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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jean-Guy Vaillancourt, L’extrémisme religieux. Entrevue avec Jean-Guy Vaillancourt. Propos recueillis par Brigitte Trudel. Un article publié dans la Revue Notre-Dame, Québec, vol. 104, no 4, avril 2006, pp. 16-26. [Autorisation formelle accordée, le 10 mai 2006, par M. Jean-Guy Vaillancourt de diffuser cet article.]

Texte de l'article

 Jean-Guy Vaillancourt est professeur titulaire de sociologie à l'Université de Montréal. Il a aussi enseigné au Viêtnam et au Brésil. M. Vaillancourt a publié de nombreux articles et ouvrages, dont le livre Papal Power (1980), qui a été reconnu comme une contribution majeure à la compréhension de la papauté contemporaine.

Comment démêler l'intégrisme, le fondamentalisme et l'extrémisme ? La religion entraîne-t-elle nécessairement la violence ? Que penser de la montée de la droite religieuse aux États-Unis ? C'est sur ces questions et bien d'autres que se penche ici Jean-Guy Vaillancourt, spécialiste des mouvements religieux et du Vatican.

 

RND. Intégrisme, traditionalisme, fondamentalisme, nous confondons souvent ces termes. Comment y voir plus clair ? 

Ces termes se recoupent partiellement et leur sens varie selon les religions et les spécialistes qui les emploient. De manière générale, l'intégrisme (qui se rapproche du traditionalisme) se caractérise par un attachement aux croyances et aux valeurs traditionnelles. Les intégristes ont de la difficulté avec ce que la modernité impose à la religion. Ils choisissent donc une époque (celle du petit catéchisme, par exemple) et s'y fixent. Les intégristes préfèrent les croyances et les rites anciens, bien que ceux-ci soient très souvent d'importance secondaire, comme l'habillement. L'intégrisme a d'abord été l'affaire des catholiques de droite, mais, par extension, il s'est appliqué à d'autres religions. En revanche, les fondamentalistes furent d'abord des protestants prônant un retour aux Écritures saintes (la Bible), retour qui repose sur une interprétation littérale et donc parfois biaisée de ces textes. En outre, le fondamentalisme se rapporte parfois aux musulmans qui s'appuient sur le Coran. 

RND. Ainsi, l'intégrisme et le fondamentalisme ne se limitent pas à une religion en particulier. 

C'est exact. Ils désignent des orientations idéologiques, sociologiques, religieuses et politiques présentes au sein de chacune des grandes religions, qu'elles soient abrahamiques (christianisme, judaïsme et islam) ou orientales (hindouisme, sikhisme et shintoïsme). Cela dit, les fondamentalistes sont souvent des évangélistes protestants, alors que les intégristes sont plutôt des catholiques et des islamistes. Par ailleurs, l'intégrisme et le fondamentalisme apparaissent sous diverses formes à l'intérieur même des grandes religions et de leurs divisions. Par exemple, au Québec, les Bérets blancs et les Apôtres de l'amour infini font tous deux partie des intégristes catholiques. 'Seulement, alors que les premiers ne remettent pas en question leur appartenance à l'Église romaine, les seconds sont gouvernés par leur propre pape et sont plus extrémistes que les Bérets blancs.

 

Toronto, 30 octobre 2004.
La communauté sikhe commémore le 20e anniversaire du pogrom anti-sikh
qui avait fait plus de 3000 morts en Inde. [CPimages.ca/ R. Eglinton]
 

RND. Quelle signification donnez-vous aux termes extrémisme et radicalisme ? 

