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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Bernard Saladin d’Anglure, “Les masques de Boas: Franz Boas et l'ethnographie des Inuit.” Un article publié dans la revue ÉTUDES/INUIT/STUDIES, vol. 8, no 1, 1984, pp. 165-179. Québec: Département d'anthropologie de l'Université Laval. [Autorisation formelle accordée conjointement par l’auteur et la directrice de la revue Etudes Inuit/Studies le 5 mai 2008.]

 Bernard Saladin D’Anglure * 

Les masques de Boas: Franz Boas
et l'ethnographie des Inuit
”. 

Un article publié dans la revue ÉTUDES/INUIT/STUDIES, vol. 8, no 1, 1984, pp. 165-179. Québec : Département d'anthropologie de l'Université Laval.


 

Abstract / Résumé
 
Introduction
 
Les rêves d'un géographe prussien, juif allemand
Les déboires d'un « Doktor » chez les Inuit
Les succès d'un Professeur germano-américain qui disciplina l'anthropologie
 
Références
 
Figure 1.    Le Capitaine George Comer. Buste de plâtre fait d'après la technique de moulage apprise par Comer de M. Mayer, sculpteur de l'A.M.N.H. Collection Am. Mus. of Nat. Hist. (Photo B. Saladin d'Anglure, 1984.)
 
Figure 2.    Copie d'une lettre adressée par Franz Boas au Capitaine George Comer en mai 1900 avec des instructions concernant du travail ethnographique à faire chez les Inuit du nord-ouest de la Baie d'Hudson. (Courtoisie de l'Am. Mus. of Nat. Hist., dept. of Anthropology.)
 
Figure 3.    Carte de l'Arctique central et particulièrement du nord ouest de la Baie d'Hudson où voulait se rendre Boas. Principaux groupes rencontrés par Comer.
 
Figure 4.    Lettre adressée par le Capitaine Comer à Franz Boas annonçant la disparition des Inuit de l'île Southampton, les Sadlirmiut. (Courtoisie de l'Am. Mus. of Nat. Hist. Dept. of Anthr.)
 
Figure 5.    Le masque de gauche représente PILAKAPSI (25 ans), il provient d'un moule de plâtre effectué en 1910-1911 sur l'individu vivant par George Comer. Le masque de droite a été réalisé suivant la même technique en 1901-1902 ; il représente IVALUARJUK (35 ans), frère aîné de Pilakapsi et aussi de Ava. Tous trois furent parmi les meilleurs informateurs de Comer et de Knud Rasmussen. Leur famille est originaire de Igloolik où voulait se rendre Boas mais vécut par la suite dans la région de Repulse Bay. Collection Am. Mus. of Nat. Hist. (Photo B. Saladin d'Anglure, 1984.)
 

Abstract

The Masks of Boas (F. Boas and Inuit ethnography).

 

Starting from a collection of plaster casts representing Inuit living north-west of Hudson Bay (which was made by Comer at Boas' request and was recently rediscovered in the attic of the American Museum of Natural History) the author raises questions concerning Boas' ethnography of the Inuit, particularly of those groups he could not reach while he was on Baffin Land in 1883-84. What did he intend to do in the American Arctic ? Why didn't he go back ? Why his pioneering ethnography remained incomplete ? As we celebrate the centennial of Boas' historic expedition, it appears timely to address these questions about the man who organized the anthropological discipline in the U.S.A.

 

Résumé

Les masques de Boas (F. Boas et l'ethnographie des Inuit).

 

À partir d'une collection de masques de plâtre, moulés sur des Inuit vivant au nord-ouest de la baie d'Hudson par le capitaine Comer à la demande de Franz Boas - collection récemment retrouvée dans les greniers de l'American Museum of Natural History - on s'interroge sur l'ethnographie de Boas à propos des Inuit et en particulier de ces groupes chez qui il tenta sans succès de se rendre lors de son expédition à l'île de Baffin en 1883-1884. Que venait-il faire dans l'Arctique américain ? Pourquoi ne retourna-t-il jamais chez les Inuit ? Pourquoi son ethnographie des Inuit toute pionnière qu'elle fut resta-t-elle inachevée ? Autant de questions que la célébration du centenaire de cette expédition historique permet de poser à propos de celui qui organisa la Discipline anthropologique aux États-Unis. 

______________ 

 

Introduction

 

Il est au coeur de l'American Museum of Natural History de New York, à l'aplomb de la galerie de la côte Nord-Ouest - cette voie royale des masques amérindiens conçue avec art au début du siècle par F. Boas et récemment remise à l'honneur par C. Lévi-Strauss (1975) dans son essai sur l'art des Indiens de la côte de l'océan Pacifique - un grenier presqu'inaccessible, protégé par des portes de fer et des couloirs en labyrinthes. C'est là que dorment depuis près d'un siècle quelques milliers de masques de plâtre, témoins muets des premiers pas de l'anthropologie à l'aube du XXe siècle, fruits d'un essai d'échantillonnage des peuples de la terre auquel est associé le nom de Boas [1]. 

