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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marc-Adélard Tremblay, L’état des recherches sur la culture acadienne”. Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 3, no 1-2, janvier-août 1962, pp. 145-170. Québec: Les Presses de l'Université Laval. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]

Marc-Adélard Tremblay (1922 - )

L’état des recherches
sur la culture acadienne
”. *

Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 3, no 1-2, janvier-août 1962, pp. 145-170. Québec: Les Presses de l'Université Laval.


État des recherches sur la culture acadienne

I. Introduction
II. Le bilan des études acadiennes
III. Les travaux historiques
IV. Les travaux centrés sur la survivance
a) La survivance de la « nation »
b) Les Conventions nationales
c) Missionnaires, clergé et paroisses d'Acadie
d) Le parler franco-acadien
e) Éducation et écoles acadiennes
f) Communautés et culture acadiennes
g) Relations inter-ethniques et acculturation des Acadiens
V. Évaluation des études acadiennes
VI. Les études à entreprendre

Inventaire bibliographique

I. Travaux historiques
II. Études se rattachant au thème général de la survivance

A. Survivance de la « nation »
B. Conventions nationales
C. Missionnaires, clergé et paroisses d'Acadie
D. Éducation et écoles acadiennes
E. Le parler franco-acadien
F. Communautés et culture acadiennes
G. Relations inter-ethniques et acculturation des Acadiens
Commentaire, par Clément Cormier, c.s.c., Recteur de l'Université Saint-Joseph, Moncton, N.-B.


I. Introduction

Lorsque les Acadiens désignent leur groupe, en tant que configuration culturelle distincte de toutes les autres, ils utilisent les expressions : « le peuple acadien », ou « la nation acadienne ». Ils signifient par là qu'ils ont les mêmes caractéristiques socio-culturelles, qu'ils communient aux mêmes traditions, qu'ils s'inspirent des mêmes sources idéologiques et qu'ils partagent les mêmes aspirations. Mais ce peuple, à la suite d'une cruelle expérience que nous rappellerons brièvement plus loin, vit en petits groupes sur un ires vaste territoire qui s'étend au-delà des frontières provinciales et même nationales. Il existe, en effet, dans l'État de la Louisiane des communautés d'Acadiens - que l'on appelle là-bas du terme pittoresque de Cajuns - qui ont conservé quelques traditions ancestrales et qui se rattachent, par leur origine, à l'ancienne province d'Acadie. De plus, plusieurs générations d'Acadiens, venant des provinces maritimes, ont émigré vers les États de la Nouvelle-Angleterre où ils vivent, soit dans de petites villes ou soit encore dans des centres métropolitains comme Boston. Tous ces émigrés exercent des métiers urbains et vivent dans des paroisses qu'ils partagent avec les Américains d'origine québécoise et les Irlandais catholiques. Ces Franco-Américains s'identifient encore, pour un bon nombre, à la « patrie » d'origine. La déportation agit alors comme pôle d'attraction dans les mécanismes d'identification ethnique. Une grande proximité géographique qui permet des visites régulières en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick ainsi que l'existence de liens de parenté particulièrement resserres - tant dans les milieux de provenance que dans les milieux de résidence - ont limité le caractère contraignant des puissantes normes d'assimilation de la culture américaine.

Un bilan exhaustif des études acadiennes devrait, bien entendu, inclure les groupements états-uniens. C'est là un objectif qui demeure très lointain, tant par l'envergure de la tâche que par la nature des ressources que celle-ci exigerait. Il n'est donc pas question de nourrir une telle ambition dans le cadre de cet article. Au demeurant, le territoire considéré inclut l'Île du Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, les Îles-de-la-Madeleine et la péninsule gaspésienne. Ce territoire est d'ailleurs trop vaste pour que notre bilan soit fondé sur un inventaire complet des ouvrages pertinents à une sociologie de l'Acadie. Nous devrons restreindre encore les objectifs à l'intérieur de cet espace géographique. Plusieurs circonstances nous obligent à présenter une vue « à vol d'oiseau » de ces travaux, plutôt qu'une analyse en profondeur.

Précisons, en dernier lieu, le biais par lequel nous abordons ce bilan. Depuis juin 1950, nous avons entrepris en Nouvelle-Écosse plusieurs voyages d'études anthropologiques dans le cadre d'une recherche multidisciplinaire en psychiatrie sociale. Nous serons alors enclin à accorder une importance particulière à ces travaux. Notre travail reflétera de plus une plus grande familiarité avec les travaux portant sur la Nouvelle-Écosse, « le berceau de l'Acadie ». Cette lacune sera heureusement compensée par la présence d'un commentateur bien qualifié et venant, par surcroît, d'une université acadienne du Nouveau-Brunswick. Ayant eu à négliger les documents primaires, les articles parus dans les journaux et les revues de vulgarisation, les conférences prononcées devant les publics les plus divers, je suis conscient que plusieurs travaux de grande importance ont été négligés. Il ne faut pas l'oublier, nous n'avons pas pour l'Acadie d'Essais à la manière de ceux qui existent pour le Québec. [1] Nous en sommes encore à la période des premiers balbutiements. Souhaitons que toutes ces lacunes bibliographiques et que la pénurie des travaux à caractère explicatif ayant été mise a jour par notre vue panoramique soient un puissant stimulant pour instituer un Centre de la documentation acadienne ou seraient compilés, pour fins de classification et d'analyse, l'universalité des documents et données disponibles sur les différents groupes acadiens. Je sais que l'Université Saint-Joseph de Moncton et le Collège Sainte-Anne de la Pointe-de-l'Église, en Nouvelle-Écosse, ont déjà amorcé un tel projet. Mais sa complète réalisation nécessitera des ressources financières et humaines très considérables.


II. Le bilan des études acadiennes

Un rapide examen de la bibliographie que nous avons dressée fait ressortir le grand nombre de travaux centrés sur l'histoire acadienne. Plusieurs de ces ouvrages accordent beaucoup d'importance au « Grand Dérangement ». Quelques auteurs font de la dispersion le thème de leur exposé. On sait qu'à ce propos les vues sont divergentes chez les historiens : cela s'explique pour une part par les perspectives théoriques à partir desquelles s'effectue la reconstruction historique et aussi par les sentiments que l'on éprouve vis-à-vis l'une ou l'autre des deux ethnies en présence.

