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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Évolution, diversité et spécificité des associations écologiques québécoises:
de la contre-culture et du conservationnisme à l'environnementalisme et à l'écosocialisme
. ” (1981)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jean-Guy Vaillancourt, “ Évolution, diversité et spécificité des associations écologiques québécoises: de la contre-culture et du conservationnisme à l'environnementalisme et à l'écosocialisme. ” Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 13, no 1, avril 1981, pp. 81-98. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation formelle accordée, le 9 mars 2004, par M. Jean-Guy Vaillancourt de diffuser cet article.]

Introduction

Il existe fort peu de descriptions et d'analyses sociologiques des associations écologiques québécoises. À part quelques mémoires de maîtrise et divers rapports financés par des organismes gouvernementaux, qui traitent d'aspects restreints du sujet ou qui sont des répertoires bien plus que des études sociologiques, et à part quelques articles épars dans des revues et des journaux qui abordent tangentiellement ces sujets, il n'y a presque rien de publié, et très peu de choses d'écrites (1). Et pourtant, les écologistes québécois sont très actifs et très visibles, et ils s'expriment beaucoup depuis quelques années (2). Aussi, plusieurs spécialistes des sciences sociales considèrent-ils que le mouvement écologique québécois, surtout son aile la plus radicale, représente un phénomène de plus en plus important au Québec. Par exemple, le dernier chapitre du livre la Conjoncture au Québec au début des années 80, écrit par quatre militants socialistes qui sont aussi des spécialistes des sciences sociales, se termine par une section sur le Front écologique qui clôt sur les interrogations suivantes :

Mais en fait, les revendications écologiques ne posent-elles pas un problème gigantesque au capitalisme, particulièrement dans la conjoncture de crise structurelle actuelle du système (modernisation, dépenses, recyclage, etc.)? Jusqu'à quel point la problématique écologique ne constitue-t-elle pas ces années-ci un front privilégié pour affaiblir le capitalisme? D'autre part, en jonction avec des organisations inscrites dans une lutte sociale plus globale (syndicale et politique), le mouvement écologique ne pourrait-il pas apporter aux militants syndicaux et politiques une vision nouvelle plus large de la société à construire? Une société dans laquelle la conservation de la vie, la qualité de la vie ne seraient pas des expressions creuses, une société critique face aux productivisme, à l'idéologie de la croissance (3).

Du point de vue descriptif, une des choses les plus intéressantes que je connaisse sur l'aile progressiste du mouvement écologique québécois est la série de treize cahiers de transcriptions d'une série d'émissions radiophoniques présentées à Radio-Canada durant l'été de l'année 1980 par le réalisateur Denis Boucher, avec l'aide de l'écologiste André Delisle (4). Ces treize émissions ont exploré le monde des écologistes québécois et tenté de décrire certaines de leurs expériences et de leurs réalisations dans les domaines suivants: les communautés rurales, les énergies douces, l'agriculture biologique, le recyclage, les coopératives alimentaires, les entreprises communautaires, les médias, l'autoconstruction et l'artisanat, l'alimentation naturelle, le mouvement écologique, les lieux d'échanges, les initiatives de sensibilisation, et l'écosociété. Ces 173 pages d'interviews et de commentaires nous livrent une image plutôt fidèle de ce qu'il y a de plus dynamique parmi les associations écologiques québécoises actuelles. Des militants écologistes bien connus comme Michel Bélair [coauteur du Répertoire québécois des outils planétaires (5)], François Tanguay (cofondateur de la nouvelle revue Biosphère), Clément Boulanger [du Mouvement d'agriculture biologique), Michel Jurdant (des Ami(e)s de la Terre de Québec, auteur du livre les Insolences d'un écologiste (6)], Thérèse Dumesnil (journaliste écologiste à Perspectives et auteur d'un livre tout récent sur Pierre Dansereau), Christian Ouellette (du Groupe de ressources en autoconstruction et en écologie), Michel Belleau (des Ami(e)s de la Terre de Québec), Roger Julien (de l'Alliance Tournesol) et Pierre Lacombe (de la S.V.P.) principal organisateur du Front commun pour un débat public sur l'énergie entre autres, y sont interviewés sur leurs expériences et leurs opinions, de telle sorte que l'ensemble des témoignages rapportés constitue un document indispensable pour connaître l'évolution récente et la diversité actuelle du mouvement écologique québécois.

