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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Michel Sarra-Bournet, “Nationalisme et question nationale au Québec.” In ouvrage sous la direction de Michel Sarra-Bournet, avec la collaboration de Jocelyn Saint-Pierre, LES NATIONALISMES AU QUÉBEC du XIXe au XXIe siècle. Chapitre 20, pp. 329-346. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 2001, 364 pp. Collection: Prisme. [L’auteur nous a accordé, conjointement avec le directeur général des Presses de l’Université Laval, M. Denis Dion, le 11 janvier 2016, l’autorisation de diffuser en libre accès à tous ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.)

[329]

LES NATIONALISMES AU QUÉBEC
du XIXe au XXIe siècle.

CINQUIÈME PARTIE :
Les nationalismes et l’histoire du Québec
Chapitre 20

Nationalisme
et question nationale
au Québec
.” [1]

Michel SARRA-BOURNET

Au centre-ville de la capitale nationale du Canada, sur un terrain de stationnement municipal, on peut observer depuis quelques années un énorme graffiti qui se lit comme suit : Canada Day ? Nationalism = fascism (La fête du Canada ? Nationalisme = fascisme). La plupart des Canadiens qui s'arrêtent quelques instants devant ce tableau le trouvent impertinent et s'étonnent que l'on traite avec injustice une des nations les plus tolérantes du monde. En effet, le 1er juillet est aujourd'hui célébré par des Canadiens de toutes origines. Et les Canadiens nés à l'extérieur du Canada sont parfois ceux qui participent le plus aux festivités entourant cette fête nationale.

Il est plutôt rare qu'on associe le nationalisme canadien à l'exclusion. Les Canadiens ont donc de bonnes raisons d'être choqués lorsqu'on associe leur nationalisme à l'ethnicisme ou au racisme. C'est pourtant le traitement que de nombreux commentateurs politiques, universitaires, diplomates et politiciens du Canada ont fait subir au mouvement nationaliste du Québec au cours des dernières années (voir, par exemple, Fontaine, 1996).

Comme dans bien des nations qui n'ont pas d'État souverain, le nationalisme québécois souffre d'un problème d'image et de perception. [330] Il est vrai que le nationalisme a généralement mauvaise presse en Europe actuellement. Mais le point de vue du Québec est également victime d'une pauvre diffusion à l'étranger. Sur ce plan, le Canada est servi par un réseau bien établi d'ambassades, de hauts-commissariats et de consulats, souvent alimentés par les propos de fédéralistes radicaux qui opposent le « bon nationalisme civique canadien » au « nationalisme québécois ethnoculturel et fascisant ». L'un d'entre eux parle ouvertement d'un ethnic state building (construction d'un État ethnique) (Johnson, 1994). Un autre encore écrit dans une revue universitaire américaine :

Le cas du Québec illustre combien l'ethnicité, par de puissants appels symboliques à la survivance culturelle, peut être politisée de manière à menacer sérieusement l'existence même d'une fédération prospère et stable, jusque-là (Max Nemni 1994 : 171) [2].

Lorsque la question québécoise est posée en termes politiques, le nationalisme canadien devient anti-québécois. Au lendemain du référendum du 30 octobre 1995, par exemple, les journaux canadiens-anglais étaient parsemés d'accusations de racisme à l'endroit des leaders souverainistes québécois (voir Lesage, 1995).

Pourtant, le nationalisme canadien n'a lui-même pas toujours été fort tolérant envers les différences culturelles, puisqu'il a connu des stades d'impérialisme et d’anglo-conformity. Le nationalisme québécois a lui aussi subi des transformations à travers son histoire, qui l'ont graduellement éloigné du clérico-nationalisme qui l'a dominé durant près d'un siècle, si bien que l'on peut aujourd'hui parler de convergence entre les nationalismes québécois et canadien. L'erreur des critiques du nationalisme québécois est de croire que, parce que le nationalisme canadien est essentiellement civique aujourd'hui, qu'il en a toujours été ainsi ; et parce que le nationalisme québécois a déjà été essentiellement ethnique, qu'il en sera toujours ainsi. Pourtant, dans les deux cas, une nation ethnique s'est servie d'un appareil d'État pour façonner une nation civique.

Toutefois, cette convergence entre les nationalismes canadien et québécois se limite à la façon dont les nationalistes définissent les critères d'adhésion à la nation dans leur projet national respectif. Dans les deux cas, on peut adhérer à la nation en s'engageant à résider sur le territoire national et à respecter les lois qui y sont en vigueur. Le Canada a l'avantage de sanctionner cet engagement en délivrant un passeport [331] et en octroyant la nationalité canadienne, de puissants symboles nationaux qui favorisent la loyauté des nouveaux arrivants envers le pays.

