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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
LE P.Q. ET LE SOCIAL.
Éléments de bilan des politiques sociales du gouvernement du Parti québécois, 1976-1982. (1983)
Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Yves Vaillancourt, avec la collaboration d'Annie Autonès, LE P.Q. ET LE SOCIAL. Éléments de bilan des politiques sociales du gouvernement du Parti québécois, 1976-1982. Montréal: Les Éditions Albert-Saint-Martin, 1983, 165 pp. Une édition numérique réalisée par mon épouse, Diane Brunet, bénévole, guide de musée retraitée du Musée de la Pulperie de Chicoutimi. [Autorisation accordée par l'auteur le 23 mai 2005]
[15]
LE P.Q. ET LE SOCIAL
Introduction
Dans la troisième partie de son programme officiel [1], le Parti québécois précisait que son objectif était de donner au Québec une véritable politique de redistribution et d'utilisation sociale des ressources : « s'il demeure important de "grossir le gâteau", il est encore plus important de le partager équitablement et sans gaspillage inutile ». Il soulignait ainsi que proposer la croissance de l'économie c'était augmenter la justice sociale et « améliorer là vie ». Au chapitre de la sécurité du revenu, il constatait que : « au Québec, comme dans l'ensemble du Canada, les programmes de sécurité sociale ne semblent pas avoir eu d'effet significatif sur la distribution du produit national ». Il proposait en conséquence :
le pouvoir d'achat des citoyens les plus démunis doit donc être accru afin que chacun puisse subvenir [16] à ses besoins essentiels et à ceux de sa famille. Quelles que soient les circonstances, chaque personne doit être assurée d'un revenu qui lui garantisse un minimum décent.
Qu'en est-il en 1982, six ans après l'arrivée du Parti québécois au pouvoir, de ces objectifs et de ces engagements ?
Il est un peu tôt pour faire un bilan des politiques sociales du Parti québécois depuis 1976 sans prendre le risque de certains raccourcis, surtout quand on n'a que quelques pages pour développer un tel bilan et que le recul nécessaire à une analyse féconde est difficile. Cependant, notre intention n'est pas ici de faire un examen complet des politiques et programmes du gouvernement péquiste dans le champ des politiques sociales. Nous nous contenterons de dégager certains éléments de bilan et certaines pistes d'interprétation pour apprécier la performance de ce gouvernement dans le domaine social.
Dans une première partie, à partir d'exemples concrets, nous présenterons une description de certains programmes sociaux du Québec et de leur évolution dans la conjoncture de crise économique [2] que nous vivons présentement. Nous nous attarderons en particulier à des programmes assez anciens comme l'aide sociale, les allocations familiales provinciales, les services sociaux, et à d'autres plus récents comme le supplément au revenu de travail, les programmes de création d'emplois et ceux relatifs [17] à la garde des enfants, en tenant compte qu'ils sont des pièces importantes des politiques sociales au Québec, bien qu'ils soient complétés par d'autres interventions dans le domaine social, dont plusieurs relèvent de la responsabilité du gouvernement fédéral, pour former un système complexe et relativement cohérent, destiné à pallier aux carences de l'organisation sociale.
Dans une deuxième partie, nous amorcerons un essai d'interprétation des politiques du gouvernement péquiste dans le domaine social, à partir de sa position vis-à-vis de la question nationale, de son orientation sociale-démocrate et de son appropriation de la stratégie de revenu minimum garanti pour gérer la crise. À cet effet, on peut se demander si le rôle du gouvernement du Parti québécois s'explique par ces positions et orientations, ou si dans le jeu complexe de tous ces facteurs, ne s'ajoute pas la pression de plus en plus présente de l'ensemble des revendications et actions du mouvement ouvrier et populaire [3].
[1]Programme officiel du Parti québécois, chapitre III, Notre vie sociale, édition 1978, p. 29.
[2] Qu'il soit bien clair ici et dans le reste du texte que lorsque nous parlons de crise économique, nous faisons référence à une crise structurelle du capitalisme mondial et non pas à une simple récession. Cette crise a débuté à la fin des années 60, et elle s'est aiguisée graduellement au cours des années 70, pour connaître son intensité la plus forte depuis le début des années 80. Pour étudier davantage notre point de vue sur les manifestations et la nature de cette crise voir :
M. Désy, M. Ferland, B. Lévesque et Y. Vaillancourt, La Conjoncture au Québec au début des années 80 : les enjeux pour le mouvement ouvrier et populaire, édition librairie socialiste de l'est du Québec, Rimouski, 1980, pp. 34-59.
Gilles Dostaler, textes réunis et présentés par La Crise économique et sa Gestion, actes du Colloque de l'Association d'économie politique tenu à l'U.Q.A.M. les 25 et 26 septembre 1981, éd. Boréal Express, Montréal, 1982, 256 pages.
[3] Au cours des dernières années, quelques analyses critiques des politiques sociales du P.Q. ont commencé à apparaître. Parmi celles-ci nous pouvons signaler :
Jules Duchastel et Yves Vaillancourt, « Gestion de la crise, politiques sociales : stratégies en gestation », dans La Crise et les Travailleurs (actes d'un colloque sur la crise tenu à l'U.Q.A.M. à l'automne 1979), édition C.E.Q., Québec, pp. 105-120 ;
François Cyr et Francine Sénécal, « La Politique sociale du P.Q. : quelques éléments d'analyse », dans Pierre Foumier et al., Capitalisme et Politique au Québec, Éditions coopératives Albert Saint-Martin, Montréal, 1981, pp. 127-171.
Dernière mise à jour de cette page le jeudi 26 janvier 201714:10
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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