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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une négritude socialiste. Religion et développement chez J. Roumain, J.-S. Alexis, L. Hugues. (1978)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Claude SOUFFRANT, Une négritude socialiste. Religion et développement chez J. Roumain, J.-S. Alexis, L. Hugues. Préface de Paul Ricoeur. Paris: Les Éditions L'Harmattan, 1978, 238 pp. Une édition numérique réalisée par Rency Inson MICHEL, bénévole, étudiant en sociologie à l'Université d'État d'Haïti. [L'auteur nous a accordé le 24 mars 2016 son autorisation de diffuser ce texte en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

[13]

Une négritude socialiste.

Religion et développement chez J. Roumain, J.S. Alexis, L. Hughes.

Introduction

Depuis la seconde guerre mondiale, aux environs de 1945, le problème du développement est passé au premier plan de l'actualité internationale. Et le sous-développement a été désigné comme le drame du siècle [1]. D'où dans différents pays du Tiers Monde des enquêtes, des missions, des actions de développement : c'est-à-dire visant « à assurer une croissance économique rapide par l'industrialisation du pays, à remanier radicalement les structures sociales et les attitudes mentales des populations [2] ».

Une conclusion se dégage de ces entreprises : les richesses naturelles, l'apport de nouvelles techniques, l'injection de capitaux ne sont pas les seuls facteurs qui jouent dans le développement d'un pays. Pesant sur le développement, le bloquant ou l'accélérant, il y a entr'autres, tout le poids des structures mentales, des traditions culturelles [3], des facteurs idéologiques, notamment des idéologies religieuses. L'impact des religions sur le développement, c'est donc une constatation faite sur le terrain au cours d'expériences d'animation de populations [4].

Les analyses suscitées par cette constatation empirique viennent s'insérer dans une longue chaîne d'études théoriques. Car sociologues et économistes n'avaient pas attendu 1945 pour s'interroger sur l'influence des facteurs religieux dans la naissance de la civilisation industrielle. On connaît à ce sujet, sans parler de Karl Marx, les travaux de Max [14] Weber sur l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme [5], de Tawney sur la religion et l'essor du capitalisme [6], de Werner Sombart sur le bourgeois [7]. Et, de nos jours, les études d'Henri Desroche sur Religion et Développement dans le domaine d'une sociologie qu'il alimente, en collaboration avec Roger Bastide, à une tradition allant de « Weber à Joachim Wach, d'E. Troelsch à Gabriel Le Bras » [8].

La « découverte du Tiers Monde » amène une redécouverte de ce champ de recherches. Des théologiens « sociaux » comme M.D. Chenu [9] et Vincent Cosmao [10] se sont mis à le labourer. Des sociologues du développement, en quête d'explications du retard et des conditions de croissance des pays sous-développés reprennent les hypothèses des classiques et les testent, à frais nouveaux, sur leurs terrains respectifs. L'aire musulmane bénéficie des travaux de Maxime Rodinson [11], l'Amérique du Sud, des œuvres de Maria Isaura Pereira de Queiroz [12] et de Christian Lalive d'Epinay [13].

Sociologues et théologiens, quoique chassant sur le même domaine ont des points de mire différents. Le théologien vise le sens spirituel de l'effort de développement. Le sociologue pointe à la signification sociale d'une religion dans une entreprise de développement.

Ces recherches de sociologie de la religion se ressentent des orientations que cette branche a prises sous l'impulsion de Gabriel Lebras. Les enquêtes à base d'interview d'un échantillon représentatif d'une population y occupent une place privilégiée.

[15]

Mais il est un autre filon dont l'exploitation sociologique peut s'avérer fructueuse. C'est l'étude documentaire des représentations de la religion. Car les documents que sont les catéchismes [14], les œuvres littéraires comme des poèmes ou des romans constituent une mine de renseignements sur la mentalité et l'idéologie religieuses d'une époque et d'un milieu. Traité correctement, situé et mis en perspective sociologique, ce matériel peut apporter des lumières sur l'influence favorable ou défavorable de telle religion par rapport à tel développement.

Sujet de recherches d'une sociologie « de terrain », à base d'interview de populations, le problème des rapports entre religions et développement peut être l'objet d'une autre approche méthodologique et constituer le thème d'une analyse sociologique des idéologies visant, sinon à apporter une réponse basée sur des faits directement et objectivement appréhendés, du moins à cerner des représentations, des visions des choses et à marquer leur relation avec le changement social.

En matière de religion et de développement, une étude documentaire d'opinion revêt une importance particulière et spécifique. L'idée, dans ce domaine, est une prise commode et sûre pour l'appréhension des changements de la réalité sociale. La conception qu'on se fait de la « religion » et du « développement » varie selon les époques et selon les milieux. Et ces variations idéologiques ont rapport avec la position sociale des groupes en question.

La représentation chrétienne de cette religion non chrétienne qu'est le judaïsme, et du Juif, son adepte, fut, naguère, largement antisémite [15]. Elle prend, depuis peu, un tour plus favorable. Cela tient, certes, au mouvement œcuménique contemporain. Mais cela est-il sans rapport avec le développement économique et politique de l'État d'Israël ?