Là où les deux nationalismes s'opposent, et sont incompatibles, c'est dans leur définition des frontières de la nation : le nationalisme canadien n'a jamais toléré l'existence d'une nation québécoise au sein du territoire canadien. Toute amorce de reconnaissance d'un statut national pour le Québec — ou pour les peuples autochtones — a reçu une fin de non-recevoir (voir Guay et Rocher, 1992).

À mon avis, les attaques de certains nationalistes canadiens envers les nationalistes québécois [3] sont principalement dues au fait que ces derniers représentent une menace au projet national pancanadien (Bashevkin, 1991 : 161). En d'autres termes, tant que les nationalistes du Québec se sont contentés de revendiquer la préservation des caractéristiques ethnoculturelles des Canadiens français, les nationalistes canadiens s'en sont plutôt bien accommodés. Mais, à partir du moment où ils ont insisté sur l'autonomie du territoire québécois, ils sont devenus dangereux : ils portaient atteinte à l'intégrité de la nation canadienne. Aux yeux des nationalistes canadiens, il ne saurait y avoir qu'une seule nation politique au Canada. Tout autre phénomène identitaire relève nécessairement du multiculturalisme.

Ainsi, les accusations de racisme n'ont-elles rien à voir avec la nature du nationalisme québécois. Elles sont plutôt motivées par la volonté de préserver l'intégrité territoriale du Canada. Ces propos « anti-nationalistes québécois », qui comprennent généralement un message pro-canadien plus ou moins explicite, se transmettent par osmose à l'extérieur du Canada. Prenez, par exemple, cette analyse préréférendaire rédigée par un Américain spécialiste des études canadiennes :

Les amis d'un Canada uni [...] se doivent d'espérer que les tragédies tribales qui se sont déroulées en Europe de l'Est, en Afrique centrale et au Moyen-Orient feront réfléchir les Québécois avant qu'ils ne votent — qu'ils [332] se méfieront des révolutionnaires armés de doléances ethniques et de drapeaux nationalistes (Sherman, 1995 :9).

De tels exemples montrent très bien à quel point le nationalisme soulève des craintes en cette fin de siècle. « Le nationalisme, c'est la guerre », disait François Mitterrand. Pourtant, on semble craindre moins des nationalismes des États déjà reconnus que des mouvements identitaires qui n'ont pas encore atteint leurs objectifs politiques. Pourquoi les premiers reçoivent-ils ainsi le bénéfice du doute ? Est-ce en raison de leur nature intrinsèquement « libérale » ? Pourquoi les mouvements de libération des nouvelles nations dérangent-ils l'ordre établi ? Leur nationalisme mène-t-il vraiment à la violence et à la répression, ou n'est-ce pas plutôt parce qu'ils menacent l'intégrité des États existants ?

Le lien entre le nationalisme ethnique et les mouvements nationalistes est aussi simpliste que celui qu'on fait entre le nationalisme libéral et les pays déjà souverains. Poser ainsi le problème, c'est faire fi de nombreux contre-exemples. D'une part, parce que tous les mouvements sécessionnistes ne sont pas composés de « révolutionnaires armés de doléances ethniques et de drapeaux nationalistes ». D'autre part, parce les pays établis, libéraux, démocrates et pacifiques comme le Canada, ne sont pas exempts d'accrocs aux libertés civiles. On n'a qu'à penser à l'invocation de la Loi des mesures de guerre en 1970. En fait, il n'existe pas de définition universelle du nationalisme. Le nationalisme est un phénomène historique qui se déploie de différentes façons dans le temps et l'espace.

Un nationalisme en vaut-il un autre ?

Le nationalisme est un phénomène historique. Chaque cas est particulier. Il n'est pas possible d'en donner une définition unique. Les catégories sont des concepts, des vues de l'esprit qui nous aident à appréhender la réalité. Mais pour bâtir des catégories signifiantes, sans fausser la réalité des éléments qui en font partie, il faut faire un usage rigoureux de la méthode comparative. Faire des comparaisons uniquement dans le but de rassembler des cas semblables, c'est risquer de tomber dans le piège de l'amalgame. Pour éviter les généralisations hâtives et les définitions du nationalisme qui gomment des pans entiers de la réalité historique, il convient de porter une attention égale aux différences et aux similitudes.