Dans cette véritable cour des miracles gisent pêle-mêle, pieds, faces, bustes, seins de femmes, en plâtre de Paris, provenant de moulages d'humains vivants, et aussi quelques cerveaux humains, quelques cadavres de bébés et des ossements, répliques figées de morts anonymes, tous rapportés des quatre coins du monde après une collecte systématique qui s'échelonna sur plus de vingt années et privilégia les autochtones nord-américains, Indiens et Inuit. Ils attendent depuis ce temps qu'un anthropologue compatissant les sorte de la poussière. 

Nous y avons retrouvé avec émotion les parents et grands-parents des habitants actuels de villages inuit du nord-ouest de la baie d'Hudson, chez qui nous poursuivons depuis vingt ans une ethnographie systématique, fidèle dans ses grandes lignes à celle que préconisait F. Boas, villages où il tenta sans succès de se rendre il y a aujourd'hui cent ans [2]. 

Figure 1.

Le Capitaine George Comer. Buste de plâtre fait d'après la technique de moulage apprise par Comer de M. Mayer, sculpteur de l'A.M.N.H. Collection Am. Mus. of Nat. Hist. (Photo B. Saladin d'Anglure, 1984.)
 


 

Les rêves d'un géographe prussien,
juif allemand

 

C'était en 1883, Franz Boas, récemment libéré de ses obligations militaires dans l'armée prussienne et fraîchement émoulu de l'université de Kiel, son titre de Docteur en physique en poche, entrait dans le Cumberland Sound, à bord du Germania, avec l'intention d'établir sa base principale dans la station de recherche allemande érigée l'année précédente pour l'année polaire internationale ; de là il tenterait de rejoindre, en traîneau à chiens, le nord-ouest de la baie d'Hudson où vivaient des Inuit visités par Parry et Lyon en 1821-23, par F. Hall en 1867-1868 et sur lesquels ils avaient publié de fascinantes données [3]. 

Le Germania, d'où il débarqua avec son serviteur allemand Wilhelm Weike et les bagages de son expédition, devait rapatrier les savants allemands de la station. 

Cette expédition, la première du jeune Boas, allait par ses succès et par ses échecs marquer profondément non seulement la vie personnelle et scientifique de Boas mais aussi les développements ultérieurs de l'anthropologie nord-américaine. Elle était le résultat d'un concours de circonstances et d'influences, à commencer par les rêves d'adolescent qu'avaient suscité les premières expéditions arctiques allemandes ; le Germania n'était-il pas ce même navire qui, quatorze ans auparavant, avait ramené saine et sauve l'expédition polaire allemande de 1869-70, sous la direction de Koldewey, après un héroïque séjour au nord-est du Groenland, au cours duquel le Hansa, autre navire de l'expédition, avait dramatiquement disparu, disloqué par les glaces ? - influence aussi de son éducation prussienne valorisant le sens du devoir, la force de caractère et le courage physique ; elle l'avait entraîné jusqu'aux Mensur (duels d'honneur à l'épée, pratiqués par les étudiants de la Burschenschaft) dont son visage portait encore les cicatrices [4] ; la jeunesse de Boas dans sa Westphalie natale, alors partie occidentale de la Prusse, avait coïncidé avec la montée progressive de l'impérialisme prussien en Allemagne qui, balayant successivement la résistance de l'Autriche (1866) et celle de la France (1870), avait abouti, avec le traité de Versailles (1871), à la proclamation du deuxième Reich et du Roi de Prusse comme Empereur d'Allemagne. 

Forte de son développement industriel qui faisait l'envie de ses voisins la Prusse, en véritable émule des États-Unis, commençait à menacer la suprématie britannique. Le triomphe de la machine à vapeur offrait des perspectives nouvelles à son industrie comme à ses transports terrestres et maritimes. 

Deux concepts exprimaient bien ces aspirations de la Prusse, « Weltpolitik » (politique mondiale) et « Weltwirtschaft »(économie mondiale) auxquelles Bismarck attacha son nom. Les mers arctiques y avaient leur place en tant que voies d'accès possibles (les plus courtes sur le papier) à l'Extrême-Orient. Si Nordenskjold avait en 1879 ouvert pour la première fois le passage du nord-est, en partant de l'Atlantique, le commandant De Long avec la « jeannette » avait eu moins de chance, dans le sens inverse : son voyage s'était terminé par un désastre, le naufrage du navire et la disparition de la majeure partie de l'équipage (1881). 

Le passage nord-ouest, lui, n'avait pas encore été ouvert mais sa recherche était déjà grevée d'un lourd tribut en vies humaines.

Figure 2. Copie d'une lettre adressée par Franz Boas au Capitaine George Comer en mai 1900 avec des instructions concernant du travail ethnographique à faire chez les Inuit du nord-ouest de la Baie d'Hudson. (Courtoisie de l'Am. Mus. of Nat. Hist., dept. of Anthropology.)  

 

AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY,
Central Park, (77th St. & Central Park, West.)

 

DEPARTMENT or ANTHROPOLOGY.

NEW YORK,

Capt. George Comer,

East Haddam, Conn.