Tous les autres travaux peuvent être regroupés dans huit catégories distinctes, directement reliées à la survivance acadienne dans les provinces de l'Atlantique. Ces catégories sont les suivantes : A. La survivance de la « nation » ; B. Les Conventions nationales ; C. Missionnaires, clergé et paroisses d'Acadie ; D. Le parler franco-acadien ; E. Éducation et écoles acadiennes ; F. Communautés et culture acadiennes ; et G. Les relations inter-ethniques et l'acculturation des Acadiens.


III. Les travaux historiques

Il serait prétentieux, dans le cadre de ce rapide tour d'horizon, d'effectuer une analyse critique des travaux historiques centres sur l'Acadie. Nous laissons cette tâche aux historiens. L'observateur éclairé ne peut toutefois s'empêcher d'être mal à l'aise et confus devant la variété des interprétations de l'histoire acadienne et, plus particulièrement, de la dispersion. Les historiens « anglais », d'une part, et les historiens « français », d'autre part, ont leur version et leur interprétation des faits. Ces interprétations ont entre elles très peu de points de rapprochement.

À ce propos, signalons deux historiens, Brebner [17] * et Frégault [46] qui ont redonné, il me semble, à la déportation une très grande authenticité. Tous les deux, par des cheminements analogues, ont démontré que la déportation fut une décision longuement mûrie, qu'elle s'élabora à partir des exigences locales d'une colonisation qui s'avérait de plus en plus difficile et menacée dans son fondement même ; et qu'enfin, elle fut fortement appuyée par le Board of Trade and Plantations, de Londres. La mise à exécution d'un tel plan s'échelonna sur une période de huit années (soit de 1755 à1763) et demeurait inachevée au moment de la signature du Traité de Paris. L'historien Frégault établit bien à partir de quelles séries de facteurs s'élabora la décision d'expulser les Acadiens de la Nouvelle-Écosse. La grande tragédie de la Nouvelle-Écosse c'est d'avoir été cédée par la France à l'Angleterre sans qu'il y ait eu de véritable conquête militaire. Après plusieurs années d'occupation anglaise, la province avait gardé son caractère français. Voici comment se sont déroulées les étapes successives qui ont abouti à la déportation. [2]

a) Les titres de propriété des Acadiens ne sont pas reconnus par l'Angleterre, à moins que ces derniers deviennent sujets de Sa Majesté en prêtant un serment d'allégeance à la couronne britannique ;

b) Si cette prise de position acquiert un statut juridique par la décision d'un magistrat colonial, il sera alors légal de déloger ou de déposséder les Acadiens de leurs terres ;

c) Il n'y a aucune colonisation anglaise possible au Nouveau-Monde tant que subsistera « l'Acadie française ». C'est alors qu'on envoie, le 24 septembre 1754, un corps expéditionnaire dans le but de protéger les intérêts anglais en Acadie et de préparer la voie à la colonisation intégrale ;

d) Le gouverneur Lawrence demande 2,000 soldats de la Nouvelle-Angleterre afin de réduire le pivot de « l'Acadie française » (le fort de Beauséjour) ;

e) Convergence dans les politiques acadiennes du gouverneur Lawrence et la politique impériale du Board of Trade and Plantations.

f) Après la conquête militaire des forts de Beauséjour et de Gaspareau (16 et 17 mai 1755), les événements se précipitent avec une extrême rapidité et aboutissent à la décision d'expatrier tous les Acadiens.

La décision de déplacer les Acadiens fait d'ailleurs partie d'une opération colonisatrice comportant trois phases : le déplacement, la dispersion et le remplacement. Comme le dit Frégault dans le même article,

« ... toute l'histoire de l'Amérique en est alors une de rivalités coloniales. Tous les colonisateurs se ressemblent. L'affreux épisode de la dispersion des Acadiens ne se conçoit que dans le cadre d'un conflit de colonisation ; précisons, bien que ce soit superflu : de colonisations qui entrent en conflit précisément parce qu'elles visent, en même temps, les mêmes objectifs. » [3]

À mon sens, cette analyse de Frégault situe les événements tragiques de l'histoire acadienne dans des cadres plus vastes que ceux auxquels nous étions habitués. Un fait demeure. Quelle qu'ait été la nature des événements et des motifs qui ont abouti à la dispersion des Acadiens, ces derniers ont vécu une expérience traumatisante qui transparaît aujourd'hui dans leur caractère national. L'histoire de la déportation constitue un puissant mécanisme d'identification, oriente les générations présentes vers une certaine perception et compréhension de leur passé et, en dernier ressort, met l'accent sur la nécessité de la survivance. Le thème de la survivance va nous servir d'idée-maîtresse dans l'organisation des autres matériaux compilés.

Signalons, auparavant, que quelques travaux historiques récents sont centrés sur la région, en tant qu'aire territoriale et culturelle distincte. Ces histoires régionales s'inspirent d'une tradition d'allure descriptive et vont permettre de constituer une précieuse documentation dans l'élaboration d'une histoire d'Acadie qui tiendra davantage compte des différences socio-culturelles entre les divers sous-groupes.