[333]

Par exemple, Pierre Elliott Trudeau, ancien premier ministre du Canada, voyait une contradiction entre le nationalisme et le libéralisme. La motivation avouée de sa carrière politique était sa lutte contre le nationalisme, qu'il considérait comme un sentiment nécessairement étroit et exclusif, comme un obstacle au progrès de l'humanité : « L'histoire de la civilisation, écrivait-il en 1962, c'est l'histoire de la subordination du "nationalisme" tribal à des appartenances plus larges » (Trudeau, 1967a : 165).

Aujourd'hui pourtant, de nombreux penseurs avancent que cette contradiction n'est qu'apparente. Dans Liberal Nationalism, Yael Tamir écrit que, « contrairement à la croyance populaire, les communautés nationales peuvent, sous certains angles, être plus ouvertes et pluralistes que des communautés dans lesquelles le lien social est fondé sur un ensemble de valeurs communes » (1993 : 90). Par ailleurs, le philosophe québécois Charles Taylor ajoute :

Une société ayant de grands objectifs collectifs peut être libérale, à cet égard, à condition de respecter la diversité, en particulier en ce qui a trait aux personnes qui ne partagent pas ses objectifs, à condition d'offrir une protection adéquate des droits fondamentaux (Taylor, 1992 : 206 [4]).

Si le nationalisme est compatible avec le libéralisme, il l'est également avec l'universalisme, une autre valeur chère à Trudeau. De passage à Montréal, le secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali (1992), n'a-t-il pas déclaré qu'« un monde en ordre est un monde de nations indépendantes, ouvertes les unes aux autres dans le respect de leurs différences et de leurs similitudes » ?

Par conséquent, il est faux de croire que tous les nationalismes sont semblables. On doit donc faire montre de prudence et de mesure pour comprendre chaque manifestation du phénomène. Il est également faux de penser que tous les nationalismes se situent à droite ou qu'ils mènent à l'exclusion ou à une forme de totalitarisme. Ce serait comme avancer que tout libéralisme mène à l'atomisation de la société ou à l'anarchie.

Pour en revenir au cas qui nous intéresse, ce n'est pas contre le concept de nationalisme que Trudeau en avait réellement, mais contre le nationalisme québécois, celui-ci pouvant mener à la sécession du Québec. « Un des moyens de contrebalancer l'attrait du séparatisme, écrivait-il en 1964, c'est d'employer un temps, une énergie et des  [334] sommes énormes au service du nationalisme fédéral » (1967b : 204.) Bref, la propagande contre le nationalisme québécois ne se fait pas tant au nom des droits et libertés qu'au service d'un nationalisme canadien.

Les études comparatives sont un terrain fertile pour notre connaissance des nationalismes. Pour peu qu'on en fasse un bon usage, qu'on tienne compte des variations géographiques et temporelles, la comparaison permet d'en apprendre beaucoup sur différents phénomènes historiques.

Dans une conférence qu'elle a prononcée à Mexico en 1995, Lise Bissonnette a présenté une typologie des nationalismes dans le monde contemporain. À un extrême, elle a placé le « nationalisme tribal », une forme de nationalisme ethnique qui existe toujours dans certaines régions d'Afrique. Le « nationalisme de reconquête », lui, se fonde sur les identités traditionnelles — c'est-à-dire sur l'ethnie — et a deux visages. L'un est agressif, parce qu'il vise la conquête d'autres peuples et d'autres territoires. L'autre est défensif, parce qu'il résiste à de telles attaques. L'ex-Yougoslavie en serait un bon exemple, selon Lise Bissonnette. Et puis, il y a le « modèle de l'Europe de l'Ouest », une forme de nationalisme qui s'exprime aujourd'hui par les hésitations de quelques pays à intégrer rapidement l'Union européenne, ou encore par les hésitations du Canada anglais face au libre-échange avec les États-Unis. Enfin, Lise Bissonnette conclut, au sujet du Québec :

Il ne fait aucun doute, à mon avis, que son nationalisme est devenu un « patriotisme » semblable à celui qu'on retrouve chez les nations d'Europe de l'Ouest, et que son désir de souveraineté est le même que celui du Canada qui veut préserver la sienne devant la puissance américaine (Bissonnette, 1995 : 3).