Comme en politique, on peut situer l'ensemble des idéologies religieuses sur un axe formé de trois cercles qui se recoupent partiellement : la droite, le centre et la gauche. Cet axe correspond à la position prise par rapport aux valeurs dans le temps. Le philosophe Gaston Fessard classe ces valeurs comme étant celles qui « ne sont plus là », « sont encore là », « sont déjà là » et « ne sont pas encore là ». Plus une religion se situe à droite sur cet axe, plus elle est conservatrice, à la limite réactionnaire, et se réfère à des valeurs anciennes. Ainsi, vous aurez compris que les intégristes et les fondamentalistes sont des groupes religieux de droite ou d'extrême droite. En revanche, une religion qui tend vers la gauche est plutôt libérale ou même progressiste, et favorise des valeurs universalistes et plus ouvertes. Les radicaux et les extrémistes se retrouvent aux extrémités droite ou gauche de cet axe. Ce sont des groupes qui utilisent parfois la force, la violence pour promouvoir leur message religieux. Attention, cependant : même s'il peut s'avérer utile de faire appel à ce genre de typologies pour mieux nous situer dans ce domaine complexe qu'est l'étude des religions, il convient d'en user avec parcimonie. Lancer des épithètes n'aide en rien à la connaissance des groupes religieux. Il est préférable de les observer directement tout en étudiant leur histoire, leur culture et le contenu de leur message pour bien saisir l'ensemble des phénomènes qui les concernent. 

RND. Sans verser dans la catégorisation, se pourrait-il qu'à l'heure actuelle l'ensemble des groupes religieux se retrouvent surtout à la droite de cet axe dont vous parlez ? 

Oui, ils le sont, mais pas nécessairement. Nous avons cette impression parce que les militants de droite sont plus visibles, qu'ils s'affichent davantage. La religiosité progressiste est moins évidente, plus discrète. Les groupes religieux de gauche sont plus hésitants à promouvoir publiquement leurs valeurs. Ceux-ci ne s'affichent pas comme étant religieux au sens traditionnel du terme. Ils se manifestent souvent dans le cadre d'un mouvement spirituel en accord avec des valeurs religieuses, même si ces dernières ne nous apparaissent pas comme telles. Les questions d'éthique, de droits de la personne, d'écologie et de solidarité internationale que défendent les militants des mouvements verts et de paix font partie de ces valeurs. 

RND. Cela signifie-t-il pour autant que la situation des religions dans le monde contemporain est précaire ? 

Non, malgré le grand mouvement de sécularisation des dernières décennies, on ne peut pas dire que la religion ait été totalement évacuée par la modernité. Nous assistons même à un certain retour de la religion que l'auteur Gilles Kepel appelle la « revanche de Dieu ». Ainsi, dans le monde actuel, le rapport de l'humain avec le sacré demeure au cœur de sa quête de sens. L'expérience religieuse répond aux insécurités, aux attentes psychologiques, et à la recherche identitaire des populations qu'ont entraînées le nouvel oecuménisme et l'effritement des valeurs. La religion se veut aussi un cri de protestation et une revendication de justice. Elle persiste et perdure. Seulement, elle se transforme et nous apparaît sous de nouvelles formes. 

RND. Y a-t-il des affiliations possibles entre les divers groupes religieux ? 

À l'heure actuelle, on assiste à des efforts de regroupements officiels de la part de membres d'églises théologiquement semblables, tant à droite qu'à gauche. Par exemple, de plus en plus de gens travaillent à rapprocher les catholiques, les protestants et les orthodoxes pour minimiser les forces de division présentes au sein du christianisme. Pour ce faire, ceux qui sont en faveur de ces regroupements rappellent aux chrétiens qu'ils sont tous fils et filles du même Dieu et ils misent sur leur foi commune en Jésus-Christ. Ces affiliations ont pour but premier l'unité religieuse de tous les chrétiens et peuvent même viser le rassemblement de ceux-ci avec les autres religions abrahamiques et orientales. À ce titre, Jean-Paul II, qui croyait fortement dans le fait que nous venons tous de Dieu, se réunissait régulièrement à Assise avec les chefs de différents groupes religieux.  

RND. Des alliances entre divers groupes fondamentalistes provenant de religions différentes sont-elles aussi possibles ? 

Oui, elles le sont, et ce, même lorsque leurs croyances sont très différentes à la base. Par exemple, les fondamentalistes protestants, qui d'ailleurs ont entre eux des points de divergence, ne s'entendent pas de prime abord avec les fondamentalistes islamiques : pour les premiers, Jésus est le Sauveur alors que, pour les autres, il est un simple prophète. Pourtant, ces deux groupes peuvent collaborer lorsqu'il s'agit de militer contre les mariages gais et l'avortement. Les manifestations « provie » sont le lieu de rencontre de divers groupes religieux fondamentalistes et intégristes qui s'entendent sur cette cause particulière. Dans le même ordre d'idées, mais de l'autre côté de l'axe idéologique, l'ensemble des chrétiens progressistes approuvent les enseignements sur la, non-violence du dalaï-lama et soutiennent son message humaniste. Ainsi, quand il est question de s'entendre sur des valeurs communes et de les promouvoir, il arrive que plusieurs religions apparemment différentes se rejoignent. 

