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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L’anthropologie à l’Université Laval.
Fondements historiques, pratiques académiques, dynamismes d'évolution
(1989)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'étude de Marc-Adélard Tremblay, L’anthropologie à l’Université Laval. Fondements historiques, pratiques académiques, dynamismes d'évolution. Québec: Laboratoire de recherches anthropologiques, département d'anthropologie, Université Laval, septembre 1989, 206 pp. Collection: Documents de recherche, no 6. [M Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l’enseignement de l’Université Laval, nous a accordé le 4 janvier 2004 son autorisation de diffuser électroniquement toutes ses oeuvres.]


[1]

Introduction

Problématique et contextualisation

L'anthropologie, en tant que discipline académique, est née vers le milieu du XIXe siècle en Europe et aux États-Unis. Dans une très large mesure, sa naissance a coïncidé avec l'apogée de l'ère coloniale. Suite aux pressions internes en provenance des peuples gouvernés, les grandes puissances coloniales se sont vues dans l'obligation de s'intéresser de plus près aux traditions et coutumes de leurs colonies qui, pour la très grande majorité, étaient multiethniques et multilingues. Le motif premier de la puissance conquérante européenne avait été jusque-là l'exploitation des ressources naturelles disponibles sur les territoires assujettis pour des fins d'enrichissement matériel, et à ce sujet on avait mis en place des structures politiques et des modes de contrôle qui en assuraient l'efficacité. Les revendications internes des peuples soumis s'adressaient surtout à la participation, tant dans les structures de gouvernement que dans celles se rapportant à la vie économique et sociale. Cette participation des peuples conquis à l'administration locale et régionale a nécessité que les puissances impériales [2] forment des administrateurs ayant une excellente connaissance de la langue et des coutumes des ethnies sous leur tutelle. C'est ce que l'on a nommé l'indirect rule. Aux États-Unis, la situation fut quelque peu différente dans la mesure où, à la même époque, l'ambition coloniale des Américains se limitait à la conquête de l'Ouest où vivaient de nombreux peuples autochtones ayant lutté, sans succès, pour contrer l'envahissement et l'usurpation de leurs territoires.

En Europe, comme en Amérique d'ailleurs, bien avant que l'anthropologie ne conquière son statut de discipline scientifique et qu'elle s'insère dans les structures universitaires, il y eut des missionnaires, des explorateurs, des commerçants ainsi que des philanthropes et des autodidactes qui s'intéressèrent aux langues indigènes, aux rituels religieux et cérémonies médicinales et aux visions du monde de ces populations et qui se préoccupèrent de leur sort. Il existait, donc, avant la naissance formelle de l'anthropologie scientifique, toute une documentation écrite sur un très grand nombre de tribus qui a servi de matériau de base aux premiers anthropologues, ceux que l'on a appelés les armchair anthropologists.

Cette discipline fit son apparition peu de temps après la parution de l'ouvrage sur l'évolution des espèces de Charles Darwin (1859). Il y effectuait la démonstration de l'évolution des espèces animales sur de très longues périodes de temps à la suite de processus adaptatifs (à l'environnement naturel), compétitifs (des espèces entre elles), sélectifs (reproduction des éléments les plus vigoureux) et de lentes mutations génétiques. Cet ouvrage, plus que tout autre, allait inspirer dans sa foulée, des interrogations sur l'évolution de l'Homme dans sa lente progression vers la station verticale, dans la spécialisation de ses membres antérieurs, dans la fabrication d'outils et dans le développement du cerveau. L'apparition de l'espèce Homo sapiens allait, en effet, susciter des interrogations très nombreuses se rapportant à l'évolution de la vie [3] en société et de l'organisation sociale. Ce sont les réponses apportées à ces questions qui seront à l'origine des premières théories anthropologiques, c'est-à-dire, des explications générales à caractère universel (dans l'esprit de ceux qui les énonçaient) sur le processus d'hominisation et sur ceux de la complexification sociale et de la diversité culturelle. C'est par son intérêt dans l'explication générale basée, à la manière des sciences naturelles, sur l'observation rigoureuse et la documentation minutieuse des faits de civilisation que l'anthropologie aspirait à un statut scientifique. Il fallait, selon cette conception, développer des lois universelles de comportement tout comme il s'avérait nécessaire de reconstituer, par l'analyse comparative et des perspectives transculturelles, les grandes étapes de l'expérience humaine et de l'évolution des sociétés. Voilà certes une ambition qui s'est concrétisée dans plusieurs directions différentes et qui fut à l'origine de la spécialisation disciplinaire en anthropologie et de la définition de champs particuliers de pratique, à savoir, l'anthropologie biologique, l'archéologie, l'ethnolinguistique (étude des langues indigènes) et l'anthropologie sociale ou culturelle.