Il est à noter qu'ici la défense de l'identité canadienne est associée au nationalisme canadien et que le nationalisme québécois est en convergence avec celui des nations occidentales, y compris le Canada. Tous ne sont pas d'accord avec cette classification. Par exemple, le journaliste anglais Michael Ignatieff visait notamment le nationalisme québécois lorsqu'il écrivait qu'il y a « de nombreux exemples — l'Irlande du Nord, l'Inde et le Canada — où éclôt le nationalisme ethnique au sein d'États formellement engagés en faveur de la démocratie civique » (1993 : 5).

Toutefois, bien qu'elles soient utiles pour comprendre les mouvements nationalistes, de telles généralisations ne rendent pas compte des fondements propres à chacun. Pour comprendre la source d'un mouvement nationaliste, il faut une excellente connaissance de l'histoire [335] d'une région ou d'un peuple, car il y a plusieurs facteurs en cause : les classes sociales, le contexte international, les individus, les origines de la population, etc. Dans l'ouvrage où il compare le Québec à la Catalogne et à l'Ecosse, le politologue Michael Keating écrit que chaque mouvement nationaliste est enraciné dans une expérience historique distincte et doit adapter ses stratégies en fonction de la réalité contemporaine (1996 : 217).

Les nombreuses comparaisons qui ont été faites entre différents pays nous montrent bien que toute tentative de trouver une définition universelle du nationalisme est futile. Mais ce n'est pas tout. Le nationalisme étant un phénomène historique, il évolue également dans le temps. Parce que, comme l'écrivait Boyd Shafer « le nationalisme est ce que les nationalistes l'ont fait) » (1964 :13), un nationalisme peut changer de forme selon les générations et les époques sur un territoire donné. Ainsi, comme l'expliquent trois éminents historiens canadiens, « le nationalisme est une force au Québec, au moins depuis le début du dix-neuvième siècle. Bien qu'il ait changé dans le temps, ce n'est pas un phénomène apparu dans les années soixante. » (Francis et al 1996 :406.) Ces auteurs d'un récent manuel d'histoire du Canada réclament des études sur le nationalisme québécois dans une perspective historique.

L'ÉVOLUTION
DU NATIONALISME QUÉBÉCOIS


L'identité nationale québécoise est née avant la Conquête. En Nouvelle-France, les Canadiens se sentaient différents des métropolitains français. C'est alors qu'a commencé la longue quête de l'égalité nationale (voir Rocher et Sarra-Bournet, 1995). Le changement de métropole n'a fait qu'ajouter une dimension à cette conscience de la différence. En fait, l'époque de l'appartenance à l'Empire britannique nous en dit autant sur le comportement des Anglais au moment des rébellions de 1836-1837 que sur celui des Canadiens. Si la revendication de l'indépendance politique n'a existé qu'au Bas-Canada, c'est parce que les patriotes du Haut-Canada ne désiraient pas rompre le lien impérial avec leur mère-patrie. Pour la même raison, les marchands britanniques de Montréal préféraient encore vivre dans un régime non démocratique que de faire partie d'une république dominée par une majorité d'origine française.

N'ayant pu trouver d'expression politique, le nationalisme canadien s'est muté en nationalisme canadien-français, un nationalisme de [336] survivance culturelle dont on a longtemps dit qu'il était de nature raciste et antisémite. C'est sans compter qu'à la même époque le Canada anglais vivait à l'heure de l’anglo-conformity, un nationalisme impérialiste, nativiste et assimilateur, qui n'a vraiment cessé qu'après la Deuxième Guerre mondiale, soit quelques années à peine avant la Révolution tranquille québécoise.

Les années 1960 on vu se ressouder le mariage du nationalisme et du libéralisme au Québec. L'arrivée au pouvoir du Parti libéral de Jean Lesage a inauguré une période de transition entre le nationalisme canadien-français et le nationalisme québécois, entre les pôles « ethnique » et « territorial » :

Il faut que notre nationalisme fasse remarquer que si la crise de la Confédération est ethnique au point de vue culture, elle est territoriale au point de vue économique. J'emploie ici l'adjectif « territoriale » avec l'intention bien manifeste de prouver aux anglophones que nous avons partie liée (cité dans Arsenault, 1983 : 128-129).

Pour Daniel Johnson père, les objectifs « égalité ou indépendance » visaient aussi à faire du Québec le « foyer principal » des Canadiens français [5]. Si cette idée n'a plus cours aujourd'hui [6], c'est que la Révolution tranquille a progressivement sorti le nationalisme québécois du piège ethnique.

