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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Mouvement écologiste, énergie et environnement. Essais d'écosociologie (1982)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Guy Vaillancourt, Mouvement écologiste, énergie et environnement. Essais d'écosociologie. Montréal: Les Éditions coopératives Albert-Saint-Martin, 1982, 262 pp. [Autorisation formelle accordée, le 10 mai 2005, par M. Jean-Guy Vaillancourt de diffuser ce livre dans Les Classiques.]

Introduction

Ce livre contient un ensemble de 25 essais, articles, et compte-rendus d'ouvrages, que j'ai rédigés, seul ou en collaboration, dans le domaine de la sociologie de l'environnement, un secteur nouveau de la sociologie que l'on pourrait aussi appeler « l'écosociologie ». Celle-ci, par analogie avec la biosociologie et la psychosociologie, se situe au confluent de la sociologie et de l'écologie, mais en partant du point de vue de la sociologie plutôt que de celui de l'écologie, contrairement à l'écologie humaine et à l'écologie sociale qui font plutôt le cheminement inverse. Plusieurs des textes qui suivent ont été produits depuis 1979, à mon retour d'une année sabbatique consacrée surtout à l'étude du mouvement écologiste et des questions énergétiques au Québec et en France. Quelques-uns ont été écrits en équipe avec des écologistes militants, entre autres, un jeune biologiste-sociologue formé en Acadie et en France, Ronald Babin. Ils ont tous été rédigés entre l'été 1972 et l'été 1982, donc durant ces dix dernières années, période durant laquelle j'ai enseigné l'écologie humaine et la sociologie de l'environnement à l'Université de Montréal, ainsi qu'à l'Université Bishops de Lennoxville (1976) et à l'Université du Québec à Chicoutimi (1980 et 1981). 

Les dix années qui se sont écoulées entre les deux grandes conférences de l'ONU sur l'environnement, celle de Stockholm en 1972 et celle de Nairobi en 1982, constituent une période cruciale en ce qui concerne la prise de conscience généralisée de la détérioration écologique de la biosphère. Il m'a semblé qu'il serait utile, et peut-être même intéressant, de regrouper en une anthologie la plupart des écrits que j'ai produits durant cette période sur la crise de l'environnement et sur les problèmes énergétiques, ainsi que sur le mouvement écologiste et le mouvement anti-nucléaire. J'ai l'impression que ces textes, dont la plupart ont déjà été publiés (parfois dans des endroits difficiles d'accès pour le lecteur profane et pour l'étudiant, voire même pour le militant écologiste et pour le sociologue patenté), pourront en aider plusieurs à mieux comprendre l'une des questions les plus brûlantes actuellement pour l'avenir et la survie de l'humanité. Je n'ai pas la prétention d'avoir tout couvert avec ces essais dans ce domaine en pleine expansion qu'est l'écosociologie, mais j'ai le ferme espoir d'avoir abordé assez de questions importantes avec assez d'acuité et de simplicité pour que le lecteur puisse sortir avec une intelligence enrichie et une conscience aiguisée de l'étude de ce petit livre. 

Les 25 textes que je livre ici ont été regroupés en trois parties. Dans la première, les textes sont pour la plupart plus substantiels, plus descriptifs et plus analytiques que dans les deux autres. La deuxième partie du livre comprend surtout des textes de lutte, d'action et d'intervention. Tous les écrits que j'ai produits en collaboration avec les militants d'Alliance Tournesol et du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, pour Le Devoir et pour La Presse, ont été inclus dans cette section. Enfin, la troisième partie du livre contient les recensions critiques d'ouvrages que j'ai publiées dans le domaine de l'écosociologie depuis une dizaine d'années. 

Dans chacune des trois sections, j'ai décidé de présenter les textes selon l'ordre chronologique de leur rédaction ou de leur parution, à quelques exceptions près, parce qu'il m'a semblé qu'il serait artificiel de les classer par thèmes ou selon une autre logique. De plus, je n'ai pas retouché les textes déjà publiés, sauf pour en raccourcir un et pour supprimer une bibliographie redondante, afin de leur préserver toute leur saveur et toutes leurs faiblesses originales. Ainsi, le lecteur pourra mieux comprendre l'évolution des phénomènes que j'ai observés et commentés, et aussi l'évolution de ce que j'ai pensé en écosociologie, spécialement sur les thèmes de l'énergie et du mouvement écologiste que j'ai privilégiés dans mes écrits, dans mon enseignement, et dans mon action depuis le début des années 70. Cet ordre de présentation et d'exposition comporte toutefois un désavantage pour le lecteur : les premières choses que j'ai écrites dans ce domaine sont en général des documents moins intéressants que les textes un peu plus étoffés que j'ai produits depuis quelques années. Le lecteur qui voudra parer à cet inconvénient pourra toujours commencer la lecture de chaque section en commençant par la fin et en remontant le cours du temps jusqu'aux écrits les plus anciens. 