RND. Ces regroupements peuvent-ils aussi favoriser une cause politique ? 

Bien sûr. Certains fondamentalistes états-uniens appuient le sionisme. Ces mêmes Américains se sont beaucoup associés autrefois à l'islamisme intégriste dans sa lutte contre l'ex-URSS. À cette époque, pour servir sa cause, le gouvernement des États-Unis a financé ben Laden, comme le faisaient les dirigeants de l’Arabie saoudite qui soutenaient financièrement ce type d'islamisme extrémiste. Les problèmes sont apparus dans cette sainte alliance après la chute de l'empire soviétique et se sont poursuivis avec la radicalisation violente de l'islamisme intégriste qui rejette autant le modernisme libéral que le communisme. 

RND. Justement, les manifestations violentes concernent-elles tous les groupes religieux ? 

La question de la violence touche presque tous les mouvements religieux, à quelques exceptions près cependant. Je pense ici au bouddhisme tibétain, au mouvement quaker et à la religion bahaï qui tous sont très pacifiques. Par ailleurs, même si, à la base, aucune religion n'encourage la violence gratuite et que toutes sont porteuses de messages de tolérance et de paix, l'histoire nous montre que leurs enseignements sont parfois contournés par des extrémistes. Prenez le christianisme : bien qu'il se positionne fortement pour la paix, il a été au cours des siècles le théâtre de guerres saintes, de croisades et d'inquisitions. À gauche, une certaine théorie de la libération justifiait la révolution armée. Ainsi, la religion peut être le lieu de ce qu'il y a de meilleur en l'être humain, mais aussi de ce qu'il y a de pire, qu'il s'agisse de violence d'extrême droite ou d'extrême gauche. 

RND. Mais comment expliquer qu'on en vient à commettre des actes violents au nom de la religion ? 

Il y a diverses raisons à cela. Les groupes religieux victimes de persécution peuvent être portés à répondre à la violence par la violence, comme c'est le cas des groupes qui subissent une très forte exploitation et de la domination, et à qui l'on tente d'imposer des valeurs qui ne sont pas les leurs. La violence éclate également lorsqu'on confond le politique et le religieux. Très souvent, des guerres en apparence religieuses ont pour objet des questions d'ordre politique et socio-économique. Seulement, les instigateurs de ces conflits se drapent du manteau de la religion pour mieux parvenir à leurs fins. 

RND. Le conflit entre les États-Unis et les islamistes radicaux est donc un exemple de cela ? 

Tout à fait. L'intérêt que représente le contrôle des ressources pétrolières pour les Américains est déterminant dans cette guerre où l'utilisation de la violence se trouve sanctifiée par la religion des Born Again Christians états-uniens. Inspirés par le besoin de religiosité présent dans les populations, certaines personnes qui n'étaient pas très religieuses au départ ont fait le constat qu'il était possible de faire du chemin politique en se servant d'une religion conservatrice. Saddam Hussein, Usama ben Laden de même que George W. Bush sont de ceux-là. Il en résulte une grande bataille mondiale entre les fondamentalistes islamistes et les fondamentalistes chrétiens de droite. Qui plus est, ben Laden et Bush nourrissent réciproquement ces affrontements. je dirais même qu'ils sont des alliés objectifs dans ce conflit, comme le furent autrefois Pinochet au Chili et Pol Pot au Cambodge, de même que Hitler et Staline. Ces derniers avaient même signé un pacte de non-agression au début de la Seconde Guerre mondiale. 

Born Again Christian 
Fondamentalistes chrétiens évangéliques.
Ils seraient 80 millions aux Etats-Unis et
ils représentent donc le tiers des électeurs 

 
RND. La séparation entre le politique et le religieux devrait-elle être étanche pour éviter de tels débordements ?
 