Pensées en fonction de la promotion des Canadiens français, les politiques économiques des années 1960 ont modifié les frontières de la nation en mettant l'accent sur l'État québécois. Certes, la mise sur pied des grandes institutions étatiques avait initialement pour but de favoriser la mobilité sociale des Canadiens français du Québec, mais au fur et à mesure que ce rattrapage fut complété, les institutions et les politiques nationalistes du gouvernement du Québec ont profité à tous les Québécois. Le même phénomène s'est produit du côté de la langue. La promotion de l'usage du français a certes aidé les francophones à se libérer de la discrimination au sein même du Québec. Mais, par la même occasion, elle a incité beaucoup de non-francophones à apprendre la langue de la majorité, si bien qu'elle est en voie de devenir la langue commune, et non plus la langue des Canadiens français. Cette évolution est aussi due aux effets des dispositions de la Charte de la langue française en matière d'éducation qui, en favorisant l'intégration en [337] français des enfants d'immigrants à la société québécoise, ont entraîné le métissage de la majorité. Aujourd'hui, lorsqu'on désigne les Québécois francophones, on ne parle plus des Canadiens français du Québec. Par conséquent, le discours du mouvement nationaliste et en particulier le projet national des souverainistes québécois ont dû tenir compte du pluralisme culturel de ce qu'il était maintenant convenu d'appeler la nation québécoise et tenter d'élargir la base de son appui (voir Sarra-Bournet, 1994).

Identité nationale et projet national

C'est ici qu'intervient une distinction importante, celle qui existe entre le nationalisme en tant qu'identité collective et le nationalisme comme projet politique. Le nationalisme est donc un phénomène complexe. Il est composé à la fois de l'identité nationale (le sentiment de loyauté qui lie l'individu à un groupe et/ou un territoire) et du projet national (une définition des frontières de la nation et des moyens de la défendre à laquelle se greffe une idéologie sociale et/ou politique).

Le problème actuel du nationalisme québécois, c'est que ceux et celles qui s'identifient à la nation « québécoise » sont encore dans une grande proportion des francophones bien que le projet national inclut maintenant l'ensemble de la population du Québec. Cette tension entre l'identité nationale et le projet national est exploitée par les nationalistes canadiens contre les nationalistes québécois. Étant donné que ces derniers sont majoritairement francophones, les adversaires du nationalisme québécois en concluent que le projet national exclut les non-francophones, voire les non-Canadiens français.

Parfois même, ce sont des nationalistes québécois fédéralistes qui utilisent cet argument contre des nationalistes québécois souverainistes [7]. Cela est étonnant à première vue puisque leurs projets nationaux sont essentiellement les mêmes : ils désirent construire une nation québécoise. Les uns ambitionnent de le faire à l'intérieur du Canada, avec la reconnaissance du caractère national du Québec et l'acceptation du fait que le français en est la langue officielle, alors que les autres visent le même objectif à l'extérieur de la fédération, par la souveraineté politique assortie d'un partenariat économique avec le reste [338] du Canada. On sent là un certain opportunisme électoral : en plus des nationalistes québécois fédéralistes, le Parti libéral du Québec veut séduire une clientèle électorale qui s'identifie davantage au projet national canadien. Daniel Johnson ne s'est-il pas écrié, dans la pure tradition du multiculturalisme canadien, « Nous sommes tous immigrants au Canada », durant la dernière campagne référendaire ? (Richer, 1995)

De telles stratégies électorales entretiennent la confusion sur la nature du nationalisme québécois. Mais les libéraux ne sont pas les seuls en cause, bien au contraire. En 1993, alors qu'il n'était pas encore premier ministre, le chef péquiste Jacques Parizeau s'était adressé à ses militants en ces termes : « Il faut être conscient que les Québécois peuvent atteindre l'objectif qu'ils se sont fixé, même si c'est presque exclusivement les Québécois de souche qui votent pour. Il faut tirer cette conclusion, car cela a des conséquences considérables pour notre action politique » (Venne, 1993). La consigne était claire : il ne fallait pas perdre trop de temps avec les non-francophones et « faire sortir » le vote francophone lors d'un référendum. Tout s'est passé comme si les souverainistes avaient abandonné les non-francophones aux fédéralistes, leur laissant tout l'espace politique nécessaire pour noircir la réputation du mouvement souverainiste aux yeux de ces derniers.

Même si la machine électorale fédéraliste a elle aussi contribué au clivage politique entre francophones et non-francophones pour influencer le vote de ces derniers, il reste que l'aveu public d'une telle stratégie sorti de la bouche d'un chef souverainiste a eu un effet symbolique important. Parce qu'on ne comptait plus sur leur appui, beaucoup de non-francophones se sont sentis exclus de la version souverainiste du projet national québécois.

