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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

 “ L'évolution sociale: oppression ou libération ? ” (1972)
I. L'évolution sociale et l'individu


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marc-Adélard Tremblay, “ L'évolution sociale: oppression ou libération ? ” Un article publié dans la revue La Vie médicale au Canada français, Vol. 1, décembre 1972, pp. 1147-1151. Discours d'ouverture à la Conférence canadienne du bien-être social, tenue à l'Université Laval, Québec, le 18 juin 1972. Ce travail est également publié dans les comptes rendus de la Conférence canadienne du bien-être social. L'auteur était, au moment de la publication de cet article, professeur titulaire d'anthropologie et directeur de l'École des gradués, Université Laval, Québec. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]

I. L'évolution sociale et l'individu (1)

Le changement social dont nous sommes à la fois les agents et les sujets constitue-t-il une oppression ou une libération? C'est la question que nous voulons examiner dans le but d'amorcer cette session d'étude et d'alimenter, si possible les ateliers de discussion.

Le concept «d'évolution sociale» traduit confusément les principales transformations qui se produisent sous nos yeux et dont nous subissons les contrecoups. Ces changements sont nombreux et puissants; ils se produisent avec rapidité et selon un rythme et une fréquence de plus en plus accélérés: ils atteignent une vaste amplitude en touchant à tous les segments de la société et, à l'intérieur de ceux-ci, toutes les activités de la vie socio-culturelle. Enfin, l'impact de ces changements s'inscrit en profondeur et remet complètement en question les conceptions que l'on se faisait des relations qui doivent exister entre les individus, entre les groupes, et entre ces derniers et le gouvernement.

Ce sujet de «l'évolution sociale» est si vaste et si complexe qu'il ne peut être abordé sous tous ses angles. Vous comprendrez, alors, que pour mieux répondre aux attentes du comité du programme, j'ai choisi de n'examiner que les interrelations qui, dans ce contexte de changement, s'établissent entre la société, le gouvernement, les institutions non étatiques et, finalement, les individus.

Nous pourrons, alors, en utilisant un modèle d'analyse dynamique, montrer le faisceau des interdépendances qui existent entre ces divers éléments de la structure sociale lorsqu'ils deviennent soit des moteurs ou des cibles de changement.

C'est à dessein que nous privilégions les relations entre les individus, les institutions sociales et l'État: ce biais nous permet de mieux comprendre les fonctions régulatrices et normatives de celui-là dans les situations où les divers groupes qui constituent la société sont soumis à des forces qui les placent dans un état de déséquilibre de plus ou moins longue durée et où les individus sont attirés dans des directions divergentes par le fait même qu'ils adhèrent à des systèmes pluralistes de valeur et qu'ils cherchent à renforcer la position et le pouvoir des groupes auxquels ils appartiennent. Cette problématique, tout en mettant en relief l'action et les interventions du gouvernement sous l'angle de la centralisation des décisions, ne sous-estimera pas en aucune manière la puissance créatrice de l'individu ou encore la «force de frappe» des groupes intermédiaires dans la conception et l'élaboration de la société de demain. Cette «turbulence sociale» (comme l'a appelée un auteur) pourrait, bien sûr, faire elle-même l'objet de nos analyses et interprétations. Dans ce cas, on chercherait à déceler comment elle naît, de quelle manière elle s'inscrit dans les réalités quotidiennes, quels sont les secteurs qu'elle transforme et les conséquences qu'elle engendre. Nous nous bornerons, toutefois, à identifier certaines des conséquences que suscite l'évolution sociale.

Les principaux secteurs d'activités qui nous fourniront nos matériaux d'analyse seront ceux de la politique sociale, des programmes et services de santé. Nous chercherons à apporter des éléments de réponse à des questions fondamentales. quels sont les effets positifs et négatifs qu'engendre cette évolution sociale?; ces effets sont-ils plus oppressifs que libérateurs pour l'individu?; à quelles conditions l'individu peut-il retrouver toute sa plénitude?; en quoi consisteront ses nouvelles initiatives et comment s'incarnera le fruit de ses réflexions?


Note:

(1) Nous tenons à remercier nos collègues Marc Fortier, Jean-Marie Martin et Nicolas Zay avec lesquels nous avons discuté des divers aspects de cette conférence. Leurs points de vue de même que leurs commentaires nous ont permis de mieux cerner la thèse que nous défendons ici.

Retour au texte de l'auteur: Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l'Université Laval Dernière mise à jour de cette page le Lundi 25 avril 2005 19:58
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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