May 9, 1900

My dear Captain

 

 

I am very glad to say that Mr. Jesup has consented to appropriate the sum of $550 for further collections from hudson Bay. If you care, therefore, to make additional collections, particularly on Southampton Island, and if you should have a chance to do so at Igloolik, I should be very glad to purchase the same on your return. You know, of course, what you bought this last year ; but in order to make sure, I will send you a copy of our catalogue. Anything that you may find among the Kinipetoo and Ivilik, and that is not contained in your previous collection, will be very desirable, but I cannot very well give you any list, because I think you covered all points that I know any thing about. I should like to call your particular attention, however, to games of children and adults, and to ask you to make sure to get a complete series of these. Following is a list of things that I should like to have. 

Southampton Island. Your collection from Southampton Island is very fragmentary, and every thing that you can add to it will be very welcome, particularly also some more of their stone and whalebone implements, and, what is more important, their clothing. Do not consider that any thing of that kind is too dirty to bring along. We can clean it there. If you have the time and opportunity, I would ask you to follow, among the Southampton Island natives, the sa method of collecting as you did among your people on the west coast of Hudson Bay, so that you will get a complete collection from these people. If you should have any visitors from Netchilik, please try to get their clothing too, and any thing that they may have from their own country. I do wish you would visit the Igloolik and get a lot of stuff there. If you should happen to go that way, you might also have a chance of seeing some of the Pond's Bay people and get material from them. 

If you have an opportunity to send any of the material back this year, I should be glad if you do so. It would make it easier for me to prepare for publication the notes that you gave me last year. Please do not forget that I should like to have a few more sets of leggings with the feet on, of women from the west coast of Hudson Bay, and also the shoes belonging to them. 

In the course of this winter I received from Jimmy Hutch a great many notes from Cumberland Sound, which I am certain will be of interest to you. I intend to have all this material copied out, and since I cannot print it before your departure, I want to give you a copy of the same to take along. I hope it will help you to get a good many more traditions and a good deal more information in regard to the customs and beliefs of the people. I am also sending you a little paper on the Smith Sound eskimo, which I think will interest you, and which may be of some help to you. 

Hoping that you will be inclined to obtain these objects for me, I am 

Yours very sincerely 

(Signed F. Boas) 

P.S. If you have time now, I should like to send Mr. Mayer, our sculptor, to East Haddam to give you some more instruction in the taking of plaster casts. 

 

Le passage par le pôle nord enfin, que la résurgence du vieux mythe d'une mer libre au pôle (en raison du long ensoleillement estival) attribué à Plancius au XVIle siècle rendait plausible, avait été recherché à l'est du Groenland par les deux expéditions polaires de Koldewey (1868-1869-1870) puis à l'ouest par des expéditions américaines dirigées, la première, par F. Hall (mort empoisonné en 1871), la seconde par Greely (partie en 1881) dont on était sans nouvelles au moment où Boas atteignit l'Île de Baffin. En fait, son navire avait fait naufrage et l'équipage s'apprêtait à passer l'hiver dans une atmosphère de haine, de mort et de cannibalisme. On ne retrouva, en juin 1884, que six survivants complètement décharnés et proches de l'inanition. 

C'était aussi l'époque de la constitution des grands empires arctiques et de l'extension antagoniste des empires coloniaux, en Afrique, en Asie et dans le Pacifique, le long des grandes routes conduisant à l'Orient. 

Cette « Weltpolitik » comportait des dimensions non seulement politiques et économiques mais aussi culturelles et scientifiques qui ne furent pas sans rapports avec l'expédition de Boas. L'essor de la géographie moderne allemande sous l'impulsion d'Alexandre Von Humboldt, de Karl Ritter, de Heinrich Barth, d'August Petermann - l'instigateur des expéditions allemandes au nord du Groenland - ou de Friedrich Ratzel dont l'anthropogéographie venait de paraître (1882) influença pour une grande part l'orientation de son programme scientifique en raison de l'aide directe et des conseils qu'il reçut de plusieurs d'entre eux, n'avait-il pas en outre l'appui moral et matériel de la commission allemande de l'année polaire internationale ? Paradoxalement la géographie, science de la terre, était la science qui fournissait aux Allemands le cadre le plus propice pour réaliser la synthèse de leurs aspirations politiques et de leurs nouvelles capacités scientifiques alors qu'ils étaient toujours à la recherche d'un rapport équilibré entre leur culture et leur territoire. 

On peut difficilement parler des progrès de la géographie en Allemagne sans mentionner ceux de la linguistique et de la biologie, car les mêmes hommes furent bien souvent à l'origine de leurs développements. On les appelait encore au début du XIXe siècle des Naturalistes ou des Voyageurs, on les appellera plus tard des anthropologues. Le cas des frères Humboldt en est un bon exemple, celui de Darwin aussi dont la théorie de l'évolution des espèces, reposant sur l'idée de « lutte pour la vie » et de « survie des plus aptes », exerça une grande influence sur la pensée scientifique allemande ; elle fut utilisée en biologie, mais aussi en linguistique par des pionniers comme August Schleicher qui, sur la base des- travaux de Franz Bopp, développa une philologie comparative et une linguistique générale teintée de darwinisme. 