Mais les stratégies des partis politiques ne sont pas les seules en cause. Lorsque les Congrès juif, hellénique et italo-canadien du Québec se sont rangés dans le camp du NON au référendum, ils ont fait appel au sentiment ethnique de leurs membres contre le projet souverainiste. Ainsi, tant ces trois groupes que Jacques Parizeau et les machines électorales sont tous responsables des « votes ethniques » que ce dernier a tenu partiellement responsables de la défaite du camp du OUI en 1995 [8].

[339]

En réalité, si les souverainistes avaient travaillé davantage et plus efficacement avec la clientèle électorale non francophone depuis 1980, non seulement leur projet ne souffrirait pas d'un problème de légitimité chez les non-francophones (les projets de « partition », c'est-à-dire de démembrement d'un Québec souverain selon des lignes ethniques, en sont le signe le plus évident), mais le OUI aurait peut-être recueilli en 1995 les 50 000 votes qui lui ont manqué pour dépasser le seuil minimum des 50% + 1 requis !

Mais il y a pire encore. Prenant acte de la polarisation référendaire, Jacques Parizeau a ajouté, le soir du 30 octobre : « N'oubliez jamais, les trois cinquièmes de ce que nous sommes ont voté OUI » (1995 :1). Ce sont ces paroles, plus que la simple constatation de « votes ethniques », qui auraient dû faire la manchette des journaux. La lecture de Jacques Parizeau du résultat référendaire pointe vers une redéfinition du « nous » en quelque chose de plus exclusif : « On va cesser de parler des francophones du Québec voulez-vous ? On va parler de nous. On a voté pour. On s'est bien battus, et nous, on a quand même réussi à indiquer ce qu'on voulait » (Parizeau, 1995). Dès le lendemain, les critiques qu'il a essuyées de la part des ténors du mouvement souverainiste indiquent que sa réaction n'était qu'un des derniers sursauts du nationalisme de décolonisation qui avait cours dans les années 1960, au moment où il s'est engagé dans le mouvement souverainiste. Le premier ministre, qui avait déjà en tête de démissionner si le NON l'emportait, annonça illico sa décision.

Les tactiques électorales ne peuvent toutefois pas, à elles seules, expliquer pourquoi l'appui au projet national québécois, tant dans sa version fédéraliste que souverainiste, est concentré chez les francophones, qu'ils soient d'origine canadienne-française ou autre. Le déplacement de l'identité nationale canadienne vers une identité nationale québécoise qu'on a observé au cours des vingt dernières années a surtout été le fait des francophones (Pinard, 1992). Que dire des immigrants qui s'identifient davantage au Canada qu'au Québec ? Puisque c'est l'État canadien qui leur a procuré la citoyenneté et les droits qui s'y rattachent et que, dans leur pays d'origine, on ne connaît le Québec que comme une subdivision territoriale de ce pays à majorité anglophone qu'est le Canada, ils ont tendance à s'identifier à l'ensemble canadien et au projet national qui y correspond. C'est le Canada qui est le territoire de référence pour la plupart des immigrants et des allophones. Ils ne voient pas d'avantage évident à faire partie d'une minorité au sein du Québec, souverain ou pas, alors qu'ils sont forts satisfaits de leur condition de minoritaires au sein du Canada. Quant aux anglophones, ils [340] ne sont pas attirés par le projet national québécois tout simplement parce qu'ils ne veulent pas troquer leur position de majorité au sein de la nation canadienne pour un statut de minorité dans une « société distincte » ou un Québec souverain. En d'autres termes, la grande majorité des non-francophones du Québec ne voient aucun avantage à adhérer au projet national québécois [9].

La compréhension de l'histoire est un autre facteur de différenciation. La mémoire collective des Québécois francophones, telle qu'elle est entretenue par le discours de leurs élites politique, artistique et intellectuelle, renforce l'identification au territoire québécois (Griffin, 1995). Comme l'affirme le cinéaste et écrivain Jacques Godbout, « l'histoire est la dimension imaginaire d'un peuple. L'histoire n'est pas une science exacte. C'est un récit nécessaire pour donner du sens à ce qui arrive à une société » (cité par Devienne, 1996). L'histoire enseignée dans les écoles québécoises — cela est décrié par les nationalistes canadiens (voir Monique Nemni, 1994 et Khouri, 1995) — serait un important creuset de la nouvelle identité nationale. En retour, le renforcement de l'identité québécoise favorise l'appui au projet national québécois.

