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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L'organisation de la recherche sur les problèmes sociaux: perspectives comparatives” (1994)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Mme Charlotte Poirier et Marc-Adélard Tremblay, “ L'organisation de la recherche sur les problèmes sociaux: perspectives comparatives ”, in ouvrage sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin, Traité des problèmes sociaux. Chapitre 54, pages 1081 à 1105. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pages. [Mme Poirier œuvre au Centre québécois de recherche sociale.] [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]

Introduction

a) La notion de la recherche sur les problèmes sociaux aux États-Unis
b) La notion de la recherche sur les problèmes sociaux en France
c) La notion de la recherche sur les problèmes sociaux au Québec

Dans les pays examinés, les États-Unis, la France et le Québec, la notion de recherche sur les problèmes sociaux se définit par des activités de recherche proprement dites et des études et analyses ayant pour objet la compréhension et la résolution des problèmes sociaux. La recherche sur les problèmes sociaux s'adresse à des domaines aussi variés que l'éducation, l'économie, l'habitation, la sécurité du revenu, la santé et les services sociaux. Les résultats des activités scientifiques doivent être utilisables par ceux qui prennent en charge les problèmes sociaux, c'est-à-dire les décideurs, les gestionnaires et les intervenants. Enfin, ce type de recherche doit être pertinent par rapport aux priorités nationales de l'État, qui finance la majorité de ces activités.

Tenant compte de ce fait, les modes d'organisation de la recherche sur les problèmes sociaux seront examinés par le biais des conditions de la production de ce type de recherche, des aspects relatifs aux producteurs, aux organismes qui la supportent financièrement et aux utilisateurs des résultats.

a) La notion de la recherche
sur les problèmes sociaux aux États-Unis


C'est d'une enquête du National Research Council (NRC) (1) sur le support du gouvernement fédéral à la recherche sur les problèmes sociaux que sont tirées la majorité des informations sur la recherche sociale américaine. Le mandat du Conseil portait sur la «recherche-développement» ayant trait aux problèmes sociaux. Celle-ci a été définie par la production et l'application des connaissances sur les problèmes sociaux. La définition qui suit recouvre tout autant l'objectif de la recherche sur les problèmes sociaux que celle découlant d'activités scientifiques orientées vers l'avancement des connaissances:

Le champ de la recherche-développement dans le domaine social s'étend à la recherche, au développement et aux activités connexes qui se rapportent à la connaissance des problèmes sociaux et aux mesures prises pour y apporter des solutions. Sont ainsi visées des activités comme l'acquisition ou l'application de connaissances relatives au comportement des individus, des groupes ou des institutions, ou aux effets des politiques, des programmes ou des technologies sur le comportement (2).

Ainsi la notion de «production des connaissances» aux États-Unis inclut la recherche sur les problèmes sociaux, la collecte de statistiques, l'évaluation des programmes sociaux et les projets de démonstration devant servir à la formulation de la politique sociale. Celle «d'application des connaissances» recouvre les projets de démonstration contribuant à la mise en place de la politique sociale, le développement d'outils d'intervention et toutes les activités de dissémination des résultats.

Dans cette enquête, le National Research Council a considéré que la recherche sur les problèmes sociaux comprenait les domaines suivants: les ressources humaines qui totalisent 60% du financement total, soit la santé, l'éducation, l'emploi et la formation continue, les services sociaux et la sécurité du revenu; les ressources communautaires (28%) telles que la croissance économique, le transport l'habitation et le développement urbain, la justice et les affaires internationales; les ressources naturelles, par exemple, les questions touchant l'environnement, le développement et la conservation énergétique; enfin, la science et la technologie incluant les programmes servant à renforcer la capacité nationale scientifique et technologique. L'étude exclut les projets de recherche biomédicale et de développement technologique dans les-quels on apporte une attention marginale aux aspects individuels ou sociaux.

b) La notion de la recherche
sur les problèmes sociaux en France

En France, la recherche sur les problèmes sociaux emprunte l'appellation de «recherche sur le social» afin qu'elle soit différenciée de la recherche en sciences sociales. Sont également employées les notions de «recherche sur l'intervention sociale» et de «recherche orientée vers l'action» qui traduisent l'idée que ce type de recherche doit participer à la solution des problèmes sociaux et être utile à ceux qui sont responsables de leur résolution.

Quand on réfère à la «recherche sur le social», en France, on renvoie à un type de recherche qui est orienté en fonction d'une meilleure compréhension des problèmes sociaux, d'une intervention mieux justifiée et calibrée en vue de les enrayer et de les prévenir sur une longue période. Ces problèmes sociaux sont de nature diverse. Les maladies mentales, le chômage, la précarisation, les enfants négligés et la discrimination ethnique en sont des exemples (3).

