depuis longtemps, Fortes cherchait un étudiant francophone également familier avec la langue allemande pour étudier les Éwé du Ghana et du Togo, anciennes colonies allemandes. Plus subtilement, il voulait démontrer qu'un francophone, avec les méthodes de l'anthropologie sociale britannique, produirait une ethnographie supérieure à celle d'une anthropologie française (une proposition qui, en fait, ne demandait pas de preuve...). Après avoir compris que je ne désirais pas rivaliser avec Livingstone dans les annales de l'exploration africaine, Fortes me fit miroiter les avantages de travailler en pays éwé. Incapable de trouver une seule raison pour laquelle je ne devrais pas y aller, je me laissai donc convaincre. 

Mais qu'allais-je donc étudier chez les Éwé ? Le projet initial que j'avais soumis lors de mon inscription à Cambridge avait été laissé de côté et Fortes ne s'en inquiétait pas. Pour lui, les projets de recherche ne servaient qu'à décrocher des bourses et, sans me rappeler exactement pourquoi, je décidai d'étudier la rationalité économique d'une agriculture d'autosubsistance. Lorsque mon projet fut clairement défini, je passai le reste de mon temps à Cambridge à préparer comment aborder le problème, quelles questions poser aux agriculteurs et quelle méthodologie générale employer. Jusqu'ici, notons que les choix de l'université, du terrain et du projet de recherche avaient été faits en termes purement aléatoires et il devait en être ainsi pour plusieurs autres étapes. Quoique lié à la conjoncture, le choix final reposait sur des recherches détaillées, sur une préparation rigoureuse. Je ne cherche pas à opposer les aléas d'une carrière scientifique au travail sérieux. Au contraire, on ne profite des chances qui nous sont soudainement offertes que dans la mesure où l'on y est bien préparé.



Retour au texte de l'auteur: Robert Vandycke, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le lundi 3 mars 2008 18:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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