IV. Les travaux centrés sur la survivance

La Survivance du fait français en Acadie est expliquée par l'extraordinaire force spirituelle et morale des ancêtres, par l'intervention de la divine providence et par l'isolement social, c'est-à-dire par le fait que les communautés acadiennes ont été durant longtemps tenues à l'écart des grands courants économiques et commerciaux dominés par les entrepreneurs anglo-saxons. La langue des communications sur les plans affectif, familial, religieux et économique demeura la langue française. Aujourd'hui, les communications de masse ont rompu cet équilibre et l'élite acadienne est consciente que le plein épanouissement de la culture française ne sera possible et réalisé que si certaines exigences préalables viennent contrebalancer et freiner les nouvelles forces d'assimilation. Plusieurs générations ont été sacrifiées durant le processus de la survivance. Les leaders savent que l'Acadie ne peut plus subir de telles saignées des effectifs démographiques sans que soit compromise la perpétuation de cette aspiration nationale. On peut, il me semble, généraliser à l'Acadie tout entière les mécanismes préconisés chez les Acadiens du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse [Tremblay, 221] par l'élite locale pour établir sur des assises permanentes les éléments de la culture. Une première série de facteurs réfèrent à la tradition et sont des mécanismes de repliement sur soi tandis que les autres sont des mécanismes d'évolution progressive :

a) La langue française et la foi catholique sont des éléments indissociables ;

b) Le mariage entre Acadiens est une condition essentielle à la conservation des traditions familiales ;

c) On doit se protéger contre tout ce qui est étranger afin d'imperméabiliser la culture acadienne contre les influences du groupe dominant ;

d) La religion est le plus important moyen de contrôle du comportement de tous les membres ;

e) Les liens de parenté resserrent la cohésion du groupe ; les intérêts du groupe ont priorité sur les aspirations personnelles ;

f) L'essor de l'élite acadienne est vu comme un moyen de renforcer la solidarité du groupe et d'assurer son progrès ;

g) L'instruction est valorisée comme moyen d'effectuer un retour éclairé aux traditions acadiennes et de permettre l'accession à des postes de commande dans tous les secteurs ; et,

h) Il est nécessaire de planifier la survivance sur une longue période afin d'assurer sa réalisation.

On aperçoit à travers ces divers mécanismes une double intention : celle de se défendre contre les influences du groupe majoritaire et celle de tracer, en tenant compte des ressources autochtones, un schéma dynamique de la survivance à l'échelle de la « nation tout entière ». Ce schéma implique aussi l'exercice d'une action importante au niveau des structures économiques, de la structure du pouvoir, à celui de la refrancisation des communications de masse et de l'établissement de tout un réseau d'institutions d'enseignement.

Cette stratégie de la survivance et du progrès de la « nation acadienne » a été conçue par l'intelligentsia. Elle doit être perçue, comprise, assimilée par les cadres et par la masse tout entière des Acadiens avant de devenir une réalité qui aura à la fois un caractère formel et une très grande persistance.

Vue dans cette perspective, la survie posera peut-être un problème quant au choix des moyens. Si l'instruction est valorisée, si l'élite devient ouverte au progrès, y aura-t-il lieu de se protéger contre les étrangers ? L'alliance langue-foi demeurera-t-elle indissociable ?

Caractérisons ires brièvement les études qui ont pour thème la survivance avant d'aborder, par la suite, les diverses autres catégories qui peuvent s'y rattacher.

a) La survivance de la « nation »

Ces études établissent le bilan de la survivance acadienne dans les Maritimes à partir de l'examen systématique d'un ensemble de critères comme le rôle du clergé et de la paroisse, le rôle de l'école et de la famille et celui de la langue parlée. Mais ces différents paliers ne sont pas suffisamment examinés en tenant compte des interrelations et du faisceau des interdépendances fonctionnelles qui existent entre chacun d'eux. Les descriptions demeurent ainsi trop statiques, elles sont faites à partir de découpages trop nombreux et atteignent rarement le niveau de l'interprétation et de l'explication sociologiques. Dans un article qui vient de paraître [Tremblay, 122], nous avons voulu reconstituer dans une perspective globale l'histoire de la survivance acadienne et montrer comment, à travers l'évolution économique et sociale, s'est précisée la configuration culturelle du groupe. La survivance des traditions n'est pas seulement menacée par les contacts inter-culturels et l'exposition à une culture de masse étrangère, elle est également compromise par la transformation des sociétés historiques sous l'impact de l'évolution technologique et du progrès. Cette transformation de la petite communauté et sa participation de plus en plus étroite à la société technique moderne sont autant d'éléments à examiner et a pondérer dans une analyse compréhensive de la survivance.

b) Les Conventions nationales

Il s'est tenu, à la fin du XIXe siècle, trois Conventions nationales acadiennes ; une dans chacune des provinces maritimes. Ces Conventions ont joué un rôle de premier plan dans l'éveil d'une conscience nationale. Elles sont à l'origine même du désir de la survivance acadienne. En effet, ces assises ont noué des relations très étroites entre les participants et ont fait naître chez eux le sentiment d'appartenance à une même communauté idéologique. Déjà, à ce moment-là, ce « jeune peuple » veut conserver son identité propre en se distinguant des autres Canadiens d'expression française et en mettant sur pied les institutions qui lui permettront de conserver son identité. Dans sa thèse de maîtrise, Camille Richard [132], par une analyse de contenu des différents discours prononces durant la première Convention nationale, retrace les principaux courants d'idées et identifie les centres d'influence. Dans une analyse bien menée, il attire l'attention sur le rôle du clergé acadien en tant que « définisseur de situation » sur le plan d'une vision spiritualiste du monde et sur celui des exigences fonctionnelles d'une mentalité acadienne différente de toutes les autres.

c) Missionnaires, clergé et paroisses d'Acadie

L'ensemble des travaux d'histoire religieuse portent sur les missionnaires, la paroisse et le clergé et visent à définir le rôle des premiers missionnaires dans le rétablissement de la tradition française en Acadie, à reconstituer le climat de la vie paroissiale en tant que cadre d'activités religieuses et sociales et a définir, enfin, le rôle du clergé (en particulier, des différentes congrégations religieuses) dans la prise de conscience du groupe acadien, dans la revendication de ses droits et dans la protection de ses intérêts les plus chers. Notons enfin le rôle prépondérant des évêques acadiens dans le long cheminement de la survivance. Mgr Leménager, évêque de Yarmouth, fut le dernier à accéder à la direction d'un diocèse acadien. Son élection à la veille des célébrations des fêtes du bicentenaire de la déportation confirmait d'une manière éclatante l'intention formelle de l'Église d'aider les Français du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse dans la poursuite de leurs objectifs nationaux.

d) Le parler franco-acadien

Les travaux portant sur la langue acadienne se divisent en deux groupes : a) ceux qui traitent la langue comme un fait d'observation important et significatif en soi, c'est-à-dire comme le véhicule d'une pensée, comme medium de communication et comme symbole de culture (au sens anthropologique du terme) ; et, b) ceux qui considèrent la langue comme « gardienne de la foi », c'est-à-dire comme une forme culturelle à contenu idéologique.