À leur arrivée au Québec, les immigrants font face à deux visions antagonistes de l'histoire : celle des nationalistes canadiens (qui domine dans les écoles anglaises) et celle des nationalistes québécois (qui est véhiculée dans les écoles françaises). Ils se retrouvent dans la position inconfortable « de choisir entre deux mémoires » qu'ils ne reconnaissent pas (Fall et Simeoni, 1995). Il s'ensuit que l'intégration en français des immigrants à la société francophone est très importante.

En ce sens, il est erroné de définir le clivage du vote référendaire comme « ethnique ». Il est davantage linguistique. Après leur intégration à la communauté francophone, les immigrants et leurs descendants tendent à s'identifier au Québec et à être « positivement prédisposés à l'endroit de la souveraineté » (Serré, 1996 : 24. Voir aussi Paillé, 1996). Aussi, l'objectif de faire du français la langue commune de tous les Québécois (dans leurs activités publiques et commerciales) n'est pas un réflexe de protection des « Québécois de souche », comme le prétendent les nationalistes canadiens. Le projet national québécois actuel n'est plus fondé sur ce réflexe ethnique de protection de la langue des Canadiens français. La lutte pour le français au Québec vise à renforcer l'identité nationale québécoise dans tous les segments de la population du Québec. Toute tentative de reléguer l'usage du français aux seuls [341] Canadiens français — l'intention originale de la politique fédérale des langues officielle étant que chaque citoyen puisse recevoir les services gouvernementaux dans sa langue — ethnicise à nouveau la question nationale.

L'idée de faire du Québec un État français vise donc l'adhésion du plus grand nombre de Québécois de toutes origines au projet national québécois contemporain. Cela vaut autant pour les souverainistes que les fédéralistes. La langue, qui véhicule une culture et une histoire, devient un instrument d'unification nationale. Elle est dorénavant liée au territoire plutôt qu'à l'origine ethnique [10].

Bien que la polarisation linguistique qui existe au chapitre de l'identité nationale se répercute sur le vote aux élections et aux référendums, le projet national québécois contemporain demeure territorial et inclusif, non pas ethnique et exclusif.

Lorsque Lucien Bouchard (1995 et 1996) a proposé d'associer davantage les non-francophones à l'avenir du Québec — sinon à la démarche souverainiste —, il a fait le pari qu'un nationalisme encore plus inclusif saurait rallier le consentement et même l'appui de Québécois de toutes origines au projet souverainiste.

L'AVENIR DU NATIONALISME
AU QUÉBEC


Dans les démocraties stables, le nationalisme est synonyme de patriotisme, c'est-à-dire de sentiment de loyauté et d'attachement des citoyens à l'entité politique dans laquelle ils exercent leurs droits individuels et collectifs. Quel est l'avenir du nationalisme au Québec ? Quelles projections peut-on faire à partir des derniers événements politiques et à la lumière de l'histoire ? À mon avis, l'absence d'une résolution rapide de la question nationale est essentielle à la poursuite du nationalisme libéral au Québec.

La reconnaissance du Québec comme une entité politique distincte du reste du Canada ou comme une nation au sein d'un Canada multinational, accompagnée d'une dévolution du pouvoir central au gouvernement national du Québec, aurait pu permettre d'atteindre cet objectif. Cela a été tenté en vain de différentes façons depuis les [342] années 1960 et demeure l'objectif de ce qui reste de nationalistes fédéralistes.

Il ne reste désormais qu'une solution : la transition démocratique et pacifique vers un nouveau partenariat politique et économique entre un Québec souverain et un Canada anglais souverain, selon le modèle évoqué en juin 1995 par les trois partis souverainistes du Québec : le Bloc Québécois, l'Action démocratique du Québec et le Parti québécois.

*
*     *

Les frontières de la nation ont changé à plusieurs reprises au cours de l'histoire du Québec. Pouvons-nous être absolument certains que nous sommes sur le point d'assister au triomphe du projet national libéral contemporain ? Pas nécessairement. La non-résolution de la question nationale au Québec comporte le danger d'un retour au nationalisme ethnique. Comme le disait Guy Rocher : « Peut-être que ce qui est dangereux, en ce moment, c'est qu'on retourne au nationalisme canadien-français à l'intérieur du Québec » (Keable, 1996 :16).