Les nouvelles classifications des langues du monde faisaient ressortir parmi les grandes branches, une branche aryenne ou indo-européenne et une branche sémitique. 

Or un concept original de nation prévalait alors en Allemagne, véhiculé par les partisans de la grande Allemagne ; il avait été d'abord défini par Fichte à partir du critère de la langue (alors que les autres nations d'Europe occidentale se définissaient surtout à partir d'un territoire et d'un consensus) [5]. L'usage que l'on fit de ce concept après les nouvelles orientations de la biologie et de la linguistique entraîna une dangereuse confusion entre langue, culture et race. La « nation allemande » devenait la « race aryenne » et comme le territoire était un référent secondaire on construisit un concept complémentaire, celui de « Deutschtum im Ausland » (germanité à l'étranger) pour désigner les importantes minorités allemandes du Brésil et des États-Unis considérées comme des « colonies spontanées ». 

Boas, au cours de ses études universitaires avait été confronté avec ces nouveaux courants, non seulement à travers plusieurs des cours qu'il suivit, mais aussi à travers leur utilisation et leur déformation, à des fins idéologiques et politiques, à savoir l'antisémitisme raciste. 

Quand survint en effet la grave crise économique de 1873 (elle dura avec des hauts et des bas jusqu'en 1896) qui frappa de plein fouet l'économie allemande en grande expansion, on chercha des coupables et très vite les juifs, ces « corps étrangers » dans l'Empire - selon la nouvelle idéologie et en dépit de la normalisation de leur statut survenue au milieu du XIXe siècle - furent désignés à la vindicte populaire. Le terme « anti-sémitisme » verra le jour dans ce contexte, sous la plume d'un publiciste de Hambourg, Wilhelm Marr, avec une acception raciste [6]. La « finance juive » et tous les juifs allemands devinrent suspects pour les mouvements nationalistes ; Boas qui pourtant appartenait avec sa famille à un milieu juif très libéral eut à souffrir de cet anti-sémitisme durant ses années d'étudiant, alors qu'il dut plusieurs fois y répondre par des duels [7] et, après ses études, lorsqu'il tenta de trouver un poste universitaire en Allemagne. 

La crise de 1873 affecta tout l'Occident capitaliste et y entraîna un développement de l'impérialisme colonialiste non seulement dans l'Allemagne prussienne, nouvelle grande puissance européenne, mais aussi dans la France vaincue et humiliée par l'amputation d'une partie de son territoire national et dans l'Angleterre victorienne jalouse de sa prédominance et menacée par ses challengers. Des groupes de pression puissants s'y constituèrent tels le « Kolonial Verein », le « Gesellschaft für deutsche Kolonisation », le « Comité de l'Afrique française », le « Royal Colonial Institute » ou l'« Imperial Federation League », appuyés par un courant de pensée darwiniste qui voyait dans l'expansionisme une loi de la nature, et aussi par des idées racistes valorisant les droits des « races supérieures » à l'égard des « races inférieures », avec parfois des accents de messianisme religieux. En même temps était mise de l'avant l'importance du prestige national, d'une marine puissante, et de nouveaux marchés pour le capitalisme en crise etc. ... [8] 

Seuls les États-Unis, tout affairés à reconstruire leur nation, au lendemain d'une sanglante guerre civile, et entraînés dans une industrialisation spectaculaire, avaient une politique encore ouvertement anti-colonialiste - inspirée par la célèbre doctrine de Monroe - ce qui ne les empêchait pas de s'intéresser vivement aux régions arctiques où l'expansionisme britannique les inquiétait et où ils venaient d'acheter à la Russie un important territoire : l'Alaska. Une certaine alliance russo-germano-américaine s'était d'ailleurs informellement constituée qui visait à contenir les ambitions des vieilles puissances coloniales, l'Angleterre, l'Espagne et la France. La guerre de Sécession avait permis aux États-Unis de découvrir qui étaient leurs vrais alliés. 

C'est dans ce contexte que Franz Boas élabora son projet d'expédition dans l'Arctique américain, avec l'arrière-pensée d'aller rendre visite à sa fiancée, Marie Krackowizer, qui vivait à New York, et d'y prospecter d'éventuelles possibilités d'emploi, pour lui, aux États-Unis. Ce pays lui apparaissait comme un refuge pour y épanouir ses aspirations personnelles, affectives et scientifiques, pour y protéger son identité et lutter contre le racisme renaissant et l'abus du darwinisme, dans l'atmosphère pionnière du Nouveau-Monde valorisant les valeurs démocratiques et les valeurs culturelles, autant que le concept d'un environnement nouveau, creuset d'une nation nouvelle, issue d'un pluralisme culturel. 

Boas s'engagea dans cette aventure, qui orientera toute sa vie et, à travers lui, l'anthropologie américaine, quatre mois à peine après la mort de son compatriote prussien, juif allemand comme lui, Karl Marx, de quarante ans son aîné. Ce dernier avait choisi Londres comme lieu de son combat et l'internationalisme socialiste, associé à une vision évolutionniste de l'histoire, comme moyen de lutter contre le capitalisme nationaliste et raciste. 

