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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La réforme agraire et les classes sociales rurales au Mexique.” (1963)
Introduction historique


Une édition électronique réalisée à partir de l'article du professeur Rodolfo Stavenhagen, “La réforme agraire et les classes sociales rurales au Mexique.” Un article publié dans la revue Cahiers internationaux de sociologie, vol, 34, janvier-juin 1963, pp. 151-164. Paris: Les Presses universitaires de France. Études critiques. [Autorisation accordée par courrier électronique par le professeur Stavenhagen le 9 juillet 2003].

Introduction historique

 

Le Mexique, avec le Pérou, est le seul pays de l'Amérique latine où une haute civilisation indienne lut détruite par la conquête espagnole. Quelques structures de l'agencement social qui existait alors survécurent longtemps à la Conquista et ne furent adaptées à la nouvelle structure sociale ou absorbées par celle-ci que lentement, après des décennies et parfois des siècles. Elles survivent encore en partie. D'autre part, il se développa une culture métisse qui présentait, et qui présente encore aujourd'hui, des traits particuliers aux civilisations espagnole et indienne [1]. Grâce à l'Indépendance politique, au début du XIXe siècle, une nouvelle classe s'installa au pouvoir, celle des criollos, c'est-à-dire celle des Blancs de souche espagnole nés dans le pays. L'incapacité à gouverner de cette classe dominante, réactionnaire et tournée vers l'étranger, apparaît dans le fait qu'elle ne put défendre le pays contre les agressions des États-Unis et de la France, permettant aux premiers d'annexer la moitié du territoire en 1848. Lors de la guerre de libération contre l'occupation française, de 1861 à 1867, se constitua comme classe une nouvelle bourgeoisie d'éléments métis qui composaient déjà à l'époque une grande partie de la population. L'organisation sociale de cette nouvelle période se caractérisa par la coalition de la bourgeoisie commerçante libérale avec l'aristocratie foncière [2]. La contradiction entre les conditions du développement de cette bourgeoisie urbaine dont la doctrine avait trouvé son expression dans la Constitution libérale de 1857, et les conditions mi-féodales, mi-capitalistes de la campagne, facilitèrent l'intervention des capitaux américains, français, anglais et allemands qui affluaient vers le pays. Bien que la situation économique de la population rurale n'apparut jamais clairement au premier plan des préoccupations, jusqu'à ce siècle, elle ne cessera de jouer un rôle important dans l'histoire du pays. Des soulèvements de paysans et d'Indiens boule. versèrent le pays avant comme après l'Indépendance. Mais pendant la longue guerre d'Indépendance qui dura -onze ans, les paysans armés jouèrent un rôle majeur, de même que dans la guerre civile qui opposa d'abord le gouvernement libéral au parti conservateur clérical, et qui se transforma plus tard en guerre de libération contre l'intervention française et l'Empire de Maximilien alors établi. La participation de la paysannerie au combat national peut être considérée comme l'expression des profondes contradictions propres aux situations agraires des différentes périodes. C'est ce que reconnurent souvent les dirigeants des mouvements politiques et révolutionnaires, bien qu'ils n'aient jamais appartenu à la paysannerie et qu'ils aient représenté le plus souvent les intérêts de la nouvelle classe dominante. Pendant la guerre d'Indépendance (1810-1821), comme pendant la guerre dite de la Reforma (1858-1860), se manifestèrent les débuts d'une solution radicale des problèmes agraires. Cependant, si les solutions qu'on adopta successivement ont transformé les conditions agraires, elles n'ont jamais favorisé qu'une nouvelle classe montante sans améliorer la condition des paysans.

 

Cette situation s'aggrava pendant les trente dernières années du XIXe siècle, et aboutit en 1910 à une explosion. Cette fois, les paysans menèrent leur propre lutte. Les propriétés foncières et les conditions semi-féodales qui empêchaient le développement capitaliste de l'agriculture furent liquidées définitivement. Dans la nouvelle structure du pays, et pour la première fois, la paysannerie joua un rôle politique et fut acceptée politiquement comme un élément constructif du développement économique.



[1] De nombreuses observations faites par F. BOURRICAUD au Pérou (cf. Quelques caractères originaux d'une culture métisse en Amérique latino-indienne, in Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. XVII, 1954), pourraient être transposées pour s'appliquer à la situation mexicaine.

[2] Voir l'article de Noël SALOMON, Féodalité et capitalisme au Mexique de 1856 à 1910, in La Pensée, nouvelle série, no 42-43, Paris, 1952.



Retour au texte de l'auteur: Fernand Dumont, sociologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le jeudi 7 août 2008 9:32
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



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