Si le statu quo constitutionnel — c'est-à-dire que le Québec conserve son statut et ses pouvoirs actuels — perdure, formellement ou à défaut d'une entente, il est possible que les Québécois se tournent vers une définition de la nation qui ne coïncidera plus avec le territoire du Québec mais, au mieux, avec le groupe francophone. Contraints de choisir entre un nationalisme territorial pancanadien et un nationalisme « franco-québécois », digne héritier du nationalisme canadien-français, les francophones pourraient préférer ce dernier : malgré toutes les formes de propagande fédérale, la plupart refusent de se désigner comme « Canadiens d'abord ».

C'est lorsqu'il n'a pu trouver d'expression politique que le nationalisme s'est réfugié dans ses bastions culturel et linguistique. Il s'ensuit que, si le projet national québécois subissait une défaite politique humiliante et sans appel, comme celui des Patriotes en 1837-1838, l'identité québécoise qui prévaut actuellement chez les francophones pourrait trouver un nouveau souffle dans son expression culturelle. L'histoire nous enseigne aussi que c'est dans de telles circonstances que le nationalisme est devenu exclusif et intolérant.

On ne peut non plus exclure la possibilité, à l'aube du XXe siècle, dans un monde d'économies ouvertes, à la population de plus en plus mobile, que ce petit peuple original et dynamique disparaisse, que ses  [343] membres choisissent individuellement de mettre fin à cette « prétention à la nationalité », comme l'écrivait Durham en 1839.

Le meilleur moyen d'éviter ces écueils est, d'abord, de faire en sorte que tous les Québécois se sentent membres à part entière de la société québécoise. Ensuite, de les convaincre qu'ils doivent prendre leur destinée en mains. Ce n'est qu'à cette condition que se réaliseront les promesses du nationalisme québécois contemporain.

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AUTEUR :

Michel SARRA-BOURNET a complété un doctorat en histoire à l'Université d'Ottawa. Il est présentement chargé de cours à l'Université du Québec à Montréal.



[1] Ce texte est inspiré des conférences suivantes : « The Changing Boundaries of the Nation in Quebec History », colloque « Boundaries » du Centre d'études canadiennes, Université d'Edimbourg, le 5 mai 1996, et « Nationalisme et projet national au Québec », colloque « La démocratie — fin de siècle » de la Société québécoise de science politique, Université McGill, le 15 mai 1996.

[2] Traduction libre.

[3] Ici, le terme « nationaliste canadien » fait référence aux partisans actuels d'un Canada politiquement uniforme et centralisé. Il ne correspond pas à la notion de « Canadien anglais », qu'il soit pris dans le sens de Canadien de langue anglaise ou de Canadien vivant à l'extérieur du Québec, car il y a de nombreux nationalistes canadiens chez les francophones du Québec. Par ailleurs, l'expression « nationalistes québécois » ne renvoie pas, dans ce texte, qu'aux souverainistes, mais aussi à ceux et celles qui voudraient qu'on reconnaisse le Québec comme une nation au sein ou à l'extérieur de la fédération canadienne. On les retrouve évidemment chez les Québécois, surtout francophones, mais leur projet national est également acceptable aux yeux de nombreux Canadiens de l'extérieur du Québec (voir Sarra-Bournet, 1995b : 155).

[4] Sur le même sujet, voir Carens, 1995 et Blais et al, 1995.

[5] À ce sujet, on lira avec profit la contribution de François Rocher au présent ouvrage.

[6] L'idée de désigner le Québec comme « foyer principal de la langue, de la culture et de la tradition juridique française en Amérique », qui a refait surface en 1997, mais au sein du Parti libéral du Canada, est très révélatrice de la conception qu'ont les nationalistes canadiens de la nature de la nation québécoise. Voir Giroux, 1996.

[7] Pour demeurer cohérent avec les remarques de la note 3, rappelons qu'on comprend mieux la question nationale lorsqu'on divise l'électorat québécois en nationalistes canadiens d'une part, et nationalistes québécois d'autre part. Parmi ces derniers, on retrouve des fédéralistes et des souverainistes.

[8] Pour mémoire, rappelons les paroles exactes du premier ministre d'alors : « C'est vrai qu'on a été battus, au fond, par quoi ? Par l'argent puis des votes ethniques, essentiellement » (1995).

[9] Là-dessus, je me trouve en accord avec Stéphane Dion (1995 : 3).

[10] Cela étant dit, j'ai déjà émis l'opinion que cette intégration par la langue demeurera difficile tant que le Québec ne contrôlera pas l'octroi de la citoyenneté, ce qui nécessite la souveraineté. Voir Sarra-Bournet, 1995a : 5.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 13 mai 2017 8:48
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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