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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

André Ségal, “L’éducation par l’histoire.” (1990)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de André Ségal, “L’éducation par l’histoire.” Un article publié dans le livre sous la direction de Fernand Dumont et Yves Martin, L'éducation 25 ans plus tard et après ?, pp. 241-266. Québec: l'Institut québécois de la recherche (IQRC), 1990, 432 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur de diffuser cet article le 15 novembre 2006.]

Introduction

Nous proposons ici une réflexion sur la fonction de l'éducation historienne dans la culture des Québécois et particulièrement sur le rôle de l'école secondaire [1]. Nous ne tracerons pas l'évolution de l'enseignement de l'histoire depuis 1962, ni son bilan actuel. D'autres l'ont fait avec précision, optimisme ou ironie [2]. Par contre, nous tenterons de cerner quelques perspectives, dominées à vrai dire par le problème incontournable que posent les deux fonctions conférées à l'histoire et pourtant peu compatibles : renforcer l'identité collective et développer l'esprit critique. La réflexion sur les fonctions éducatives de l'histoire nous amènera à nous interroger sur l'efficacité culturelle des pratiques éducatives. 

L'enjeu est considérable, dans l'un et l'autre sens de la « culture ». La culture d'un groupe, son imaginaire, le système de référence commun qui aide à sa cohésion sociale sont fortement tributaires du rapport qu'il entretient avec le passé, sous forme de mémoire ou d'histoire [3]. La culture personnelle, que j'aime définir comme « aptitude de la personne à dépasser son expérience propre et son environnement immédiat [4] », se bâtit fondamentalement par le contact avec les sociétés d'autres temps et d'autres lieux. Dans l'un et l'autre cas, l'enseignement scolaire de l'histoire pose les premières pierres et dessine les premières inclinations. 

Avant d'aborder fonctions et pratiques éducatives, il nous paraît utile de répondre à deux questions préalables. L'une est factuelle : rappeler brièvement quelle place occupe actuellement l'histoire dans les programmes scolaires. L'autre est théorique : esquisser le cadre conceptuel dans lequel se situent nos réflexions. 

La place de l'histoire est modeste dans la scolarité des adolescents. Elle est obligatoire en deuxième secondaire, sous le titre d'« Histoire générale », et en quatrième secondaire, sous le titre d'« Histoire du Québec et du Canada », selon les programmes réformés en 1982 par le ministère de l'Éducation [5]. Sur les cinq années du secondaire, l'histoire occupe obligatoirement en moyenne une heure et un tiers par semaine, ce qui est sensiblement plus que depuis 1977, mais sensiblement moins qu'avant [6]. Ces cours d'histoire sont précédés, en première et troisième secondaire, respectivement parla « Géographie générale » et la « Géographie du Québec et du Canada », ils sont suivis, en cinquième secondaire, par l'« Initiation à la vie économique ». De plus, un nouveau cours optionnel s'offre en cinquième secondaire, « Le 20e siècle : histoire et civilisations ». Il répond à un besoin évident, mais on craint que, dans la grande cafétéria des cours, il ne recueille que peu d'adeptes. Au niveau primaire, sont prévues des activités d'éveil aux sciences dites « humaines ». Quant au niveau collégial, l'apprentissage de l'histoire y est optionnel et très peu suivi ; il ne le sera guère plus selon la grille qui entrera bientôt en vigueur [7].


[1] Nous avons coutume d'employer « historien » comme adjectif pour distinguer l'activité présente, « recherche historienne », « production historienne », « éducation historienne » de son objet ou de ses matériaux passés, « source historique », « personnage historique », « changement historique ».

[2] Le bilan le plus récent et le plus positif est celui de Micheline Dumont, « L'enseignement de l'histoire », Traces, no 27, avril 1989, pp. 29-36. L'évolution du dernier quart de siècle est tracée avec une verve décapante sous la forme du témoignage par Jean Breton, « Quand l'humble se raconte... », Traces, no 26, juillet 1988, pp. 14-21. Les moutures successives des programmes sont décrites par Louise Charpentier, « Qu'avons-nous enseigné ? », Bulletin de liaison S.P.H.Q., no 25, octobre 1987, pp. 31-36. D'une manière générale, le Bulletin de liaison de la Société des professeurs d'histoire du Québec, qui paraît depuis 1988 sous le titre de Traces, est un bon révélateur des genres et des niveaux des préoccupations et débats suscités parmi les enseignants d'histoire.

[3] Dans un article récent sur lequel nous reviendrons, Christian Laville fait le point sur l'importance du rapport au passé pour la cohérence des groupes sociaux (« L'histoire et l'identité des minorités », Récits de vie et mémoires. Vers une anthropologie historique du souvenir, dir. par B. Jewsiewicki, [Sainte-Foy], Safi, [1988], pp. 147-188.

[4] André Ségal, « Pour diffuser la culture historique », Recherches actuelles et mémoires collectives, Actes du CELAT, no 1, mars 1988, p. 49. Le lecteur nous permettra de ne pas noter chaque fois la référence quand, dans la suite du texte, nous emprunterons une idée ou une expression de cet article.

[5] Histoire générale. 2e secondaire. Formation générale, 67 p. et Histoire du Québec et du Canada. 4, secondaire. Formation générale et professionnelle, 67 p. Ces programmes d'études ont été publiés l'un et l'autre en avril 1982 par le Gouvernement du Québec. La publication de ces programmes a été suivie de la publication par le gouvernement de Guides pédagogiques volumineux. Ensuite, de 1984 à 1986, six éditeurs ont produit les onze manuels qui se disputent le marché. On en trouvera la liste bibliographique dans M. Dumont, loc. cit., p. 30. L'implantation de ces programmes, particulièrement le plus neuf, celui de 2e secondaire, a été lente et difficile.

[6] D'après L. Charpentier, loc. cit., p. 36.

[7] Direction générale de l'enseignement collégial, Projet de réforme du programme de sciences humaines, 1989.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 24 février 2007 11:21
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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