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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

André-Louis Sanguin, Saint-Pierre et Miquelon, département français d'Amérique du Nord. (1983)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'André-Louis Sanguin, Saint-Pierre et Miquelon, département français d'Amérique du Nord. Poitiers, Editions Norois, 1983, 112 pages (épuisé). Une édition numérique réalisée par par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec. [Le 8 avril 2013, Jour de Pâques, le Professeur André-Louis Sanguin accordait aux Classiques des sciences sociales son autorisation d'y diffuser toutes ses publications, en texte intégral et en accès libre à tous.]

[9]

Introduction

« C'est la France au bord de l'Amérique », s'était écrié le général De Gaulle lors de sa visite à Saint-Pierre le 20 juillet 1967. Dernière épave du défunt empire de la Nouvelle France, morceau de la vieille Europe fixé aux rives américaines et 101e département de la République, l'archipel des îles Saint-Pierre et Miquelon jouit également de liens spécifiques avec l'Ouest français au moins pour quatre raisons centrales. D'une part, des ports comme Fécamp, Granville, Cancale, Saint-Malo, Paimpol, La Rochelle et Bordeaux ont été, jusqu'à un passé récent, des centres d'armement de chalutiers « Terre-neuvas » qui, à chaque campagne de pêche morutière, venaient relâcher à Saint-Pierre. Cette relation socio-économique a été fort bien restituée, il y a peu, par le best-seller de Jean Recher : « Le grand métier, journal d'un capitaine de pêche de Fécamp ». D'autre part, beaucoup de familles saint-pierraises et miquelonnaises sont originaires de Normandie et de Bretagne comme en témoignent les patronymes rencontrés sur place. Par ailleurs, durant la période principale de l'Ancien Régime en Amérique du Nord, Saint-Pierre et Miquelon, comme le reste de la Nouvelle France, était rattaché à l'archevêché de Rouen. Enfin, dans l'organigramme actuel de l'Education nationale, tous les établissements scolaires du jeune département sont rattachés à l'Académie de Caen.

Localisées à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Terre-Neuve et à 300 km au nord-est de la Nouvelle-Ecosse, à 4.750 km de Paris et 1.432 de New York, les îles Saint-Pierre et Miquelon forment, à l'entrée du golfe du Saint-Laurent, la dernière tête de pont française sur le continent nord-américain (fig. n° 1). Les trois îles de Miquelon, Langlade et Saint-Pierre ainsi que leurs îlots adjacents couvrent une superficie de 242 km2 peuplés de 6.200 habitants environ en 1980, dont 600 à Miquelon et 5.600 à Saint-Pierre. A hauteur du 47e parallèle Nord, soit celui de Nantes, les îles Saint-Pierre et Miquelon, qui ne bénéficient pas des effets adoucissants du Gulf Stream, subissent un climat à tonalité sub-arctique.

Ce sont les dernières miettes de ce qui fut, jusqu'en 1763, le vaste empire français d'Amérique du Nord qui incluait la Louisiane, le Canada, La Baie d'Hudson, l'Acadie, Terre-Neuve et dont la capitale était Québec. Après plus de 400 ans de statut colonial puis territorial d'outre-mer, l'avenir de l'archipel comme morceau intégral de la France et de la Communauté Européenne offre quelques spéculations intéressantes sur les implications possibles avec le Canada voisin et peut-être sur un rôle plus important que celui qu'il a [10] eu dans un passé récent. Le maintien de la présence française dans cette partie du monde est la longue histoire d'un cramponnement tenace contre toutes les vicissitudes politiques. La survivance de Saint-Pierre et Miquelon face aux guerres, à l'environnement physique très dur, aux séries d'incendies dévasteurs et aux adversités économiques est un tribut à l'énergie et à la persévérance françaises.

Figure n° 1.

Saint-Pierre et Miquelon : carte de localisation générale.



Généralement, le Français moyen perçoit mal ou pas du tout les D.O.M.-T.O.M. À l'exception de quelques vagues réminiscences scolaires concernant la grande pêche morutière, l'opinion publique ignore, semble-t-il, le plus petit département français d'outre-mer. A vrai dire, les médias d'information en Métropole consacrent très peu de nouvelles à notre établissement français en Amérique du Nord. L'exiguïté du département, son éloignement de l'Hexagone, son poids économique tout relatif apparaissent sans aucun doute comme des facteurs explicatifs.

Peu d'ouvrages de synthèse ont été écrits sur Saint-Pierre et Miquelon. Les principales contributions furent les trois éditions de l'ouvrage de vulgarisation d'Edgar Aubert de La Rue, la thèse d'histoire de Jean-Yves Ribault, l'ouvrage de science politique du Canadien Douglas Anglin et la contribution socio-anthropologique de l'Américain William Christian. Les autres publications sont éparses, fragmentaires et sectorielles. Depuis une décennie, les bases économiques et politiques de l'archipel ont subi une transformation remarquable qui rend partiellement périmées les contributions scientifiques éditées avant 1970. C'est cette actualisation des problèmes saint-pierrais et miquelonnais que le présent ouvrage cherche à mettre en relief. Qu'il nous soit permis de remercier ici les personnalités et organismes de l'archipel qui ont accédé aux enquêtes et fourni une partie du matériel de base nécessaire à la rédaction : Préfecture, Conseil général, sénateur, député, conseiller économique et social, maires des deux municipalités, historien des îles, Vicariat Apostolique, Chambre de Commerce, Syndicat d'Initiative, FR3-radiodiffusion et télévision, Police de l'Air et des Frontières, Directions [11] départementales de services, Caisse centrale de Coopération économique et Institut d'émission des D.O.M., Institut scientifique et technique des Pêches maritimes, Société Interpêche, Affaires maritimes...

Selon une approche scientifique multidisciplinaire, cette étude essaie d'être le reflet le plus fidèle possible des îles Saint-Pierre et Miquelon au seuil des vingt dernières années de ce siècle.

Les photographies sont de l'auteur. Les recherches sur le terrain ont été rendues possibles grâce à une subvention du Centre de Recherche du Moyen-Nord (Université du Québec à Chicoutimi).

N.B. — Le 1er janvier 1980, l'I.C.N.A.F. (Commission Internationale des Pêches Maritimes de l'Atlantique du Nord-Ouest), créée par la convention de 1949, a été supprimée et remplacée par la N.A.F.O. (Organisation des Pêches Maritimes de l'Atlantique du Nord-Ouest) mise en place à la suite de la Convention multilatérale d'Ottawa (octobre 1978).

[12]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 20 novembre 2014 11:13
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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