Le catholicisme vécu du paysan haïtien [16] se révèle, à l'analyse, ni plus ni moins « pur » que celui du paysan Breton ou latino-américain, l'un et l'autre décrits par [16] maints sociologues. Et pourtant des statistiques catholiques hésitent à inclure le paysan haïtien [17]. N'est-ce pas parce que l'opinion tient les modes d'expression religieuse du monde noir pour païennes et superstitieuses ? Les facteurs sociaux et cet anti-Africanisme seraient à expliciter.

Ce n'est pas par hasard que la littérature occidentale a oscillé de l'idéologie laudative du « bon sauvage » à celle péjorative du sous-développé.

Religion et société : ce chapitre classique de la sociologie des religions, appliqué au Tiers Monde, nous mène au nœud du problème du développement.

Mais que le libellé « Religion et développement » ne nous induise pas en erreur. Le problème qu'il pose est celui de l'influence d'une certaine imprégnation religieuse sur la vie sociale, politique et économique d'une société. L'investigation qu'il appelle ne se limite pas aux religions dites traditionnelles et populaires. Elle s'étend également au christianisme. Le Christianisme est-il, sous ses formes catholique ou protestante, à ses divers moments historiques, dans ses divers milieux d'implantation, un facteur de progrès social ? C'est à voir. C'est à examiner. Un homme politique français réactivant récemment un thème rebattu et, croyait-on, rabattu, celui du plus grand développement des pays protestants, attribue « Le Mal français » [18] en bonne partie, à l'influence catholique dominante dans cette nation.

Voilà qui montre l'actualité et les dimensions de ce sujet de recherches.

Les religions populaires
en perspective sociologique


Un renouveau d'intérêt à l'étude des religions populaires se manifeste. Le christianisme populaire, devant le mouvement de résistance au deuxième concile du Vatican, attire considération et reconsidération.

Le sens de la question

Comme les pays sous-développés où le phénomène est plus massif, les pays développés n'ont, eux non plus, pas encore réussi à faire accéder l'ensemble de leurs populations à un haut niveau d'instruction. Il y subsiste, en marge, des groupes culturellement et socialement défavorisés. Ces gens du peuple, ouvriers, paysans ou autres développent des patterns culturels qu'on a caractérisés comme une « culture de pauvreté » [19]. Leur religion aussi se ressent de cette culture. Un parle alors de « religion populaire » [20] pour la contre-distinguer d'une religion d'élite.

Ce phénomène socio-religieux reflète les disparités au sein d'une même société et l'inégalité de développement de ses membres. Manifestation de la division des sociétés en classes, par quel miracle la religion populaire demeurerait-elle un no man's land, indemne de la lutte de ces classes ? Par quel miracle resterait-elle vierge de la pénétration des idéologies par lesquelles ces groupes en conflit expriment leur vision des choses ?

La religion populaire ainsi que la littérature prolétarienne [21] ne sont pas des sujets neutres et innocents. Ils sont réquisitionnés et mobilisés comme armes de marginalisation et d'exclusion par ceux qui tiennent à tenir le peuple à sa place et à marquer leurs distances d'avec lui [22]. Ils sont utilisés comme tremplins de valorisation par ceux qui prennent parti pour la promotion populaire.

Sociologie d'une littérature

Une sociologie de la littérature relative à ce sujet ne peut manquer de marquer et remarquer l'appartenance sociale des auteurs de ces textes.

[18]

Des historiens comme Etienne Delaruelle [23], des sociologues comme Serge Bonnet [24] ont fait de ce phénomène social l'objet de leurs recherches. Des romanciers comme Jacques Alexis [25] en ont fait la matière de leurs romans. Ces auteurs qui, à des registres épistémologiques différents, dissertent sur cet élément de la culture populaire, sont eux-mêmes des ressortissants de la culture savante de leur milieu social. Ils sont donc des observateurs extérieurs au monde culturel et social qu'ils décrivent. Par leur culture et leur position sociale, ils ne sont pas seulement en marge du peuple, ils sont au-dessus de lui. Ils le dominent. Leur regard est celui d'un dominant sur un dominé. Leur discours, « discours bourgeois sur coutumes populaires » [26].

Ce conditionnement social de leur regard rend compte de certaines caractéristiques de leur discours.

Le théologien-historien juge et dogmatise de ce qui est « divin » ou « diabolique », « religieux » ou « superstitieux ». Mais ses normes relèvent-elles des impératifs d'une révélation d'En-Haut ou de ceux de sa culture particulière et de ses intérêts de groupe ? Car il en est du concept de « superstition » comme du concept d'« idéologie ». On surprend, même chez des auteurs à volonté scientifique, un usage éminemment idéologique de ces termes : ils ont de la religion, les autres ont des superstitions ; ils ont des convictions, les autres ont des idéologies. Napoléon, usager célèbre du terme d'idéologie et Karl Marx, son propagateur, en avaient déjà usé de façon aussi péjorative et polémique [27].

Le sociologue professe de mettre entre parenthèses ces catégories théologiques [28]. Mais il ne sort pas et ne nous sort pas pour autant de l'auberge des préconceptions et des valorisations. Il tranche de ce qui est « sauvage » ou « civilisé », « sous-développé » du « développé », concepts relatifs qui constituent un terrain propice à la libre carrière du chauvinisme de classe, de race ou de nation.