Dans les quelques études du premier groupe, on vise à démontrer que le parler franco-acadien est une langue parlée et non écrite et que, par conséquent, elle est transmise par la tradition orale de génération en génération et qu'elle est sujette à des transformations plus rapides. Le parler franco-acadien est aussi distinct selon les différentes régions de l'Acadie. Finalement, le parler franco-acadien se distingue de la langue parlée des Canadiens d'expression française surtout par les caractéristiques suivantes : la construction de la phrase, la conjugaison des verbes, l'accent, l'utilisation d'archaïsmes et d'expressions nautiques et l'utilisation plus fréquente d'anglicismes et de termes anglais. Les travaux de Pascal Poirier [203 et 204] sont de première importance et fournissent tous les éléments de base pour la compréhension de la langue. Mais ils devront être révisés et mis à jour comme l'a fait le linguiste Dulong pour Chéticamp [200], car l'évolution du parler acadien est rapide. Cette transformation est attribuable, pour une large part, à l'isolement géographique et culturel de la communauté acadienne, au faible niveau d'instruction de base des Acadiens et à leur connaissance limitée de la langue française écrite.

Quant aux travaux de la seconde catégorie, ils se rattachent à une vigoureuse tradition nationaliste canadienne-française. [4] Dans cette perspective idéologique, la langue est conçue comme le véhicule par excellence des croyances religieuses et ne peut se dissocier de la foi. Un affaiblissement de l'identité ethnique entraînera du même coup un affranchissement correspondant des valeurs religieuses traditionnelles et un relâchement dans l'utilisation du parler franco-acadien. À partir de nos observations limitées effectuées dans le grand Portsmouth [Tremblay, 212 et 221], nous trouvons que quatre catholiques fervents sur cinq ont conservé leur langue tandis que seulement un catholique tiède sur trois parle encore le français. Ces résultats empiriques donnent donc du poids à l'idée-maîtresse de l'association étroite langue-religion chez les Acadiens.

e) Éducation et écoles acadiennes

L'ensemble de ces travaux mettent l'accent sur l'importance de l'instruction formelle dans le processus de la survivance. En tant que groupe minoritaire dans des provinces anglaises, les Acadiens ont dû, pour faire reconnaître leurs droits, mener des luttes scolaires nombreuses, plus ou moins fructueuses selon les époques et les provinces. Aujourd'hui, différentes législations scolaires tiennent compte du fait français et des exigences particulières qui s'ensuivent. Plusieurs associations sont nées dont le principal objectif était de défendre les droits des élèves acadiens. Avec la reconnaissance graduelle du fait français à l'école, ces groupes ont élargi leurs objectifs, ont cessé d'être uniquement des groupes de pression auprès des pouvoirs politiques pour s'intéresser davantage à hausser les niveaux d'instruction de la masse et à orienter les étudiants acadiens vers les différentes carrières professionnelles disponibles. Ces niveaux accrus d'instruction posent un nouveau défi à la survivance acadienne en ce sens que les économies locales devront s'enrichir de nouvelles industries et de nouvelles occupations pour attirer et absorber une main-d'œuvre dont les niveaux de qualification professionnelle seront hausses et permettront l'accès à de nouvelles carrières. Mais les jeunes seront-ils intéressés à retourner en Acadie ? Préféreront-ils plutôt émigrer et faire leur vie ailleurs où les chances de succès sont plus nombreuses et certaines ?

Notons, en dernier lieu, que, par les travaux du père Le Gresley [1891, nous possédons pour l'Acadie tout entière l'histoire de l'enseignement du français dans les écoles publiques. Ses travaux ont été mis à date pour la Nouvelle-Écosse pour la période 1926-1949 par Joseph-Édouard Comeau [184] et par nous-même [122] pour la décade 1950-1960.

f) Communautés et culture acadiennes

Ces travaux s'inscrivent au niveau de la communauté, c'est-à-dire au niveau d'unités sociales fonctionnelles. Notons ici les travaux de Ganong [52 et 53] et plus récemment celui du père Chiasson [205]. La plupart des autres études d'importance sur la culture acadienne ont été entreprises par le groupe de recherches en psychiatrie sociale du comte de Stirling (Nouvelle-Écosse). Ces études monographiques, en plus de s'inspirer de la tradition ethnographique en anthropologie (par la description de l'adaptation de l'homme à son milieu, de l'organisation sociale et des attitudes et systèmes de valeurs), ont été menées selon des exigences conceptuelles et méthodologiques précises. L'étude du comte de Stirling fut entreprise avec l'intention d'examiner le rôle de l'environnement social dans l'étiologie des troubles mentaux. Parmi les facteurs du milieu social susceptibles de créer un impact défavorable sur l'hygiène mentale des individus, nous avons privilégie les phénomènes de désintégration sociale. [5] Cette orientation particulière s'appuie sur trois postulats :

a) un milieu désintégré entrave le développement affectif normal de l'enfant ;

b) un milieu désintégré réduit non seulement la satisfaction des besoins et des tendances les plus essentiels mais favorise aussi les bouleversements affectifs ;

c) un milieu désintégré diminue sensiblement les possibilités de guérison de l'individu atteint d'une maladie somatique ou souffrant d'un désordre psychologique puisque les ressources dont il aurait besoin sont inexistantes ou difficilement accessibles.

Cette hypothèse fondamentale de l'influence du milieu dans les déséquilibres émotifs devait nécessairement se vérifier àdeux niveaux différents : sociétaire et individuel.

a) L'épidémiologie des maladies mentales. L'équipe psychiatrique s'est intéressée tout autant à la maturité affective et au processus d'équilibre émotif qu'au dépistage et à l'étiologie des désordres psychiatriques.

b) L'intensité de la désintégration sociale. L'équipe anthropologique a non seulement analysé le processus de désintégration des communautés locales, mais aussi leur processus de croissance et de développement. On a ainsi étudié des communautés intégrées et des communautés désintégrées. Un ensemble de quatorze variables différentes sont utilisées pour définir les niveaux d'intégration/désintégration des communautés.

