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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Rodrigue Tremblay,
Indépendance et marché commun Québec – États-Unis. (Manifeste économique) (1970)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Rodrigue Tremblay, Indépendance et marché commun Québec – États-Unis. (Manifeste économique). Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Rodrigue Tremblay, Montréal: Les Éditions du Jour, 1970, 127 pp. Collection: Les idées du jour. Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole, professeure retraitée de l'enseignement à l'École polyvalente Dominique-Racine de Chicoutimi, Ville de Saguenay.

Avant-propos

La participation du Québec au marché commun canadien plutôt qu'à un marché commun Québec — États-Unis se solde pour les citoyens du Québec par une perte nette ANNUELLE minimale de deux milliards de dollars (2 000 millions de dollars par année). Nos études et celles de tous les autres économistes canadiens qui ont analysé scientifiquement la situation permettent en effet d'établir avec le plus haut niveau de précision qu'il est humainement possible d'atteindre dans les circonstances que, sur le plan économique du moins, la participation du Québec à un marché commun canadien est doublement désavantageuse pour les citoyens du Québec. Car, non seulement cette adhésion à un marché commun, que nous qualifions ici de contre nature, coûte-t-elle aux citoyens du Québec un minimum de deux milliards par année, (soit un minimum de $335 pour chaque homme, femme et enfant du Québec), sous forme de prix aux consommateurs artificiellement élevés et d'une structure industrielle inefficace, mais elle cantonne les revenus des Québécois dans une des positions les plus inférieures en Amérique du Nord. Le revenu personnel par habitant de tous les Québécois (85 % francophones, 15 % anglophones) est en effet d'environ 11 pourcent inférieur à la moyenne canadienne ; il est de 27 pourcent inférieur à celui de l'Ontario, 50 pourcent inférieur à celui de l'ensemble des États-Unis et 75 pourcent inférieur à celui de la côte Ouest américaine. — La position du seul Québécois francophone est encore plus désavantagée à ce titre puisqu'il a été établi par la Commission Royale d'enquête sur le Bilinguisme et le Biculturalisme que la minorité anglophone du Québec était celle qui recevait les revenus les plus élevés au Canada. (Au Québec, le revenu moyen du citoyen francophone est de 35 pourcent inférieur à celui du citoyen anglophone). 

La population québécoise dans son ensemble perçoit clairement que le sort économique de second ordre qui lui est présentement réservé est relié d'une certaine façon à la participation de l'économie québécoise au marché commun canadien, lequel est artificiellement axé dans une direction Est-Ouest non-économique. Aussi récemment qu'en mai 1968, en effet, une enquête de l'Institut Canadien de l'Opinion Publique révélait que 69 pourcent de la population totale du Québec se prononçait en faveur de l'abaissement de toutes les barrières tarifaires entre le Canada et les États-Unis. Ce pourcentage était considérablement inférieur dans les autres régions du Canada.

Seuls, semble-t-il, les politiciens québécois feignent d'ignorer le problème de nature essentiellement économique et se cantonnent dans des discussions stériles sur des réformettes constitutionnelles. Tôt ou tard, il faudra bien que ces derniers fassent leur éducation auprès de la population québécoise dont le sens commun rencontre dans ce domaine les analyses les plus scientifiques. 

Si le premier problème économique fondamental du Québec touche tous les Québécois, qu'ils soient francophones ou anglophones, le deuxième problème fondamental s'applique uniquement à la majorité francophone. Il existe une évidence de plus en plus irréfutable que l'assujettissement politique des Québécois francophones dans le cadre politique qui accompagne le marché commun canadien contribue à faire d'eux un peuple de valets, de traducteurs et d'éternels intermédiaires (pour ceux qui réussissent !) et de prolétaires qui ne peuvent même pas être assurés de travailler dans leur langue dans leur propre pays (pour les autres !). Les Québécois francophones, malgré leur très forte majorité numérique au Québec, sont systématiquement soumis à une discrimination et une ségrégation économiques ici même au Québec. La presque totalité des entreprises manufacturières et minières leur échappent (ils possèdent 15 pourcent des entreprises manufacturières et 2 pourcent des entreprises minières) tandis qu'à compétence égale, le Québécois francophone est moins bien rémunéré que son confrère anglophone, que ce dernier soit autochtone ou immigrant. Leur gouvernement régional se trouve dans l'impossibilité pratique de modifier cette situation, même s'il avait la compétence technique pour le faire, dû à la concentration des pouvoirs économiques aux mains du gouvernement central lequel est naturellement contrôlé par des anglophones. 

Cet ouvrage ne traite donc que des deux sujets que nous venons de soulever parce que c'est notre conviction profonde que ce sont là les deux pôles économiques d'où découlent inévitablement tous les autres problèmes économiques du Québec. Que le lecteur ne s'attende donc pas à trouver ici une analyse du chômage « structurel » au Québec ou des investissements québécois stagnants depuis 1965. Qu'il ne pense pas trouver non plus une analyse des paiements nets de péréquation entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. — Toutes ces choses ont leur importance bien sûr, mais, lorsque l'on « va au fond des choses », ces aspects conjoncturels et institutionnels de l'activité économique au Québec occupent une place secondaire par rapport aux deux problèmes économiques fondamentaux du Québec, soit la participation actuelle à un marché commun contre nature et une situation de discrimination et de ségrégation économiques de la très grande majorité de la population québécoise. 

Université de Montréal,
le 18 septembre 1970.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 13 février 2006 14:07
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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