[19]

L’enjeu du débat

À aller au fond des choses, la religion populaire, la querelle de la religion populaire n'est pas, pour l'essentiel, une affaire anodine de gens nostalgiques de ou allergiques à certaines coutumes religieuses. Elle est, en vérité, un champ de bataille, un terrain de lutte. Elle est le carré ou se retranchent et s'affrontent deux milieux sociaux : celui des riches et celui des pauvres ; celui de la culture savante et celui de la culture populaire ; celui, enfin, des autochtones et des étrangers, en situation coloniale. C'est en situant la religion populaire dans la lutte du peuple et des alliés du peuple pour son émancipation qu'on en obtient la signification et la signification des textes qui en traitent. Le combat du peuple pour son émancipation est donc ici une clé d'interprétation. Une intention sociologique qui détacherait cet objet de sa toile de fond n'explorerait que la surface des choses.

L'objectif d'émancipation populaire, quand il est visé, laisse place à un conflit de stratégies. D'aucuns, impatients de promotion populaire, conçoivent cette promotion comme une rupture radicale d'avec des manières d'être et de faire jugées vulgaires. Au risque d'entériner des préjugés et d'aliéner des gens pressés de se vider d'eux-mêmes pour se reconvertir. D'autres, dévoués à la même cause, trouvent préférable de réhabiliter ces manières injustement, estiment-ils, dépréciées. Au risque de faire réaction au changement, de couvrir et conserver le statu quo social et culturel. On voit donc l'incidence sociale de ces options « spirituelles ».

Qu'on considère, par exemple, un élément aussi lié à la religion que la langue. Qui plaide pour l'usage, dans le culte public, d'une langue morte et aristocratique comme le latin ? Qui se fait le champion de langues vivantes ? Qui promeut les langues vernaculaires ? Quelles sont les options sociales qui sous-tendent ces préférences linguistiques ? Car c'est un fait que la revendication de l'usage de la langue populaire dans le culte fut, depuis notamment Thomas Munzer au XVIe siècle [29] une revendication de l'aile gauche du mouvement de la réforme. Réforme à la fois sociale et religieuse.

Le débat sur les religions populaires se comprend et s'explique en référence avec le combat populaire.

[20]

Une approche sociale de la littérature :
littérature et sociologie du développement


« Tout se passe comme si les actions topiques avaient pour matrice des imaginations utopiques » écrivait Henri Desroche, l'un des actuels promoteurs d'une sociologie de l'utopie et, plus largement, d'une sociologie des sociétés imaginées [30]. Cette remarque peut être illustrée par de nombreux exemples dans le domaine du développement socio-économique. Bien des actions de développement, avant d'être réalisées, exécutées, avaient commencé par être imaginées, rêvées. Avant d'être la réalisation de techniciens, elles furent le rêve de philosophes, de littérateurs, poètes ou romanciers. Il en est comme si, vérifiant l'ordre de priorité établie par la sociologie saint-simonienne du développement [31], les hommes d'imagination, artistes, littérateurs ouvraient les voies aux savants, aux industriels et aux politiciens.

N'a-t-on pas attribué la découverte de l'Amérique, en partie, à l'influence de la littérature chevaleresque espagnole du XVe siècle ? Les mythes que suscitèrent et qu'entretinrent les romans exaltèrent les imaginations et poussèrent à ces explorations géographiques qui aboutirent à la découverte du Nouveau-Monde [32].

Le même cas se rencontre en politique. C'est sous la forme fictive et imaginaire d'un roman d'anticipation, publié en 1902, l’Altneuland, que Théodore Herzl délivra son message à ses compatriotes juifs : « Vous pouvez là-bas, d'où nous venons, créer une nouvelle patrie sur notre vieux sol, la nouvelle terre promise » [33]. On sait les événements politiques qui, en Israël, s'ensuivirent un demi-siècle plus tard. Comment la science politique, en étudiant cette réalité, ignorerait-elle cette fiction ? Comme le sionisme, la Négritude fut, au départ, rêves d'écrivains. Si une [21] telle relation se manifeste entre l'onirisme de littérateurs et des événements sociaux, comment l'étude d'imaginations, d'idéologies d'écrivains ne nous apprendrait-elle pas, de quelque manière, sous un mode particulier, quelque chose tes sociétés réelles, de leurs points de blocage, de leurs perspectives de développement ? Peut-on connaître la France à travers sa littérature », s'est-on demandé [34]. On croit que oui. Moyennant certaines précautions méthodologiques.

Sous forme romanesque et poétique, c'est bien de problèmes, de problèmes réels, de problèmes sociaux que traite une certaine catégorie d'écrivains. Bien plus, ils ne se contentent pas d'évoquer des problèmes, ils proposent des réponses et soutiennent des solutions. Et il arrive quelquefois que ces solutions soient adoptées et mises en œuvre par leur postérité. D'où une littérature qui porte, comporte et colporte problèmes sociaux et idées sociales. Certains régimes, notamment communistes, incorporent la production littéraire dans le domaine du politique. Quoi qu'il en soit de ce cas extrême, reste que la littérature est susceptible d'une lecture politique reliant ce phénomène social aux faits politiques centraux.