People of Cove and Woodlot, de Hughes, Tremblay et associés [207], décrit et analyse le milieu social du comté de Stirling. Une communauté acadienne bien intégrée que j'ai appelée L'Anse-des-Lavallée y est étudiée et comparée aux communautés anglo-protestantes intégrées et aux communautés mixtes désintégrées. Les contrastes sont des plus intéressants tant au point de vue du fonctionnement des cultures que du point de vue de l'intégration sociale des groupements. Dans l'étude de L'Anse-des-Lavallée, la configuration culturelle acadienne est tracée en utilisant le concept de sentiments qu'ont élaboré William McDougall et Adolph Meyer. [6] L'anthropologue Marcel Rioux a élaboré le profil culturel acadien du Nouveau-Brunswick par une analyse de contenu d'un ensemble de documents historiques [211]. Les résultats des deux études sont sensiblement les mêmes. Cette convergence, qui peut difficilement être imputable au hasard, souligne la très grande homogénéité de la culture acadienne des provinces de l'Atlantique.

Notons, aussi, les articles de Gosselin et Tremblay portant sur « Le continuum pauvreté-prosperité » [213] et sur « Loomervale » [206]. Le premier de ces articles élabore un cadre conceptuel dans le but d'utiliser la pauvreté comme indicateur de désintégration sociale, tandis que l'autre illustre ces principes théoriques par le truchement de l'approche monographique. Mentionnons, en dernier lieu, l'excellente étude de Macmillan et Leighton, « People of the Hinterland » [209], sur une communauté bi-ethnique et économiquement déprimée.

g) Relations inter-ethniques et acculturation des Acadiens [7]

Ces travaux examinent les relations entre les Acadiens et les Anglais et les influences du groupe dominant sur le groupe minoritaire (l'acculturation des Acadiens). La plupart de ces études sont de date récente et ont été effectuées par des spécialistes des sciences de l'homme. Elles revêtent ainsi un caractère de très grande importance. Les unes portent sur l'ensemble des rapports Français-Anglais [Beaudry, 214 ; Chance, 216 ; Steward et Blackburn, 219 et Thoburn, 220], tandis que d'autres examinent en profondeur le processus d'acculturation des Acadiens [Deveau, 217 et Tremblay, 212 et 221]. Les unités territoriales choisies par ces derniers sont des centres semi-urbains mixtes du comté de Stirling. Puisque le temps ne nous permet pas de résumer ces études de l'acculturation, nous sommes tenté de citer dans son entier la conclusion générale à notre article sur les « Niveaux et dynamismes d'acculturation des Acadiens de Portsmouth »[221]. Cette conclusion souligne la force et la faiblesse de l'approche utilisée tout en la caractérisant suffisamment bien pour nos fins.

« Cet article, disions-nous, a permis de systématiser certaines de nos connaissances sur le processus d'acculturation et de poursuivre, par la suite, certaines opérations qui nous ont permis de fixer le processus individuel d'acculturation, de l'évaluer quantitativement et de le mettre en relation avec certaines caractéristiques de l'individu et de son milieu. Nous avons été en mesure d'utiliser une situation nord-américaine (les Franco-Acadiens de la Nouvelle-Écosse), de la caractériser dans ce qu'elle avait de spécifiquement acculturante et conservatrice par une approche structureIle-fonctionnelle. Au terme de cet exposé nous nous devons de suggérer que des études de ce genre au niveau macro-socioIogique de la structure sociale devront être complétées par des études cliniques de l'acculturation afin de mieux saisir les différents éléments dynamiques et idiosyncratiques de ce processus chez les individus.

« Conscient des déficiences de notre approche nous avons quand même l'impression d'avoir défini quelques jalons et précisé certaines dimensions universelles du processus. À notre point de vue, cette étape devait précéder une analyse plus dynamique et psychologique du phénomène. C'est ainsi que nous satisferons de plus en plus aux exigences conceptuelles et opératoires essentielles à l'élaboration d'une théorie du comportement humain dans une situation de contact. »


V. Évaluation des études acadiennes

Si on essaie d'évaluer l'ensemble des travaux portant sur l'Acadie, la société et la culture acadiennes, on peut distinguer deux sources d'inspiration, deux types de travaux. Les premiers, d'inspiration idéologique plus ou moins consciente et affichée ; les seconds, à caractère plus scientifique et on les explications sont élaborées à partir de faits d'observation recueillis systématiquement.

L'ensemble des travaux du premier type sont marqués par la dispersion, le rôle de certaines lignes de force dans le processus de la survivance, les dangers qui la menacent, etc.... Les travaux du second type sont moins nombreux, il est évident, mais de très grande importance pour une conception dynamique du renouveau acadien contemporain à l'échelle de la nation. On pourra ainsi aborder objectivement la question de la survivance acadienne.

Cette conclusion intermédiaire soulève le dernier point que nous voulions examiner : Quelles études devrions-nous entreprendre en Acadie ?


VI. Les études à entreprendre

Avant de commencer cet inventaire, j'avais l'impression qu'à la suite du nombre restreint des études acadiennes, je serais obligé de mettre l'accent sur l'élaboration « d'un plan de recherche pour l'Acadie ». Au terme de cette communication, cependant, c'est l'inverse qui se produit. Ayant accordé beaucoup d'importance au bilan, je devrai, en conséquence, réduire le plan que je voulais proposer. Puis, à bien y songer, ce plan de recherche devrait être si vaste - le terrain est encore vierge, du moins si l'on se place dans l'optique des sciences humaines - qu'il consisterait en une simple énumération de tous les sujets d'importance dans l'étude de la société et de la culture. Indiquons quand même quelques lacunes graves.

A. Établir un bilan des effectifs démographiques acadiens tenant compte de la répartition territoriale des populations et de leurs principales caractéristiques socio-culturelles.