La régulation du religieux par le politique doit absolument être envisagée dans les cas où la religion se fait violente. Par ailleurs, il devrait y avoir une séparation étanche entre le politique et le religieux. Toutefois, les deux domaines se recoupent inévitablement. Déjà, dans les religions anciennes, les rôles religieux et socio-politique étaient souvent liés. Par la suite, l'une des grandes contributions du christianisme fut de dissocier religion et politique en dissolvant le lien entre communauté et religion juives. Malgré tout, le recoupement entre le politique et le religieux revient toujours. Encore aujourd'hui, les religions sont souvent rattachées à des groupes nationaux ou ethniques dont le principal dirigeant est un chef religieux. C'est le cas de la reine d'Angleterre qui est aussi à la tête de l'Église anglicane. Il arrive même, bien qu'en général l'union du pouvoir et de la religion soit surtout un phénomène de droite, que les groupes religieux de gauche participent à des débats qui sont aussi d'ordre politique. Ainsi, certains groupes religieux de gauche ont pris place à côté des politiciens, des scientifiques et des pacifistes en faveur du protocole de Kyoto. 

RND. Ce qui n'est pas mauvais en soi. 

Non, bien sûr. La religion a sa place dans la société civile. Les problèmes surviennent lorsque l'une ou l'autre se positionne du côté de l'endoctrinement ou impose ses idées en employant la force, l'argent ou la manipulation psychologique. Il faut donc éviter que l'État renfloue les coffres d'associations religieuses choisies ou que des groupes religieux soutiennent des partis politiques. La politique et la religion se recoupent, mais toutes deux doivent rester autonomes. Malheureusement, certains ne font pas la distinction entre ces deux instances. C'est le cas des fondamentalismes protestants états-uniens d'une part et des islamistes terroristes d'autre part. 

RND. Puisqu'il en est question, la droite religieuse effectue-t-elle une remontée très importante aux États-Unis ? 

Depuis longtemps, surtout à partir des années 20, une alliance se préparait entre la droite chrétienne et les républicains chez nos voisins du Sud. Par la suite, le mouvement évangélique conservateur s'est véritablement organisé en ce sens. Il a créé des institutions, a mis au point des stratégies et a fait pression sur le Parti républicain pour le pousser de plus en plus à droite. Avant cela aux États-Unis, il y avait comme c'est encore le cas chez nous, davantage de séparation entre l'Église et l'État. Mais en ce moment, la droite religieuse états-unienne cherche à éliminer cette séparation par toutes sortes de moyens. Nostalgique du passé et de la foi basée sur une interprétation littérale de la Bible, elle cherche à établir une théocratie fondamentaliste gouvernée par ce qu'elle appelle une « majorité morale ». 

RND. Devons-nous craindre cette montée de la droite aux États-Unis ? 

Il est évident que les républicains sont incrustés pour un bon moment dans le gouvernement de leur pays. Ils ont enfin le contrôle du Sénat, du Congrès, de la Cour suprême et de la Maison-Blanche. Auparavant, le partage du pouvoir politique chez nos voisins était plus équilibré. Aujourd'hui, ceux-ci se situent à un point tournant par rapport à cette réalité. En ce sens, les prochaines élections seront déterminantes. Les démocrates seront-ils capables de s'unir ? Trouveront-ils le candidat idéal pour les représenter ? Qui succédera à Bush ? L’avenir des États-Unis dépend de tout cela. Par ailleurs, il arrive souvent qu'une tendance ayant atteint son apogée soit suivie d'un retour du balancier. Considérant cela, il convient de se méfier de la montée de la droite, aux États-Unis, mais je serais surpris que ce mouvement progresse beaucoup plus. 

RND. Le Canada est-il touché par cette montée de la droite religieuse ? 

Nous pouvons associer l'élection de Stephen Harper à un bon coup de barre vers la droite au Canada. Au cours des dernières années, les idées de la droite religieuse ont fait du chemin dans l'Ouest du pays. Les conservateurs y sont en expansion. 