Lorsque j'ai commencé à enseigner au département de sociologie de l'Université de Montréal en septembre 1969, j'avais été engagé pour enseigner la sociologie des organisations et la sociologie de la religion. J'ai donc d'abord donné des cours dans ces deux domaines ainsi que des cours d'introduction à la sociologie et de théorie sociologique. Mais comme il y avait à ce moment-là plusieurs professeurs dans le département qui étaient intéressés à enseigner la sociologie des religions, j'ai proposé à mes collègues et à mon directeur de département de laisser tomber ce cours dans ma charge et de réactiver plutôt un cours appelé « écologie humaine » qui était au programme mais qui ne se donnait plus depuis quelque temps. 

L'écologie humaine n'était pourtant pas dans mes aires de spécialisation, bien que j'aie été sensibilisé à ces questions dès 1962 par un cours d'Hervé Carrier en sociologie urbaine, et par mes lectures et mes activités à Berkeley entre 1965 et 1969. N'est-ce pas à Berkeley en effet, à la radio communautaire KPFA, que SPR Charter a fait ses célèbres conférences qui ont conduit à la publication d'un des meilleurs livres d'écologie humaine [1], que la célèbre bataille du People's Park a eu lieu, et que les « contre-culturels » et les « politicos » et d'obscurs professeurs et leurs étudiants jetaient les bases de la nouvelle écologie sociale et de l'écologie politique radicale. Je me souviens d'avoir été fortement marqué à ce moment-là par le livre de Shepard et McKinley intitulé The Subversive Science : Essays Toward an Ecology of Man [2], une anthologie qui regroupait ce qui avait été écrit de plus intéressant et de plus radical dans ce domaine. 

J'ai donc donné le cours d'écologie humaine au département de sociologie de l'Université de Montréal en 1970, en 1972, en 1974 et en 1976. Mes recensions des livres de Commoner, de Dansereau et de Tanzer datent de cette période. Quand je suis revenu d'année sabbatique au début de 1979, j'ai changé le titre et l'orientation du cours et j'ai commencé à faire davantage de sociologie de l'environnement, centrant un peu plus mon attention sur les groupes et les mouvements écologistes. 

Le premier texte de l'ouvrage (I-1) est une lettre à un militant anti-nucléaire qui fut écrite juste avant mon départ pour la France en 1978, et quelques mois après la création de l'Alliance Tournesol, le regroupement des militants anti-nucléaires québécois francophones. Le document qui suit sur la décentralisation et la démocratie de participation (I-2), est le texte d'un exposé que j'ai fait en octobre 1977 à la conférence du Rassemblement des citoyens de Montréal sur les conseils de quartiers. Ce texte a été révisé à la fin de 1978, mais il n'avait pas encore été publié. Le troisième texte (I-3) est la communication que j'ai présentée au Colloque de Cérisy en 1979, un colloque sur les mouvements sociaux organisé par Alain Touraine. Comme Touraine venait à ce moment-là de terminer sa recherche sur le mouvement anti-nucléaire en France, et que le manuscrit de son livre sur ce sujet était déjà terminé [3], il fut beaucoup question des groupes écologistes et anti-nucléaires durant le colloque. L'essai suivant (I-4) sur le mouvement anti-nucléaire européen entre 1970 et 1980 a d'abord été présenté en octobre 1980 à Washington à un congrès d'européanistes, puis il a été révisé et publié en anglais dans la revue Our Generation durant l'été 1982. 

En avril 1981, paraissait le numéro spécial de la revue Sociologie et Sociétés que j'ai consacré au thème « Écologie sociale et mouvements écologiques ». J'ai reproduit ici, extrait de ce numéro, mon article sur les associations écologiques québécoises (I-5), article fort bien accueilli par la plupart des écologistes [4]. Le texte sur l'idéologie des groupes anti-nucléaires québécois (I-6) a été présenté au 6e colloque du Conseil québécois de l'environnement qui a eu lieu à l'UQÀM en novembre 1980 et qui portait sur le thème des besoins. Cet essai a été publié dans la revue du CQE, De toute urgence, et doit paraître sous peu dans le volume des Actes du colloque de 1980. 