Philosophe et économiste, Marx s'était éteint après avoir assisté, impuissant, au transfert à New York (1872) du siège de la première Internationale Socialiste (l'Association internationale des Travailleurs) et à la dissolution de ce mouvement (1876), au moment où son jeune et bouillant compatriote, formé aux sciences exactes, s'apprêtait à investir le champ de la culture et à marquer de son sceau les sciences humaines nord-américaines. 

 

Les déboires d'un « Doktor » chez les Inuit

 

Si l'on connaît bien les travaux publiés par Boas sur les Inuit, que ce soit son célèbre « The Central Eskimo » (1888) -première monographie scientifique parue sur les Inuit [9] -, ses deux ouvrages « The Eskimo of Baffin Land and Hudson Bay » Part 1 (1901), Part 2 (1907), ou son article « The folklore of the Eskimo » (1904), pour ne citer que quelques-uns des principaux, on ignore tout ou presque des raisons pour lesquelles Boas ne retourna jamais chez les Inuit, ni de celles qui lui firent interrompre toute recherche ou publication à leur sujet après 1907. Pour tenter de répondre à ces questions nous examinerons les conditions dans lesquelles il effectua son séjour sur l'île de Baffin, séjour parsemé d'embûches, de contretemps et de frustrations, et celles qui entourèrent les vingt années subséquentes de sa vie aux États-Unis, jusqu'à sa démission de l'American Museum of Natural History (1905) pour se consacrer à son enseignement de l'anthropologie à l'Université Columbia, et à ses recherches sur les Indiens de la Côte Nord-Ouest de l'Amérique.
 

Figure 3.

Carte de l'Arctique central et particulièrement du nord ouest de la Baie d'Hudson où voulait se rendre Boas. Principaux groupes rencontrés par Comer.  


 

Figure 4.

Lettre adressée par le Capitaine Comer à Franz Boas annonçant la disparition des Inuit de l'île Southampton, les Sadlirmiut. (Courtoisie de l'Am. Mus. of Nat. Hist. Dept. of Anthr.)

 Schooner Era    September 10 1904

Repulse Bay

 

Dr. Franz Boas Dear Sir 

It is with regret that I have to tell you that the Southampton natives have all died off having been forced to starvation by the Scotch whaling station having taken so many out side natives there to whale it for them that they fairly overrun the Island and with modern guns and everything to do with the Southampton natives (illegible) and all died by the spring of 1903 then as the station had also seiced (sic) to be a paying one it was abandoned so that now the Island is uninhabited. 

I have made a number of phonographic Kecords and also casts of the natives and am collecting everything I can lay hands on. So far we have not been successfull in whaling but still hope we have still an other year to work 

Respectfully yours 

(signed : George Comer) 

Present Master Schooner Era 


En fait le but ultime de son voyage n'était pas l'étude des Inuit du Cumberland Sound mais des Inuit d'Igloolik, au nord-ouest de la baie d'Hudson. Ce groupe découvert en 1821 par Parry et Lyon puis visité en 1867 et 1868 par Hall, vivait loin des stations baleinières et en dehors des grandes routes de navigation ce qui l'avait maintenu dans un état d'isolement qui attirait le jeune scientifique allemand. Il voulait s'y rendre en traîneau à chiens comme son devancier Francis Hall qui l'un des premiers avait démontré l'énorme avantage de s'adapter à la vie des Inuit, de s'habiller comme eux, de manger comme eux et de voyager comme eux pour séjourner dans l'Arctique américain. Hall était mort mystérieusement empoisonné [10] en dirigeant une expédition américaine sur la route du Pôle Nord, douze ans auparavant (1871). Le récit de ses expéditions en traîneau à Igloolik venait d'être publié à Washington (1879) par le Gouvernement américain, avec ses notes de voyage, ses cartes de toponymie inuit et un grand nombre d'observations tant ethnographiques que météorologiques. Hall avait eu la chance de bénéficier des services d'un couple inuit de Cumberland Sound, comme interprètes. 

La chance ne favorisa pas Boas qui dès son arrivée dans les eaux de la Terre de Baffin fut retenu à bord du Germania pendant près d'un mois par les glaces avant de pouvoir débarquer, non pas à la station de recherche allemande mais à la station baleinière de Kekerten où il profita de l'hospitalité du Capitaine Mutch. Ce retard et ce contretemps ajoutés à une épizootie qui décima les chiens de la région au cours de l'automne 1883 [11] l'empêchèrent de se constituer un attelage de chiens à temps pour pouvoir réaliser le voyage en traîneau projeté à Igloolik. Il emprunta bien plusieurs fois l'attelage du Capitaine Mutch pour faire des relevés géographiques à l'entour de la station mais son inexpérience du nord et sa méconnaissance de la langue inuit faillirent lui coûter la vie, n'eut été son courage physique et sa ténacité. Son éducation prussienne n'était pas non plus le meilleur atout pour s'adapter au milieu inuit ; la promiscuité très grande régnant dans les demeures inuit, l'absence presque totale d'intimité, la flexibilité des horaires et de toute référence au temps ou à l'espace, l'apparent désordre d'une société de chasseurs nomades et l'écran que constituait la présence continuelle de son domestique allemand, tout entier dévoué à son service mais qui ne s'adressait à lui que par le traditionnel « Herr Doktor » [12], tout cela constituait des obstacles majeurs pour une recherche sur le terrain. Les Inuit le surnommèrent « le Docteur » [13] et lorsqu'une épidémie survint pendant son séjour certains Inuit lui en attribuèrent la cause, en dépit des nombreux soins qu'il leur avait prodigués. Il dut menacer un de ses détracteurs pour rétablir la situation [14]. 