La totalité des députés albertains fédéraux sont membres du Parti conservateur, ce qui d'ailleurs n'est pas un hasard. L'Alberta est la province canadienne où l'on compte le plus de citoyens d'origine américaine. Le territoire est riche et beaucoup d'Américains s'y établissent à cause du pétrole. Évidemment, nous sommes encore loin au Canada de ce qui se passe aux États-Unis, mais M. Harper et ses conseillers de l'école de Calgary sont de fins stratèges. Il sera donc intéressant de suivre l'évolution des choses. Espérons que la situation ne s'aggravera pas. Heureusement que les gouvernements plus progressistes se multiplient en Amérique latine, ce qui permet un certain rééquilibre en Amérique.
 

L'école de Calgary 

Courant revendiquant l'alignement
sur les politiques du Parti républicain américain. 

Source : Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CÉRIUM).

 

RND. Le Québec et le Canada pourraient-ils être le lieu de manifestations extrémistes ? 

je ne pense pas. Il y a bien déjà eu chez nous quelques débordements, par exemple avec les doukhobors et les sikhs. je pense aussi, entre autres choses, à la tragédie de l'ordre du Temple solaire, au groupe de Roch « Moïse » Thériault et à certains épisodes antisémites. Mais ces derniers cas demeurent rares et isolés. Au Québec et au Canada, la violence religieuse demeure assez marginale et bien maîtrisée pour le moment. 

Doukhobors 

Les doukhobors sont membres d'un groupe de chrétiens fondamentalistes né en Russie au 178 siècle. Ce sont des pacifistes qui rejettent le concept de l'organisation de l'Église, sa hiérarchie, sa liturgie et son clergé ; ils professent plutôt que Dieu vit dans chaque être humain, Ils ont immigré en Colombie-Britannique vers la fin du 19e siècle, Le groupe se divise alors en deux branches, les traditionnels et les radicaux qui se nomment tes « fils de la liberté ». Ces derniers ont eu recours à la violence à de multiples occasions pour faire entendre leur point de vue.

  

Sikhisme 

Le sikhisme est une religion monothéiste, Les sikhs croient que l'unique Dieu vivant a créé l'univers, le soutient et finira par le détruire. On attribue à des terroristes sikhs, luttant pour l'obtention d'une patrie indépendante en Inde, l'explosion en 1985 d'un appareil d'Air India en provenance de Toronto. L'attentat a fait 329 morts.

 

RND. En quoi consistent les grands défis à venir pour les religions à l'échelle mondiale ? 

D'abord, on devra s'assurer d'une tolérance zéro à l'égard de la violence au nom de la religion. Pour ce faire, il ne faudra pas hésiter à réguler le religieux par le politique. Ensuite, il sera important de conserver la laïcité de l'État de même que la séparation de l'Église et de la politique, et cela, tout en ne contrevenant pas aux libertés religieuses. Il n'y a pas de mal à respecter les diverses fêtes religieuses, à permettre même le port du voile chez les musulmanes, comme celui du costume chez les religieuses catholiques. Trop de sévérité quant aux libertés religieuses n'entraînera que des résultats négatifs. Enfin, il faudra éviter de confondre les identités ethnique, politique ou linguistique avec l'identité religieuse. Il convient de transcender les luttes fratricides et de s'unifier comme êtres humains au-delà de la religion. Pour ce faire, il est nécessaire d'encourager la tolérance ainsi que le respect entre personnes de religions différentes, et d'assurer un meilleur dialogue entre les religions. 

RND Comment favoriser ce dialogue ? 

Sur le plan de l'éducation, il faut préconiser l'enseignement de l'histoire des religions tout comme le développement des savoirs anthropologiques, sociologiques et culturels qui s'y rattachent. Également, il est nécessaire pour chacun de bien connaître les religions actuelles ainsi que le rôle qu'elles jouent pour le meilleur et pour le pire sur les plans économique, politique, social et culturel. Les religions font partie du patrimoine collectif de l'humanité. Elles-mêmes et leur histoire n'expliquent pas tout, mais cette connaissance est essentielle pour bien comprendre les grands enjeux du monde contemporain et apprendre comment vivre ensemble dans l'harmonie et la paix.

Fin du texte


Retour au texte de l'auteur: Jean-Guy Vaillancourt, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le mercredi 31 mai 2006 10:24
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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