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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“ De l’analyse marxiste des classes sociales dans le mode de production capitaliste. (1974)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Mme Céline Saint-Pierre, sociologue, “ De l’analyse marxiste des classes sociales dans le mode de production capitaliste ”. Un article publié dans la revue Socialisme québécois, no 24, 1er trimestre 1974, pp. 3 à 33. [Autorisation accordée par Mme Saint-Pierre le 14 juillet 2003].

Introduction

L'analyse marxiste des classes sociales se référant au stade monopoliste du mode de production capitaliste nous oblige à pousser plus loin la définition des critères constituants du concept marxiste des "classes sociales". Le débat prend tout son sens lorsqu'il s'agit de décider si les nouveaux groupes sociaux qui apparaissent avec le développement du "Capitalisme monopoliste d'État" constituent soit une nouvelle classe sociale (Poulantzas, Nicos), soit de nouvelles fractions de classes déjà existantes (classe ouvrière, classe bourgeoise) (Parti Communiste Français), soit des catégories sociales qui ne s'intègrent pas dans une problématique des classes (Martha Harnecker) ou encore s'il s'agit de groupes sociaux qui n'ayant pas encore de position de classe propre forment ce que l'on appelle une "classe-appui". (Van Schendel, Michel et Poulantzas, Nicos)

Si toutes ces questions se posent, c'est qu'il existe dans la théorie-marxiste et néo-marxiste certaines ambiguïtés voire interprétations contradictoires qui expliquent les difficultés d'analyse de situations concrètes. Mais il faut dire que le manque d'analyses concrètes expliquent inversement que la théorie marxiste soit plus adéquate pour rendre compte du capitalisme au stade concurrentiel que pour expliquer le développement du capitalisme monopoliste d'État.

Devant la nécessité de procéder à une analyse concrète des classes sociales au Québec, il nous est apparu urgent de clarifier certains concepts, de mettre à jour les critères retenus par l'analyse marxiste pour définir les classes sociales et expliquer le développement historique des formations sociales capitalistes par la lutte des classes. Accorder la priorité à une analyse en termes de classes n'a de sens que si on en arrive à définir une ligne juste de la lutte politique au Québec. D'ailleurs l'absence d'organisation politique autonome des travailleurs au Québec constitue une condition objective qui place ce travail théorique dans l'antichambre d'une pratique politique claire et cohérente. Cependant, les expériences politiques parcellaires doivent être la source du questionnement et de la recherche théorique. Notre point de départ peut sembler loin de notre objectif mais il ne faut pas perdre de vue que la pratique théorique et la pratique politique sont étroitement liées dans un rapport dialectique. Dans ce texte, il sera peu question du Québec, notre objectif étant de mettre de l'ordre dans certains de nos débats, et de relever certaines des questions non résolues qui devront être approfondies dans un avenir rapproché. Il serait intéressant de voir Jusqu'à quel point une analyse théorique des classes peut déterminer l'orientation de la lutte politique d'une classe sociale donnée, du moins dans sa fraction organisée ; et comment inversement une ligne politique concrétisée dans des stratégies conduit à produire certaines analyses, certaines représentations de la composition sociale des classes dans une formation sociale donnée. (ex. La position du Parti communiste français dans sa délimitation des fractions composantes de la classe ouvrière pourrait être analysée dans cette perspective ; nous le verrons brièvement un peu plus loin). D'autre part, le développement, ou ce que le "Manifeste de la Confédération des syndicats Nationaux '72" présente comme le gonflement du secteur tertiaire appelé communément "secteur des services" par rapport à un faible développement du secteur secondaire centré sur la transformation des matières premières pose des problèmes à l'organisation des travailleurs de la classe ouvrière et au regroupement des fractions de la main-d’œuvre salariée au Québec. Il nous faut donc, pour y voir plus clair, s'entendre sur des critères qui permettront de distinguer les différentes classes fondamentales, de repérer les fractions de classes, d'identifier les intérêts de classes et les antagonismes de classes ; et devant l'enjeu de la lutte finale qui est la prise du pouvoir par la classe ouvrière de l'ensemble des pays capitalistes puis le renversement du capitalisme mondial et son remplacement par le socialisme, répondre aux questions : "Qui sont les amis du peuple"


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et quelles sont les contradictions qui existent au sein du Peuple ?

Nos discussions ayant porté surtout sur la classe ouvrière et sur les nouvelles couches salariées qui naissent avec le développement du C.M.E., notre texte en portera conséquemment les marques. Les analyses qui ont alimenté nos débats étant celles de Nicos Poulantzas (Pouvoir Politique et classes sociales, Fascisme et Dictature, séminaires données à l'UQAM en mars '72) et celles du Parti Communiste Français (Le Capitalisme Monopoliste d'État, Les revues : "Économie et Politique et la Nouvelle Critique) nous nous y référerons dans l'élaboration de notre argumentation. Nous recommandons aussi la lecture du "Chapitre inédit du Capital" de Marx. Si nous admettons qu'une analyse des classes sociales dans une formation sociale donnée ne peut être considérée comme marxiste qu'en autant qu'elle envisage les rapports entre les classes sous l'angle de leur antagonisme, de leur lutte dialectique, il nous faut insister ici sur la place exacte de notre analyse par rapport à la problématique globale. Notre analyse constitue le premier volet de cette problématique : la mise à jour des critères de détermination structurelle de classe. Nous avons donc tenté d'établir les concepts propres à la détermination économique, commencé à entrevoir les concepts propres à la détermination politique. Nous n'avons placé aucun des concepts propres à la détermination idéologique, pour les raisons énumérées plus haut. Le deuxième volet de la problématique marxiste se réfère plus spécifiquement à la détermination des positions de classes qui, elle, nous renvoie directement à l'analyse de la conjoncture historique. Pour analyser les classes sociales d'une formation sociale donnée, il nous faut donc procéder à un double questionnement : 1) quels sont les critères propres à la détermination structurelle des classes ? 2) quelles sont les positions politiques des classes d'une formation sociale donnée à un moment donné du développement historique de cette formation sociale ? C'est au premier questionnement que nous avons tenté de répondre. Il nous faut ajouter que notre objectif est de déterminer les classes sociales fondamentales dans le mode de production capitaliste considéré comme mode de production domi-nant. C'est pourquoi des "ensembles" tels que les paysans, les femmes, les étudiants, les vieillards, le clergé ... n'apparaissent pas dans notre découpage parce qu'ils ne sont pas recouverts par le concept de classe sociale tel que nous l'envisageons. Ces "ensembles" ne se définissent pas d'abord et avant tout par les rapports qu'ils entretiennent avec la production de type capitaliste. Il faut les définir en faisant appel à d'autres critères qui nous conduiront à concevoir la formation sociale comme une matrice où s'articulent plusieurs modes de production dont l'un est dominant. Ainsi, nous pouvons affirmer tout de suite que pour procéder à une analyse des classes au Québec il nous faudra recourir à une étude des rapports impérialistes et de l'insertion du Québec dans le développement de l'impérialisme dont l'une des bases est la division internationale du travail.

Retour au texte de l'auteur: Céline Saint-Pierre, sociologue Dernière mise à jour de cette page le samedi 3 février 2007 11:01
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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