Ses relations avec les Inuit étaient d'un tout autre type que celles qu'avait entretenues l'Américain Hall. Il dut s'en rendre compte progressivement et, modifiant ses projets en fonction de ses capacités réelles, il se consacra à l'exploration et à l'observation de la région du Cumberland Sound, puis au printemps 1884 se rendit en traîneau à chiens sur la côte nord-est de Baffin réalisant ainsi un quart environ du voyage initialement projeté. Son sens de l'observation et de la précision lui permirent de rapporter néanmoins une moisson de données qui étonne, vu les circonstances. Malgré des progrès réels dans l'apprentissage de la langue inuit, il ne communiquait qu'en pidgin avec ses informateurs et l'on conçoit les frustrations qu'il dut éprouver à limiter son enquête à un groupe d'Inuit en contact avec les baleiniers depuis plus de cent ans, lui qui avait rêvé d'un long séjour dans un groupe encore « préservé » de ces contacts, où il aurait été le seul « Blanc ». Conscient des lacunes et des approximations de ses recherches chez les Inuit, Boas n'aura de cesse, au cours des vingt années qui suivront, de les combler... par personnes interposées. 

Au terme de ce rapide inventaire des problèmes rencontrés par Boas lors de son séjour chez les Inuit on peut s'interroger sur les résultats scientifiques de son expédition. Si l'on s'en tient à l'ouvrage principal qu'il publia, quatre ans après son retour, dans la prestigieuse série des Annual Reports du Bureau of Ethnology (Smithsonian Institution) « The Central Eskimo », on constate que ce livre, dont le titre évoque le projet non réalisé de Boas de centrer ses recherches sur le nord-ouest de la baie d'Hudson et de visiter les principaux groupes inuit de l'île de Baffin, est en fait bien plus une compilation exemplaire des récits de voyageurs ayant hiverné dans cette aire et des importantes collections ethnographiques déposées dans les grands Musées de Washington, New York ou Berlin (dont ses propres collections) qu'une monographie sur les Inuit du Cumberland chez qui il vécut. 

La partie la plus intéressante est peut-être celle qui a trait, au début du livre, à la répartition des divers groupes et à leurs relations, domaines qui l'intéressaient au plus haut point. Près de quarante pour cent de l'ouvrage est consacré à la culture matérielle traditionnelle et illustré par des objets et le dernier tiers concerne des données disparates sur la vie sociale et religieuse et sur les légendes et chants, présentés sous forme de traduction anglaise, sans que l'on sache de qui elles proviennent exactement, ni comment elles ont été recueillies. Les quelques données originales que l'on peut attribuer avec certitude à Boas sont toujours d'un très grand intérêt, mais peu nombreuses : des dessins et des cartes faits par des Inuit, des relevés toponymiques, une ou deux descriptions de cérémonies... 

Cela n'enlève rien à son mérite et explique les efforts qu'il fera entre 1896 et 1907 pour produire une nouvelle oeuvre sur le même sujet, cela fait aussi comprendre les subterfuges qu'il dut parfois employer pour illustrer son livre avec des scènes de vie ; n'ayant pas réussi à rapporter de son séjour sur le terrain des photographies publiables, il se fit photographier habillé en Inuk dans un studio de Minden, dans différentes postures de chasse, sur fond de paysage arctique. Ces photographies, après quelques retouches pour rendre les traits du visage plus inuit furent transformées en gravures que l'on retrouve dans « The Central Eskimo » avec la référence laconique : « From a photograph... ». 

Avec l'intelligence et la rigueur qui étaient siennes Boas comprit très vite que pour compléter ses données il lui faudrait soit faire un nouveau long terrain, soit trouver des collaborateurs parlant la langue des Inuit et entretenant des contacts réguliers avec eux. Après deux tentatives infructueuses dans la première voie sous la forme de projets soumis l'un à Bastian, à Berlin, l'autre à Powell aux États-Unis [15], il opta pour la seconde voie en 1896 après qu'il eut obtenu un poste permanent au département d'anthropologie de l'American Museum of Natural History. 

 

Les succès d'un Professeur germano-américain
qui disciplina l'anthropologie

 

Lorsque Boas revint en Allemagne, en 1885, il connut un certain succès personnel pour avoir conduit à bon terme sa courageuse expédition, mais les difficultés commencèrent lorsqu'il se mit à la recherche d'un emploi académique. Était-ce dû à l'antisémitisme insidieux qui avait pénétré certains milieux universitaires ? Boas le crut. La Conférence internationale de Berlin (1884-85) venait de consacrer les ambitions colonialistes de l'Allemagne prussienne et, en même temps qu'elle, l'Europe occidentale allait se ruer à la curée de l'Afrique, des îles du Pacifique et des côtes chinoises. Le racisme interne, à l'égard des juifs, et externe, à l'égard des peuples de couleur se propageait. 