La recherche sur le social recouvre les problèmes sociaux liés aux inégalités sociales, à la marginalité sociale et à la sécurité du revenu. Elle inclut également les aspects psychosociaux et socioculturels de la santé.

c) La notion de la recherche
sur les problèmes sociaux au Québec

Au Québec, la recherche sur les problèmes sociaux est appelée recherche sociale ou encore recherche sociale appliquée. Les définitions citées rendent compte des différentes perspectives de la recherche sur les problèmes sociaux, soit son aspect appliqué, son lien à la mission sociale de l'État et ses objectifs de participer au mieux-être de la population et de réduire les problèmes sociaux. Dans le répertoire de la recherche sociale au Québec, qui recense les recherches sociales de 1975 à 1981, LaHaye et Lefrançois (4) définissent de façon opératoire la recherche sociale par deux types d'activités scientifiques poursuivant des objectifs différents et complémentaires, soit l'étiologle (ou la compréhension) des phénomènes sociaux et l'intervention sociale. Le second type d'activité scientifique correspond à la recherche sur les problèmes sociaux.

Le second type d'activité englobe les études dites «appliquées» où l'objectif premier consiste à accumuler des faits, des informations, très souvent dans une optique d'évaluation, devant servir directement à l'action sociale ou susceptible de déboucher sur des interventions plus adéquates au bénéfice de populations-cibles. Ainsi définie, la recherche sociale appliquée se distingue par son objet de connaissance de celui des problèmes sociaux au sens large, et dans sa finalité qui est la transformation ou l'amélioration des situations collectives ou individuelles ou des mécanismes d'aide s'appliquant à ces situations (5).

La Commission d'enquête sur les services de santé et les services sociaux (Commission Rochon) (6), qui a identifié le développement de la recherche sociale appliquée comme une de ses priorités, distingue également la recherche sur les phénomènes sociaux de la recherche sociale appliquée:

Jusqu'ici, la recherche sociale s'est principalement penchée sur la compréhension des phénomènes sociaux et a donné lieu à de nombreuses études touchant, par exemple, à la mobilité sociale, aux classes sociales, aux mouvements sociaux ou à la satisfaction au travail.

Pour sa part, la recherche sociale appliquée a pour finalité l'amélioration des interventions et des mécanismes d'aide aux clientèles
(7).

Murbach et Gagnon (8) ont adopté une perspective historique dans l'étude de la définition de la recherche sociale. Pour ces dernières, la recherche sociale dans les années 1980 comporte une pluralité de significations et renvoie à différentes réalités, perspectives et pratiques. Étant historiquement liée aux sciences sociales, la recherche sociale correspond davantage aujourd'hui à la mission sociale de l'État et s'inscrit dans la politique sociale québécoise. Interpellée par l'action directe et indirecte, elle se définit par la production de résultats pouvant servir à la gestion et à l'intervention.

Le Conseil québécois de la recherche sociale, organisme gouvernemental de financement de la recherche, définit la recherche sociale admissible à ses programmes de subventions par son objet à savoir: «la participation et la solidarité sociales» qui réduisent les problèmes sociaux et par lesquels les populations accèdent à un mieux-être. La recherche peut être fondamentale et appliquée et emprunter différentes méthodologies:
[...] la recherche qui a pour objet la participation sociale et la solidarité sociale vues généralement dans la perspective de la mission du ministère de la Santé et des Services sociaux... La participation et la solidarité sociales préviennent et réduisent la maladie, l'isolement, la pauvreté, la dépendance de l'assistance publique, la violence, la discrimination et toute condition favorisant la marginalité sociale (9).

Notes:

(1) National Research Council, The Federal Investment in Knowledge of Social Problems, Study Project on Social Research and Development, vol. 1, Study Project Report, Washington, National Academy of Sciences, 1978, xiv + 114 p.

(2) Ibid., p. 87.

(3) Marc-Adélard Tremblay, Jean-Claude Boisvert, Gilles Picard, La recherche sociale en France: les enjeux, les moyens, la valorisation. Rapport d'une mission d'étude et de coopération en France, Québec, Conseil québécois de la recherche sociale, 1989, note 7, p. 23.

(4) Monique La Haye et Richard Lefrançois, Répertoire de la recherche sociale au Québec 1975-1981, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1982, 157 p. (Coll. «Recherche sociale», n° 2).

(5) Ibid., p. 22.

(6) Rapport de la Commission d'enquête sur les services de santé et les services sociaux (Commission Rochon), Québec, Les Publications du Québec, 1988, 803 p.

(7) Ibid., p. 621.

(8) Ruth Murbach et Astrid Gagnon, La recherche sociale au Québec: bilan et tendances (1900-1985), Montréal, Conseil québécois de la recherche sociale, 1986, 266 p.

(9) Conseil québécois de la recherche sociale, Subventions à la recherche, bourses d'excellence et subventions pour études et analyses 1991-1992, Québec, 1991, p. 8.


Retour au texte de l'auteur: Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l'Université Laval Dernière mise à jour de cette page le Lundi 25 avril 2005 19:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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