B. Analyser les effets des changements technologiques et de l'urbanisation sur les communautés acadiennes isolées, sur les populations acadiennes vivant soit dans des milieux à prédominance anglaise ou dans les milieux mixtes et sur la société acadienne prise comme un tout.

C. Examiner dune manière systématique les problèmes du sous-développement en Acadie. L'Acadie partage les problèmes de sous-développement des provinces de l'Atlantique et sa population en subit de très graves conséquences par suite de son statut de minorité. On devrait s'intéresser à des questions comme celles-ci :

1˚ La planification de l'exploitation des ressources naturelles afin d'éviter leur inutilisation ou leur gaspillage ;

2˚ La découverte de nouvelles industries afin d'absorber les surplus de main-d'œuvre et d'empêcher l'émigration des jeunes ;

3˚ Comment concurrencer sur les marchés nationaux les produits des industries manufacturières fortement équipées et localisées à proximité des marchés de consommation ?

4˚ Comment accroître les niveaux de vie et stabiliser les sources de revenu ?

5˚ Comment accroître la participation acadienne à des institutions financières comme les coopératives, les Caisses populaires, les sociétés immobilières acadiennes, etc....

6˚ Comment hausser les niveaux de qualification professionnelle ?

7˚ Étude de l'évolution de la structure des occupations utilisée comme indice de transformation de la société acadienne.

D. Les mouvements de population. L'Acadie, dans son ensemble, a perdu des effectifs démographiques importants à la suite de vagues successives d'émigration vers les provinces centrales canadiennes. Quelles régions et quels segments de la population ont été les plus vulnérables à cette force centrifuge ? Comment freiner l'émigration ?

E. Étudier l'organisation sociale acadienne dans le but de mieux connaître les éléments fonctionnels et dysfonctionnels de la société prise globalement et de susciter des processus d'adaptation s'il y a lieu. On pourrait entreprendre des études de ce type :

1˚ La famille acadienne, sa structure et ses fonctions. Liens de parenté, de solidarité et de coopération. Mécanismes d'apprentissage.

2˚ Une étude exhaustive du système scolaire et de l'enseignement à tous les niveaux.

3˚ Évaluation de la paroisse en tant que cadre de la pratique religieuse dans une société en voie d'urbanisation. Influences des mécanismes d'acculturation sur les croyances, les attitudes et la pratique religieuses.

4˚ Étude du sous-emploi et de la structure des occupations.

5˚ Étude de la différenciation sociale (statuts, rôles, principes de stratification, etc...).

6˚ Étude des comportements d'épargne et de consommation.

7˚ La structure des élites - rôle des élites traditionnelles, étude du pluralisme et du mouvement vers la diversification.

8˚ Les organisations de loisirs.
9˚ Les communications et systèmes d'échanges intergroupes.
10˚ Les mécanismes de contrôle social.
11˚ Les études sur le comportement politique.
12˚ Les études des associations acadiennes.

F. Les études sur les valeurs et la culture acadiennes. De tous les champs mentionnés à date, celui-ci est, sans aucun doute, le plus vaste et parmi les plus difficiles. Car on ne peut l'aborder sans avoir au préalable un apprentissage dans les disciplines humaines. Aucune politique d'action à long terme, soit par rapport au développement économique et social, soit encore par rapport à la survivance, ne saurait réussir sans être fondée sur une connaissance approfondie des valeurs, des attitudes et de la culture des Acadiens des différentes régions.

Nous arrêtons ici notre énumération. La tâche est vraiment colossale tant par les très nombreuses avenues inexplorées et la pénurie de chercheurs que par la nécessité de continuer et d'enrichir ces premières ébauches. Il faudra d'ici peu plusieurs équipes de chercheurs, afin d'amorcer les travaux les plus essentiels en histoire, en linguistique, en économique, en sociologie, en psychologie et en anthropologie culturelle. C'est là un objectif qui s'impose si les Acadiens veulent mieux se connaître et, par voie de conséquence, prévenir l'action englobante de la société majoritaire anglo-saxonne et s'adapter aux conditions imposées par la société technologique.

Marc-Adélard TREMBLAY

Département de sociologie et d'anthropologie,
Université Laval.


INVENTAIRE
BIBLIOGRAPHIQUE


La classification adoptée, dans cet inventaire bibliographique, correspond à des catégories analytiques dont le choix est justifié dans le texte de l'article. Les deux principales catégories sont les suivantes : I. Les travaux historiques ; II. Les études dont le thème général est la « survivance » du groupe acadien, ces études étant regroupées sous huit rubriques plus particulières : survivance de la « nation » ; Conventions nationales ; missionnaires, clergé et paroisses d'Acadie ; éducation et écoles acadiennes ; le parler franco-acadien ; relations inter-ethniques et acculturation des Acadiens ; communautés et culture acadiennes ; divers.

I. Travaux historiques

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II. Études se rattachant au thème général
de la survivance

A. Survivance de la « nation »

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99. ANONYME, « Surge Acadia Mea », L'Action nationale, XLIV, 6, février 1955, pp. 471-472.

100. ARSENAULT, J.-E., « Les Acadiens de l'Île du Prince-Édouard », L'Action nationale, XXXI, mai 1948, pp. 362-372.

101. BERNARD, Antoine, c.s.v., Hirtoire de la survivance acadienne, 1755-1935, Montréal, Les Clercs de Saint-Viaieur, 1935.

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106. DUGRÉ, Alexandre, s.j., « Acadie constructive », Relations, 36, décembre 1943, pp. 311-314.

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111. EDWARDS, C.-E., La survivance de la culture française en Nouvelle-Écosse, thèse de maîtrise, McGill University, 1946.

112. GOSSELIN, Gilberte, « La liaison française en Acadie », Vie françaïise, 10, 1955, pp. 11-23.

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123. TURGEON, Onésiphore, Un tribut à la race acadienne, Mémoires, 1871-1927, Montréal, G. Ducharme, 1928.

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125. VOCELLES, James T., The Triumph of the Acadians : A True Story of Évangeline's People, s.l., s. éd., 1930.