L'intérêt grandissant pour les associations écologiques est encore trop récent pour avoir donné lieu à des études approfondies à leur sujet, mais d'ici quelques années, grâce aux recherches en cours et aux thèses et mémoires qui sont en train d'être rédigés, l'on peut prévoir qu'il y en aura, surtout si beaucoup de travaux sont réalisés sur des groupes particuliers et sur des aspects bien délimités de la question. En attendant, je crois qu'il peut être utile, à partir des études que je poursuis sur le mouvement écologique québécois au moyen d'interviews, d'observation participante et d'une analyse de la production intellectuelle et de l'action de ce mouvement, de donner ici une idée d'ensemble de son origine et de son développement, ainsi que de sa configuration actuelle et de sa spécificité par rapport au mouvement écologique dans d'autres pays comme la France et les États-Unis.


Notes:

(1) Voir, par exemple, le mémoire de Louise Boileau, Étude de deux mouvements écologiques: S.V.P. et S.T.O.P., mémoire de M.Sc. en sociologie, Département de sociologie, Université de Montréal, 1975, ainsi que le Citoyen protège son environnement, publié en septembre 1974 par la Société pour vaincre la pollution (101 pages) et mes trois brefs articles: «Lettre à un militant antinucléaire», Possibles, vol. 2, n° 4, été 1978, pp. 99-110, «The Ecology Manifesto and the Growth of the Movement in Quebec», Our Generation, vol. 13, n° 4, automne 1979, pp. 5-7 et «Le débat public sur l'énergie aura-t-il lieu?», Possibles, vol. 5, n° 3, 1981.

(2) En plus de ce qui s'écrit dans des journaux et des revues qui s'intéressent à l'occasion aux thèmes environnementaux (v.g. le Devoir, la Presse, le Soleil, Perspectives, Québec Science, le Temps fou, Focus Possibles, Our Generation), il existe au moins une douzaine de publications spécifiquement écologiques ayant un bon tirage au Québec, dont les plus importants sont sans doute le journal l'Environnement de la Société pour vaincre la pollution (S.V.P.). De toute urgence du Conseil québécois de l'environnement (C.Q.E.), Forêt conservation publié par les Clubs 4-H et l'Association forestière québécoise, Vers une ville nouvelle du Monde à bicyclette (M.A.B.), Transitions du Regroupement pour la surveillance du nucléaire (RSN), le Noyau publié par une commune en Gaspésie, Informations, des Amis(e) de la Terre de Québec, et la toute nouvelle revue Biosphère, publiée par le Biocreux.

(3) Marielle Désy, Marc Ferland, Benoît Lévesque et Yves Vaillancourt, la Conjoncture au Québec au début des années 80: les enjeux pour le mouvement ouvrier et populaire, Librairie socialiste de l'Est du Québec, Rimouski, 1980, p. 185. De même, la dernière phrase de l'introduction de l'excellente anthologie de Boismenu, Mailhot et Rouillard sur l'histoire récente du Québec, constitue une semblable mise en lumière de l'importance des associations écologiques québécoises. En effet, les auteurs, qui sont de jeunes historiens très au fait de l'évolution actuelle du Québec, y font l'affirmation suivante : «Malgré l'étonnante force de récupération du contexte nord-américain, certaines expériences d'autosuffisance communautaire, l'établissement d'un réseau de regroupements coopératifs d'alimentation et le développement d'un mouvement anti-nucléaire constituent certes le fondement d'une critique de la production et de la morale dominantes» (Gérard Boismenu, Laurent Mailhot et Jacques Rouillard, le Québec en textes, Montréal, Boréal Express, 1980, p. 24).

(4) L'Écologie, espace de vie, Service des transcriptions et dérivés de la radio, Montréal, Maison de Radio-Canada, 1980.

(5) Christian Allegre et al., le Répertoire québécois des outils planétaires, vol. I, Montréal, Les Éditions alternatives Ltée, 1977.

(6) Michel Jurdant, les Insolences d'un écologiste. Édition revue et augmentée. Montréal, Boréal Express, 1981.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Guy Vaillancourt, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le Dimanche 31 octobre 2004 20:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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