Claude Snow contre la répression
par
Martine Jacquot, juin 2008
Critique du livre
Claude Snow vient de publier Plaider pour la dignité, un livre rempli de conseils pour que les personnes qui se trouvent sans ressources sachent comment faire valoir leurs droits. L’ouvrage est publié par le Comité des 12, un groupe communautaire d’avocats populaires qui défendent la justice sociale au Nouveau-Brunswick depuis 1993. Par exemple, ils aident les gens à trouver une façon de subvenir à leurs besoins, ou ils tentent de trouver des solutions au niveau politique. Les personnes sans ressources sont particulièrement vulnérables, et le livre leur offre des pistes pour s’en sortir, car « les élus et les fonctionnaires ne voient rien. »
Le livre s’adresse en particulier aux personnes dont l’incapacité de s’en sortir n’est pas visible, telles les personnes qui ont du mal à comprendre, à s’exprimer, à s’organiser ou à entrer en relation, ce qui engendre l’incompréhension ou les préjugés de la part de l’entourage, sans parler de l’oppression vécue par la victime. Le premier objectif est de rétablir la communication avec une personne en difficulté.
L’auteur reproche aux fonctionnaires d’être offensifs, ce qui bloque tout processus de communication, qui était déjà difficile. Le rôle des avocats populaires, ces « professionnels qui viennent à la rescousse des naufragés du périple humain », est d’aider ceux dont le handicap est invisible, et qui ne peuvent s’en sortir seuls. Ils agissent comme tutelles pour contrer le manque d’intérêt ou l’énervement dont font souvent preuve les représentants du système.
Il existe des samaritains dans les communautés, qui viennent en aide aux gens qui font face à un coup dur. Les avocats populaires, eux, se concentrent sur les cas spécifiques de personnes incapable de s’expliquer.
L’auteur pose la question à savoir si les fonctionnaires qui annoncent de mauvaises nouvelles à des citoyens ou les renvoient à des services de recours difficiles à comprendre sont complices du système ou victimes eux aussi, car leurs pouvoirs sont limités pour prévenir les abus de pouvoir, ce qui les « empêche d’exercer un jugement discrétionnaire là où une exception à la règle s’impose. » L’auteur va jusqu’à alerter les lecteurs des dangers du système : « Les gens ont raison de craindre les représailles de la part des employés de l’État, car elles existent réellement. S’ils ont la malchance de tomber sur un fonctionnaire aigri et qu’ils se montrent le moindrement récalcitrants, il se peut qu’ils décident de régler ses comptes sur leur dos. »
Les avocats populaires, sorte d’analystes sociaux, de plaideurs ou de médiateurs, protègent les victimes contre l’écrasement en écrivant ou parlant pour eux aux instances appropriées. Contrairement aux fonctionnaires, ils prennent le temps d’écouter toute l’histoire des victimes, et ils forcent un suivi. Puis ils aident grâce à la communication écrite, qui reste et sert de preuve. Alors que les avocats populaires vont influencer le système par leur clarté d’expression, les victimes se sentent progressivement soulagés car ils sortent du marasme.
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