SECOURIR LES MAL-AIMÉS
… en faisant une brèche dans le mur de la honte

Avant-propos

Les pauvres sont divisés en deux camps : les bien-aimés et les mal-aimés. Les premiers sont bien traités, presque choyés, parce qu’ils acceptent de faire l'expérience d'un retour à l'emploi. On considère qu'ils « gagnent leur vie ».

Les derniers, les mal-aimés, ont peu de possibilités d’intégrer le marché du travail, et par conséquent, l’État les néglige, les maltraite même. L'oppression est subtile, mais elle est réelle et constante.

Ce sont de ces pauvres dont il est question dans ce livre. Des gens qui ne possèdent malheureusement pas ce qu’il faut pour travailler et qui sont, pour cette unique raison, poussés en marge de la société. Ils n’ont plus leur place comme citoyens, et l’État ne s'efforce pas de leur en tailler une. Il ne fait rien, en tout cas, pour qu’ils se sentent comme des citoyens à part entière.

Il est temps d'ouvrir nos yeux face à ce phénomène social troublant. Les formes d'aide proposées par l'État sont franchement rétrogrades.

Ce n'est pas porter secours aux pauvres que de les diriger vers des banques alimentaires. L'État n'accomplit rien non plus en prétendant qu'il suffit de leur donner un chèque par mois, car leurs problèmes ne peuvent pas être résolus ainsi.

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Secourir les mal-aimés, c'est reconnaître leurs incapacités et leur fournir l'aide professionnelle dont ils ont besoin. Pour cela, cependant, il faut changer les structures et les priorités de l'État de façon à donner une plus grande part à ceux qui ont moins, pour qu'eux aussi puissent vivre leur citoyenneté en toute dignité. Quel beau projet politique !

Claude Snow, 1er mars 2009