Les États-Unis semblaient encore échapper à ces courants. C'est là que Boas vint se fixer, se marier (1887) et entreprendre de longues recherches ethnographiques chez les Indiens de la Colombie britannique. De 1886 à 1896, il y passa plus de quatorze mois au cours de six missions, pendant lesquelles il s'intéressa à l'anthropologie physique et à l'ethnologie. Il pouvait enfin travailler comme il eut souhaité le faire chez les Inuit, apprendre les langues autochtones, travailler avec des interprètes, transcrire verbatim récits et légendes, observer des cérémonies traditionnelles, fixer par la photographie costumes et techniques, enregistrer les chants à l'aide du nouveau phonographe, et même fixer dans des moules de plâtre les faces d'Indiens vivants (1894). Au cours de ses recherches il avait rencontré un remarquable informateur d'ascendance kwakiutl qui s'intéressait à l'ethnographie, à qui il apprit des rudiments de transcription phonologique et qui devint sur le terrain son plus précieux collaborateur, George Hunt. 

Lorsqu'en 1896 Boas obtint enfin un poste permanent à l'American Museum of Natural History, il était devenu le spécialiste de deux aires, l'aire amérindienne de la côte de Colombie- Britannique et l'aire inuit de l'Arctique central, et pendant les dix ans qu'il passa au Musée il constitua les plus remarquables des collections ethnographiques à leur sujet. Pour ce qui est des Inuit Boas opéra fort judicieusement ; il avait renoué avec son ami le Capitaine Mutch et fait la connaissance d'un vaillant capitaine qui proposait sa collaboration au Musée, George Comer. Au Cumberland Sound venait de s'installer le Révérend Peck qui parlait bien la langue inuit. C'était des conditions idéales pour refaire, à travers eux, l'ethnographie de l'Arctique central. Il élabora donc des questionnaires qu'il remit aux baleiniers et éventuellement au Missionnaire, et leur fit rassembler des collections ethnographiques dans toutes les régions où ils se déplaçaient. Cette collaboration fut extrêmement fructueuse puisque Boas réussissait à publier dès 1901 un volume de 370 pages, à partir de leurs notes, de leurs collections et des photographies de Comer, et que six ans plus tard Boas signait un second ouvrage, de deux cents pages, réalisé de la même façon. 

Des collections uniques furent vendues au Musée par ces capitaines, on pense au manteau du chamane Qingailisaq, d'Igloolik, rapporté par Comer (cf. Saladin d'Anglure 1983), aux objets et vêtements provenant des Sadlermiut de l'île Southampton, groupe qui fut anéanti Par une épidémie en 1903, aux photographies et aux enregistrements musicaux rapporté par Comer, encore, et aussi à ces centaines de masques de plâtre d'Inuit vivants - y figurent ces Inuit d'Igloolik et des groupes avoisinants du nord-ouest de la baie d'Hudson, que Boas enragea de ne pouvoir étudier sur place en 1883-84. Il les avait là maintenant, à portée de la main, grâce à l'énorme labeur de Comer, et paradoxalement ils ne servirent Jamais à rien, si ce n'est à fournir des visages aux quelques mannequins d'Inuit dressés dans une des vitrines d'exposition du Musée.

 

Figure 5.

Le masque de gauche représente PILAKAPSI (25 ans), il provient d'un moule de plâtre effectué en 1910-1911 sur l'individu vivant par George Comer. Le masque de droite a été réalisé suivant la même technique en 1901-1902 ; il représente IVALUARJUK (35 ans), frère aîné de Pilakapsi et aussi de Ava. Tous trois furent parmi les meilleurs informateurs de Comer et de Knud Rasmussen. Leur famille est originaire de Igloolik où voulait se rendre Boas mais vécut par la suite dans la région de Repulse Bay. Collection Am. Mus. of Nat. Hist. (Photo B. Saladin d'Anglure, 1984.)  

 

C'est qu'en 1905 Boas avait démissionné du Musée pour se consacrer à soi] enseignement à Columbia et à ses recherches sur les Indiens. Pourquoi ne publia-t-il plus rien sur les Inuit après 1907 ? Plusieurs raisons peuvent sans doute être avancées : la première tient au caractère non systématique et aléatoire des données provenant des baleiniers, données recueillies en pidgin et dans des conditions souvent incontrôlées. La seconde tient à l'arrivée d'une nouvelle génération d'anthropologues bien formée aux techniques de terrain comme Stefansson, Jenness et surtout Rasmussen qui parlait couramment l'inuit ; ils allaient en l'espace de quelques années complètement renouveler les connaissances sur les Inuit de l'Arctique central et de l'Arctique de l'Ouest. On est néanmoins surpris de ne trouver aucune référence à Boas dans le remarquable ouvrage de Rasmussen sur les Inuit d'Igloolik. Ces deux hommes qui pourtant contribuèrent magistralement à la connaissance de la culture inuit travaillèrent de façon diamétralement opposée, avec les mêmes ambitions, le même courage. Tous deux ont laissé une oeuvre inachevée. Parmi d'autres raisons mentionnons la mort de Hansch en 1911 ; cet ornithologue allemand s'était mis dans la tête de réaliser ce voyage en traîneau à chiens que Boas n'avait pu faire du Cumberland Sound jusqu'à Igloolik ; et voilà qu'il était mort en route, sans doute de trichinose... 