Ce bref aperçu sur ce champ disciplinaire vise avant tout à contextualiser la très grande complexité (variété) des conditions historiques et socio-politiques qui furent à l'arrière-plan de son émergence en tant que l'une des sciences de l'Homme et qui ont inspiré ses principales orientations, lesquelles donnèrent lieu au développement de secteurs particuliers de spécialisation. Il faut ajouter que les grands centres de l'anthropologie, en tant que science moderne, sont l'Angleterre (anthropologie sociale), la France (ethnologie) et les États-Unis (anthropologie culturelle), qui ont tous trois des traditions anthropologiques spécifiques, que l'appellation de la discipline dans ces pays reflète et auxquelles se rattachent les anthropologues des autres pays, répartis aujourd'hui sur tous les continents. Le cas de l'anthropologie indigéniste [4] (celle pratiquée par les nationaux nés et vivant dans des pays économiquement peu développés) est spécial et mériterait à lui seul un traitement que nous ne pouvons pas lui accorder ici. L'anthropologie pratiquée au Canada et au Québec (Tremblay et Preston 1987 ; Gold et Tremblay 1982) n'échappe pas à cette règle générale, étant à la périphérie des grands centres. Le Canada français, cependant, plus encore que le Canada anglais où coexistent les traditions américaines et britanniques, est un espace intellectuel et un lieu de rencontre entre les traditions européennes et nord-américaines. Les anthropologues universitaires, à tout le moins, sont influencés par les travaux d'adhérents à l'une ou l'autre de ces trois traditions et la dynamique de leurs interinfluences crée au Québec un type particulier d'anthropologie. Toutefois, je n'irai pas jusqu'à affirmer qu'il existe une anthropologie québécoise, ou encore une anthropologie canadienne.

L'anthropologie qui se pratique au Québec, par les Francophones en particulier, se distinguait nettement, jusqu'à tout récemment en tout cas, du type d'anthropologie pratiquée au Canada anglais (Balikci 1980). Les traditions intellectuelles qui l'ont développée au Québec ainsi que les conditions socio-politiques qui ont été associées à sa naissance sont différentes de celles du Canada anglais. Il existe aussi des différenciations marquées entre les universités francophones elles-mêmes : je m'y référerai lorsque celles-ci seront nécessaires ou utiles pour mieux saisir la trajectoire académique à Laval. L'enseignement des sciences sociales y débuta en 1938 (Collectif 1948 ; Lévesque et al. 1984) et l'École des sciences sociales, économiques et politiques obtint le statut de Faculté en 1943. Cependant ce n'est que le 13 octobre 1970 que le Conseil de l'Université Laval adoptait une résolution créant le Département d'anthropologie. Mais n'anticipons pas trop! Avant de reconstituer les premières étapes de développement de l'anthropologie [5] à Laval, il m'apparaît important d'esquisser les grandes lignes du contenu de cette monographie historique.

Un premier chapitre traite de l'anthropologie en tant que discipline académique à l'Université Laval. J'y reconstitue les différentes étapes de sa naissance, de sa croissance et de la conquête de son autonomie par la création d'un Département d'anthropologie en 1970.

Le deuxième chapitre porte sur la recherche anthropologique effectuée par les professeurs/res et les étudiants/tes du département selon le mode chronologique et celui des aires culturelles pour ce qui se rapporte aux premières études de terrain et, par après, selon soit le champ d'étude particulier ou la perspective théorique générale privilégiée.

Le troisième chapitre se rapporte à l'organisation administrative du département, à ses programmes d'enseignement et à ses clientèles étudiantes.

Le quatrième chapitre traite de la diffusion des connaissances et définit la production scientifique et le rayonnement des professeurs/res du département en mettant l'accent sur l'intervention des anthropologues dans le milieu social plus large et sur la participation des professeurs/res aux groupes interfacultaires et interuniversitaires.

Une conclusion esquisse quelques-uns des défis qui confrontent l'anthropologie (Tremblay 1983b) d'ici à la fin de ce millénaire. Celle-ci fut rédigée par Eric Schwimmer qui présida le comité des orientations au moment où notre département dut affronter une importante mise en question interne aux débuts des années 1980.

[6]

Suivent, dans l'ordre, une annexe qui dresse la liste des thèses de maîtrise et de doctorat présentées avant le 1er avril 1989 et les références bibliographiques de la monographie.



Retour au texte de l'auteur: Marc-Adélard Tremblay, anthropologue, retraité de l'Université Laval Dernière mise à jour de cette page le samedi 8 octobre 2011 19:07
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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