La perspective sociologique

Ce matériel, social déjà en ce sens, peut faire l'objet d'une approche sociologique. Dans cette perspective, la préoccupation n'est pas de savoir si la performance littéraire est réussie ; non plus que si les idées sociales sont acceptables. Le point de vue du sociologue est distinct de celui du critique littéraire et de celui du moraliste social. C'est par l'attention portée aux conditions sociales de production d'une œuvre littéraire et aux conséquences sociales de sa consommation, c'est par l'accent mis sur cet aspect qu'une analyse sociologique se distingue d'une analyse littéraire : La différence tient pour l'essentiel, à l'éclairage.

Aborder la littérature de ce point de vue, du point de vue donc de sa signification sociale, c'est l'envisager comme une expression d'idéologies, véhicule de mythes, porteuse d'utopies. Ces fruits de la fonction fabulatrice des hommes se cueillent sur un même arbre.

[22]

Expression littéraire et réalité sociale.

La relation entre expression littéraire et réalité sociale doit être correctement perçue. On dit que l'homme de lettres peint le réel et que la littérature est le miroir d'une société. Mais qu'on ne s'y trompe pas. L'œuvre littéraire n'est pas une pure et simple copie des choses. Elle est aussi création. Elle ne vise pas seulement à faire connaître un objet mais elle est en outre une force tendant à le modifier. Elle informe autant qu'elle mobilise. Il s'y mêle de l'objectif et du subjectif. Dans sa trame, observations et interprétations, jugements de réalité et jugements de valeur s'enchevêtrent inextricablement. Vision sélective, partiale et partielle des choses, l'œuvre littéraire, si « vraie » que soit la peinture qu'elle fait, si « fidèle » que soit l'image qu'elle présente ne constitue pas un document qui fournirait une description scientifiquement exacte et objective de la réalité sociale. Le témoignage qu'on y puise doit être relativisé. Relativisé en fonction de la situation des auteurs, de leurs expériences, de leurs intérêts. Car la représentation qu'ils élaborent, choisissant et retenant certains éléments de la réalité sociale plutôt que d'autres, est une projection d'eux-mêmes et d'un certain groupe social. Une réflexion sur les faits. Réflexion qui vise à orienter les jugements. À servir de guide et de justification à des comportements. À ce point, nous sommes dans le domaine des idéologies, des mythes, des utopies. Et l'idéologie politique, notamment, ne va pas sans dramatisation : grossissant certains aspects des choses, minimisant, négligeant ou occultant certains autres.

L'analyse sociologique de romans paysans, par exemple, nous renseigne directement sur la mentalité de leurs auteurs. En ce sens que nous y percevons des faits de vie rurale mais à travers la conscience qu'en prennent des intellectuels. Ce sont moins les données concrètes d'une situation que des traits vus et pensés d'une certaine façon par certains individus déterminés.

Mais indirectement, entre les lignes, à travers les tableaux que les écrivains dessinent, ne pouvons-nous pas lire des informations sur la condition des paysans eux-mêmes ? Le poème d'Hésiode, Les Travaux et les Jours, nous renseigne non seulement sur Hésiode, mais sur la situation économique et sociale en Béotie au VIIIe siècle [35]. En outre, [23] le roman paysan ne se situe-t-il pas à la charnière, entre l'élite pensante et écrivante et la masse des paysans ? Ne porte-t-il pas les idées de réforme agraire de leurs auteurs ? Idées dont on peut suivre l'impact dans les Campagnes et les répercussions sur la pratique des dirigeants des Églises et des États ?

Une approche dialectique

On peut donc légitimement étudier une littérature ou une idéologie comme reflet de certaines structures sociales. C'est le point sur lequel insiste, dans sa méthode et dans son œuvre, Lucien Goldmann [36]. Optique qui mène à s'appesantir sur les coordonnées sociales des auteurs. Mais le langage idéologique, utopique ou mythique n'exprime pas seulement une réalité déjà faite, déjà constituée. Il annonce, anticipe, pressent et prépare une réalité en train de se faire, à-venir. Il est un élément de l'invention du futur, pour reprendre une expression de Roger Garaudy [37]. On peut donc également adopter une perspective plus dynamique et considérer l'idéologie littéraire comme moteur, comme matrice, comme facteur, certes déterminé, mais aussi déterminant. Ce qui amène à scruter l'impact de ces écritures sur des événements et des avènements sociaux.

Car si l'Histoire, la société font les utopies, les idéologies et les mythes, il est aussi vrai que ces représentations imaginaires, en retour, impriment leur marque sur la pratique des individus et des groupes, infléchissant l'orientation de l'Histoire et des sociétés. Les sociétés, les sociétés réelles, elles se trouvent à la racine mais aussi dans le fruit des idéologies. Une idéologie est à la fois fille et mère d'une société.

Une sociologie de la littérature doit donc l'articuler à l'ensemble du système social qui l'a fait naître et qu'elle fait naître. L'analyse sociologique doit révéler quel moule social a façonné et modelé le discours et quelle empreinte ce discours a, lui-même, gravé sur la société. Elle doit éclairer l'enjeu social, l'environnement politique, l'enracine ment économique de thèmes et de thèses que l'on croirait purement littéraires.

[24]

Le vocabulaire même d'un auteur, d'une œuvre, les mots [38] qui désignent les choses, les noms qui étiquettent les catégories de personnes, quels précieux éléments de l'analyse des sociétés ! Le terme paysan, par exemple, a une histoire qui nous instruit de l'histoire de ce groupe social [39]. L'évolution de son sens et de son usage est un indice de l'évolution de la condition sociale du milieu rural et de l'évolution de ce milieu dans l'estime du public. D'une appellation péjorative à une dénomination respectueuse, la promotion implique des changements sociaux et idéologiques dignes de considération.

