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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

CLAUDE LÉVI-STRAUSS ou La « passion de l’inceste ». Introduction au structuralisme. (1968)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Yvan Simonis, CLAUDE LÉVI-STRAUSS ou La « passion de l’inceste ». Introduction au structuralisme. Paris: Les Éditions Aubier-Montaigne, 1968, 380 pp. Collection: Recherches économiques et sociales, no 8. Une édition numérique réalisée par Pierre Patenaude, bénévole, professeur de français à la retraite et écrivain, Chambord, Lac—St-Jean. [Autorisation formelle de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales accordée le 7 janvier 2012 par l’auteur, Yvan Simonis.]

[9]

CLAUDE LÉVI-STRAUSS
ou La « passion de l’inceste ».
Introduction au structuralisme.

Introduction


En étudiant le structuralisme de Claude Lévi-Strauss, on se laisse captiver, on adopte son « regard », jusqu'au moment où l'on se réveille transformé. On ne revient pas indemne de la lecture des œuvres de Lévi-Strauss.

Quelque chose, en nous, résiste cependant et nous repartons vers le structuralisme pour l'interroger. Est-ce la peur de mourir ? Peut-être. Est-ce le goût des illusions ? Peut-être. En tout cas, nous tentons alors de formuler un point de vue critique. Mais avant de le formuler, nous avons été transformés.

Si, en bonne méthode, il convient de conserver à l'esprit une délimitation stricte de son point de vue pour garder le contrôle critique de ses résultats, il convient aussi de ne pas oublier ses effets en dehors du « champ » du point de vue. En pensant n'importe quoi, nous nous pensons toujours de quelque manière tout entier. Le point de vue est une faiblesse de la conscience qui peine à traduire une expérience de tout l'être.

Avant de formuler la critique, il faut adopter le « regard » de l'ethnologue, et donc vivre son expérience.

Lévi-Strauss ne dit pas tout et ne prétend pas tout dire. Une critique ne peut se contenter de dire autre chose en plus de l'auteur. Tant qu'on n'a pas tout dit sur tout, on peut, en effet, dire autre chose que n'importe qui. Il faut donc montrer qu'en partant des positions, même de Lévi-Strauss, de son propre discours, il est possible de faire naître une critique fondamentale. Nous avons choisi de l'appeler : la passion de l'inceste.

[10]

Voici le visage qu'a pris le développement qu'on va lire :

Le premier chapitre parcourt le « champ » entier du sujet. Il fait rapidement le tour des thèmes que la suite du travail reprendra sous différents angles. On travaillera par approches successives d'un « champ » dès le départ présent.

Pour tracer l'espace de ce « champ », il fallait décrire comment Lévi-Strauss en vient à fonder sa problématique définitive en rapprochant son intuition du rôle inconscient de l'esprit humain et le modèle linguistique de la phonologie. Les problèmes que soulève l'adoption du modèle en sciences humaines mènent à signaler la liaison système-fonction, qui prendra de plus en plus d'importance dans la suite (chapitre I).

Les positions théoriques sont affirmées, le modèle linguistique est adopté. Lévi-Strauss présente alors sa première grande démonstration : Les Structures élémentaires de la parenté. Ici se joue la partie fondamentale, ici aussi doit se formuler la question critique fondamentale.

Le second chapitre est réservé à l'analyse de ce livre magistral. Il faudrait montrer comment, en ce livre, s'opère un mouvement en deux temps, aux conséquences capitales : la récupération de l’ « échange » de Marcel Mauss au bénéfice d'un inconscient structural et, grâce à cela, le renversement qui conduit l'auteur à penser que l'inconscient, et non la conscience, est le fondement du « vrai » en sciences humaines. En terminant le chapitre, la question critique intervient : faut-il pratiquer l'inceste pour expliquer sa prohibition ? Est-il possible, autrement dit, de remonter à l'ordre naturel pour observer comment l'ordre culturel y prend naissance ? Nous pensons, en effet, que la problématique de Lévi-Strauss revient à poursuivre l'inceste en ce sens (chapitre II).

Le troisième chapitre se limite à quelques informations supplémentaires sur les principaux concepts employés jusqu'à présent : inconscient, conscience, nature, culture, histoire, social, symbolique, etc. Les concepts principaux de [11] l'anthropologie se transforment au contact de là problématique structuraliste de Lévi-Strauss (chapitre III).

Le visage de l'homme change, n'importe quelle philosophie n'est plus possible. Le quatrième chapitre renouvelle l'intelligibilité du discours tenu jusqu'ici en remontant à l'expérience dont il est le langage. Quel est le « regard » de l'ethnologue ? Quel type d'humanisme entraîne-t-il ? Comment rend-il compte de sa propre expérience ? (chapitre IV).

La première partie du travail s'achève. Le « champ » a pris ses dimensions normales, nous l'avons traversé en plusieurs sens. Il est temps d'approcher la méthode structuraliste pour l'interroger. La première partie fait office de « background », nous n'abordons pas la suite sans préoccupations critiques.

Le chapitre V observe comment la méthode structuraliste se développe, les problèmes qu'elle affronte et comment elle les dépasse. Le structuralisme dépasse le formalisme.

Il semble cependant que la source même de l'activité d'échange soit oubliée, alors qu'elle fonde l'existence même des objets d'étude de structuralisme. L'échange devient purement fonctionnel, le « mana » s'estompe mais, avec lui, l'effet de sens. Le discours structuraliste continue de profiter de ce qu'il espère dépasser (chapitre V).

Lévi-Strauss est à présent maître de ses méthodes. Les deux chapitres qui suivent abordent le thème majeur de ses derniers travaux : la logique du sensible.

Le chapitre VI essaye de comprendre ce qu'on entend par là ; mais on rencontre à nouveau le même problème qu'au chapitre précédent, jailli de ce qui est oublié. La comparaison du kaléidoscope résume exactement les données du problème (chapitre VI).

Le chapitre VII est consacré à l'analyse structurale des mythes. Lévi-Strauss est de plus en plus cohérent avec ses positions théoriques de départ. Le mythe devient très normalement le domaine privilégié des analyses structurales. Lévi-Strauss tente le passage du langage à la musique. La [12] passion de l'inceste pousse logiquement à cette tentative, elle équivaut à l'impossible passage de la parole au silence (chapitre VII).

C'est en conduisant ses tentatives à leur terme, en cohérence permanente avec ses positions méthodologiques de départ, que le structuralisme révèle clairement ce qu'il oublie mais dont il profite.

Le développement de la critique fait l'objet du dernier chapitre. Le structuralisme est le langage de l'inceste, il ne peut réussir dans les termes où il se constitue. Il n'aboutit qu'à parler « métaphoriquement » des structures de l'esprit humain. Il fait de l'homme le « degré zéro » d'une science particulière de la nature, l'humain devient inexplicable mais continue de fonder toutes les possibilités du sens. Mais cet échec mène à une réussite extraordinaire, le structuralisme rend la conscience à ses liens silencieux avec le cosmos, il est le témoin de la part d'esthétique de tout humanisme, il est une logique de la perception esthétique (chapitre VIII).

Les conclusions générales soulignent l'ambiguïté du structuralisme, ambiguïté normale, ambiguïté fallacieuse.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 17 février 2013 20:06
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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