Mais la guerre n'était pas loin ; elle allait donner d'autres préoccupations au Germano-américain qu'était Boas. L'après-guerre verrait son emprise croître sur l'anthropologie culturelle américaine qu'il avait su magistralement discipliner. Cent ans après son expédition de Baffin bien des recherches seraient à faire, dans ses traces, dans ses pas et dans les greniers du Musée de New York où dorment encore des données d'une grande richesse.

 

RÉFÉRENCES

 

BOAS, Franz

1904 : "The Folklore of the Eskimo", Journal of American Folklore, vol. 17, no 1 : 1-13. 

BRUHAT, J.

1968 : « Colonialisme et anticolonialisme » et « Colonisation », Encyclopedia Universalis, vol. 4.
 

COLE, D. et MÜLLER-WILLE, L.

1984 : « Franz Boas Expedition to Baffin Island, 1883-84 », Études/Inuit/Studies, vol. 8, no 1 : 37-63. 

COLLINS, H.B.

1964 : « Introduction » in F. Boas, The Central Eskimo, Univ. of Nebraska Press, réédition du Sixth Ann. Rep. of the Bur. of Ethnology, Smithsonian Institution. 

EUDE, M.

1968 : Histoire de l'Allemagne Moderne et Contemporaine, Encyclopedia Universalis, vol. 1 : 718-736. 

HALL, C.F. 

1879 : Narrative of the second arctic expedition made by C.F. Hall, ed. by J.E. Nourse, Senate Documents, 45th Cong. 3d sess., Washington. 

LÉVI-STRAUSS, C.

1975 : La voie des masques, Ed. Skira.  

LYON, G.F.

1824 : The private journal of Captain G. F. Lyon of H.M.S. Hecla, during the recent voyage of discovery under Captain Parry, London. 

MADAULE, J.

1968 : « Antisémitisme », Encyclopedia Universalis, vol. 2. 

PARIAS, L.H. (Ed.)

1957 : Histoire universelle des explorations, vol. IV, Époque contemporaine, Paris, Nouvelle librairie de France.
 

PARRY, W.E.

1824 :        Journal of a second Voyage for the discovery of a north-west passage from Atlantic to the Pacific ; performed in the years 1821-22-23, in His Majesty's ships Fury and Hecla, London. 

PUBLIC BROADCASTING ASSOCIATES INC.

1980 : Franz Boas (1858-1942), Odyssey, Boston, P.B.A. 

ROHNER, R.P. (Ed.)

1969 : The Ethnography of Franz Boas, Chicago and London, The University of Chicago Press. 

ROSS, G.W.

1984 : « George Comer, Franz Boas, and the American Museum of Natural History », Études/Inuit/Studies, vol. 8, no 1 : 145-164. 

SALADIN D'ANGLURE, Bernard

1983 : « IJIQQAT : Voyage au pays de l'invisible inuit », Études/Inuit/Studies, vol. 7 no 1 : 67-83. 

STOCKING, G. W. (Jr.) (Ed.)

1974 : The Shaping of American Anthropology 1883-1911, A Franz Boas Reader, New York, Basic Books Inc. 

SWINTON, G.

1970 : « Introduction to the new edition » in C. F. Hall, Life with the Esquimeaux, nouvelle éd., Hurtig Ltd., Edmonton.



*    Département d'Anthropologie, Université Laval, Québec.

[1]    Cf. l'article de G. Ross (1984) dans cette même revue ; Boas contribua personnellement aux moulages chez les indiens de la Colombie britannique ; c'est lui qui par la suite encouragea le capitaine Comer à en effectuer chez les Inuit.

[2]    En particulier le village d'Igloolik.

[3]    Cf. Parry (1824), Lyon (1824), Hall (1879).

[4]    Cf. in Public Broadcasting Associates Inc. (1980), le témoignage de G. Stocking jr.

[5]    Cf. M. Eude (1968) à qui nous empruntons plusieurs idées de cette section.

[6]    Cf. J. Madaule (1968).

[7]    Cf. G. Stocking jr. in Public Broadcasting Associates Inc. (1980).

[8]    Cf. J. Bruhat (1968).

[9]    Cf. H.B. Collins (1964).

[10]   Cf. G. Swinton (1970).

[11]   Cf. H.B. Collins (1964).

[12]   Cf. D. Cole et L. Müller-Wille (1984) dans cette même revue.

[13]   En fait « Doktoraaluk » le « grand docteur » selon Cole et Müller-Wille (1984).

[14]   Cf. Cole et Müller-Wille (1984).

[15]   Cf. Cole et Müller-Wille (1984).



Retour au texte de l'auteur: Bernard Saladin d'Anglure, anthropologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le vendredi 25 juillet 2008 14:09
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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