Le texte suivant (I-7), écrit en collaboration avec Ronald Babin, est notre contribution à la session « mouvements écologiques » de l'atelier « organisations et mouvements sociaux » que j'ai organisé et animé lors du 2e Colloque sur la réforme et le changement en administration publique du Groupe de recherche en administration publique. Enfin, le dernier texte de la première partie (I-8), est une analyse que je viens de terminer sur le mouvement écologiste tel qu'il se développe à l'heure actuelle. Il paraîtra bientôt dans un ouvrage collectif sur les nouvelles pratiques culturelles, ouvrage qui sera publié au début de l'automne 1982 sous la direction de Serge Proulx et de Pierre Vallières. 

La seconde partie du livre s'ouvre avec mon rapport sur la localisation des lignes de transport d'énergie (II-1) qui a été présenté à l'intérieur d'un comité d'experts appelé à évaluer la ligne Canton Mousseau-Chénier pour le compte d'Hydro-Québec. Je décris plus loin dans un autre texte qui porte sur les interventions d'Hydro-Québec (II-8), le contexte dans lequel cet article a été écrit et publié. Ma présentation du manifeste des écologistes québécois (II-2) a été publiée en anglais dans la revue Our Generation. J'ai cru bon de l'inclure ici, et de la faire suivre du texte du manifeste lui-même (II-3), bien que je n'aie pas participé de façon très active à la rédaction finale du manifeste. Je considère que ce manifeste est un document collectif d'une grande importance, comme l'ont souligné d'ailleurs les quatre rédacteurs de la revue Our Generation dans leurs commentaires publiés dans le même numéro de cette revue, juste après ma présentation et le manifeste lui-même. 

Début 1981, un petit groupe de militants d'Alliance Tournesol et du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, dont je faisais partie, a publié dans Le Devoir un article sur la politique de conservation de l'énergie (II-4). Ce texte est suivi ici d'un essai que j'ai écrit pour la revue Possibles sur la semaine de l'énergie organisée par le Front commun pour un débat public sur l'énergie (II-5). Les deux articles, suivants (II-6 et II-7), publiés dans Le Devoir à l'automne 1981, sont le fruit d'un travail fait en collaboration avec des militants de l'Alliance Tournesol et du Regroupement pour la surveillance du nucléaire. Quant à mes commentaires sur « Les interventions du groupe écologie humaine d'Hydro-Québec » (II-8), c'est une communication faite au congrès de 1981 de l'ACSALF, dans le contexte d'une session sur les interventions en écologie humaine. L'article qui suit, sur l'électricité et le nucléaire (II-9), est le fruit d'une collaboration qui se poursuit toujours avec des militants anti-nucléaires. Il est paru dans La Presse le 6 mai 1982. Il fait partie de la série d'articles que nous avions publiés l'année précédente dans Le Devoir. Nous avons décidé de le présenter cette fois-ci à La Presse afin de rejoindre un nouveau public. Enfin le dernier texte de cette deuxième partie du livre (II-10), a été publié dans Le Devoir du 14 juin 1982, ainsi que dans La Presse et dans The Gazette. 

Les comptes rendus critiques d'ouvrages d'écosociologie constituent le troisième type d'essais que j'ai cru bon d'inclure dans ce livre. Celui sur Commoner (III-1) établit de façon explicite le lien entre le capitalisme et la crise de l'environnement. Commoner est un homme bien connu. Il est actuellement l'un des écologistes les plus prestigieux et les plus engagés au plan international. Il fut le candidat présidentiel du People's Party aux élections américaines de 1980 et il demeure l'un des écologistes les plus écoutés dans le monde entier. Ma critique de l'ouvrage La Terre des hommes et le paysage intérieur de Pierre Dansereau (III-2), tente de faire ressortir les aspects sociologiques de l'oeuvre de ce grand écologiste québécois. Je me situe ici dans une perspective d'écologie politique radicale, comme c'est le cas dans l'article suivant sur la crise de l'énergie telle que vue par Michael Tanzer (III-3). L'ouvrage de Tanzer, comme ceux de Commoner et de Dansereau, n'ont pas perdu de leur actualité et semblent même avoir eu des accents quelque peu prophétiques, quand on les lit à la lumière de ce qui s'est passé dans le domaine de l'écologie depuis leur parution. Quant à la brève recension de deux livres qui suit ces trois comptes rendus, elle illustre l'intérêt accru de ma part pour la question importante du nucléaire civil et militaire au moment où le mouvement anti-nucléaire québécois était en voie de formation et de consolidation. 