B. Conventions nationales

126. CHOUINARD, H.-J., Fête nationale des Canadiens français célébrée à Québec en 1880, Québec, A. Côté & Cie, 1881.

127. Congrès national acadien, Church Point et Grand-Pré, N.É., 1921, Livre-souvenir et programme, Moncton, Imprimerie L'Acadien, 1921.

128. Convention nationale acadienne de l'Î-P.-É, Saint-Jacques d'Egmont Bay, 1951.

129. Deuxième congrès de la langue françaire au Canada, Québec, Imprimerie de l'Action Sociale, 1938.

130. En collaboration, Conventions nationales acadiennes, Shédiac, Imprimerie du Moniteur Acadien, 1907.

131. Premier congrès de la langue françaire au Canada, compte rendu, Québec, Imprimerie de l'Action Sociale, 1913.

132. RICHARD, Camille, L'idéologie de la première Convention nationale acadienne, thèse de maîtrise, Université Laval, Québec, 1960, 124 p.

C. Missionnaires, clergé et paroisses d'Acadie

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139. ANONYME, Mère Maillet (Marie-Alphonsine Ranger) fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Saint-Joseph de Saint-Basile, N.-B., 1846-19-74, Edmundston, N.-B., Le Madawaska, 1934.

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COMMENTAIRE

Clément CORMIER, c.s.c.

Recteur de l'Université Saint-Joseph, Moncton, N.-B.

M. Tremblay a intitulé son travail : « L'état des recherches sur la culture acadienne ». Nous aussi, nous parlons de l'Acadie, mais, à moins que ce ne soit au figuré, je me demande si nous avons raison. L'Acadie fut autrefois une entité géographique et politique, avec son gouverneur propre, autonome autant qu'une colonie pouvait l'être. Mais cette entité politique a cessé d'exister ! Peut-on alors visiter - au sens propre - l'Acadie ?

Quant aux Acadiens, c'est autre chose. Descendants de l'ancienne colonie fondée sur les rives de la baie Française, ils sont répandus un peu partout, comme le laisse entendre M. Tremblay. Que je voudrais avoir plus de temps à ma disposition pour en arriver à définir les caractéristiques qu'il faut avoir pour s'appeler « un Acadien » !

Je veux vous dire ma très grande satisfaction de voir s'ébaucher un programme d'études sociologiques sur les Acadiens. Avec la thèse de maîtrise de M. Camille-Antoine Richard et les recherches de M. Tremblay, nous entrons dans une ère nouvelle, j'en suis sûr, et je m'en réjouis, car nous en avons un immense besoin.

On ne doit pas s'attendre à une critique du travail de M. Tremblay. Je constate qu'il apprend à nous connaître, à nous observer avec l'objectivité d'un chercheur consciencieux et la compétence d'un professionnel ; il a pris connaissance d'un grand nombre d'ouvrages publiés chez nous et sur nous ; et il trace un sérieux programme de recherches.

Le travail qui vient d'être présenté m'intéresse vivement. Je pourrais peut-être différer d'opinion sur certains points de détail ; peut-être pourrais-je apporter ici ou là quelque suggestion comme complément à l'exposé. Mais j'attache peu d'importance à ces questions de détail.

Comme l'a souligné M. Tremblay, on a beaucoup écrit sur les Acadiens. La liste bibliographique qu'il fournit, bien qu'imposante, est loin d'être complète, surtout si l'on devait inclure tous les articles de revue et toutes les brochures. Évidemment, ce n'est pas la quantité des pages écrites qui intéresse un auditoire du calibre de celui auquel je m'adresse ; j'aurais souhaité qu'on sélectionne mieux les travaux qui méritent d'être signalés dans un colloque de haute tenue universitaire.

M. Tremblay a insisté sur l'importance, au moins quantitative, des ouvrages historiques sur les Acadiens. La classification qu'il a adoptée est significative. Il a partagé la documentation sur les Acadiens en deux grandes classes : d'une part, les travaux d'histoire ; d'autre part, tout le reste divisé en huit catégories - je ne suis pas convaincu de la justesse de la subdivision, mais qu'importe ! Je voudrais ajouter que même « tout le reste », nous aimons l'étudier il dans la perspective de l'histoire, que ce soit la paroisse, les missionnaires, éducation, etc.

Les Acadiens sont avides d'histoire. Nous avons des histoires de toutes les nuances : histoires savantes, histoires superficielles, histoires objectives, histoires partiales, histoires à intention apologétique, histoires générales, histoires locales. Sans prétention, je me qualifie d'historien amateur, et je me présente à vous comme président-fondateur d'une société historique très vivante établie il y a deux ans ; c'est donc dire que j'aime l'histoire, et je prêche la fidélité au passé, parce qu'il contient les lignes de force du présent et de l'avenir. Je vous prie de vous rappeler ce que je viens de dire quand vous entendrez ce qui va suivre. J'ai pris cette précaution oratoire parce que je veux en arriver à soutenir un peu en paradoxe qu'il faut aussi savoir rompre avec le passé ; une collectivité peut se vouer à la stagnation en s'attachant trop servilement à des formules qui vieillissent. Il ne suffit pas d'étudier le passé. Il est tout aussi important de suivre l'évolution dynamique d'un groupe social ; et c'est pourquoi les recherches sur le comportement d'une communauté dans le présent sont aussi indispensables que l'histoire pour préparer l'avenir. Or, les Acadiens ont beaucoup étudié leur histoire ; quant aux recherches scientifiques sur leur comportement présent, M. Tremblay a raison de dire que « nous en sommes à la période des premiers balbutiements ».

