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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

QUINZE THÈSES ou philosopher avec des auteurs contemporains (2002)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Marcel Tremblay, QUINZE THÈSES ou philosopher avec des auteurs contemporains. Chomsky, Dennett, Derrida, Dumont, Feyerabend, Foucault, Galbraith, Habermas, Jacquard, Jonas, Lipovetsky, Prigogine, Rawls, Reeves, Rorty. Québec: Les Presses de l'Université Laval, 2002, 211 pp. [Livre publié dans Les classiques des sciences sociales avec la permission conjointe de l'auteur et des Presses de l'Université Laval accordée le 1er novembre 2007.]

En guise d'introduction

À PROPOS DES THÈSES

 

Les thèses présentées dans ce volume n'ont pas la prétention de couvrir l'ensemble des débats philosophiques actuels, ni de résumer la pensée de leurs auteurs. Autant il serait irréaliste d'entreprendre de dresser la liste des questions débattues à notre époque, autant il serait présomptueux d'essayer de condenser en une thèse les oeuvres étudiées. Là n'était pas notre objectif, insistons-nous, pas plus que nous ne visions à réunir tous les auteurs importants aujourd'hui. Songeons seulement à Edgar Morin, Stephen Gould et Pierre Bourdieu, dont les œuvres ne peuvent être ignorées et qui sont pourtant absents de cet ouvrage. 

Espace oblige, bien entendu, mais notre choix s'explique aussi par l'éventail de points de vue que nous désirions proposer au lecteur. Voulant faire état de la diversité des questions discutées à notre époque, nous avons emprunté des thèses au plus grand nombre possible de registres du questionnement humain : linguistique, épistémologie, astrophysique, éthique, économie, politique, écologie, etc. Le résultat ? Un ouvrage à portée limitée certes, mais qui ouvre à la réflexion des thèmes aussi variés que, par exemple, le langage, la conscience, l'intelligence artificielle, l'esprit, le temps, la culture, la science, la technique, le capitalisme, la survie de l'humanité et les droits de l'homme. 

Donnons un bref aperçu de ces thèses. 

La première, de Noam Chomsky, voit dans la parole, non plus un pur produit culturel, mais une faculté innée. Même si cette thèse de Chomsky ne dispose pas, loin s'en faut, du problème du langage - lequel domine la philosophie depuis le début du siècle -, elle est au coeur des recherches linguistiques contemporaines et, à ce titre, mérite une place ici. 

* 

Les recherches en intelligence artificielle et en neurologie ont soulevé, ces dernières années, l'épineux problème de la nature de l'esprit. Obligé de choisir parmi les nombreux auteurs ayant écrit sur le sujet, nous avons opté pour Daniel Dennett, représentant de la philosophie de l'esprit aux États-Unis. Si le recours à ce seul auteur constitue, convenons-en à nouveau, une approche éminemment partielle de cet immense problème, on reconnaîtra que le choix du philosophe américain, dont la culture scientifique s'étend à l'informatique, à la linguistique, à la biologie et à la neurologie, offre au moins un point de vue pertinent. 

* 

Après les percées de la physique contemporaine dans les domaines de la relativité et de la mécanique quantique, l'univers matériel ne devait plus faire problème. L'astrophysicien Stephen Hawking n'annonçait-il pas, il y a quelques années, une physique achevée à la fin du XXe siècle ? Comme pour décourager les excès d'optimisme en science, le monde statique décrit par la cosmologie classique apparaît de plus en plus historique aux scientifiques, ce qui soulève, en plus des questions du début et du futur de l'univers, celle du statut du temps. Pour témoigner de cette métamorphose de notre vision du cosmos, nous avons fait appel à Hubert Reeves, éloquent chantre de cet univers historique, et à Ilya Prigogine, dont les recherches sont en voie d'imposer à la science l'idée d'une flèche du temps. 

*

À l'instar de ceux qui ont cru l'univers prêt à livrer ses derniers secrets à la science, il s'est trouvé des auteurs pour faire de celle-ci la norme de tout savoir. Nouveau mirage, semble-t-il, si l'on prend en compte les offensives menées aujourd'hui contre la Raison scientifique et même contre la Raison tout court. Avec Michel Foucault, tenant du relativisme historique, et Paul Feyerabend, défenseur de l'anarchisme épistémologique, il nous a paru que Jacques Derrida et Richard Rorty étaient suffisamment représentatifs de ce mouvement pour être accueillis ici. Pour Derrida, on le sait, toute pensée s'enracine quelque part, donc l'idée de Vérité est un leurre. Rorty, on se rappelle aussi, substitue à l'idéal de Vérité de la métaphysique la recherche d'une plus grande solidarité humaine. 

*

Devant la faveur que connaît la réflexion éthique, ces derniers temps, comment ne pas faire état de quelques questions soulevées en ce domaine. 

La plus urgente, sans doute, concerne l'avenir de l'humanité, menacée par la puissance des moyens dont celle-ci dispose aujourd'hui pour détruire la biosphère. Sur ce thème, nous évoquons le cri d'alarme de Hans Jonas, qui fait un devoir à l'homme de protéger la vie, et l'appel d'Albert Jacquard, invitant à plus de lucidité scientifique. 

À une époque où les nouvelles technologies de communication restructurent les réseaux de solidarité sociale, une autre question surgit : quel moyen utiliser pour promouvoir le mieux-être collectif ? À côté de ceux qui continuent à favoriser l'action politique (parmi lesquels Galbraith, Dumont et Chomsky), certains mettent l'accent sur le dialogue. L'influence de cette dernière approche justifiant qu'elle soit représentée ici, nous avons opté pour Jürgen Habermas, qui oppose à la pratique révolutionnaire une éthique de la discussion. 

Sur le plan culturel, nul ne niera l'importance des problèmes liés à l'émergence d'un nouvel individualisme affranchi des grands impératifs moraux traditionnels et centré sur la poursuite du seul plaisir. La prolifération des analyses de ce phénomène mesure en tout cas l'intérêt qu'il suscite. Sur cette question, nous avons retenu les points de vue de John Rawls, qui subordonne la recherche du plaisir à celle de la justice, et de Gilles Lipovetsky, pour qui l'hédonisme « postmoderne »inaugure un deuxième âge démocratique. 

* 

L'observateur attentif à la scène économique réalise que, sous couvert de « mondialisation » ou de « globalisation », un capitalisme sauvage mène actuellement une lutte à finir contre le dernier refuge de la démocratie, l'État. Pareille négation du droit des collectivités à décider de leur sort ne va naturellement pas sans opposition. Pour rendre compte de celle-ci, nous avons choisi deux auteurs qui ont voué leur vie à dénoncer les méfaits du capitalisme sauvage et jugé essentiel le rôle de l'État : John Kenneth Galbraith et René Dumont. Au premier, nous empruntons la thèse selon laquelle les États doivent freiner un capitalisme déréglé menant à la domination d'un petit nombre et à la faillite économique. Du second, nous retenons la suggestion de mettre fin à la misère grandissante dans le Tiers monde en permettant à des États libres de contrôler démocratiquement leur destin.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 31 décembre 2007 10:37
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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