On l'a noté [40], en sociologie de la religion, à propos des religions paysannes appelées, hier, « païennes », aujourd'hui, « tradition­nelles ». La façon de nommer les choses et les gens en dit long sur leur statut social.

Ainsi conçue, ainsi menée, l'étude de la littérature peut constituer un fil conducteur dans la tâche complexe de détermination des ressorts et des moteurs d'une civilisation. On comprend que tant de recherches actuelles sur le développement s'accrochent à ce fil [41].

MÉTHODOLOGIE

C'est cette approche sociologique d'une littérature que nous mettons en œuvre ici. Nous interrogeons trois hommes de lettres : Jacques Roumain, Langston Hughes et Jacques Alexis. Ces écrivains sont des poètes et des romanciers. Leur œuvre relève de la littérature.

C'est donc le témoignage d'hommes de lettres que nous sollicitons plutôt que l'opinion de paysans incultes. Chacune de ces investigations est, dans son ordre, valable et comporte des avantages et des inconvénients. Mais cette différence [25] de répondants entraîne une différence de qualité de la provende recueillie. Et cette différence se constate dans les œuvres, de deux grands Afro-Américanistes. Ethnologue, Melville Herskovitz ne s'intéressait qu'au « folk ». Et au folk exploré au moyen de la méthode d'observation participante. Aussi a-t-il, contrairement à Roger Bastide, ignoré la littérature comme source d'informations. Cette omission marque en creux les conclusions scientifiques de l'œuvre de Herskovitz. Tout un ordre de renseignements, tout un pan de réalités afro-américaines lui ont échappé. On y atteint, non en milieu populaire, mais en milieu « évolué ». Ces deux milieux ne sont pas interchangeables. Dans le monde afro-américain, monde dualiste, le décalage d'idées, de sentiments, de conceptions entre l'élite urbanisée et la masse rustique est particulièrement important. D'où l'attention que le sociologue Roger Bastide porta, dans son œuvre, à la littérature [42].

Faisant une telle place, parmi les documents analysés, à la littérature, Bastide rompait avec une conception étroite d'une ethnographie surprivilégiant l'observation directe. Il s'engageait dans une voie que fréquentèrent des ethnologues de la qualité de Margaret Mead et son équipe.

Définitions : objet de la recherche

Mythes, Idéologies, Utopies : ces trois termes sont des formes d'une seule et même notion. Ils ne constituent pas des catégories cloisonnées, tranchées, imperméables. Ils s'incluent comme des espèces d'un même genre. Ils se situent, pour nous ranger à l'opinion de Roger Bastide, comme les « pôles d'un continuum où l'on ne sait à quel endroit fixer une limite toujours changeante » [43]. La différence [26] entre ces trois termes se mesure à la plus ou moins grande distance qu'on entend signaler entre le monde des idées et le monde des faits. Définissons donc l'idéologie comme « un système d'idées-forces susceptibles, non seulement de justifier un point de vue, mais encore d'animer un mouvement social [44] ». Nous cherchons donc quelle est l'idéologie de la religion et du développement que nos poètes et romanciers expriment dans leur œuvre littéraire.

Notre intérêt ne va pas à Roumain, Hughes et Alexis comme écrivains, leur adresse et leur maladresse. Mais à eux comme témoins d'une société, porteurs de l'idéologie d'un groupe social. A leurs œuvres comme instruments de connaissance et d'étude d'un mouvement socio-culturel. Plutôt qu'à la manière ou à l'élégance du dire, nous sommes attentifs à ce qui est dit. C'est cela dont il s'agit de chercher la signification extra-littéraire. C'est cela qu'il s'agit de comprendre et d'expliquer [45]. Au moyen d'une herméneutique qui montre ce discours comme produit et producteur d'une histoire et d'une société.

La méthode d'analyse textuelle

Diverses méthodes d'analyse textuelle sont aujourd'hui mises en œuvre. On peut, comme Roland Barthes, « lire des textes et exercer sur eux une voyance qui ne va pas chercher leur secret, leur contenu, leur philosophie mais seulement leur bonheur d'écriture ». On peut, comme lui « écouter l'emportement du message mais non le message » [46]. Pour notre part, au contraire, nous ne nous intéressons pas au « bonheur d'écriture » des œuvres que nous étudions. C'est précisément leur contenu, leur message, leur philosophie sociale que nous nous proposons d'analyser. L'exégèse sémiotique à la manière de Roland Barthes met entre parenthèses le contenu, les situations, les contextes, les conditions qui éclairent, comme de l'extérieur, le discours sous examen. Elle privilégie l'analyse interne, formelle, structurale du texte. Intéressé à la sociogenèse d'une certaine littérature, voulant faire apparaître plutôt les aspects laissés dans l'ombre par la méthode de Barthes, nous faisons [27] large place à l'exploration des référentiels qui déterminent dans le temps et dans l'espace le message contenu dans le texte.

