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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

André Turmel, “Le retour du concept d’institution” (1997)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article d'André Turmel, “Le retour du concept d’institution” (1997). Un article publié dans l'ouvrage sous la direction d’André Turmel, Culture, institution et savoir. Culture française d’Amérique, pp. 1-24. Québec : Les Presses de l’Université Laval, 1997, 230 pp. [Autorisation formelle réitérée par M. Turmel le 11 octobre 2005 et reconfirmée le 19 janvier 2006 de diffuser cet article.]

Introduction

Les bonnes institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l'homme, lui ôter son existence absolue pour lui en donner une relative, et transposer le moi dans l'unité commune ; en sorte que chaque particulier ne se croie plus un, mais partie de l'unité, et ne soit plus sensible que dans le tout. 

Jean-Jacques Rousseau 

L'institution constitue une sorte de référence lancinante dans un certain discours public qui gravite autour de la culture, du savoir et des débats d'idées. Le discours scientifique n'est pas en reste sur ce point d'ailleurs. Ce texte vise à en présenter une configuration d'ensemble, à savoir une construction conceptuelle et une articulation dans un réseau théorique ainsi qu'un certain nombre de propositions d'analyse susceptibles d'avoir des échos dans la pratique sociologique. 

Si les concepts de culture et de savoir ont, du moins du côté de la sociologie et sans doute aussi du côté des disciplines littéraires, une fort longue feuille de route, il n'en va pas de même pour le concept d'institution. Celui-ci possède en effet une signification vague et variable dans la théorie sociologique moderne et certes bien au-delà de celle-ci. le signalerai d'abord, mais sans m'y attarder, l'importance du concept dans les premières sociologies, notamment celle de Durkheim et de Weber, où il jouait un rôle central. Par la suite, on assiste à une longue phase d'oubli, sinon d'oblitération pure et simple du concept, oubli sur lequel une histoire de la pensée sociologique devrait revenir éventuellement. Enfin, se remarque au cours de la période récente un retour sur le concept d'institution auquel on redécouvre des propriétés heuristiques et théoriques passées sous silence pendant un long moment ; j'y reviendrai. 

Parmi les éléments constitutifs d'une société, les plus marqués sont les institutions. Elles sont notamment caractérisées par un haut degré de permanence ; elles sont de plus cristallisées, voire sédimentées, dans l'histoire d'une société. À vrai dire, les institutions sont le point nodal de la constitution des personnes en acteurs sociaux ; c'est par et à travers les institutions qu'une personne devient un acteur social doté d'habiletés et de capacités pouvant en faire un membre actif dans une société. 

Or, ce concept d'institution demande des clarifications, en particulier une construction théorique, ne serait-ce que parce qu'il est d'usage courant dans le discours circulant de la « doxa » ; on aura sans doute noté l'utilisation courante de la notion d'institution, dans les médias par exemple, pour désigner un fragment de réalité empirique comme l'école, la banque, etc. Ceci constitue un obstacle de taille pour la construction sociologique de l'objet que le chercheur se donne. 

Afin d'éviter toute confusion, je commencerai par là ; je m'efforcerai d'abord de distinguer le concept sociologique d'institution de l'usage courant, surtout « doxique » et médiatique, qui en est fait, Il paraît impératif de faire cette distinction, ne serait-ce que pour commencer à travailler hors des gangues de la « doxa » ; condition préalable au travail scientifique en quelque sorte. 

Par la suite, je croiserai ce concept avec ceux d'établissement et d'organisation. Pour ce faire, j'aurai recours à des figures diverses de l'institution qui me permettront de poser les vecteurs principaux du concept que je développerai par la suite en le faisant travailler avec les concepts d'établissement et d'organisation pour construire les différences dans un ensemble triadique ; ainsi, je me donnerai les moyens de sortir des impasses auxquelles conduit l'opposition dichotomique institution/organisation. Ces figures sont les suivantes : une figure qui délocalise l'institution pour l'inscrire dans un registre autre que celui de l'espace géographique ; une seconde figure est celle du rituel d'institution (on y examinera les rituels de la leçon inaugurale, de l'attribution des prix scientifiques et des cérémonies qui accompagnent leur remise, de la soutenance de doctorat) ; enfin, une troisième figure concerne la pensée institutionnelle, ses rapports avec la culture, le savoir et ce qui en constitue le point névralgique à l'université : l'excellence.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 20 janvier 2007 8:54
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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