Introduction
Le but du présent propos [1] n'est pas d'analyser le rapport entre l'exigence démocratique et l'organisation des institutions de tel ou tel État particulier, mais de comprendre la relation entre l'enjeu politique qu'est la démocratie et le phénomène que désigne la notion d'institution d'une manière générale. Pour être plus précis, il convient d'indiquer que la présente réflexion a une vocation universelle, que sa portée ne doit pas s'apprécier à travers l'éclairage exclusif de la situation de notre pays ou même celle du continent africain dans son ensemble.
Il fut un temps où la simple évocation de principes universels en politique constituait en soi une occasion d'âpres controverses. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Depuis la chute du mur de Berlin, l'universalité de la pensée politique n'apparaît plus comme un vœu pieux de philosophe mais une réalité historique constitutive de l'expérience humaine. L'interpénétration des sociétés ne se révèle pas seulement au savant, elle devient accessible au commun des mortels à travers le fait que le régime démocratique se réclame sur tous les continents.
Ce triomphe universel de la revendication démocratique esquisse précisément la justification d'une démarche visant à soumettre l'idée même de démocratie à une discussion. La démocratie n’est manifestement plus le privilège de tel ou tel peuple. L'expérience démocratique relève désormais du « domaine public international ». Il est devenu possible de s'en préoccuper sans être soupçonné de prendre parti pour telle ou telle culture.
L'instauration de la démocratie exige-t-elle des institutions particulières ? Puisque de prime abord, la réponse à cette interrogation semble aller de soi, posons autrement la question : l'existence d'institutions suffit-elle à l'accomplissement de l'idéal démocratique ?
Il est clair que la réponse à cette dernière question ne s'impose pas avec évidence : elle soulève un problème, elle se discute. Pour organiser une telle discussion, il est souhaitable, puisqu'il est établi que la pensée politique se doit d'avoir une vocation universelle, de commencer par interroger le sens commun universel qui s'exprime dans le langage politique contemporain.
[1] Ce titre reprend une contribution à un colloque organisé du 05 au 07 février 1997 autour du thème « Les institutions démocratiques au Burkina » à la Faculté de Droit et de Science Politique (F.D.S.P) de l'université de Ouagadougou.