Nous dégagerons donc, ainsi qu'on procède en critique littéraire classique les thèmes explicites des ouvrages considérés. Mais une analyse sociologique des idéologies se doit de creuser plus profondément et d'aller jusqu'au caché derrière l'apparent, jusqu'à l'implicite qui sous-tend l'explicite. Notre souci est donc de relever des thèmes idéologiques mais aussi de rechercher la genèse de cette idéologie (surgissement et modifications) dans les expériences de la vie des auteurs, le milieu social et la situation historique où ils ont vécu, l'esprit de l'époque et de l'école auxquelles ils appartiennent.

Champ de la recherche :
la littérature sociale afro-américaine


Mais pourquoi Jacques Roumain, Langston Hughes et Jacques Alexis ? Parce que, écrivains engagés, ces trois auteurs font de l'objet de notre recherche l'objet central de leurs œuvres. La vision profonde, la visée centrale de ces hommes et de ces écrivains, c'est la réorganisation de leur société. C'est ce que nous appellerions en langage moderne le développement ou la libération. Sociaux, ces écrivains le sont aux points de vue de l'objet de leurs réflexions, de la nature de leur sujet de recherches, de leur type de préoccupations, et de leur approche des questions [47].

En outre, étudiant l'histoire de la littérature noire des années 30 (1930), Martha Coob a montré la parenté qui existe entre Roumain et Hughes et la place centrale que tient dans leurs œuvres le thème de la libération. Jacques Alexis, héritier intellectuel de Roumain, continue, dans la génération des années 46, sur les mêmes bases idéologiques, la même quête.

Donc un faisceau d’affinités et de particularités lient ces trois auteurs en une sorte d'école. Haïtiens et Noir-Américain de naissance, Afro-Américains, comme aiment à s'identifier aujourd'hui les Noirs d'Amérique, ils forment une trilogie socialiste et négritudiniste. L'étude de leurs œuvres et de leur idéologie est inséparable de celle du mouvement [28] socio-culturel de la Négritude au cours de la première moitié du XXe siècle. Elle met en cause, outre Haïtiens et Noirs-Américains, d'autres protagonistes comme l'Africain Léopold Sedar Senghor, et le Cubain Nicolas Guillen.

Aussi, centrant ce travail sur les écrits de Jacques Roumain, Jacques Alexis et Langston Hughes, nous nous proposons de dégager l'idée que ces auteurs se font de la religion et de son influence sur le développement. Donc leur idéologie. Idéologie dont nous montrons la genèse, l'inspiration et l'aboutissement.

Nous présenterons en première partie les écrivains, les œuvres et le thème de la religion (chapitres 1, 2 et 3). En deuxième partie les écrivains dans leur cadre idéologique et leur postérité : la négritude religieuse (chapitre 4), l'inspiration marxiste (chapitre 5), l'éclatement de la négritude (chapitre 6), éléments précurseurs de la théologie noire de libération (chapitre 7). Enfin, en conclusion, nous montrerons leur visage social, leur parenté et leur influence dans le Tiers Monde noir.

[29]

CHRONOLOGIE DE L'ÉPOQUE (1900-1967)

Événements

Ouvrages

1902

Naissance de Langston Hughes (1er février)
Naissance de Nicolas Guillen

1903

W.E. Dubois : The Soul of Back Folk

1906

Naissance de L.S. Senghor

1907

Naissance de Jacques Roumain (4 juin)

1909

Fondation du N.A.A.C.P. par Dubois et Al.

1910

Fondation du Crisis, organe du N.A.A.C.P.

1914

Début de la 1er Guerre mondiale

1915

Occupation d'Haïti par les U.S.A. (juillet)

1916

Fondation du Journal of Negro History  par Carter Woodson Garvey émigré aux États-Unis

1817

Marcus Garvey organise à New-York The Universal Negro Improvement Association

1918

Fin de la 1re Guerre mondiale. Révolution russe

1920

Début du mouvement américain de la renaissance nègre.

Lucie Couturier : Des Inconnus chez Moi

1921

2e Congrès pan-africain à Londres

Biaise Cendras : Anthologie nègre

Hughes débarque à Dakar.

René Maran : Batouala (Prix Goncourt)

Langston Hughes : The Negro speaks of Rivers (in the Crisis)

1922

Maurice Delafosse : l’Ame nègre. Les Noirs de l’Afrique. Jérôme et Jean Tharaud : La randonnée de Samba Diouf

Frank Schcell : La question des Noirs aux U.S.A

[23]

1923

3e Congrès pan-africain à Londres.

1924

Hughes débarque à Paris (1er février)

Marius Ary Leblond : Ulysse, Cafre ou l'Histoire dorée d'un Noir.

1926

André Gide voyage au Congo Naissance de René Depestre

L. Hughes : The Negro Artist and the ratial Moutain The weary blues.

1927

4e Congrès pan-africain. New-York

André Gide : Retour du Congo
L. Hughes : Fine clothes to the Jews

1928

Jean Price-Mars : Ainsi parla l'« Oncle »
André Gide : Retour du Tchad.
Paul Morand : Magie noire

1928

Paul Morand : Préface à l'Anthologie de la poésie haïtienne.

1929

Dépression économique américaine

Franck Schcell : « La Renaissance nègre aux U.S.A. » (La Revue de Paris, 1er janvier).

1930

(15 nov.-31 déc.) : Exposition d'Art nègre au palais des Beaux Arts. Paris.
Fin du mouvement de la Renaissance Nègre aux E.U.
Voyage de L. Hughes en Haïti.