Permettez-moi d'insister. M. Tremblay prétend que la dispersion occupe une très grande place dans nos études historiques. Je suis d'avis qu'il exagère, mais pour lui donner un peu raison, je commence ce nouvel exposé en parlant de dispersion. Voici. Un siècle après la dispersion commençait le mouvement de la Renaissance acadienne. C'est un phénomène sociologique du plus haut intérêt. Les pionniers du mouvement avaient comme point de départ une population pauvre, illettrée, dispersée, sans chefs, et qui avait développé un écrasant complexe d'infériorité ; ce sont ces infortunés qu'il fallait sortir de la léthargie, auxquels il fallait faire prendre conscience des possibilités d'une vie collective organisée. L'équipe des chefs a réussi ce tour de force. Perspicaces, ils ont su découvrir et exploiter les thèmes et les procédés susceptibles d'éveiller dans l'âme de la population entière des sentiments de fierté, d'optimisme et de confiance. Sous leur inspiration, les Acadiens se sont mis à trouver leur passé glorieux, leurs traditions riches, leurs ancêtres héroïques. L'initiative a été génératrice de vie sociale ; elle a révélé une communauté de besoins et d'aspirations. Il en est résulté : la définition d'un bien commun, la convergence des énergies dans des entreprises communautaires, l'établissement de cadres sociaux et le choix d'emblèmes d'un puissant symbolisme : fête nationale, patronne, drapeau distinctif, hymne national. Dans sa thèse de maîtrise, c'est cette période d'élaboration de la « mentalité acadienne » qu'analysait Camille-Antoine Richard. L'action de l'équipe a très profondément influencé la pensée collective des Acadiens. Je regrette que le temps ne permette pas de nous étendre, et qu'il faille passer si brusquement, sans transition, à  un autre point.

Mon impression, c'est que les Acadiens restent trop fidèlement attachés à des formules d'un passé décadent, alors que, depuis un quart de siècle surtout, les conditions de vie ont évolué de façon quasi-incroyable. Voyez l'armature présente des institutions acadiennes : journal quotidien, radio et télévision françaises, écoles modernes, organisation diocésaine dépassant les espérances de la génération précédente (création de l'archidiocèse de Moncton ; transport du siège épiscopal de Chatham à Bathurst, création des diocèses d'Edmundston et de Yarmouth) ; voyez aussi ces nouvelles caractéristiques de psychologie collective chez les Acadiens : diminution d'un type de patriotisme sentimental alimenté autrefois par l'éloquence pathétique dont les foules étaient friandes ; une plus grande maturité intellectuelle qui permet un examen plus scientifique des problèmes ; une diminution de l'attitude isolationniste qui caractérisait les relations des Acadiens avec les Anglo-Canadiens aussi bien qu'avec les Canadiens français du Québec ; enfin, ajoutez une participation assez confortable à la prospérité économique contemporaine.

Au congrès de la Société nationale des Acadiens en 1960, j'avais exposé ces mêmes idées, insistant sur l'importance de repenser nos positions pour adapter davantage notre action collective aux exigences de la vie contemporaine. Comme les anciens ont fait preuve de clairvoyance et de sens d'adaptation, il nous faut aujourd'hui être aussi perspicaces et versatiles qu'ils l'ont été en adaptant nos théories, nos objectifs et nos procédés aux conditions présentes. Ce qui implique une sérieuse étude des conditions présentes.

Pour reprendre l'expérience de l'École de la Renaissance dont je vous parlais, pour arriver à redéfinir le bien commun avec le même sens d'adaptation dont nos prédécesseurs ont fait preuve au siècle dernier, il faut commencer par poursuivre une analyse scientifique du comportement de la collectivité acadienne -lequel comportement est infiniment plus complexe qu'il ne l'était il y a 75 ou 100 ans. Il faudrait une enquête approfondie sur les courants d'opinions et de sensibilité, sur les éléments dynamiques de la vie acadienne, sur l'efficacité ou l'inefficacité des cadres existants et les besoins de structures nouvelles, et surtout sur les causes de défection - car il y en a.

Un dernier commentaire : M. Tremblay a choisi comme centre de ses recherches un modeste milieu de la Nouvelle-Écosse. Il s'est dit heureux d'avoir comme commentateur un néo-brunswickois. On comprendra que le milieu où j'évolue est bien différent. On y trouve les plus forts tronçons de la population acadienne, nos plus imposantes institutions, les principaux foyers d'influence. Mon objectif inavoué était d'insinuer auprès de M. Tremblay que là aussi - là surtout ! - il était important de poursuivre un programme de recherches sociographiques.

Clément CORMIER, c.s.c.

Recteur de l'Université Saint-Joseph,
Moncton, N.-B.



* Nous tenons à remercier Renée Carette, Yvan Ferland, Camille Richard et le Révérend Père Albert Whilelmy, s.j., qui nous ont aidé à constituer l'inventaire bibliographique. Émile Gosselin et Camille Richard ont aussi enrichi notre exposé de précieux commentaires.

[1] Jean-Charles FALARDEAU, éd., Essais sur le Québec contemporain, Québec, Les Presses Universitaires Laval, 1953.

* Voir la bibliographie à la fin de l'article.

[2] Guy FRÉGAULT [46], pp. 322-331.

[3] Ibid., 333.

[4] Voir Henri BOURASSA, La langue gardienne de la foi : traditions nationales et religieuses des Canadiens français, Montréal, Bibliothèque de l'Action française, 1919.

[5] Pour un exposé détaillé du cadre conceptuel de l'étude, voir : Alexander H. LEIGHTON, My Name is Legion, New-York, Basic Books, Inc., 1958.

[6] Adolph MEYER, The Collected Papers of Adolph Meyer (Eunice E. Winters, ed.), Baltimore, Johns Hopkins Press, 1951 et Psychobiology, a Science of Man (textes recueillis par Eunice E. Winters et Anna Mae Bowers), Sprigfield, Ill., Thomas, 1957, 85. Voir également : W. McDOUGALL, An Introduction to Social Psychology, 23e édition, Londres, 7 Methuen, 1936, 104-110, 137, 140, 150-196, 305, 308 et 431-453. Pour une reconstitution du profil culturel des Acadiens de la « Baie française », voir : People of Cove and Woodlot [207], 135-164.

[7] Nous venons de préparer un expose théorique qui permet d'étudier et de mieux comprendre les étapes de l'anglicisation acadienne. Cet article paraîtra dans un prochain numéro d'Anthropologica, sous le titre suivant : « Le transfert culturel ; fondement et extension dans le processus d'acculturation ».



Retour au texte de l'auteur: Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l'Université Laval Dernière mise à jour de cette page le lundi 3 juin 2013 10:22
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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