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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Modèle d'autorité dans la famille canadienne-française (1966)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marc-Adélard Tremblay, “ Modèle d'autorité dans la famille canadienne-française ”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Marc-Adélard Tremblay et Gérald-Louis Gold, Communautés et culture. Éléments pour une ethnologie du Canada français, Chapitre 6, pp. 133-148. Montréal : Éditions HRW, 1973, 428 pp. Extrait de Recherches Sociographiques, Vol. VII, nos 1-2, janvier-août 1966, pp. 215-230. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]

Section II: Famille et parenté
Préface


La famille a toujours été et demeure l'élément fondamental de l'organisation sociale de toute société, quels que soient sa dimension, sa localisation géographique et le contenu de ses traditions culturelles. Pour autant, on peut affirmer que la famille est un système social en miniature à l'image du système social global. Les changements qui se produisent au niveau plus large se traduisent à des degrés divers sur la famille soit dans ses structures, dans ses fonctions et ses modes de fonctionnement, dans les processus de socialisation et d'éducation de ses membres, et finalement dans les systèmes d'attitudes et de valeurs qui la soutiennent ou la contestent. Famille et société sont donc deux versants d'une même réalité qui se pénètrent et s'influencent selon une dynamique dont les composantes sont les individus, les situations sociales et les traditions de groupe.

Les familles canadiennes-françaises sont en pleine phase d'affranchissement de la tradition: les unes se cramponnent encore aux valeurs traditionnelles; d'autres font l'expérimentation de nouvelles habitudes de vie dans le cadre familial; d'autres enfin rejettent complètement le passé pour inventer une existence et un devenir en harmonie avec la «vie moderne» et la «mentalité urbaine de la société post-industrielle».

Il faut reconnaître, d'ailleurs, que le nouvel habitat de la famille canadienne-française, c'est la ville et que la majorité des familles retirent leur revenu d'un travail salarié. Les études récentes sur le milieu rural ainsi que nos propres travaux sur les comportements économiques de la famille salariée du Québec établissent (Cf. Tremblay, chapitre 5), hors de tout doute, une forte tendance vers l'homogénéité, tant dans les modèles de conduite et les principes directeurs que dans les comportements eux-mêmes. On peut ainsi considérer la famille urbaine comme un type de famille qui sert de modèle, et vers lequel tendent la totalité des familles du Canada français.

Les familles canadiennes-françaises se modernisent à l'image de ce qui se passe sur le continent nord-américain. Toutefois, ces transformations s'accomplissent selon un rythme et un style propres à chaque communauté. Aussi, il nous apparaît nécessaire d'examiner les variations dans les modes d'organisation familiale des communautés rurales afin de mieux saisir comment ces variantes influent sur l'identité des individus et la définition d'elles-mêmes qu'élaborent ces communautés.

Ce qui caractérise la société traditionnelle, ce sont des techniques de subsistance plutôt simples et une grande homogénéité dans les types d'occupation et dans l'emploi du temps; c'est un mode d'organisation sociale qui privilégie la famille et le système de parenté en tant que structures d'encadrement et principes directeurs dans l'élaboration des relations sociales créant ainsi de multiples liens de solidarité entre tous les membres de la communauté; c'est: enfin, un ensemble de valeurs transmises qui créent chez les individus une image de soi et une compréhension unanimes de la réalité.

L'article de Tremblay sur les modèles d'autorité (chapitre 6) souligne que la famille est de moins en moins capable d'assumer un rôle de premier plan dans la socialisation de ses membres. Alors que ces derniers vivaient autrefois dans une institution relativement fermée et adhéraient au même système de valeurs, ils éprouvent aujourd'hui des difficultés de plus en plus grandes à choisir les comportements les plus appropriés aux situations nouvelles, étant donné qu'ils participent plus intimement aux rôles et aux fonctions de la société nouvelle. Le même auteur note toutefois que les membres d'une même famille continuent à ressentir les interdépendances qui les unissent les uns aux autres. Nous énonçons l'hypothèse que l'effritement de l'autorité parentale, au profit des agents externes de socialisation, peut accentuer les conflits intergénérationnels.

Il serait inexact de prétendre que l'urbanisation et la spécialisation professionnelle ont amené la disparition des liens de parenté: l'analyse de Piddington sur les réseaux de parenté (chapitre 7) à Saint-Boniface prouve le contraire. Il semble être d'accord avec Rioux (1) pour affirmer que la connaissance de la parenté vivant à la ville n'a pas la même profondeur ni la même intensité que les mêmes connaissances dans les milieux ruraux.

Les informateurs de Piddington démontrent hors de tout doute qu'ils possèdent une connaissance étendue des parents vivant dans les environs et de ceux qui vivent ailleurs au Canada et aux États-Unis. Les voyageurs, les documents et les grandes réunions de familles sont autant d'éléments qui contribuent au maintien d'une identité familiale et ethnique plutôt forte. Utilisant comme indices le fait que les Canadiens français appartiennent à de vastes réseaux de parenté et qu'ils se marient entre eux, Piddington énonce les raisons structurelles qui peuvent permettre aux Canadiens français vivant en dehors du Québec de conserver leur culture (la survivance).

Au chapitre 8, Nicole Lamarre décrit le système matrimonial d'un village français terre-neuvien, où l'endogamie locale est renforcée par les fondements territoriaux des groupes de parenté, et où l'importance que l'on accorde à l'héritage constitue l'unité de la communauté. Un petit groupe de familles s'unissent entre elles et forment un système social fermé où circulent librement le travail, la propriété et les femmes.

Dans ses commentaires sur la sociabilité et les sentiments à l'Anse-à-la-Barbe, Marcel Rioux (chapitre 9) ajoute une dimension toute nouvelle à la structure sociale fermée du village du Cap Saint-George de Nicole Lamarre. L'une des lignes de force de ce travail est qu'il apporte des données difficiles à analyser sur le terrain. Ces événements appartiennent à la «culture implicite» de la communauté: ils se traduisent explicitement par l'importance de la sociabilité laquelle accentue l'identité de la «petite communauté». Rioux avance l'hypothèse que le niveau de sociabilité d'une communauté peut varier en fonction de sa division du travail et de son degré d'urbanisation.


Note:

(1) Marcel RIOUX, Kinship Recognition and Urbanization in French Canada, Contributions to Anthropology (National Museum of Canada, Bulletin no 173) pp. 1-11.


Retour au texte de l'auteur: Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l'Université Laval Dernière mise à jour de cette page le Lundi 25 avril 2005 19:52
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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