L. Hughes : Not without Laughter.

1931

Exposition Coloniale Internationale. Paris. Révolution en Espagne

1932

Voyage de Hughes en Russie. Rencontre avec Boris Pasternak et Arthur Koestler.

L. Hughes : Good Bye Christ in The Nœgro Worker. Nov.-déc. 1932
Christ in Alabama (Publication P)
Always the same.

1937

Roumain, Senghor et co : Griefs de L'Homme noir.

Herskovitz, Life in a Haïtian Valley

[31]

1939

Début de la 2e Guerre mondiale

Roumain : Bois d'Ebène (Ecrit à Bruxelles)

1940

Mort de Marcus Garvey à Londres.

L. Hughes : The Big Sea

1941

Roumain rentre en Haïti et fonde le bureau d'Ethnologie.

1944

Mort de Roumain

Aimé Césaire : Cahier d'un retour au Pays natal.

1945

Fin de la 2e Guerre mondiale.
5e Congrès pan-africain à Manchester.

1946

(7 janvier) Fin de la révolution Haïtienne à laquelle participa Jacques Alexis.

1947

1er numéro de Présence africaine.

Emmanuel Mounier : L'Éveil de l'Afrique noire.

1948

Senghor : Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache (préface de J.-P. Sartre).

1952

1er séjour de Depestre à Cuba

1953

6e Congrès pan-africain. Kumasi.

1955

Conférence de Bandœug

1956

Congrès des Écrivains et artistes noirs (Paris)

1959

1er janvier : Triomphe de la Révolution Cubaine.
21 mars : Arrivée de Depestre à Cuba
2e Congrès des Ecrivains et Artistes noirs à Rome.

1960

9 mai : Mort de René Maran Jacques Alexis visite Moscou, Pékin et la Havane.

1961

(22 avril) Mort de Jacques Alexis

1966

1er festival mondial des Arts nègres (Dakar)
1967    15 mai : Mort de Langston Hughes.

[32]



[1] Pour un rapide historique de la question, voir LAURENTTN (René), Développement et Salut, Paris, Seuil, 1969.

[2] CHAMBRE (Henri), Union soviétique et développement économique. Paris. Aubier-Montaigne. 1967, p. 35.

[3] CHAMBRE (Henri), op. cit., p 47-49.

[4] Cf. le témoignage d'un vétéran du développement coopératif : DESROCHE (Henri) in Perspective de la Sociologie contemporaine, Paris, P.U.F., 1968, p. 186.

[5] WEBER (Max), L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, Paris, Plon, 1964 (réédition).

[6] TAWNEY (R.H.), La religion et l'essor du capitalisme, Paris, Rivière, 1951 (réédition).

[7] SOMBART (Werner), Le Bourgeois, Paris, Payot, 1926.

Sur ces trois derniers auteurs, cf. BESNARD (Philippe), Protestantisme et capitalisme, Paris, Armand Colin, 1970.

[8] DESROCHE (Henri), Socialismes et sociologie religieuse, Paris, Cujas, 1965, p. 4.

[9] CHENU (M.D.), « L'économie du XXe siècle et la vertu de promesse » in L'Evangile dans le temps, Paris, Cerf, 1964, pp. 617-629.

[10] COSMAO (Vincent), Développement et Foi, Paris, Cerf, 1972, 128 p.

[11] RODINSON (Maxime), Islam et capitalisme, Paris, Seuil, 1966, 304 p.

[12] PEREIRA DE QUEIROZ (Maria Isaura), Réforme et révolution dans les sociétés traditionnelles. Histoire et ethnologie des mouvements messianiques, Paris, Anthropos, 1968, 394 p.

[13] LALIVE D'EPINAY (Christian), Haven of the masses. A study of the Pentecostal movement in Chile, London, Lutterworth Press, 1969, 263 p.

[14] GERMAIN (Elisabeth), Langages de la Foi à travers l'histoire, Paris, Fayard-Marne, 1972 (Préface de René Rémond).

[15] HOUTART (François) et al., Les Juifs dans la catéchèse. Étude des manuels de catéchèse de langue française, Louvain, Publications du Centre de Recherches socio-religieuses, 1969.

[16] SOUFFRANT (Claude), « La religion du paysan haïtien », Social Compass. Revue internationale des études socio-religieuses, Louvain, 1972, n° 4, pp. 585-597. (Numéro spécial : La religiosité populaire.)

[17] CARRIER (Hervé) et PIN (Emile), Essais de sociologie religieuse, Paris, Spes, 1967, pp. 41-42.

[18] PEYREFITTE (Alain), Le mal français, Paris, Pion, 1976, 530 p.

[19] Cf. BASTIDE (Roger), Préface à PETONNET (Colette), Ces gens-là, Paris, Maspero, 1968, p. 8.

[20] Cf. ISAMBERT (François), « Autour du catholicisme populaire. Réflexions sociologiques sur un débat », Social Compass, n° 2, 1975, pp. 193-210.

[21] Cf. BERNARD Q.P.), Le parti communiste français et la question littéraire, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1972 ; Première partie : La littérature prolétarienne.