J'ai inclus dans cette dernière section un texte qui n'est pas à proprement parler une recension, mais plutôt une présentation d'ouvrage (III-5). En effet, j'ai reproduit ici la présentation du numéro spécial de la revue Sociologie et Sociétés, que j'avais composée pour décrire l'évolution de l'écologie humaine et sociale, et de la sociologie de l'environnement. J'y ai supprimé le bref sommaire de chacun des dix articles du numéro. L'article sur les scénarios imaginés par le professeur Valaskakis et son groupe GAMMA (III-6), est une version légèrement remaniée, pour le journal L'Environnement de la SVP, d'une recension du livre La Société de conservation que j'avais publiée quelques mois plus tôt dans la Revue canadienne de science politique [5]. Enfin, le dernier essai est une recension d'ouvrage qui sera publiée sous peu. Les mines sont un des secteurs les plus importants des ressources naturelles, dont l'épuisement constitue l'un des points critiques de la crise de l'environnement. Ma critique en somme fort chaleureuse de l'excellent livre de Wallace Clement sur l'industrie minière (III-7), déborde les cadres de l'écosociologie mais s'y rattache quand même puisqu'il s'agit des relations de travail et des changements technologiques dans un secteur où les problèmes d'environnement et de santé, et de sécurité des travailleurs, sont au premier plan. 

En somme, le lecteur trouvera ici une série très diversifiée d'écrits marqués à la fois par la conjoncture et par les exigences souvent contradictoires d'une sociologie qui se veut à la fois objective et engagée dans les luttes sociales et politiques. Je n'ai pas la prétention de livrer ici un opus ciselé et définitif, mais plutôt les jalons d'un cheminement personnel à travers l'écosociologie contemporaine. J'ai l'espoir que ces textes pourront être de quelque utilité aux militants et aux chercheurs qui sont de plus en plus avides d'information et de direction dans le domaine de l'écologie et de l'environnement, et qu'ils contribueront à combler quelque peu le large fossé qui existe encore entre l'université et la société, entre la recherche et l'action. En ce qui me concerne, j'ai l'intention de continuer à travailler en écosociologie, parce que j'ai bien conscience qu'une fois que l'on s'engage dans des questions aussi vitales que celles qui sont traitées dans ce livre, il est bien difficile de s'en dégager. L'avenir de la vie sur notre petite planète, sur ce que certains écologistes ont appelé « le vaisseau spatial Terre » est tellement fragile et précaire depuis quelques décennies que l'on ne peut plus se fermer les yeux, les oreilles et la bouche une fois qu'on les a ouverts. 

En terminant, je voudrais remercier tous les militants écologistes et environnementalistes qu'il m'a été donné de connaître, avec lesquels j'ai travaillé depuis plus de cinq ans, et dont j'ai pu admirer le dévouement inlassable et la ténacité à toute épreuve. Je leur dédie ce livre, dont les droits d'auteur, s'il y en a, seront partagés à part égale entre l'Alliance Tournesol et le Conseil québécois de l'environnement.


[1]   SPR Charter, Man on Earth : A Preliminary Evaluation of the Ecology of Man, préface d'Aldous Huxley, New York, Grove Press Inc., 1962.

[2]   Paul Shepard and Daniel McKinley, The Subversive Science Essays toward an Ecology of Man, Boston, Houghton Mifflin Company, 1969.

[3]   Alain Touraine, Z. Hegedus, F. Dubet, M. Wieviarka, La Prophétie anti-nucléaire, Paris, Seuil, 1980.

[4]   Benoît Boutin, « L'Écologie sociale, ce fleuve obscur », Le Devoir, 22 août 1981, p. 11.

         Gilbert Tarrab, « L'Écologie sociale », bulletin de l'ACSALF, vol. 4, no 1, février 1982, p. 36-39, reproduit en partie dans La Presse, 20 février 1982, p. C5.

         André Delisle, « Écologie sociale et mouvements écologiques », Québec-Science, vol. 20, no 6, février 1982, p. 54.

         Voir aussi les remarques de Jean-Pierre Rogel, Un Paradis de la pollution, p. 126-128 et le compte rendu de Michel Maldague, dans De toute urgence, vol. 12, no 2, août 1981, p. 296.

[5]   Revue canadienne de science politique, vol. XIV, no 4, décembre 1981, p. 824-827.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Guy Vaillancourt, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le mardi 22 juillet 2008 9:24
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



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