[22] Ingénieusement, Serge BONNET, dans son ouvrage La communion solennelle. Folklore païen ou fête chrétienne (Paris, Le Centurion, 1969, pp. 251 ss.) remonte d'une analyse du catholicisme populaire à une sociologie du clergé caractérisé comme petit-bourgeois et donc anxieux de marquer ses distances d'avec le peuple.

[23] DELARUELLE (Etienne), La piété populaire au Moyen Age, Torino, Bottega d'Erasmo, 1975, 563 p. (Introduction par R. Manselli et André Vauchez.)

[24] BONNET (Serge), A hue et A Dia, les avatars du cléricalisme sous la Ve République, Paris, Cerf, 1973.

[25] ALEXIS (Jacques), Les Arbres musiciens, Paris, Gallimard, 1957.

[26] Nous reprenons ici le titre de l'article de BONNAIN-MOERDYK (Rolande) : « A propos du Charivari : Discours bourgeois sur coutumes populaires », Annales, ESC, n° 3, 1977.

[27] Cf. CHAMBRE (Henri), Le marxisme en Union soviétique. Idéologies et institutions, Paris, Seuil, 1955, p. 21.

[28] BONNET (Serge) et COTTIN (Augustin), La communion solennelle. Folklore païen ou fête chrétienne, op. cit., p. 240.

[29] Cf. DESROCHE (Henri), Les religions de contrebande, Paris, Marne, 1974, pp. 66-226 et passim.

[30] DESROCHES (Henri), Les Dieux rêvés. Théisme et athéisme en Utopie, Paris, Desclée, 1972, p. 23.

[31] SAINT-SIMON, Le nouveau christianisme et les Écrits sur la religion, Paris, Seuil, 1969 (réédition).

[32] Cf. La thèse classique de Irving Albert Léonard, Books of the brave, Cambridge Harvard University Press, 1949. Et aussi la recension de cet ouvrage : « Les romans de chevalerie et la conquête du Nouveau Monde », Annales E.S.C., 1955, pp. 222 s.

[33] DESROCHE (Henri), Au pays du Kibbouth. Essai sur le secteur coopératif israélien, Baie, Imprimerie de FU.S.G, 1960. (Introduction.)

[34] GUYARD (Marius-François), Études, octobre 1956, pp. 315.

[35] DETIENNE (Marcel), « Crise agraire et attitude religieuse chez Hésiode », Revue d'études latines. Vol. LXVIII, 1963, pp. 14-26.

[36] GOLDMANN (Lucien), Le Dieu caché. Étude sur la vision tragique dans les pensées de Pascal et dans le théâtre de Racine, Paris, Gallimard, 1955, 454 p.

[37] GARAUDY (Roger), Esthétique et invention du futur, Paris, Union générale d'éditions, 1971, 448 p.

[38] Cf. BENETON (Philippe), Histoire de mots : Culture et civilisation, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1975, 168 p.

[39] BARRAL (Pierre), « Notes historiques sur l'emploi du terme paysan, « Études rurales », n° 21, avril-juin 1966, pp. 72-80.

[40] DESROCHE (Henri), Sociologies religieuses, Paris, P.U.F., 1968, p. 190.

[41] Ainsi par exemple : DUMONT (Paul), « Littérature et sous-développement. Les romans paysans en Turquie », Annales. Economies. Sociétés. Civilisations, mai-juin 1973, pp. 745-764 ; SUNDAY (Anozie), Sociologie du roman africain, Paris, Aubier, 1970 (Coll. « Tiers Monde et Développement ») ; CARRE (Olivier), L'idéologie palestinienne de résistance, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1972, 164 p.

[42] BASTIDE (Roger), Brésil, terre de contrastes, Paris, Hachette, 1957 (Ch. II : « Les lettres et les arts ») ; A poesia Afro-Braseleira, Sao Paolo, Livraria Martins Editoria, 1943 ; Arte et sociedade, Sao Paolo, Livraria Martins Editoria, 1945 ; « Iphigenie en Tauride ou Agard dans le désert » in Idéologies, littérature et société en Amérique latine, Bruxelles, Editions de l'Université, 1975, 227 p. ;

« Naissance de la poésie nègre au Brésil », Présence africaine, n° 7, 1949 ; Les problèmes de la sociologie de l'art », Cahiers internationaux de sociologie, vol. IV, 1948, pp. 164 s. ;

« Littérature comparée en anthropologie culturelle » ; repris sous le titre « L'accumulation littéraire » in Le prochain et le lointain, Paris, Cujas, 1970, pp. 201-209 ;

« L'Amérique latine dans le miroir de sa littérature », Annales. Economie. Société. Civilisations, janvier-mars 1958, pp. 30-46.

[43] BASTIDE (Roger), Le prochain et le lointain, op. cit., p. 287.

[44] THOMAS (L.V.), Le socialisme et l’Afrique, Paris, Le livre africain, 1966, tome II, pp. 5-9.

[45] Cf. les remarques méthodologiques éclairantes de RICOEUR (Paul), « Comprendre et expliquer », Revue philosophique de Louvain, février 1977.

[46] BARTHES (Roland), Fourier. Sade. Loyola, Paris, Seuil, 1971, pp. 15-16.

[47] Cf. COULTHARD (G.-R.), « Literature of Latin America and the caribbean », Caribbean quarterly, vol. 10, n° 4, déc. 1964, pp. 46-54.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 23 juin 2017 8:32
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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